Enpratique les comprimés d’iodure de potassium sont préparés par la Pharmacie Centrale des Armées sous la forme de plaquettes de 10 comprimés sécables dont la durée de conservation est de 5 ans. Chaque comprimé contient 130 mg d’iodure de potassium.

établissement pharmaceutique militaire français Encyclopédie Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre Pharmacie centrale des armées Insigne de la Pharmacie centrale des armées. Création 1792 Pays France Type Établissement pharmaceutique militaire Fait partie de Service de santé des armées Garnison Chanteau Loiret Ancienne dénomination Magasin général des pharmacies Commandant PHC François Caire-Maurisier depuis 2015 modifier La Pharmacie centrale des armées PCA est un établissement pharmaceutique militaire français rattaché au Service de santé des armées. Elle a pour mission principale de développer, produire et stocker des médicaments de protection contre les risques nucléaires, radiologiques, biologiques et chimiques, tant pour les Forces armées que pour la population civile. Histoire La Pharmacie centrale des armées, créée entre 1792 et 1794, s'appelle à l'origine le Magasin général des pharmacies ». Elle prend ensuite les noms successifs de Magasin général des médicaments et du laboratoire des pharmacies », Pharmacie centrale du Service de santé militaire » et Pharmacie centrale de l'armée ». Elle adopte son nom actuel de Pharmacie centrale des armées » en 1973[1],[2],[3],[4],[5]. Installée à sa création au sein de l'École militaire, à Paris, elle a pour premier pharmacien en chef le chimiste Jérôme Dizé. En 1903, elle déménage aux Invalides, puis s'installe au fort de Vanves en 1931. Ce n'est qu'en 1971 qu'elle s'établit sur un site dédié le camp militaire d'Orléans-Chanteau, dans le Loiret[1],[2],[3],[6],[7]. Missions La Pharmacie centrale des armées est chargée de produire trois types de solutions[4],[8] des antidotes contre les risques nucléaires, radiologiques, biologiques et chimiques NRBC ; des dispositifs de médecine d'urgence utilisables en environment hostile, composant la trousse individuelle du combattant » ; des médicaments améliorant la vigilance des soldats. Boîte de comprimés d'iodure de potassium 130 mg fabriqués par la Pharmacie centrale des armées. Si les deux dernières missions sont exclusivement d'ordre militaire, la production d'antidotes NRBC sert aussi à la protection de la population civile. Ainsi, la PCA détient notamment le monopole de fabrication d'iodure de potassium, médicament utilisé en cas de contamination radioactive et distribué préventivement aux civils vivant à proximité des centrales nucléaires[2],[6]. En amont, la Pharmacie centrale des armées assure des activités de recherche et développement, à la fois galénique et technique, l'usage militaire nécessitant des modes spécifiques d'administration et de conditionnement des médicaments[2]. Enfin, elle est chargée de maintenir d'importants stocks de sécurité d'antidotes NRBC. Le renouvellement régulier de ces stocks conduit à ce que la plupart des 30 à 40 millions de comprimés produits chaque année soient finalement détruits après péremption[9],[10]. En plus de ses missions pour l'État français, la PCA fournit certains pays étrangers ainsi que la centrale d'achat de l'OTAN[6],[10]. Organisation La Pharmacie centrale des armées dépend de la Direction des approvisionnements en produits de santé des armées DAPSA, elle-même rattachée à la direction centrale du Service de santé des armées DCSSA. L'établissement peut néanmoins être réquisitionné par le ministère chargé de la Santé en cas d'urgence[7],[10]. En 2019, l'usine de 4 000 m2 18 000 m2 de surface développée emploie 124 personnes, dont une grande majorité de fonctionnaires civils[3],[10]. Pour garantir la souveraineté de sa production, et après avoir connu plusieurs situations de pénurie, la Pharmacie centrale des armées décide de revoir en profondeur son circuit d'approvisionnement en matières premières alors qu'en 2013, elle se fournissait à 80 % en dehors de l'Europe, le rapport s'inverse en 2019[10]. Depuis 2015, la Pharmacie centrale des armées est commandée par le pharmacien en chef François Caire-Maurisier. Récompense En 2005, la Pharmacie centrale des armées reçoit le prix Galien de la recherche pharmaceutique pour l'Ineurope, un dispositif d'auto-injection prérempli que les soldats s'administreront sur ordre des autorités en cas d'attentat terrestre chimique ». Issu de dix années de développement, il contient une trithérapie agissant comme antidote contre les neurotoxiques organophosphorés de guerre, comme le sarin, le soman, le tabun ou le VX[2],[6],[11],[12]. Références ↑ a et b Jérôme Dizé, pharmacien en chef du premier Magasin général des pharmacies », dans Revue d'histoire de la pharmacie, 1965 lire en ligne, p. 411-418. ↑ a b c d et e L'usine militaire d'antidotes », sur 1er septembre 2011. ↑ a b et c Les apports de la pharmacie centrale des armées face au risque terroriste NRBC », Service de santé des armées,‎ mars 2017 lire en ligne. ↑ a et b La Pharmacie centrale des armées de l'approvisionnement de médicaments simples à la fabrication de formes innovantes adaptées aux besoins opérationnels », Service de santé des armées,‎ mars 2018 lire en ligne. ↑ Le premier pharmacien-chef de la pharmacie centrale de l'armée Jérôme Dizé », Revue d'histoire de la pharmacie,‎ 1949 lire en ligne. ↑ a b c et d Dans les coulisses de la Pharmacie des armées », sur 31 mars 2018. ↑ a et b Coronavirus un site militaire du Loiret en 1ère ligne pour approvisionner l'hôpital de campagne de Mulhouse », sur 20 mars 2020. ↑ Le sauvetage au combat, au service du blessé de guerre », ASNOM,‎ décembre 2014 lire en ligne. ↑ La Ministre des Armées Florence Parly en visite à la Pharmacie Centrale des Armées à Chanteau », sur 31 janvier 2020. ↑ a b c d et e Plongée dans la fabrique à antidotes de l’armée française », sur 26 août 2019. ↑ Prix Galien France – Les lauréats » [PDF], sur ↑ Protection NRBC », sur 13 septembre 2016. Lien externe L'évolution stratégique de la pharmacie centrale des armées », sur 22 juin 2016.
Aujourdhui, la pharmacie centrale des armées est le fabricant historique des comprimés d’iode en France. Le laboratoire Serb dispose également d’une AMM depuis le mois de novembre 2021. Si la situation le nécessitait, les stocks de l’État permettraient une distribution de comprimés à l’ensemble de la population. Prévention de l'accumulation d'iode radioactif au niveau de la thyroïde en cas de possibilité de contamination par des radioéléments émis accidentellement par une installation médicament ne devra être pris que sur instruction formelle des autorités de l'accumulation d'iode radioactifRemarques préliminaires Pour entraîner une réduction de plus de 90% de la fixation de l'iode radioactif, les doses nécessaires sont - dans la région où l'apport alimentaire en iode est normal » 1 dose supérieure ou égale à 30 mg d'iode,- dans les régions où il existe une carence relative en iode alimentaire cas de la France 50 à 100 mg d' être pleinement efficace, l'administration d'iode doit avoir lieu dès l'alerte donnée, au mieux avant la propagation du nuage radioactif. Le degré de protection est de 80% après 2 heures et de 40% après 8 heures suivant le début de la contamination dans les régions riches en iode et respectivement de 65% et de 15% dans les régions carencées en iode. La durée du traitement est limitée à une prise unique à prendre dès l'alerte donnée, sur instruction des autorités fonction de la cinétique de l'accident, une deuxième prise peut se justifier. Il est cependant souhaitable d'en exclure la femme enceinte et l'enfant de moins d'un mois qui devront par conséquence faire l'objet d'une évacuation prioritaire de la zone contaminée. Pour le suivi des populations ayant bénéficié du traitement par iodure de potassium Pharmacie centrale des armées 130 mg, comprimé sécable une surveillance clinique par le médecin traitant est administration chez le nouveau-né un dosage sanguin des hormones thyroïdiennes TSH devra être pratiqué deux semaines après l'émission radioactive peut être prolongée et non ponctuelle. Des mesures de confinement et d'évacuation de la population sont alors prises par les pouvoirs publics. Ce traitement s'inscrit donc dans un dispositif global défini au niveau une contamination retardée est possible par les aliments selon le schéma pâturage→lait→viandePosologie usuelle Des remarques précitées découle le protocole d'administration, en conformité avec les recommandations faites par l'OMS en de > 12 ans et adulte Dosage unique quelle que soit la région, 130 mg d'iodure de potassium en 1 prise unique soit un comprimé, à dissoudre dans une boisson eau, lait ou jus de fruit.ENFANT de 36 mois à 12 ans 1 prise unique de 65 mg d'iodure de potassium, soit 1/2 comprimé, à dissoudre dans une boisson lait ou jus de fruits.NOURRISSON de 1 à 36 mois 1 prise unique de 32,5 mg d'iodure de potassium, soit 1/4 de comprimé, à dissoudre dans une boisson biberon de lait ou de jus de fruits par exemple.Le dosage pour les nouveau-nés < 1 mois est de 16 mg d'iodure de potassiumAprès dissolution dans une boisson, la solution obtenue ne peut être conservée et doit être prise dissolution du médicament dans du lait ou dans du jus de fruit permet de diminuer le goût métallique passager qui peut-être ressenti aux posologies effets indésirables extra-thyroïdiens de l'iodure sont rares pour les plus bénins et exceptionnels pour les plus sévères. L'étude réalisée en Pologne, de l'administration de 100 mg d'iodure à plus de 12000 enfants et 5000 adultes a fait apparaître la survenue de troubles digestifs vomissements, diarrhée, douleurs gastriques dans 0,12 à 2,38% des cas et d'éruptions cutanées bénignes dans environ 1% des cas Nauman J., Wolff J., Amer J Med 94 524-532, 1993.Les incidents et accidents possibles d'hypersensibilité à l'iode sont - parotidite ;- lésions cutanées hémorragiques ;- réactions de type fièvre, arthralgies ;- oedème de Quincke, dehors de deux cas d'insuffisance respiratoire aigüe survenue chez deux adultes atteints de bronchopneumopathie chronique obstructive et allergique connues à l'iode, ces manifestations exceptionnelles risque inférieur à 1/1 million n'ont pas été observées dans l'étude mentionnée ci-dessus. Selon cette étude, le risque d'incidents médicalement significatifs mais non sérieux est, en cas d'administration d'une dose unique d'iodure, de 0,2%.Après une seule prise, de la fièvre, des douleurs articulaires, des éruptions cutanées transitoires et spontanément régressives ont été observées. Il n'est pas démontré que ces manifestations soient liées à la prise d'iodure de thyroïdiens Après administration prolongée d'iode, les taux de triiodothyronine T3 et de thyroxine T4 diminuent significativement mais restent dans les limites de la normale. Le taux de TSH augmente significativement mais reste dans les limites de la effets indésirables thyroïdiens possibles après surcharge iodée incluent l'hyperthyroïdie et le goitre à l'iode par blocage de l' l'étude polonaise Nauman J., Wolff J., ibid., aucun effet indésirable thyroïdien, en dehors d'une gêne douloureuse thyroïdienne dans 0,08 % des cas, n'a été observé chez 774 adultes ayant reçu une dose ou plus de 100 mg d'iodure, y compris chez les adultes porteurs de goitre nodulaire. En revanche, 0,37 % des 3 214 nouveau-nés ayant reçu de l'iodure au 2e jour de vie ont présenté une élévation transitoire de TSH circulante, normalisée à 16 à 20 gastriqueEruption cutanéeHypersensibilitéParotiditeLésion cutanée hémorragiqueFièvreArthralgieOedème de QuinckeDyspnéeInsuffisance respiratoire aiguëThyroïdite subaiguë à l'iodeHyperthyroïdieGoitre à l'iodeElévation de TSHContre-indications LISTEDermatite herpétiformeVascularite hypocomplémentaireMises en garde spéciales et précautions d'emploiMises en gardeLe traitement doit être pris dès l'alerte donnée, l'efficacité étant très diminuée si l'administration est débutée après la d'emploiLe risque carcinogénétique de la contamination de la thyroïde par l'iode radioactif est tel que la protection par l'iodure de potassium est d'autant plus indispensable que les sujets sont plus jeunes. C'est pourquoi la population cible de la distribution d'iode est constituée, en priorité, de tous les sujets de moins de 40 les sujets porteurs de goitres anciens, surtout s'il s'agit de goitres volumineux ou autonomes prétoxiques », à TSH freinée, l'administration d'une quantité forte d'iodure, même en dose unique, peut induire une hyperthyroïdie. L'administration d'iode à raison de 100 mg/24 h pendant 15 jours ne provoque pas de désordre hormonal sérieux chez des sujets est recommandé de consulter un médecin aussitôt que possible après la prise d'iodure dans les situations suivantes - Femmes enceintes et enfants à naître exposés au-delà de la 12ième semaine de gestation production thyroïdienne foetale propre surveillance échographique du foetus jusqu'à la fin de la grossesse puis suivi du nouveau-né avec recherche de goitre, contrôle de la fonction thyroïdienne dosage TSH, T4 libre - Nourrissons exposés de moins de 1 an, femmes allaitant contrôle de la fonction thyroïdienne dosage TSH, T4 libre devra être pratiqué 2 semaines après administration et si, hypothyroïdie, traitement par hormone thyroïdienne- Sujets porteurs de goitre ancien, d'un antécédent ou d'une pathologie thyroïdienne évolutive surveillance clinique par leur médecin traitant. LISTEGoitreGrossesseEnfant de moins de un anAllaitementAntécédent de pathologie thyroïdiennePathologie thyroïdienneInteractions avec d'autres médicaments et autres formes d'interactionsAssociation nécessitant des précautions d'emploi+ AntiacidesDiminution de l'absorption digestive de l'iodure de potassium. Différer la prise des antiacides d'au moins 2 sur l'aptitude à conduire des véhicules et à utiliser des machinesSans femmes enceintes sont prioritaires quel que soit l'âge de la grossesse, dans le but de préserver la thyroïde de la mère et, à partir du deuxième trimestre, celle du foetus qui commence à concentrer l'iode à partir de la 10ème-12ème cours du troisième trimestre, une dose massive d'iode peut induire un blocage de la fonction thyroïdienne du foetus avec apparition d'un goitre. Dans le cas d'une administration chez la femme enceinte, une surveillance échographique du foetus jusquà la fin de la grossesse puis un suivi thyroïdien doivent être effectués. AllaitementL'iodure est concentré dans le lait. Le traitement des mères allaitantes doit être le plus court possible, ce qui ne soulève pas de problème dans le cas d'une administration de conservation 7 particulières de conservation Les comprimés d'IODE PCA changent de couleur en cas de mauvaise conservation ne pas absorber un comprimé qui serait devenu Comprimé sécableDosage 130 mgContenance 1300 mg ou 10 comprimésLaboratoire Titulaire PHARMACIE CENTRALE DES HOPITAUX UPHARMA Laboratoire Exploitant PHARMACIE CENTRALE DES HOPITAUX UPHARMA Forme pharmaceutiqueComprimé rond blanc biconvexe quadrisécable. Composition exprimée par CompriméPrincipes Actifs Iodure de potassium 130 mg quantité correspondant à iode 99,38 mgCommentaire Un comprimé contient 783 µmol de Lactose monohydraté Effet notoireCarboxyméthylamidon sodiqueHuile végétale hydrogénée LUBRITAB
IODUREDE POTASSIUM PHARMACIE CENTRALE DES ARMEES 65 mg Cpr B/10. Commercialisé. Code ACL 2723949. Code 13 3401527239497. Labo. Distributeur Pharmacie Centrale des Armées. Remboursement NR. Informations fabricant/distributeur. Pharmacie Centrale des Armées.
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IIW» sscas 11, 11É issSb’Stf’- m'y *^-' [»>y •y ••• *• /i, ü*- £4*' > .•**** ; VV * PTTi , *.'*B L *J* -T-VS 2 O //îidàfwfco-tef nuentcÿea&f e/e &?i 'ou en. DISTRIBUTION DES PRIX POUR L’ANNÉE i8l. PRIX Dc-C'/ 'iu*t+Âc**f Décerné â M. Odol'y ^ 4 sur le Vésuve. La matière lavique coulait par une ouver- ture située à environ cent yards au-dessous du cratère ; elle formait un courant de 5 à 6 pieds de diamètre et tombait brusquement dans uu gouffre d’environ 4o pieds ; là , elle se perdait dans une sorte de pont de lave refroidie, pour reparaître 6o ù ^o yards plus bas. A la sortie de la bouche ignivome , elle était presque d’un rouge blanc, sa surface paraissait dans une grande agitation, de forts bouillonnemens jaillissaient et produisaient , en éclatant, une fumée blanche ; plus loin , à 1 endroit ou elle sortait de dessous le pont, elle n’était plus que rouge. L’incandescence, dit sir H. Davy, 11 e paraissait certainement pas plus vive lorsque la lave était exposée à l’air, et elle ne brûlait pas avec plus d’intensité quand on l’élevait dans l’air, au moyen d’une cuillère de fer. Je mis cependant ce fait à 1 abri de toute contestation, en jetant une petite quantité de lave fondue dans une bouteille de verre, pourvue d’un bouchon usé à l’emeri, et contenant au fond du sable silicieux ; je la fermai sur- le-champ , et j’examinai l’air a mon retour une mesure de cet air, melée avec une mesure de gaz nitreux, donna exactement le même degré de diminution qu’une mesure d’air commun , qui, sur la montagne, avait été renfermé dans une autre bouteille. Je jetai sur la surface de la lave du nitre en masse et en poudre. Quand ce sel fut fondu, il y eut une petite augmentation d’intensité dans l’incandescence de la lave; mais cette augmentation était trop légère pour qu’on pût l’attribuer à une quantité notable d’une substance combustible pure. En faisant cette expérience sur une portion de lave ramassée dans la cuillère , il me parut que le dégagement de chaleur était en partie le résultat de la peroxidalion du protoxide de fer, et de la combinaison de 1 alcali du nitre avec la base terreuse de la lave ; car, a l’endroit °n le nitre s’était fondu , la couleur avait passé de l’olive au brun. La vérité de cette conclusion était encore établie par cette circonstance , que le chlorate de potasse répandu sur la lave n’augmentait pas son degré d’incandescence autant que le faisait le nitre. Lorsqu’une baguette de bois était introduite dans une portion de la lave, de manière qu’elle y laissât un peu de matière charbonneuse à la surface, on voyait le nitre ou le chlorate de potasse répandu sur cette matière lui faire jeter un un grand éclat. De la lave fondue fut versée dans de l’eau, et une bouteille remplie d’eau placée au-dessus pour recevoir les gaz qui se dégageaient. On n’en obtint ainsi qu’une très-petite quantité, et l’analyse que j’en fis à mon retour me prouva que c’était de l’air commun, un peu moins pur que l’air qui se dégage de l’eau par l’ébullition. Un fil de cuivre de — de pouce de diamètre et un fil d’argent de yj, introduits dans la lave, près de sa source, se fondirent instantanément. Une baguette de fer de de pouce avec un fil de fer d’environ ~ de pouce de diamètre, ayant été tenus pendant cinq minutes dans le remous du courant de lave , ne fondirent pas. Ils ne donnèrent aucune odeur perceptible d’hydrogène sulfuré lorsqu’ils furent soumis à l’action de l’acide muriatique. Un entonnoir de fer- blanc , rempli d’eau froide, fut tenu dans la fumée qui s’échappait avec tant d’impétuosité de la bouche du cratère à travers laquelle la lave coulait. Un fluide s’y condensa immédiatement il avait un goût acide et subastringent ; il ne précipitait pas le muriate de baryte, mais très-abondamment, au contraire , le nitrate d’argent ; il rendait enfin le prussiate triple de potasse d’un bleu intense. Quand le même entonnoir fut tenu dans les vapeurs blanches, au-dessus de la lave, à l’endroit où elle s’introduisait sous le pont, aucun fluide ne s’y précipita ; mais il fut enduit d’une poudre blanche qui avait le goût et les qualités chimiques du sel commun, et c’était en effet cette substance absolument pure. Une bouteille d’eau contenant environ trois quarts de pinte , ayant un col long et étroit, fut vidée précisé- 1 — 5 — ment dans l’ouverture où les vapeurs, pressant la lave, la faisaient sortir. La bouteille fut bouchée immédiatement après. ^ a ' r , examiné à mon retour, ne me donna aucune absorption av ec la solution de potasse il ne contenait donc aucune proportion appréciable d'acide carbonique. Je trouvai, du reste , qu’il était composé de g parties d’oxigène et de 91 d’azote. La vapeur qui s’échappait de l’ouverture n’exhalait pas la moindre odeur d’acide sulfureux ; les vapeurs d’acide muriatique n’étaient pas assez fortes pour être désagréables... De l’argent pur et du platine ayant été exposés à l’action de la lave fondue, ne changèrent nullement de couleur. » Ces expériences, répétées à des époques différentes , donnèrent toujours les mêmes résultats. Elles prouvent donc qu’au moment où la lave est en contact avec l’air, il ne se manifeste aucun phénomène de combustion ou d’oxidation , par conséquent que les substances rejetées par le cratère et qui sont tenues en fusion par la chaleur, sortent dans l’état où elles se montrent plus tard lors de leur refroidissement complet. Un autre fait important, c’est la connaissance de la nature de ces fumées blanches qui sortent en si grande quantité de l’intérieur de la lave en fusion, et qui diminuent à mesure qu’elle se refroidit et devient pâteuse. Ces fumées ou vapeurs, qu’on croyait formées en grande partie de vapeur aqueuse, sont composées le plus ordinairement, comme l’a vu sir H. Davy, de chlorure de sodium , pur ou mêlé de chlorure de fer ; quelquefois avec les sels précédens il y a plus ou moins de sulfate de soude , de sulfate de potasse , de chlorure de potassium, plus rarement de 1 oxide de cuivre. On y avait déjà reconnu des sulfate et hydrochlorate d’ammoniaque. Ces sels varient en quantité les uns par rapport aux autres ; tantôt ils sont seuls, d autrefois ils sont reunis tous ensemble dans les mêmes vapeurs. Ce sont ces vapeurs qui, par leur condensation, forment ces incrustations , ces dépôts de matières salines qui sc trouvent à l’entour des cratères et des lieux où ont coulé les ruisseaux de laves, ainsi que sur les parois des fissures ou de la croûte du courant refroidi. Les sublimations de chlorure de sodium sont quelquefois si abondantes, que M. Davy trouva , le 6 janvier 1820 , au bord du petit cratère qui vomissait alors de la vapeur d’eau , une masse non aggrégée de ce sel, coloré par le chlorure de fer, dans laquelle le pied s’enfoncait à quelque profondeur. Dans une cavité de roches voisines de la bouche qui avait vomi la lave, le 5 décembre 181 g, et qui étaient couvertes de substances salines, blanches, jaunes et rougeâtres , il trouva un grand cristal coloré légèrement en pourpre c’était du sel marin mêlé à une très-petite proportion de muriate de cobalt. C’est la première fois, à ma connaissance, qu’on signale l’existence de ce dernier sel dans les produits des volcans en activité. Enfin , une troisième conséquence des expériences de M. Davy, c’est que le soufre n’existe pas dans les laves, ou du moins ne s’y rencontre pas constamment, comme quelques auteurs l’ont avancé sans avoir fait aucune recherche relative à ce sujet. Nous arrivons à la seconde partie du mémoire de sir H. Davy, c’est-à-dire à la partie hypothétique. Ce chimiste, envisageant que les feux des volcans se présentent et cessent avec tous les phénomènes qui indiquent une action chimique intense , que des phénomènes d’une telle grandeur exigent l’action d’une masse immense de matière, enfin, que les produits qui en résultent sont des mélanges d’oxides et de terres dans un état de fusion et de vive incandescence, de l’eau et de substances salines, telles que la mer et l’air pourraient en fournir, l’auteur, disons- nous, prétend que rien n’est plus naturel que de regarder les éruptions volcaniques comme le résultat de l’action de l’eau de la mer et de l’air sur les métaux des terres et des alcalis. Pour répondre à cette objection, que si l’oxidation de ces métaux était la véritable cause de ces éruptions, on devrait trouver quelquefois dans la matière lavique quelques-uns de ces métaux jf — 7 — non oxides, et au moins que la combustion devrait s’augmenter au moment où les matériaux passent dans l’atmosphère ; il fait observer que tout prouve que le sol sur lequel reposent les vol- c ans renferme d’immenses cavités souterraines, et que c’est dans ces cavités,où l’air et l’eau de la mer peuvent penetrer sur les substances actives , ? long-tems avant que celles-ci atteignent la surface extérieure , que s’opèrent les réactions qui donnent naissance aux inflammations volcaniques. Le tonnerre souterrain entendu à de si grandes distances sous le Vésuve, la dépendance mutuelle des phénomènes que présentent cette montagne et la solfatare de Pouzzoles, dépendance qui est telle , que lorsque la première est en activité, l’autre est dans un repos parlait, et vice versa, dépendance enfin qui ne peut avoir lieu qu’à l’aide d’une communication souterraine, sont autant de démonstrations de l’existence de remplies de substances aériformes. Quant à la communication des eaux de la mer avec le foyer des volcans, elle est établie par cette circonstance que presque tous les grands volcans du monde sont peu éloignés de la mer, et que lorsque le contraire a lieu, comme on le remarque dans l’Amérique méridionale , de grands lacs souterrains se rendent dans leurs abîmes , puisque , d’après AI. de Humboldt, quelques-uns de ces volcans rejettent des poissons au moment de leurs éruptions. Telles sont en résumé les idées de sir II. Davy sur un sujet qui a donné déjà lieu à tant de controverses. Nous nous permettrons d’examiner si ces idées sont elles-mêmes à l’abri de toute objection, si cette théorie, en un mot, est en rapport avec les faits observés jusqu’ici dans ces grandes catastrophes périodiques. Tt d’abord, est-il bien démontré que la mer communique avec les foyers volcaniques ? De tout tems les naturalistes ont attaché une grande importance à cette situation des volcans près de la mer ou dans les îles. Il est difficile de donner une raison bien satisfaisante de ce fait, et il l’est encore plus de se rendre compte de la manière dont cette communication peut avoir lieu. Tout atteste que les filtrations de la mer avancent fort peu dans- l’intérieur des terres, et en général, tout ce qu’on a dit à cet égard est exagéré. S’il était vrai, d’ailleurs, que cette communication des eaux de la mer avec les volcans fût une des causes de leurs éruptions, comment expliquer le repos actuel de certains d’entre eux, quoique toujours placés dans les mêmes circonstances. Les îles d’ischia, de Ponce, de Procida, sont toujours entourées de la mer ; les bases des cratères d’Averne, de Gauro, d’Astroni, etc., sont encore baignées par elle, et cependant tous ces lieux ne donnent aujourd’hui aucun signe d’action. Dira-t-on que les canaux souterrains par lesquels les eaux s’introduisent dans les abîmes volcaniques sont fermés actuellement , ou que les masses de métaux alcalins et terreux qui existaient sous ces localités différentes sont épuisées? Il serait plus que dilficile de concevoir de telles raisons. D’ailleurs , un grand nombre de volcans sont situés dans l’intérieur des continens ; nous citerons, par exemple, ceux de la chaîne des Andes de Quito, le Sanguay, le Pichincha, le Cotopaxi, etc . Quels moyens de communication peut-on supposer à des distances de plus de 4° lieues ? Il est vrai qu’on supplée aux eaux de la mer par de grands lacs souterrains dont l’existence est attestée par d’immenses éruptions boueuses, de grandes inondations, et surtout par ces prennadillas pimelodes cyclopum, qui sont rejetés quelquefois en quantité innombrable. Mais bien des circonstances établissent que ces lacs n’ont aucune communication avec le foyer même des éruptions. Beaucoup de ces poissons sont encore vivans au moment de. leur apparition à l’air presque tous d’ailleurs sont dans un tel état d’intégrité, malgré la grande mollesse de leur chair, qu’on ne peut admettre qu’ils aient été exposés à l’action de la chaleur. Les eaux rejetées avec eux sont ordinairement froides. — 9 — Il est facile d’expliquer ces faits surprenans, dont nous devons la première connaissance à M. deHumboldt. Pendant l’intervalle qui sépare chaque éruption et cet intervalle est souvent de plus d’un siècle, le cratère de ces volcans se ferme de manière que le fond offre bientôt une véritable plaine , comme cela se présente ordinairement au Vésuve et sur presque tous les volcans plus rapprochés de nos observations. Cette plaine se convertit peu de tems après en un lac, et cela d’autant plus facilement, que loin d’être , comme nos volcans d’Europe , de petites monta— gués isolées , ces volcans forment une chaîne non interrompue , de sorte que non seulement les eaux pluviales peuvent se rassembler dans la profonde cavité des cratères restee froide , mais encore que les autres provenant de réceptacles éloignés peuvent y arriver par des canaux souterrains. Les poissons qui se trouvent dans ces réceptacles suivent les eaux dans ce nouveau lac et s’y multiplient. Lorsque ces volcans s’enflamment ou qu’il se manifeste quelque mouvement intestin dans leurs entrailles, le premier effet qui en résulte nécessairement c’est la rupture, le soulèvement de la voûte qui ferme le cratère, et la projection au loin de toutes les matières qui forment cette voûte ; la première de toutes qui est alors vomie par le volcan est l’eau du lac, placé immédiatement au-dessus du lieu d’où part l’éruption. Il reste donc bien probable que cette communication de la mer ou des lacs souterrains avec le foyer des volcans est tout—a—fait chimérique . Au reste, en l’admettant, il serait tout aussi difficile d’expliquer certains faits dans la discussion desquels nous allons entrer. Une des conséquences les plus importantes de l’action de l’eau sur les métaux alcalins et terreux serait la production d’une énorme quantité d’hydrogène et, par suite de la combustion de ce gaz au contact de l’air, le dégagement par le cratère des volcans d’une masse prodigieuse de vapeurs aqueuses. On remarque, en effet, dans toutes les éruptions, d’abondantes vapeurs d’eau. Mais on conçoit difficilement que tout l’hydrogène rendu — 10 — libre soit brûlé, car quelque grandes qu’on suppose les cavités souterraines que sir H. Davy admet sous les montagnes ignivomes , il est plus que probable qu’il ne s’y trouve pas une quantité d’air assez considérable pour operer la combustion du volume énorme d’hydrogène qui a dû se dégager. D’ailleurs , il est impossible, en supposant que les deux gaz soient dans les proportions convenables , qu’une partie de l’hydrogène n’échappe à l’inflammation , entraînée par les vapeurs aqueuses, les gaz acides et les sublimations salines qui ont lieu dans le même moment. D’après cela, on devrait trouver parmi les produits aériformes qui sortent des cratères une quantité d’hydrogène assez forte , eu égard aux masses produites. Or, les observations prouvent que le dégagement de ce gaz est très-rare dans les éruptions. On pourrait supposer alors que ce gaz, au moment où il va sortir des abîmes volcaniques, se combine avec quelque autre corps combustible. De tous les composés hydrogénés que nous connaissons , on ne remarque dans les lieux volcaniques que des sels ammoniacaux, quelquefois de l’hydrogène sulfuré et toujours de l’acide hydro— chlorique. Les sels ammoniacaux dont la base proviendrait de la combinaison de l’hydrogène avec l’azote de l’air décomposé, et l’hydrogène sulfuré sont en trop petite quantité pour qu’on puisse calculer sur une grande absorption d’hydrogène par ces composés. Ce serait donc avec le chlore que la presque totalité de l’hydrogène s’unirait ; mais alors on serait forcé d’admettre que les métaux sont en partie à l’état de chlorures dans l’intérieur de la terre , comme d’ailleurs quelques chimistes l’ont avancé. D’abord , dans cette supposition, la quantité d’acide hydrochlorique produit devrait être considérable. Il n’en est pas ainsi cependant. Tous les naturalistes qui ont observé les phénomènes volcaniques sur place ont bien reconnu qu’au moment des éruptions il y avait production de cet acide, mais aucun d’eux n’a avancé que ce fût dans des proportions extraordinaires. En outre, les chlo- _ 11 — rures métalliques des deux premières sections, mis en contact avec l’eau à une température élevée, s’y unissent avec force , ma s ne la décomposent pas il n’y a que le chlorure de fer qui Présente ce fait ; en sorte que d’après cela il n’y aurait, de tous tas oxides qu’on trouve dans les laves, que le fer qui pût être primitivement à l’état de chlorure. On trouve dans les environs des bouches enflammées un assez grand nombre de chlorures métalliques ces composés, bien loin de préexister aux éruptions , se forment au contraire sous nos yeux par la reaction de 1 acide hydrochlorique libre sur les roches volcaniques. Il est vrai que M. Davy a reconnu, comme nous l’avons dit plus haut, que les fumées blanches que dégagent les laves en fusion sont composées en grande partie de chlorure de sodium et d’un peu de chlorures de potassium et de fer ; mais la quantité de ces chlorures est si faible par rapport à la masse des matières rejetées , qu’on ne peut supposer qu’ils existent en proportions bien considérables dans l’intérieur des volcans ; d’ailleurs ils devraient former la plus grande partie de la matière lavique, où l’on n’en rencontre que des traces. De cette discussion, il résulte qu’il est loin d’être démontré rigoureusement que l’eau joue dans les réactions volcaniques le rôle que sir H. Davy lui attribue. Une autre conséquence de la théorie du chimiste anglais , c’est que les parties intérieures du globe auraient une pesanteur spécifique très-faible, puisqu’on sait, en effet, que les métaux terreux et alcalins sont généralement plus légers que l’eau. Or, cette grande légèreté est contraire à toutes les opinions et a toutes les expériences des physiciens, qui s’accordent généralement à attribuer aux roches internes de notre planète une densité supérieure à celle des terres et des roches qui composent sa superficie. On peut établir, d’après les calculs de Clairaut, Boscowich, de Laplace, Maskeline et les expériences de Caven— dish, en prenant un terme moyen, que la densite du noyau interne de la terre , comparée à celle de l’eau, est dans le rapport — 12 — de 5 à l ; par conséquent ou ne peut admettre que ce noyau soit formé par des substances dont la pesanteur spécifique est inférieure à celle de l’eau. D’après tous ces faits, tous ces raisonnemens dont nous pourrions encore augmenter la liste, il nous paraît évident que la théorie ingénieuse de sir H. Davy est insuffisante pour l’explication de ces phénomènes naturels dont la grandeur et la périodicité ont quelque chose de si surprenant. Les travaux récens des géologues les plus célèbres tendent à prouver que les phénomènes volcaniques se rattachent immédiatement à l’état de fusion et d’incandescence du noyau interne du globe ; aussi leur explication n’offre-t-elle plus de grandes difficultés. L’hypothèse de la chaleur centrale, contestée d’abord si vivement par le plus grand nombre des naturalistes, repose maintenant sur un si grand nombre de faits avérés , recueillis par des hommes d’opinions si différentes, dans des contrées si éloignées les unes des autres et dans des circonstances si variées , qu’il est bien difficile de la combattre aujourd’hui avec succès '. Tel est presque toujours le sort des grandes vérités, tant morales que naturelles après avoir provoqué les dédains , souvent les sarcasmes et les persécutions de l’esprit de parti caries sciences , malheureusement, n’en sont pas à l’abri, elles finissent constamment, mais au bout d’un tems plus ou moins long, par triompher même des plus exagérés, et souvent, tel qui s’est montré le plus difficile à convaincre , devient un des plus ardens enthousiastes de ce que naguère il repoussait avec tant d’opiniâtreté. 4 Sir H. Davy , à la fin de on mémoire, avoue lui-même que cette hypothèse a pour elle de grandes probabilités. EXTRAIT D’UN MÉMOIRE DE MM. IIENRY FILS ET PLISSON, SUR UN NOUVEAU PROCÉDÉ POUR EXTRAIRE LA MORPHINE DE L'OPIUM, SANS L’EMPLOI DE L’LACOOL . Dans le teins même où nous nous occupions du mode d’extraction qui a fait le sujet de cette lecture, M. Girardin, élève interne de la pharmacie centrale, et déjà connu par plusieur g ouvrages fort estimés, s’occupait également de recherches semblables aux nôtres. Yoici le procédé qu’il propose pour extraire la morphine, procédé qu’il annonce lui- avoir fourni des produits plus abondans que les moyens suivis jusqu’à ce jour. » On épuise l’opium du commerce à l’aide de 1 eau pure, et, ' Journal de Pharmacie et del Sciences accessoires, t. 14, p. *4G , année 1SJS. — 14 — après avoir concentré convenablement les liqueurs, on les précipite par un léger excès d’ammoniaque liquide. Le précipité séché est lavé au moyen d’un peu d’alcool faible, puis traité par l’acide sulfurique jusqu’à ce que tout soit dissous. On fdtre, on décompose par l’ammoniaque, et l’on traite par l’éther sulfurique le précipité séché préalablement. Dissous alors dans l’alcool, il donne de la morphine pure, et avec les acides des sels bien cristallisés. » Ce procédé, comme on peut le voir, a quelque rapport avec le nôtre, et plus encore avec ceux de MM. Sertuerner et Hottot. En répétant le procédé indiqué par ce dernier auteur, M. Girar- din, persuadé que le caoutchouc, précipité en premier lieu par une petite quantité d’ammoniaque , devait retenir une certaine proportion de morphine, analysa ce prétendu caoutchouc, elle trouva composé, sur i oo parties , de narcotine , 4 parties ; morphine, 10 ; matière résineuse et matière colorante, 86 parties. On perd donc une assez grande proportion de morphine, en suivant le procédé de M. llottot. » La matière résineuse poisseuse que l’ammoniaque précipite est à peine soluble dans les acides faibles. Cette propriété a été mise à profit par M. Girardin, et par son procédé on obtient nécessairement toute la morphine entraînée par la résine que M. llottot rejette comme inutile. Or, comme le procédé de M. llottot est, de tous ceux suivis jusqu’à présent, celui qui fournit le plus de morphine, on conçoit facilement la supériorité de celui indique par M. Girardin. n 9&©S3© &S> ISOTE lût LE FERROCYANURE ROUGE de potassium *. M. Bcrzelius, dans son ouvrage intitulé de l’Analyse des corps inorganiques, indique au nombre des reactifs qu on doit employer dans l’examen des eaux minérales, un sel dont il n’a pas encore été fait mention en France, le fcrrocyanure rouge de potassium. Le traducteur de l’ouvrage que je viens de citer donne, dans une note, quelques renseignemens sur ce nouveau produit, et nous apprend que c’est à M. Gmélin qu’on en doit la decouverte. Il a pour caractère principal d’indiquer les sels de fer proloxidé , les précipitant en vert ou en bleu, suivant leur proportion dans une liqueur; de ne pas précipiter, au contraire, les sels de fer peroxidé, et d’être enfin beaucoup plus sensible que le ferrocya- nure de potassium jaune; il forme, en outre, avec plusieurs dissolutions métalliques, des précipités tout-à-fait différons, pour la couleur, Je ceux obtenus par le moyen du prussiate ordinaire. M. Henry, désirant vérifier des faits aussi curieux, me chargea * Luc à l'Académie royale de médecine, section 14, p» S 0 j 1 année 1828 . Journal de Pharmacie et des Sciences accessoires* — 16 — de préparer ce sel en assez grande quantité pour qu’on pût en faire usage désormais dansles laboratoires delà pharmacie centrale. J’ai donc agi sur 25 o grammes de matière, et j’ai suivi le procédé donné par M. Gmelin. Ce procédé consiste à faire passer dans une dissolution de prussiate ferrugineux de potasse un courant de chlore, jusqu’à ce que la liqueur ne précipite plus les sels de fer peroxidé, à la filtrer, puis à l’abandonner à elle-même dans un vase à parois élevées. On doit obtenir, par cette évaporation lente , des aiguilles d’une couleur jaune rougeâtre et d’un éclat métallique ; en dissolvant ces cristaux, et abandonnant de nouveau la liqueur à elle—même, il doit se déposer des cristaux transparens, souvent assez volumineux, d’une forme compliquée et d’une couleur rubis. Suivant le traducteur deM. Berzelius , il ne faut pas beaucoup de chlore pour arriver au point que la dissolution de ferrocyanure de potassium ordinaire ne précipite plus les sels de fer au maximum, et il assure qu’on voit très-bien à la lueur d’une chandelle quand l’opération est terminée , parce que la liqueur, qui paraît d’abord verdâtre , devient rouge. En exécutant le procédé que je viens d’indiquer, j’ai reconnu que l’opération était beaucoup plus longue que le traducteur anonyme ne l’indique , puisqu’en agissant sur 25 o grammes de sel, j’ai été obligé de soutenir pendant plus de deux heures le courant de chlore ; ensuite, s’il est bien vrai que la dissolution, de jaunâtre qu’elle est, passe au rouge . il n’est pas aussi facile qu’il le dit de s’assurer qu’elle a acquis cette couleur, car elle prend une teinte si foncée, qu’elle paraît noire, et qu’il est presque impossible , même en en plaçant une très- petite quantité entre l’œil et la lumière, de saisir au juste la nuance qu’elle a réellement. Le meilleur indice que l’opération est terminée , c’est lorsque la solution ne précipite plus les sels de fer au maximum. En effet, pour peu qu’il reste mêlé avec le ferrocya— nure rouge un peu de ferrocyanure jaune, la liqueur forme un précipité bleu avec les sels de peroxide de fer. — 17 — L’évaporation spontanée de la liqueur ne donne des cristaux qu’au bout de plusieurs mois ; il est donc préférable d’évaporer a Ulle douce chaleur jusqu’à réduction des deux tiers, et d’abandonner ensuite au repos dans un lieu légèrement chauffé. On voit bientôt le sel grimper sur les parois du vase et former des plaques noirâtres, couvertes en tous sens de petites aiguilles jaunes disposées en rosaces. Par une seconde cristallisation, on obtient des aiguilles très-déliées , groupées en houppes ; les unes assez grandes, les autres si petites et si serrées que l’ensemble représente assez bien ces petites masses de bryum qui tapissent certaines pierres. Les aiguilles sont d’une couleur rouge de rubis, transparentes, offrant un éclat très-vif ; regardées surtout sous un certain angle de réflexion , elles présentent à l’oeil le plus bel effet , et qu’une description ne pourrait rendre ; elles m’ont paru être des octaèdres très-alongés. Je n’ai pu obtenir, par plusieurs cristallisations , de ces gros cristaux dont parle le traducteur dè Y Analyse inorganique. Ce joli sel, dans lequel, suivant M. Berzelius, le fer renferme une fois et demie autant de cyanogène que le ferrocyanure de potassium ordinaire , se dissout, comme je m’en suis assuré , dans deux fois son poids d’eau froide, et dans moins de son poids d’eau bouillante. Il est dit, dans la note dont j’ai déjà parlé , que l’eau froide n’en dissout qu’un trente-huitième. L’alcool à 33° ne le dissout pas sensiblement ; aussi l’acool absolu le précipite-t-il de sa dissolution aqueuse , sous forme de poudre jaunâtre. Sa saveur est légèrement savonneuse ; il est sans action sur le tournesol ; mais il verdit légèrement le sirop de violettes. Sa dissolution concentrée, vue eu masse, est presque noire, tant sa couleur est foncée ; mais en la mettant dans un tube très-mince et étroit, et regardant à travers , elle paraît transparente et d un rouge verdâtre. IJne très-petite quantité colore en vert une assez grande proportion d’eau. J’ai voulu m’assurer de la sensibilité de ce réactif pour les sels — 18 — de fer, comparé à celle du ferrocyanure jaune, qui, jusqu’à ce jour, passait pour être le plus certain dans ce cas. J’ai reconnu que le papier imprégné de ferrocyanure rouge et séché décèle, d’une manière très-sensible, en produisant une teinte verte dans la liqueur, i grain de protosulfate de fer dissous dans 5 kilogrammes d’eau distillée, tandis que le ferrocyanure jaune n’indique la même quantité de fer que dans i kilogramme d’eau. Le premier fait donc reconnaître très-aisément de fer proto- xidé , tandis que le second n’en démontre que , 8 ^ 0O . En outre celui-ci forme les mêmes réactions avec le peroxide de fer, tandis .que l’autre n’en forme aucun avec ce dernier corps. Le ferrocyanure rouge de potassium est donc un des réactifs les plus précieux, et les chimistes en apprécieront surtout l’excellence dans l’analyse des substances minérales , des pierres , etc., puisqu’ils pourront, par son moyen , s’assurer de suite à quel état d’oxidation se trouve le fer quelles peuvent contenir ; on sait, en effet, que rien n’est plus difficile , dans ce genre d’analyse, que de déterminer rigoureusement ce point important, et que jamais on n’est certain de ne pas commettre d’erreur , en fépartissant, à l’aide de calculs, l’oxigène sur les différens élémens du minéral. Si la chimie possédait beaucoup de réactifs aussi sensibles que le ferrocyanure rouge de potassium et l ’acide carbazotique, proposé par M. Liebig pour reconnaître les sels de potasse, ses progrès seraient encore bien plus rapides, et les résultats acquerraient une certitude pour ainsi dire mathématique. Le teins ne m’a pas encore permis de faire une étude plus approfondie du sel dont je viens de vous entretenir; mais dès que j’aurai obtenu des résultats intéressans, j’aurai l’honneur d’en faire part à la section. ANALYSE DU DOMITE LÉGER DU PUY-DE-DÔME >. Le nom de domite a été donné, comme on sait, par M. Léopold De Buch, au trachyte terreux, qui forme toute la partie du Puy-de-Dôme qui est à découvert, et qui se retrouve, non seulement sur quelques autres puys de l’Auvergne, mais encore dans diverses localités de l’Europe , comme à Raubschlossel, près de Weinheim, dans le Bergstrass, aux îles Ponces, etc. Les caractères de cette roche sont assez connus pour que je me dispense de les reproduire ici il n’en est pas de même de sa composition chimique. En effet, à l’exception d’une analyse, publiée par , du domite du grandSarcoujr, dont les caractères s’éloignent de ceux du domite des autres puys felspathiques de l’Auvergne et n’est un fait remarquable que cette roche diffère dans chacun de ses gisemens; analyse qui, par conséquent, ne P eut Pas s’appliquer aux diverses variétés de domite, rien n a ete entrepris pour constater la nature des principes constituans de celles-ci. Un travail de ce genre cependant ne serait peut-etre pas 1 ^Kra m .i aamiinj4malesd , jiulll!vr „,atH^'Lra>ll, t. l,p. 417, et par *trait dans \r. Journal de Pharmacie, X. * tv , p. 601 , année 1828 J et dans le Bulletin des Sctrnees naturelles et de Géologie DoFcmssac , t. iv, p. St , n r ' Sh, année 162$. sans utilité pour la géognosie ; car, à l’aide des résultats auxquels il conduirait, on pourrait sans doute arriver à la connaissance des agens qui ont agi sur cette roche pendant et après sa formation , et qui lui ont fait prendre l’aspect et les propriétés qu’elle présente actuellement. C’est par suite de ces idées, et à la sollicitation de mon ami M. Lecoq, professeur d’histoire naturelle à Clermont-Ferrand, que je me suis livré à des recherches analytiques sur le domite. Mon intention est de soumettre à l’examen les principales variétés minéralogiques et géognostiques de cette roche pour le moment, je me borne à faire connaître les résultats que j’ai obtenus avec le domite blanchâtre et léger du Puy- de-Dôme . Ce domite a une couleur blanc sale , tirant sur le jaunâtre ; des taches rougeâtres , assez rares, se font remarquer à sa surface ; sa texture est grenue ; sa cassure terreuse ; son odeur et sa saveur nulles. L’échantillon sur lequel j’ai opéré était homogène dans toutes ses parties ; sa pâte n’était entremêlée d’aucune des substances qui s’y montrent ordinairement comme principes accessoires et accidentels. On pouvait donc le regarder comme pur, dans l’acception qu’on doit donner à ce mot, relativement aux roches adélogènes. Après m’être assuré, par une analyse qualitative, de la composition chimique de cette roche, j’ai procédé à la recherche des proportions dans lesquelles se trouvent les différentes substances qui y sont reunies. Je ne donnerai pas les détails de l’analyse approximative ; je me bornerai à citer les principes constitutifs de cette pierre ; ce sont La silice. L’alumine. La chaux. La magnésie. L’oxide de fer. L’oxide de manganèse. La potasse. Une matière organique. Pour constater la présence de la matière organique qui se trouve dans le domite, j’ai été obligé, vu sa faible proportion, — 21 — d’avoir recours à un agent qui, pour l’ordinaire, n’est employé- que dans l’analyse végétale. J’ai traité le domite pulvérisé , par d e l alcool à 36 degrés, à plusieurs reprises. Ce liquide, après Vln gt-q ua tre heures d’action, ne paraissait nullement coloré. Par 1 e vaporation , cependant, il a pris une couleur fauve, et a laisse un résidu exlractiforme , d’un jaune brun, ayant une saveur légèrement amère , et dégageant, par son contact avec la potasse caustique, une odeur d’ammoniaque très-prononcée. Ce résidu, d ailleurs, était en très-petite quantité. L absence d’odeur et de saveur dans ce domite, m’indiquait déjà qu’il ne renfermait pas, comme celui de Sarcouy , de 1 acide hydrochlorique engagé entre ses interstices ; j’ai voulu neanmoins m’en assurer d’une manière plus positive ; pour cela , j’en ai calciné une certaine quantité dans un petit tube de verre , disposé de manière à ce qu’on puisse recueillir les matières volatiles ; il ne s’est dégagé ni gaz ni liquide acide ; la poudre a pris seulement une légère teinte rosâtre. De l’eau distillée , mise à bouillir sur cette substance pendant quelques minutes, n’avait acquis aucune saveur ; elle était sans action sur les couleurs végétales , et ne précipitait par aucun réactif. Ces simples essais ont suffi pour me prouver l’absence complète d’acide hydrochlorique libre dans le domite du Puy-de-Dôme. Calciné pendant une heure environ, il ne perd pas sensibles ment de son poids. Analyse quantimiioe. Dans une première opération, j’ai cherche le poids ^ terreux et métalliques, et dans une seconde, c ^ . Cette méthode , quoiqu’un peu plus ^ ; Qn egt blen celle qui consiste à ne faire qu une seule op plus certain des résultats obtenus. 1. Recherche des oxides terreux et métalliques. J’ai pris cinq 22 — grammes de domite pulvérisé et séché à la température de ioo degrés , jusqu’à ce qu’il ne perdît plus rien de son poids ; je les ai calcinés dans un creuset d’argent, avec trente grammes de potasse caustique pure. La matière fondue a été traitée par l’acide hydrochlorique pur, en faisant usage de tous les soins convenables en pareil cas elle s’y est dissoute en totalité. La dissolution acide a été évaporée jusqu’à siccité sur un feu doux , et dans la crainte que la chaleur n’ait été portée trop loin, et de manière à décomposer en partie les hydrochlorates terreux, j’ai arrosé la masse desséchée avec un peu d’acide hydrochlorique ; puis, après quelque tems de contact, j’ai traité par une grande quantité d’eau distillée, qui a été renouvelée jusqu’à ce que la portion insoluble ne parût plus diminuer sensiblement. Celle-ci, placée alors sur un filtre de papier Joseph, a d’abord été lavée avec de l’eau distillée, ensuite avec de l’eau ammoniacale, pour en séparer le chlorure d’argent qui s’y trouvait par suite de la calcination dans un creuset d’argent, puis avec de l’eau distillée , jusqu’à ce que celle-ci en sortît insipide, et fût sans action sur les papiers reactifs. Le filtre fut alors mis à sécher, puis calciné dans un creuset d’argent pendant plusieurs heures. Le résidu était blanc, léger, insipide, insoluble dans les acides ; c’était de la silice son poids , déduction faite des cendres fournies par le filtre dont la quantité m’était connue d’avance par une expérience faite sur un filtre tiré de la même feuille de papier, équivaut à 2 grammes 55o. Les eaux de lavage de la silice, étant réunies à la solution saline , contenant tous les hydrochlorates, j’y ai versé du sous- carbonate de potasse en dissolution jusqu’à cessation de précipité, et jusqu’à ce que l’hydrogène sulfuré ne produisît plus rien dans la liqueur. Le précipite, séparé de la liqueur surnageante, lavé , puis séché, a été mis à bouillir avec de la potasse caustique pendant l’espace de i5 à 20 minutes, pour en séparer l’alumine. Au bout de ce tems, j’ai filtré, lavé le résidu insoluble , puis saturé — 23 exactement la liqueur alcaline avec l’aeide hydroclilorique. L’alumine s’est bientôt déposée sous forme de poudre blanche, qui, re çue sur un fdtre, lavée et calcinée, pesait i gramme 20. Le précipité duquel l’alumine avait été séparée , contenait la c haux, la magnésie, les oxides de fer et de manganèse. J’ai commencé par le calciner ; puis, pour en isoler les deux premiers oxides, je l’ai traité par l’acide acétique, qui les a dissous sans toucher au fer ni au manganèse. Ceux-ci ont été lavés avec soin , et les eaux de lavage réunies à la dissolution acide. J’ai évaporé celle-ci à siccité , puis j’ai transformé les acétates en sulfates , en les mettant digérer, à une douce chaleur, avec un léger excès d’acide sulfurique. Pour avoir ces sulfates de chaux et de magnésie à l’état neutre , je les ai calcinés légèrement dans un creuset de platine avec une très-petite quantité de carbonate d’ammoniaque leur poids était de 1 gramme 4° • Afin d’isoler ces deux sels l’un de l’autre, j’ai suivi le procédé indique par M. R. Phillips , c’est-à-dire que j’ai lessivé la masse saline avec une dissolution saturée de sulfate de chaux, qui a dissous le sulfate de niagnesie, sans toucher au sulfate de chaux. Celui-ci , convenablement desséché, pesait o gramme 25, qui, retranchés de 1 gramme 40 , poids des deux sulfates , laissaient 1 gramme 15 pour le sulfate de magnésie enlevé par la dissolution de sulfate de chaux. Ces 0,25 de sulfate de chaux représentent 0,1 o3 de chaux caustique, puisque ce sel est formé, sur 100 parties, de 58 ,d’acide, et de 4i,53 de base. Les i,i 5 de sulfate de magnésie représentent o,3gi de magnésie pure, 100 parties de ce sel contenant 65,98 d’acide, et 34,02 de base. Pour séparer le fer du manganèse, j’avais à choisir entre beaucoup de procédés je me suis arrêté à celui que M. Quesne- v ille fils a proposé dans ces derniers tems, et qui a reçu 1 approbation de M. Yauquelin. Après avoir dissous le mélange des deux oxides dans de l’acide hydroclilorique pur, et avoir rendu la dissolution aussi neutre que possible, à l’aide de l’ammoniaque, — 24 — j’y versai un excès d’arseniate de potasse, qui occasionna aussitôt la formation d’un précipité jaunâtre. Ce précipité fut lavé sur un fdtre, puis desséché à une température de roo degrés centigrades; il pesait, dans cet état, i,34- La liqueur contenant l’ar- seniate de manganèse fut traitée par la potasse caustique, qui en sépara l’oxide de manganèse, lequel, lavé et séché, pesait o,o32. M. Qucsneville prescrit de calciner l’arseniate de fer, et de compter le résidu comme peroxide de fer. Je me suis assuré que, par une calcination même très-prolongée, l’arseniate de fer n’est pas transformé en totalité en peroxide. J’ai calciné, par exemple, ioo parties de ce sel ; elles ont perdu 27 , 5 . La théorie indiquait 68,84, puisque ces 100 parties sont formées de 68,84 d’acide et de 3i,l6 de base Tables de Berzelius . Cette partie du procédé de M. Quesneville est donc fautive. J’ai calculé le peroxide de fer, d’après le poids de l’arseniate obtenu. Or, d’après la composition citée plus haut, les 1 ,34 d’arseniate que j’ai obtenus représentent 0 , 417 ,544 £»£} ;£>{£} g 3 £ $££ S £S} 3>£>S} et qui ; comme on l’a trop malheureusement observé dans Quelques hôpitaux de Paris , les conduit presque toujours dans la tombe. Enfin, il est probable que, par la propagation de ces ingénieuses machines, nous verrions encore cesser chez les artisans dont nous parlons ces maladies si graves connues sous le nom d anévrismes du cœur, qui en font périr un grand nombre, et dont 1 unique source se trouve encore dans les efforts répétés des muscles de la poitrine, qui meuvent les bras pendant leur travail, et aussi dans les troubles physiologiques que ce genre d’exercice apporte dans les fonctions de la respiration et de la circulation, qui sont si étroitement liées. Enfin , une dernière considération qui doit surtout fixer 1 attention des maîtres boulangers , et qui sans doute fera plus d effet sur eux que celles que nous venons d’exposer relativement à leur santé , a trait à l’économie qu’apportera l’emploi des pétrins mécaniques. L’expérience démontre que, par le pétrissage à la main , l’ouvrier perd deux livres de farine par sac , perte qu il n es t pas en son pouvoir d’empêcher, puisqu’il opère son me- lange au milieu d’un air sec et chaud , que les mouvemens qu il ^it sans cesse agitent plus ou moins, ce qui disperse une certaine quantité de farine sur les corps environnans. Il faut encore tenir compte de la perte qui a lieu sur la pâte, soit par défaut de soins, soit par toute autre cause. Il résulte de là une perte totale de deux kilogrammes par sac de farine , perte enorme qui se reproduit continuellement, et qui est entièrement supportée par le boulanger. Ces données ne sauraient être taxées d inexactitude ou d’exagération de notre part, puisque nous les devons à un boulanger q „i, depuis quelque tems, a renoncé à l’ancienne méthode pour f ;v i re usa „ . \’un pétrin mécanique de Lasgorseix — 42 — Ces considérations, Messieurs, sont du plus haut intérêt, et votre commission a cru devoir les exposer avec tout le développement qu’elles nécessitent. En les livrant aux méditations du public, elle espère qu’elles produiront les heureux résultats qu’elle en attend , savoir de vaincre les répugnances que manifeste la masse des boulangers pour les pétrins mécaniques, et surtout d’engager les consommateurs à exiger de ceux-ci l’emploi de machines qui permettent de préparer le pain avec plus d’économie , de promptitude, de soins et de propreté 1 . Il y a long-tems que l’usage des pétrins mécaniques aurait pu 1 Après avoir envisagé, sous tous les rapports , les avantages comparatifs des différens pétrins mécaniques et du pétrissage à bras, il nous resterait à examiner la question la plus intéressante pour les boulangeries , celle qui est relative a la dépense première qu’occasionnera l’emploi des machines dont nous venons de parler. Malheureusement nous n’avons pas à notre disposition tous les élémena nécessaires pour traiter à fond ce point important. Nous nous bornerons à reproduire ici les prix qui sont indiqués sur les prospectus des deux compagnies qui sont possesseurs du Pétrin et du Pétrisseur mécaniques . Dimensions et prix des mécaniques dits à la Lasgorseix. Pour 900 à 1000 liv. , de pâte, y compris les levains. 13 p. 1/3 2000 fr SOO à 900 id. id. 12 1/2 1750 700 à 800 id. id. 11 1/2 1500 600 à 700 id. îd. 10 1/2 1350 500 â 600 id. id. 8 1/2 1200 400 à 450 id. id. S 1/2 1000 300 à 350 id. id. 7 1/2 800 200 â 250 id. id. 6 » 600 50 à 120 id. id. 4 1/2 500 Prix des Pétrisseurs de MM. Cavallier } Frère et Compagnie. Pour 1000 liv. de pâte à la fois. 1800 fr. SOO.. 600. 1200 ISO. 500 Un pétrisseur mécanique , de deux pieds et demi de largeur, d’un pied et demi de profondeur et d’une longueur de six pieds, fabrique 600 livres de pâte. On voit, d’après ces proportions , que les pétrisseurs occupent beaucoup moins d’espace que les pétrins à la Lasgorseix. 11 est à désirer que les prix de ces utiles machines baissent beaucoup au-dessous de ceux auxquels elles sont cotées actuellement, autrement il est à craindre que bien des boulangers ne reculent devant une mise de fonds qui leur paraîtra sans doute trop forte. La concurrence , il est probable , amènera ce résultat. Nou6 savons pertinemment que MM. Cavallier et C ia ont déjà livré plusieurs machines à des prix inferieurs à ceux qui sont cotes sur leur prospectus. — 43 — £ l, ' e ai lo P lé , puisque déjà , en 1810, M. Lambert, boulanger de Paris, présentait à la Société d’encouragement une machine de son invention , propre à opérer le pétrissage , et qui remporta le proposé par cette utile Société. Des expériences faites à P -s, à Rouen, à Lyon et à Amiens, constatèrent les avantages lue cette machine simple et ingénieuse devait apporter dans 1 art du boulanger ; mais les plaintes et les menaces même des garçons boulangers en arrêtèrent de suite l’emploi. Espérons que ces arti- sans, mieux éclairés , ne s’opposeront point aujourd hui a la propagation des nouveaux pétrins mécaniques offerts au public. Le soin de leur santé leur ouvrira sans doute les yeux, et fera taire les injustes préventions qu’ils pourraient nourrir contre toute innovation dans leur art. En terminant ce rapport, dont la longueur est suffisamment motivée par l’importance de la question qui y a donné lieu, votre commission vous propose, Messieurs , par mon organe, de remercier MM. Cavallier, Frère et C e , pour lui avoir procuré l’occasion de voir fonctionner leur pétrisseur mécanique, d accorder votre approbation à l’emploi de cette intéressante machine, et d’envoyer à ses inventeurs une copie de ce rapport , comme un témoignage de sa satisfaction. Fait à Rouen , le 23 décembre 1829. Signé J. Girardin , Rapporteur. Du isuc , Président de la Société VAgnciillui e. L’abbé Gossier, Chanoine honoraire. Aug. Le Pasquier. PoüCHET , D .-M. La Société d’Agriculturc, considérant que la question traitée dans ce rapport rentre essentiellement dans le domaine de ses travaux habituels , et qu’elle intéresse au plus haut degré la population tout entière, décide/à l’unanimité, que le présent rapport sera inséré dans le Bulletin trimestriel de ses travaux, et qu’il sera, en outre, imprimé à part, à ses frais, à un assez grand nombre d’exemplaires 1 pour être distribué aux autorités, aux sociétés savantes, à tous les maires des communes du département , afin de répandre promptement dans le public la connaissance des nouveaux procédés mécaniques proposés , dans ces derniers tems, pour la fabricatiou du pain. • Dobuc , Président de la Société. Goube , Secrétaire perpétuel. 1 U co a etc imprimé 800. NOTE SCR LES MOYENS D’EXTRAIRE L ACIDE CITRIQUE DES GROSEILLES Dans les ateliers de teinture et d’impression sur toiles , on consomme une grande quantité d’acide citrique. Cette substance est malheureusement d’un prix fort élevé, ce qui provient de ce que n »us sommes obligés de tirer de l’étranger, et principalement du midi de l’Europe, les matériaux desquels on l’extrait. Cette cherte l’acide citrique est la seule cause qui empêche son emploi pour Ce rtaines opérations délicates dans lesquelles il présente un grand avantage sur les autres acides. Le jus de citron, dont on fait usage habituellement, en place de l’acide citrique pur qu’il contient, à cause de son plus bas prix , offre tant d’inconvéniens, soit aux fournisseurs, soit aux consommateurs, qu’il serait bien a souhai- ter qu’on pût trouver les moyens de ne plus y avoir recours. Non seulement ce suc , qui arrive, dans des tonneaux, du pays où on 1 obtient, est susceptible de s’altérer assez fortement par suite de la grande quantité de mucilage qu’il renferme, mais encore il est presque constamment sophistiqué dans le commerce ; ce qui est Luc i 1, Société centrale d'Agriculture du departement de la Seine-Inférieure, le tt 1880 > ' e t Michaux, vulgairement appelé par la plupart des habi- tans des environs de Rouen, gadier, gadelicr, et ses fruits gades et gadelles, est un arbrisseau de un à deux mètres de hau- teur, droit, multitige et très-rameux, qui croît naturellement dans l Amérique boréale, dans plusieurs contrées de l’Europe, et notamment dans les vallées du Jura et des Rasses-Alpes ; il est cul- t>ve maintenant dans presque tous les jardins. Il fleurit en mars, avril ou mai, suivant le climat. La récolte des fruits se fait en juillet ou en août. Ces fruits sont de petites baies globuleuses, d’un rouge vif ou blanches, disposées en grappes. La variété blanche a des fruits moins acides et plus sucrés. Ce petit arbrisseau se plaît davantage dans les parties septentrionales de la France; il prospère dans toute espèce de sol, excepté pourtant dans les terres blanches ou très-calcaires, où il languit et se couvre presque toujours de lichens et de mousses ; il exige peu de soin pour sa culture. Il se multiplie d’éclats de racines, de boutures ou de marcottes. La manière la plus simple et la plus commode pour le multiplier consiste a détacher les hges nouvelles de la souche principale, en ménageant les racines, et à les replanter avec soin. Il est'prudent de commencer cette opération dès que les feuilles sont tombées en automne et dès que le bois est mûr ; leur reprise est plus assurée que dans * es plantations tardives. Il faut supprimer, chaque année, les hois morts et quelque peu de branches inutiles. Les fruits qui viennent sur les jeunes pousses sont plus beaux ; on doit abattre tous les bois vieux de trois ans. Le peu de mots suffit pour montrer combien la culture du groseiller est facile et peu coûteuse. Il devra prospérer très-hieu dans toutes les parties de notre département. On pourra le faire — 50 — venir clans tous les terrains incultes, sur le bord des chemins, des fosses, dans les haies, etc. Les cultivateurs qui exploiteront ce genre de culture, dans l’intention de vendre leur récolte aux fabricans d’acide citrique, devront, de préférence, multiplier le groseiller rouge , puisque, comme nous l’avons dit précédemment , les fruits de cette espèce sont beaucoup plus acides que ceux de la variété blanche. * / NOTE SUR L’INVENTION DE RÉDUIRE LA PAILLE EN FARINE'. Tous les journaux ont annoncé, il y a quelques mois, que le hasard avait fait découvrir à un meunier du département de la Cote—d’Or le moyen de convertir la paille en une farine d’une assez bonne qualité. Il paraît que l’antériorité de cette découverte intéressante doit être attribuée à M. Maître, fondateur de 1 établissement d’agriculture de Vilotte, près Châtillon. Depuis an an, cet babile agronome a reconnu la possibilité de réduire en farine, non seulement la paille de blé et celle des autres grains, mais encore le foin et les tiges de trèfle, de luzerne, de sainfoin, etc. Il emploie la farine qui provient de ces dernieres plantes à la nourriture des brebis et des agneaux. M. Maître fait achever, en ce moment, au centre de ses bergeries, une usine qui sera uniquement consacrée à cette nouvelle industrie- Inséré dans l 'Extrait des travaux de la Société centrale d’Agriculture du département de l ©©©©©©©©©©©©©©©©©©©©© ANALYSE d’un CERCUEIL ROMAIN EN PLOMB On a découvert à Rouen , dans la rue Saint-Gervais, un cercueil romain en plomb , qui a cinq pieds de longueur sur treize pouces et demi de largeur et onze pouces et demi de hauteur. Il était à trois pieds et demi de profondeur, et avait la tète tournée an Nord. On a trouvé dans ce cercueil deux petites médailles de Tétricus ce qui ferait remonter l’inhumation à la deuxième moitié du in e siècle de notre ère, les ossemens d’un mort et les débris de deux petits gobelets en verre blanc, ciselés sur la panse ; 1 un était placé auprès de la tête, l’autre entre les os des cuisses. En examinant les os et le peu de grandeur du cercueil, il y a lieu de croire que ce tombeau était celui d’une femme, âgée d’environ quatre-vingts ans. Le métal qui formait ce cercueil, ayant été dégagé de la croûte blanche terreuse qui en recouvrait les deux faces , a ete analyse parles procédés connus. Il a été trouvé composé, sur cent parties cn P°îds, de Plomb. W> 90 Etain. 100,00 Revue Normande , 1er vol. — 1S51 , p. 487 et 648. ©S©©©©©© NOTE SUR UN FAIT DE MÉDECINE LÉGALE, PAR MM. MORIN ET GIRARDIN Chargés par M. le juge d’instruction de Rouen de procéder à l’examen chimique des matières contenues dans l’estomac et les intestins d’un homme mort subitement dans la nuit du 1 3 au i4 juillet i83o, avec des circonstances qui pouvaient faire croire à un empoisonnement, nous expérimentâmes avec le soin le plus minutieux, non seulement sur les matières contenues dans les viscères, mais encore sur ces viscères eux-mêmes. Nous ne pûmes découvrir aucune trace de poison, soit de nature minérale, soit de nature végétale ; aussi les conclusions de notre rapport furent- elles que l’homme, dont la mort subite avait éveillé les soupçons de l’autorité, n’avait point été empoisonné. En faisant des expériences pour rechercher dans les matières suspectes la présence de l’arsenic, ou plutôt de ses préparations, nous eûmes l’occasion de constater un fait assez curieux, et qui, au premier abord, nous causa quelque embarras. 1 Lue à la Société de médecine de Rouen, en décembre 1830. Insérée dans le Journal de Chimie médicale > t. vi . p. 818, année 4830 , et dans la Revue Normande, publiée par >1. De Caumonl, U* volnmr, -îr partie, janvier 1831, p. 1S7. — 55 — ^ OUs avions évaporé jusqu’à siccité une portion des matières P°ur la projeter dans du nitrate de potasse tenu en fusion. Le verre c °ule sur un marbre, puis dissous dans l’eau distillée. La li- ^ Ueur î préalablement rendue neutre et essayée par le nitrate d’ar- b en t et les autres réactifs qui servent à déceler la présence des al> seniates, donna des résultats négatifs. Le sulfate de cuivre seul Se com {>orta avec elle d’une manière insolite ; il produisit un pré- Cl pité assez abondant, d’un très-beau vert, tout-à-fait semblable au vert de Schèele arsenite de cuivre. Un pareil résultat devait nous surprendre étrangement, puisque nous avions acquis la preuve, par les autres réactifs , que la liqueur ne contenait pas un atome de préparation arsenicale. Mais, en admettant l’infidélité de ces premiers réactifs , et la plus grande sensibilité du sulfate de cuivre, on aurait dû obtenir un précipité d’un bleu pâle, et non vert ; car, par le procédé de fusion avec le nitre, il ne pouvait y avoir dans la liqueur que de l’arseniate, et non de 1 arsenite de potasse. Le précipite vert disparaissait presque complètement par l’addition d une grande quantité d’eau ; chauffé sur les charbons ar- dens, il ne répandait aucune vapeur blanche, n’exhalait aucune odeur alliacée ce n’était donc pas du vert de Schèele. Il importait de reconnaître sa nature et les circonstances qui avaient donné lieu à sa formation, à cause de cette grande res— ser nblance avec l’arsenite de cuivre. La première chose à faire était de nous assurer de la pureté de nos réactifs. Le sulfate de cuivre employé était parfaitement pur ; quant au nitrate de potasse il t'enfermait une quantité assez notable de chlorure. Ayant mêlé es solutions de ces deux sels, le précipité vert se produisit comme précédemment. En employant du sel de nitre provenant d’un aUtre laboratoire, et qui ne renfermait pas de chlorure, il n’y eut aucun précipité ; mais en ajoutant à la solution de ce nitrate pur " ne eertaine proportion de chlorure de potassium ou de sodium, 1 instant il acquérait la propriété de former un précipité vert avec le sulfate de cuivre. Ces essais nous éclairèrent aussitôj sur la nature de ce précipité ; ce devait être du deutochlorure de cuivre. L’analyse confirma nos prévisions. On sait, en effet, que ce sel donne une dissolution verte. Mais pourquoi, puisque ce sel est très—soluble, se présentait-il, dans nos expériences, sous la forme de flocons , et se déposait-il promptement à la manière d’un sel insoluble? Nous expliquons ce fait par la concentration des liqueurs dont nous nous servions 1 . Le sel de nitre dont nous avions d’abord fait usage , et qui contenait du chlorure de sodium, provenait du laboratoire de l’école de chimie. Il était en cristaux prismatiques blancs, et présentait, en un mot, tous les autres caractères physiques du salpêtre bien raffiné. Divers échantillons de ce sel, pris dans d’autres laboratoires et chez des droguistes, ne nous offrirent aucune trace de chlorure ; aussi ne précipitaient-ils pas en vert par les sels de cuivre. Puisque les sels de nitre raffinés du commerce contiennent quelquefois tant de chlorure de sodium, comme on vient de le voir, il importe aux chimistes et aux pharmaciens qui peuvent remplir les fonctions d’experts dans les affaires médico-légales, de ne les employer qn’après les avoir essayés , surtout lorsqu’il s’agira de rechercher la présence de l’arsenic dans des matières suspectes. Il serait même préférable , pour éviter toute erreur, de préparer, pour les expériences de ce genre, du nitrate de potasse de toutes pièces, en faisant usage de potasse à l’alcool bien pure, et d’acide nitrique rectifie. Nous avons pense que la connaissance du fait curieux que nous 1 M. Guibourt s’est trompé en avançant, dans une note qu'il a placée à la suite de notre observation Journal de chimie médicale, t. 6 , que ce précipité était dû non seulement à la présence du chlorure de sodium dans le nitre et à la concentration des liqueurs, .mais encore au carbonate alcalin provenant de l’action de la matière organique sur le nitrate. Il ne s’est pas rappelé, en rédigeant sa note, que nous avions pris le soin de rendre notre liqueur aussi neutre que possible, avant d’y ajouter du cuivre , et que, par conséquent, elle ne pouvait rrnfermer le carbonate alcalin. — 57 — 1 110115 rapporter, pourrait intéresser toutes les personnes qui CCU P ent de médecine légale. Il fera sentir la nécessité d’ap- . er imiq Ue . J’acceptai la proposition de l’autorité municipale avec ^ autant plus de plaisir, que, depuis long-tems, je cherchai» 1 occasion de m’assurer si.', comme on le pense generalement, les cloches anciennes renferment des métaux précieux, métaux l u i auraient été ajoutés par les fondeurs, dans l’intention d embellir leur son. M. Deleau, architecte ordinaire delà ville, eut la complaisance de me conduire au beffroi de la Grosse-Horloge , et de mettre à ina disposition plusieurs grammes du métal qu’il fit enlever aux parois de ce grand corps sonore. Je fus accompagné, dans cette visite au beffroi, par nos honorables confrères MM. Licquet, Auguste Le Prévost et Ballin. Ce dernier académicien vous a rendu eompte S dans la séance du 23 avril i83o , des résultats de cette exploration archéologique, qui lui a fourni 1 occasion de relever, avec exactitude , l’inscription du bas de 1 escalier de ce beffroi, que les historiens de la ville de Rouen u ont rapportée qu’imparfaitement, et celle de la cloche d’argent fiui paraît n’avoir été citée par aucun d’eux. D’après l’inscription qui se voit sur le listel de cette cloche, il est bien évident aujourd’hui que celle-ci n’est pas la même que la cloche nommée Rembol, dont Charles YI gratifia deux de ses panetiers, pour punir les Rouennais d’une insurrection qui éclata en 1 3go. H en résulte que toutes les hypothèses qu on a successivement émises sur l’origine du nom de cloche tfaigent, hypothèses faites dans l’opinion que notre cloche actuelle est le Rembol de cette époque, sont sans aucun fondement 1 . f'oir, à 1, page 3SS d „ p récis de lg5 0, l’analjse du travail de M. Ballin , qui a mi. ”»'* de tonte discussion a de savoir si la cloche dite argent est l’ancienne '“"me qorlq,,,, lms lc pr ,'tendaient. 11 a ividemment ^ue cette ancienne cloche — 60 Quoi qu’il en soit, voici les dimensions de cette cloche. Je dois ces renseignement, ainsi que la figure que j’ai l’honneur de mettre sous vos yeux, à l’obligeance de M. Deleau. Elle a trois pieds trois pouces de hauteur à partir de l’ouverture inférieure jusqu’à la naissance des anses qui surmontent le cerveau ou partie supérieure. Sa plus grande largeur est de quatre pieds. Le cerveau a un diamètre intérieur de deux pieds quatre pouces six lignes. Les parois , dont l’épaisseur est de trois pouces trois lignes à l’ouverture inférieure, région où frappe le battant, n’ont plus qu’un pouce une ligne au cerveau. Son battant a deux pieds onze pouces de longueur ; il est en fer, et suspendu à une forte lanière en cuir. n'existe plus , et que celle qui est actuellement dans le beffroi te nomme le Rouçel, nom qu’elle porte inscrit en toutes lettres sur le listel. Voici , au reste , cette inscription , telle que M. Ballin l’a découverte et nous l’a communiquée Inscription, sur une plaque de cuivre, placée au-dessus de la porte du bas de Vescalier du beffroi de la Grosse—Horloge à Rouen. ce qui me dispense d’entrer dans aucun détail à cet egard , je n’ai reconnu dans cet alliage que du cuivre, de Vétain , dans des proportions très-rapprochées de celles du métal des cloches actuelles, plus un peu de zinc et de fer. Voici, au reste, les résultats numériques de mon analyse. Sur cent parties en poids, le métal de la cloche d argent se compose de Cuivre.. . .. Etain. 26 Zinc. 1 > 80 Fer. W 100,00 Les cloches françaises modernes sont généralement formées d’un alliage composé de Cuivre. 78 Étain. 22 Parfois on y trouve des métaux étrangers, tels que fer, zinc, plomh, etc., en quantités variables. Ces métaux n’ont d autre objet reconnu que celui de diminuer le prix de 1 alliage , c est à—dire d’augmenter les bénéfices des fondeurs. On voit, par cette comparaison, qu’il n’y a pas une tres-grande différence, sous le rapport de la nature chimique , entre la cloche du Beffroi de Rouen et les cloches modernes. Le fer et le zinc que j’ai trouvés dans la première sont en si faible proportion , fu on doit les considérer comme accidentels à sa composition. — 62 — Ils proviennent, sans aucun doute, du cuivre dont le fondeur a fait usage ; car le cuivre du commerce est rarement exempt de ces deux métaux. On ne peut supposer que le zinc ait été ajouté à dessein, puisque ce métal a été indiqué pour la première fois par Paracelse, qui mourut en i54i , et que la cloche du Beffroi paraît être bien antérieure à cette époque. D’ailleurs, ce n’est guère que depuis un siècle que le zinc est devenu très—commun et qu’on a commencé à l’employer dans les arts. D’un autre côté, on sait que le cuivre gris, une des espèces minéralogiques du cuivre le plus abondamment répandues et exploitées, est toujours accompagné de sulfure de zinc, et que presque toutes' les autres espèces de la même famille sont mélangées de sulfure de fer, notamment le cuivre pyriteux, qui est une combinaison, à proportions égales , de sulfure de cuivre et de sulfure de fer. U n’est donc pas étonnant que le cuivre du commerce renferme ordinairement de petites quantités de ces deux métaux étrangers , et que , par suite on en trouve dans les objets fabriqués avec le premier. La cloche du Beffroi, d’après mon analyse , ne contient donc pas un seul atome d’argent, et il est très-vraisemblable que les autres cloches coulées à cette époque et antérieurement n’en renferment pas davantage. Cependant, il est bien constant que , lors de la fonte de ces corps sonores, on introduisait une assez grande quantité de ce métal précieux dans le bain, dans l’intention de leur communiquer un son clair et pur ; et cette croyance, sur l’utilité de l’argent dans cette circonstance , s’est perpétuée jusqu’à nos jours, car elle fait encore partie de ces nombreux préjugés qui circulent dans tous les rangs de la société. Comment se fait-il donc que l’analyse chimique ne nous démontre pas plus de traces d’argent dans les cloches anciennes, où l’on en ajoutait, que dans les cloches modernes où l’on n’en met pas ? La cause de cette singularité doit exciter vivement votre curiosité, Messieurs; l’explication que je vais en donner, Va la satisfaire complètement, tout en taisant naître votre admiration pour l’adresse merveilleuse des fondeurs de cette époque. V°us connaissez tous, Messieurs, l’ancien usage de bénir les c l°ches et de leur donner un parrain. Alors, comme aujourd’hui, ^ es personnes de haut rang ou distinguées par leur piété, recherchaient avec empressement l’honneur de tenir les cloches sur les fonts baptismaux; mais, non contentes de cette distinction, elles voulaient donner des marques de leur générosité ou de leur dévotion , en offrant à la paroisse la quantité d’argent nécessaire à embellir, comme on le croyait et comme le faisaient entendre les fondeurs, le son de la cloche. Toutes les dames de l’endroit s’empressaient de s’associer à cette œuvre de vanité plutôt que de vraie dévotion, en ajoutant quelques pièces de leur argenterie ; çn sorte que , souvent, une immense quantité d’argent travaillé était apporté dans l’atelier où devait s’opérer la fonte de l’alliage. Les donateurs et parrains étaient invités à plonger dans le lour, et de leurs propres mains, l’argent qu’ils consacraient à cette opération ; néanmoins , malgré la publicité donnée à la fonte des cloches, il ne s’y trouvait pas plus d’argent après leur confection qu’il n’y en avait dans les métaux employés par les fondeurs. Voici comment ces derniers , tout aussi habiles que leurs successeurs , savaient profiter d’une erreur qui les enrichissait. Le trou ouvert sur le haut du fourneau, et destiné à l’introduction de l’argent, était pratiqué directement au-dessus du foyer, et cette partie du fourneau à réverbère, comme le savent toutes les personnes qui ont visité les ateliers dans lesquels on travaille les métaux, est séparée de la sole du four sur laquelle les matières sont mises en fusion. Il résultait de la disposition de ce trou, qui servait aussi à l’introduction du combustible, que la totalité de l’argent que l’on y projetait, au lieu d’être introduite dans le bain de bronze liquéfié, tombait directement dans le foyer, coulait et allait ensuite se rassembler dans le fond du cendrier, d’où — 64 — le fondeur s’empressait de le retirer une fois la eérémonie terminée et l’atelier désert. Tous voyez, Messieurs , que les fondeurs anciens, plus instruits et plus fins que leurs concitoyens, savaient exploiter adroitement leur crédulité, et mettaient en pratique ce vieil adage qui sera sans doute applicable à tous les tems Vulgus vult decipi, decipiatur ! Il n’est donc pas étonnant que les clocbes anciennes n’offrent pas plus d’argent dans leur composition que celles fabriquées de nos jours. Leur timbre, quoi qu’on en dise, n’est pas plus beau que celui de ces dernières, et si quelqu’un avait quelques droits de se plaindre de l’abolition d’une coutume aussi inutile que coûteuse , ce ne serait assurément que les fondeurs de notre epoque. Pour en revenir à notre cloche d’argent, je ne crois pas que la petite différence qu’elle présente, dans les rapports du cuivre et de l’étain avec les autres cloches , influe sur la nature du son clair et retentissant qu’elle répand. Celui-ci doit tenir plus vraisemblablement à sa forme et à l’état d’homogénéité de ses parties. Le surnom de cloche d’argent donné au Rouvel renfermé dans le Beffroi, a fait naître bien des suppositions plus ou moins hasardées, et il embarrasse encore beaucoup nos antiquaires. Notre estimable confrère M. Ballin dit, dans sa notice que je vous ai rappelee en commençant, qu’on peut l’attribuer, soit au son argentin qu’il rend lorsqu’on le met en volée, soit à quelque circonstance analogue à celle qui a fait appeler tour de beurre l’une des tours de la Cathédrale. Cette dernière hypothèse est plus vraisemblable que la première ; mais ne pourrait-on pas trouver l’origine de cette dénomination dans ce qui a pu se passer au moment de la fabrication de cette cloche ? Un tocsin , destiné, comme le Rouvel, à servir dans toutes les circonstances solennelles, a dû être fondu et coulé avec une grande pompe. Les — 65 — bourgeois les plus distingués de la ville ont dû briguer l’honneur de contribuer à la beauté de sou timbre ; et si, lors de la fonte des cloches ordinaires de paroisse, les parrains et les fidèles faisaient don de grosses sommes d’argent, il est permis de sup- P°ser, avec q ue lq lie apparence de raison, que les présens offerts a X écfievins de la ville pour embellir le son du Jïaiivel, ont été magnifiques et considérables. Ne serait-ce pas alors à cause de cette grande quantité d’argent qu’on supposait avoir entre dans ha préparation de l’alliage, tandis qu’il passait dans la cassette du tondeur, que le nom de cloche d’argent aura été donne a ce grand corps sonore ? Cette opinion ne me semble pas denuee de toute vraisemblance cependant , Messieurs , je la soumets a votre sagacité , et ne la soutiens qu’avec la défiance que mon peu de lumières en fait d’archéologie doit m’inspirer. NOTE SUR LE NOIR ANIMAL PROVENANT DES RAFFINERIES, CONSIDÉRÉ COMME ENGRAIS \ Depuis quelques années, on a introduit dans les campagnes l’emploi d’un nouvel engrais, le charbon animal provenant des raffineries. Les uns ont vanté avec engouement sa grande énergie ; d’autres l’ont déprécié avec autant de chaleur ; et les uns et les autres, appuyés par l’expérience, avaient raison. Il est facile d’expliquer cette dissidence d’opinions. Il en est du noir animal comme de tous les amendemens et stimulans usités en agriculture ; chacun d’eux, éminemment utile sur certains sols, est sur d’autres nuisible ou au moins d’un effet nul ; favorable à certaines plantes, il produit l’effet contraire sur d’autres. Le tout est de reconnaître les circonstances dans lesquelles il peut agir de la manière la plus avantageuse. Or, c’est ce qu’on n’a pas fait à l’égard du noir animal. Au moment où l’on vint à préconiser son emploi, on voulut s’en servir dans tous les cas possibles ; de là 1 Lue à la Société centrale d’Agviculture du département de fa Seine-Infcrietire, le 24 février 1831. Inséré dans Y Extrait des travaux de la Société d'Agriculture , t. G , p. 211. — 67 — vinrent ces réussites et ces désappointemens annoncés avec grand hruit de tous côtés. ^ e Xpérience a démontré, plus tard, que c’est surtout sur les terres froides ou argileuses que l’emploi du noir animal est utile, et que c’est principalement sur les plantes qui admettent l’azote dans leur composition, telles que les colzas et autres crucifères, qu il produit les effets les plus avantageux. Le charbon animal, en imprimant une activité extraordinaire au premier développement de ces plantes , les soustrait aux ravages des insectes , qui dévorent les semis et forcent souvent à les recommencer plusieurs fois. Cette activité se prolonge pendant tout le cours delà végétation, et les produits qu’on obtient sont plus beaux et beaucoup plus abondans que lorsqu’on n’emploie pas ce stimulant énergique. Le noir animal n’agit cependant pas toujours de la même manière, alors même qu’on l’emploie dans les mêmes sols et dans des circonstances égales. Les autres engrais ou stimulans, d’ailleurs, offrent la même anomalie. Il faut en chercher la cause dans la nature même de l’engrais, qui peut varier et lui donner par suite des propriétés bien différentes. C’est ainsi que le noir animal, par exemple, présente des caractères différens avant et après son emploi dans la décoloration des sucres ; sa propriété fertilisante n’est plus la même. Tandis qu’après avoir servi au travail du sucre, il la possède à un haut degré ; avant son emploi dans les raffineries, il ne peut tout au plus être considéré que comme un amendement mécanique ou divisant. C’est qu en effet 'f y a une grande différence de composition entre ces deux especes de noir. Le premier contient, outre le carbone et le phosphate de chaux qui le constituent essentiellement, comme le deuxième, l’albumine du sang de bœuf qui a ete employé a la clarification du sucre, plus les impuretés contenues dans le sucre, e t aussi une certaine proportion de ce dernier corps , que les lavages qu’on lui fait subir n’enlèvent jamais totalement. C’est à — 68 la présence de ces différentes matières étrangères que ce noir doit les qualités fertilisantes qu’il possède. Mais on remarque encore une grande diversité d’action dans le même noir sortant des raffineries , suivant qu’on l’emploie récent, c’est-à-dire immédiatement après son usage dans les raffineries, ou bien après l’avoir laissé un certain tems exposé à l’air, à l’eau , et autres agens qui tendent à le dépouiller des matières étrangères qu’il retient engagées clans ses interstices. M. Hectot, pharmacien à .Nantes, s’est assuré, par plusieurs expériences, que du noir, soumis depuis six mois aux intempéries de l’atmosphère, ne renfermait plus aucune des substances contenues dans le noir récent Communication sur le noir animal , par M. Hectot, pharmacien ; Annales de la Société académique de Nantes et du département de la Loire—Inférieure, 3 e livraison, i83o. Il suit de là que les cultivateurs ne doivent employer, comme engrais, que le noir sorti récemment des raffineries; mais, comme il n’est pas toujours facile d’observer cette condition, M. Hectot a cherche un moyen de conserver à ce noir toutes ses propriétés pendant un tems plus ou moins long. Il a reconnu qne la chaux eflleurie, mélangée au noir en pâte , dans la proportion d’une barrique sur trois, remplit ce but. Un pareil mélange, cpii peut facilement se dessécher au contact de l’air, a donné, au bout de six mois , un engrais qui n’avait rien perdu de ses qualités. Ce mélange n’exhale aucune odeur désagréable , si ce n’est celle du sucre caramélisé , et cela seulement les premiers jours de sa confection*. La chaux ne saurait nuire ; elle convient très-bien , au contraire, dans les terres où le noir fait merveille. Il y a encore une circonstance qui peut faire varier les qualités du noir, c’est sa sophistication avec des matières inertes, telles que des résidus de forge, de la poussière de tourbe, de la suie de cheminée, etc. Cette sophistication a lieu quelquefois dans le commerce. Tl est important de pouvoir la reconnaître. On — 69 — pourra, j e crois, y arriver en suivant le procédé suivant , qui est fondé sur ce que les matières précédentes, qu’on ajoute au noir > ne renferment pas les sels de chaux phosphate et carbone, qui sont propres à ce dernier. Lors donc qu’on voudra reconnaître si du noir est falsifié, on prendra une once de ce noir et une once de noir sur la qualité duquel on n’aura aucun doute. On les délayera séparément dans une petite quantité d’eau, et on y ajoutera, par portions, de l’acide hydrochlorique ordinaire. Lorsque l’effervescence occasionnée par la décomposition du carbonate de chaux sera tel minée , on s’assurera que les liqueurs sont très-acides, et on les laissera en digestion pendant douze heures. A cette epoque , on étendra d’eau, on jetera les charbons sur des toiles, et on les lavera avec de l’eau bouillante aiguisée avec i/io'. d’acide lavages seront continués jusqu’à ce que l’eau acidulé cesse de précipiter en blanc par quelques gouttes d ammoniaque. Alors on réunira toutes ces eaux de lavage, et, dan» chacune des deux liqueurs, on versera assez d’ammoniaque pour saturer tout l’acide libre. On recueillera les précipités blancs sur des filtres de papier joseph tarés, et on les fera dessécher dans une étuve. Leur poids respectif, après la dessiccation, indiquera les quantités de sels de chaux que chacun de ces noirs renfermait, et, par la différence, on estimera la proportion de matières étrangères ajoutées au noir suspecté. Cette épreuve, comme on voit, est très-facile, et aussi exacte que possible ; en effet, moins un noir donnera de précipité blanc par l’ammoniaque, plus il renfermera de matières étrangères, et vice versa 1 • La pins grande consommation du noir animal en agriculture a , .. . .. ,, C „ que les agncultem-s pourront tn indiquant c, procédé, nous »».» JL^f, exige encore umicerUme 1 ecuter eux-n&uc, ; car, quoique 1res- simple et ae 1 . mois comm il existe ni 71* , 1 , n . I s %.inpi'Csscrontdeleiirctitutues,enap- agriculteurs pourront avoir recours a ccs derniers qu 1 . ;. , , .,, t noirs auon soupçonnerait o avoir ete laltiues.. plvquanl notre procédé analytique .11 examen » n lieu dans les départemens de Maine-et-Loil'e, de la Loire-Inférieure et de la Vendée. Les raffineries de Paris et d’Orléans expédient dans ees contrées, par la Loire, presque tout le charbon qui a servi à la décoloration du sucre. Nantes en reçoit, en outre, de grandes quantités de Bordeaux, du Havre, de Rouen, de Marseille, de Russie, d’Angleterre et d’Italie. L’efficacité de cette substance est si généralement reconnue dans les trois départemens cités, que, quelles que soient les quantités de charbon qui arrivent, elles suffisent à peine aux demandes ; aussi le prix s’en est-il élevé rapidement de i franc à 5 et 7 francs l’hectolitre. Nous avons cru devoir attirer l’attention des cultivateurs nor- • mands sur un engrais qui rend de si grands services aux agriculteurs de l’Ouest de la France. Nous serons satisfaits si cette note peut les engager à tenter quelques essais sur l’emploi du noir dans les divers sols de notre département, et à tirer parti d’une matière aussi commune , si les expériences entreprises lui sont favorables. ADDITION A LA NOTE PRÉCÉDENTE. Dep uis la communication de la note précédente à la Société d’agriculture, j’ai lu, dans le 22 e . cahier du Cultivateur avril i83i , un article de M. O. Leclerc sur le même sujet. Cet article donnant de nouveaux détails sur l’emploi et l’importance du noir animal, je m’empresse de le faire connaître aux cultivateurs de ce département, persuadé que l’autorité d’un aussi habile agronome sera pins efficace que la mienne, pour les convaincre des services qu’ils peuvent retirer de l’usage de ce précieux engrais. Depuis quelques années, dit M. O. Leclerc, le noir a été si bien apprécié dans la grande culture, des demandes si considérables en ont été faites, qu’on est allé, à grands frais, le — 71 — chercher, , iOÎI p us seulement en France, mais sur divers points Je j’pi _ Ur °pe. Il résulte de relevé exacts que cent soixante-treize ^ vires, chargés en partie de cette substance, sont arrivés à j an * es dans le courant de 1828. Voici un aperçu approximatif e la quantité de noir que cette seule ville reçoit de la France et e l’etranger De Paris. De Marseille. D’Orléans. De Saint-Pétersbourg De Hambourg »... De Stockholm .... De Copenhague . . . De Dantzick. D’Anvers. De Garni. En total, environ .... 121,000 hectolitres. 40,000 hectolitres. 20,000 15 à 20,000 15,000 10 à 12,000 4,000 4,000 6,000 » Un tel aperçu est plutôt au-dessous qu’au—dessus de la vérité 1 . Je dois ajouter que Paimbœuf est devenu un second lieu de dépôt, qui approvisionne en noir animal une grande partie de la Vendée. » L’hectolitre de noir, dans l’état de dessiccation convenable, tel qu’on le livre au commerce et à l’agriculture, pèse de 98 ù 102 kilogrammes. L’hectolitre valait à Nantes, en 1828, 1 francs ; ce prix est descendu, en 1829, à 6 francs 5o centimes- ” Cet engrais est employé, à ma connaissance, avec succès, non seulement dans les départemens de la Loire-Inférieure, de la Vendée et des Deux-Sèvres, mais fort avant dans ceux de la Vienne et de Maine-et-Loire. Il est d’une activité si grande, qu’on ne le répand sur la terre qu’à la volée , dans une proportion qui n’excède pas beaucoup, en certains cas, celle de la Un de, mes amis , bien CDllrant dn commerce de Sanies, m’a assure que le noir* “ounal y fi B , lr a; t annuellement pour près d’un million. — 72 — semence mais, selon les localités, la nature du sol et celle du noir lui-même, cette proportion est loin d’être fixe. » Dans notre Bocage , m’écrit M. Marchegay de Lousigny, député de la Vendée, depuis plusieurs années, les engrais et les amendemens anciennement usités, tels que les fumiers d’étables, les terres des jardins, des cours et de démolitions , la cendre de marais provenant de la combustion de fumiers desséchés et destinés à remplacer le bois de chauffage, ont été plus recherchés, mieux et plus abondamment employés ; mais les besoins et l’émulation augmentant sans cesse, il a fallu recourir à d’autres moyens. La chaux seule, ou mêlée à des terres de jardin, a été, depuis i8of, fréquemment substituée à tout engrais sur les terrains de landes et les fonds argileux cultivés , soit en blé, soit en fourrages verts. Plus tard, la chaux elle-même paraissant insuffisante, on a généralement adopté pour les terres molles ou trop fortes , sur fonds schisteux, l’usage du noir de radinerie , dont l’effet a d’abord paru surprenant. » Cet engrais nouveau est actuellement tellement recherché , que bientôt on ne pourra plus suffire aux demandes qui en sont faîtes dans tout le Bocage vendéen. Il ne faut cependant l’employer, ajoute M. Marchegay, qu’en très-petite quantité à peine a quintaux, c’est-à-dire 100 kilogrammes ou 1 hectolitre par arpent de Paris ; par conséquent moins de 3 hectolitres par hectare, quantité beaucoup moindre, comme on voit, que celle de la poudrette, qu’on devrait employer en pareil cas. » Le noir animal ne convient pas également à toutes les terres. On a remarqué que, dans les sols peu profonds , naturellement secs et précoces , il ne produit pas, à beaucoup près, d’aussi bons effets que sur les terrains argileux , frais ou un peu froids ; aussi, lorsqu’on l’emploie sur les terres dites à seigle , ce qui est rare , n’est-ce qu’en très-petite quantité ; dans les terres fortes et humides , au contraire , on peut en mettre davantage. » Aux environs do Ohàlonncs—sur—Loire , à quelques lieues d ’ A W, on répand cet engrais dans la proportion de i demi à 2 doubles décalitres par boisselée de 10 perches de pieds , ou d’environ 66 centiares 65 centiares g5o ; ce qui équivaut a Qu 4 hectolitres par arpent du pays , de 65 ares g5 centiares. " Plus avant, vers l’Ouest, dans la direction de Bourbon- Vendée , il est des localités où l’on fait usage du noir en quantité plus considérable. Pour le froment, on en met i'isq 5 barriques de 3o veltes, g à n hectolitres par bectaie vnême davantage. Cet engrais n’est pas toujours employé se^ on le mêle quelquefois , en diverses proportions , a des fumic d’étables , pour les terres déjà soumises d’ancienne date à la culture , ou à de la terre de jardin et des cendres de marais poui les landes nouvellement défrichées. * Les résidus de radinerie , sans nul mélange , conviennent particulièrement aux choux, aux raves , aux betteraves et autres cultures désignées sous le nom de verU Sur i hectare conve nablement fumé , on plante environ 8,ooo pieds de choux , on sème environ 65,ooo raves relies , qui deviennent grosses chacune comme une bouteille ordinaire, et pèsent, terme moyen , une livre et demie. On sème i o,ooo betteraves ; elles pèsent communément deux livres et demie. J’ai entendu parler de divers légumes, et notamment le choux, dont les racines, lors de la plantation, avaient etc mouillées , puis trempées dans du noir, et qui étaient venus remarquablement beaux. ” Il est important d’ajouter qu’on a obtenu recem résultats très-avantageux de l’emploi de cette substance sur des prairies basses et marécageuses. " Comme la poudrette , une fois desseche et mis à 1 abri de l’humidité, cet engrais peut se conserver sans éprouver aucune ou presque aucune fermentation. L’avenue d’un chateau situe dans lé voisinage de Saint-Pétersbourg, avait etc, de lort ancienne date , exhaussée avec du noir animal ; le propriétaire actuel s’eu étant aperçu l’année dernière, se hâta de faire défoncer ce précieux terrain. L’engrais qui en est provenu n’a pas paru différer de celui qui était sorti plus récemment des raffineries. A Nantes, on estime moins le noir de Russie que celui des autres parties de l’Europe , parce que , m’a-t-on dit, le charbon d’os employé dans ce pays est plus dur et en plus gros fragmens ; ce ce qui l’empêche de se pénétrer aussi bien du sang de bœuf et des sirops. » Quelques cultivateurs se sont lassés de l’emploi du noir animal. Cela doit tenir à diverses causes. La première, peut-être, c’est qu’ils ne l’auront pas employé avec discernement. Je viens de le dire , les résidus de radinerie ne conviennent pas également à toutes les terres, et sans doute, pour en obtenir constamment un bon effet, il faut les alterner, sur les mêmes champs, avec d’autres fumiers. La seconde cause , c’est que, comme toutes les substances fermentescibles d’une grande et prompte énergie, celle-ci ne peut guère agir sensiblement que pour une récolte. Elle ne fait pas le fond de la terre, disent avec raison nos paysans. Enfin , malheureusement , des marchands sans honneur sont parvenus à falsifier le noir, en le mélangeant avec des terres noirâtres qui altèrent considérablement sa qualité sans changer son aspect. Cependant, le débit augmente annuellement, au lieu de diminuer; c’est la preuve la moins équivoque de la bonté de cet engrais. Il a déjà rendu d’importans services à l’agriculture des départemens que j’ai cités. Là , presque partout, malgré l’augmentation progressive du nombre des bestiaux , dans chaque métairie bien dirigée, les fumiers sont en trop petite quantité. C’est à cette cause , plus encore qu’au manque de bras et de machines propres à les remplacer , qu’il faut attribuer la multiplicité des jachères qu’on remarque encore avec peine dans une grande partie de l’Ouest ; mais ces jachères deviennent de moins en moins nombreuses. Si la culture du trèfle , l’introduction plus récente de divers autres fourrages et celle de la betterave ont puissamment contribué à — 75 — ces améliorations, je ne doute pas que le noir animal et la cliaiix,^ dont l’usage s’étend de plus en plus , n’y aient aussi contribue pour leu r bonne part. Dans le voisinage des villes, es unners man quent rarement; mais , au fond des campagnes, il en est au- tre ment ; l es f ra is de transport sont énormes. Un engrais qui, comme le noir animal, sous un petit volume et un P° lds P™ considérable , contient beaucoup de parties nutritives , une acquisition vraiment précieuse. » M. Charles Cesbron, du département de Maine-et-Loire , écrit ce qui suit aux rédacteurs du Cultivateur même cahier, page 178 Dans le canton que j’habite, on a obtenu des résultats extrêmement avantageux de l’emploi du noir animal. Il a enrichi plusieurs cultivateurs, qui d’abord ne voulaient pas en faire usage, et par suite la valeur des fermes a presque double. Les te , ainsi fumées ont donné de plus belles récoltés et des pâturages bien plus aboudans que lorsqu’on y mettait seulement du fumier, de la chaux ou des terreaux. Des pièces de seigle , amendées pour la troisième fois avec le noir animal, ont donné douze à seize pour un , et des grains d’une excellente qualité. » NOTE SUE LA DÉCOCTION MERCURIELLE DITE EAU DES NÈGRES', ADRESSÉE A LA SOCIÉTÉ DE MÉDECINE DE ROUEN, EN JUIN 1830 *. De tout tems, les médecins et les pharmacologistes ont prétendu que l’eau, en bouillant pendant plusieurs heures sur U mercure coulant, acquérait une propriété anthelmintique très- prononcée aussi ont-ils recommandé l’emploi de cette préparation dans le traitement des maladies vermineuses des enfans- Boerhaave, Lentilius, d’Andry, Baglivi, Pomet, etc., etc., oïd soutenu cette opinion et contribué à la répandre. Lémery fils; cependant, et Boerhaave lui-même, avaient reconnu qu’en faisan 1 bouillir pendant un grand nombre de fois des quantités d’eau très- 1 C’est le nom que Eourcroyj dans ses cours , donnait à cette préparation employée da* 1 * les colonies comme anli -syphilitique et vermifuge. * Lue a l’Acadcmic royale des sciences de Rouen , en 1855. Inscrce dans le Journal de Chimie médicale t. 1 , p. üS" , aimée i XS". _ 77 — sidérables suv un poids déterminé de mercure, ce u ' , Perdait aucunement de son poids ; ce qui engagea c P renu mettre en d „ute la vertu attribuée à la décoctmn e Quelques médecins allèrent encore plus loin que 1» >-ut, puisqu’ils supposeront en outre à cette dec-cU»» de. t ,ro P ne laissa aucun résidu. — 79 — lame de cuivre bien décapée resta plongée pendant quelques j°urs dans ce liquide ; elle ne perdit ni son éclat, ni sa couleur. la 'arreau aimanté ne présenta également aucun phénomène. ^ es reactifs suivans f au de chaux, SuTr m ° r,iari ’ lc ’ Chlorure de sodium, Chromate de potasse, Iodure de potassium, Acide gallique, Teinture de noix de galle , Dissolution de gélatine, etc. fure de potassium, Chlore liquide , CyanoFerrure de potassium, Cyanure de potassium, n y occasionnèrent aucune coloration ou précipité quelconq ^ Il en fut de même d’un courant de gaz hydrogène sulfure que 1 y fis passer pendant plus de deux heures. Voulant reconnaître si les sels contenus habituellement dans l’eau de rivière pourraient avoir quelque influence sur l’oxidation du métal, et déterminer la formation d’un composé mercuriel quelconque, j’ai employé, pour de nouvelles expériences, de l’eau de Seine, et même une eau plus riche en matières solides que celle-ci, l’eau d’un puits ; mais, dans l’un et l’autre cas, les résultats que j’ai obtenus ont été entièrement conformes aux precedens. 3° Le mercure sur lequel je fis les essais que je viens de relater, était pur. J’ai répété les mêmes opérations avec du mercure tenant en dissolution quelques centièmes de métaux etrangers, du plomb, du bismuth, de l’étain, dans la supposition que ces métaux pourraient faciliter l’action de l’eau sur lui, ou peut-être se dissoudre eux-mêmes, et communiquer alors à l’eau des propriétés particulières que Y on aurait attribuées à la présence du mercure. Toutes mes tentatives pour retrouver dans l’eau la moindre trace, mercure, soit des autres métaux, ont été infructueuses. . _ 4“ Depuis l’époque où ces essais ont été terminés, la chimie analytique s’est enrichie de plusieurs moyens ingénieux propres a démontrer la présence du mercure, ou plutôt de ses composes, dans un liquide quelconque. Parmi ces moyens, celui indiqué par M. James Smittson, et perfectionné par le professeur Orfila, est un des plus simples et des plus certains. Ce procédé, comme l’on sait, consiste dans l’emploi d’une petite pile électrique faite avec un anneau d’or, recouvert d’une feuille d’étain roulée en spirale, appareil que l’on plonge dans la liqueur où l’on soupçonne la pré- rence d’un composé mercuriel, après y avoir préalablement ajouté quelques gouttes d’acide bydrocblorique. Dans le cas où il y en existe quelques traces, l’anneau d'or preqd une couleur d’un blanc grisâtre qu’il ne perd pas par le contact de l’acide hydrochlorique pur et concentré ; et chauffé dans un petit tube de verre effilé à la lampe, il laisse dégager des vapeurs mercurielles qui ne tardent pas à se condenser, dans le haut du tube, sous la forme de petites gouttelettes brillantes. J’ai eu le désir de soumettre à cette épreuve infaillible la décoction mercurielle ; mais je n’ai pas été plus heureux que précédemment, tandis qu’en agissant sur de l’eau dans laquelle j’avais dissous d’avance un quart de grain de sublimé corrosif, j’ai obtenu les résultats annoncés par les deux chimistes cités plus haut. Il résulte donc de ces recherches que l’eau pure ou chargée de sels n’a pas la propriété de dissoudre, même par un contact prolongé à la température de ioo°, un atome de mercure ; qu’il ne se trouve dans ces circonstances aucune trace d’oxide de mercure qui resterait en simple suspension, ainsi que Grew, cité par Kla- proth, l’a prétendu ; enfin, que la décoction mercurielle ne possède aucune saveur particulière, comme tant d’auteurs l’ont avancé. Et qu’on n’argue pas, contre ces résultats, que si les réactifs n’ont pu faire découvrir la présence du mercure dans l’eau, cela tient uniquement à ce qu’ils ne sont pas assez sensibles, assez puis- sans. L’analyse chimique est portée maintenant à un tel point de précision, surtout en ce qui regarde les substances minérales, qu’un pareil doute doit paraître une hérésie aux yeux des praticiens habiles qui s’occupent spécialement de cette partie de la science. Là où les réactifs ne peuvent déceler aucune trace d’une — 81 Matière en dissolution ou en suspension, on peut afhrmer avec assurance qu’il ne s’y en trouve pas, en effet, quelque degré de lisibilité qu’on suppose à la matière. Maintenant, un corps qui ne cède rien à l’eau peut-dlui faire guérir une saveur prononcée? Il est difficile d’admettre cette °Pnio n ; et puisque je n’ai pu, dans quelque circonstance que ce s °it, obtenir une eau douée d’une saveur mercurielle sensible , 11 est—il pas plus raisonnable de supposer que ceux qui ont avancé Un tel fait se sont laissé imposer par des idées préconçues, et sur- t°ut par l’autorité des doctes écrivains qui, les premiers , ont propagé celte assertion. Ce ne serait pas assurément le premier exemple où l’on aurait vu des hommes graves et consciencieux croire, sur la foi des autres, à l’existence de faits qui n’existaient que dans leur imagination. D’après tout ce qui précède , il me paraît impossible de croire aux propriétés curatives de la décoction mercurielle. La raison se refuse à admettre qu’un corps puisse acquérir des vertus médicinales par son simple contact avec un autre, surtout lorsque ce contact n’est suivi d’aucune action chimique qui modifie la nature de l’un ou de l’autre. Le témoignage des anciens ne doit pas nous en imposer dans ce cas ; car on sait avec quelle facilité ils ajoutaient foi aux suppositions les plus extraordinaires, à une époque surtout où une expérimentation sévère était rarement appelée a rectifier les écarts de l’imagination. Que si des praticiens célébrés de nos jours ont adopté aveuglément les croyances erronées de leurs devanciers, cela prouve seulement combien est puissant 1 empire des préjugés, et quelle difficulté on éprouve à les déraciner. Je serai satisfait si j’ai pu contribuer à en détruire un seul, et si, par mes expériences, j’ai fait disparaître à jamais de nos ouvrages une erreur accréditée depuis tant de siècles. Lorsque M. J. Girardin a lu cette note à l’Académie royale des sciences de Rouen , en i833 , M- Des Alleurs , secrétaire 6 — 82 — perpétuel de la classe des sciences , a confirmé, par des observations médicales pratiques , les conclusions de M. Girardin . Voici ce que M. Des Alleurs a imprimé, à cet égard , dans son rapport général de 1 833 1 Parmi les faits cités qui ont prouvé l'inefficacité de l’eau mercurielle, par les effets négatifs de cette eau , employée en abondance, soit extérieurement, soit intérieurement, le suivant paraîtra surtout concluant M. B., atteint d’une affection syphilitique , rendue évidente par des signes non équivoques, usa pendant long—teins , d’après les conseils d’un empirique , de l’eau mercurielle , intérieurement et extérieurement. Nulle amélioration dans la maladie et nul symptôme spécial de l’action mercurielle ne se manifestèrent ; le mal empira beaucoup ; soumis enfin, par nous, à un traitement méthodique et prudent, que commandait la constitution nerveuse et l’irritabilité extrême du malade, la salivation se manifesta constamment, malgré toutes les précautions que j’eus soin de prendre , soit que je fisse usage , à l’intérieur, du deutochlorure de mercure , soit que je fisse pratiquer des frictions. Je fus donc obligé de renoncer à ces moyens, et la guérison ne fut obtenue que par l’usage des préparations sudorifiques. Si l’eau mercurielle eût contenu du mercure en solution , peut-on penser que la salivation n’eût pas eu lieu , surtout après l’usage immodéré que le malade en faisait, une pinte édulcorée par jour ? * Voir le Précis de VAcadémie de Rouen , pour 1835 , p. 3". NOTE SUR L’EMPLOI DES OS BROYÉS OU PULVÉRISÉS COMME ENGRAIS Dans la plus grande partie de l’Allemagne, dans toute la Grande-Bretagne, en Auvergne , etc., les os pulvérisés ou simplement broyés sont employés comme engrais depuis un assez grand nombre d’années, et les cultivateurs de ces pays leur attribuent une grande puissance fertilisante. Dans d’autres pays, au contraire, l’opinion opposée est généralement répandue, et plusieurs agronomes très-habiles la partagent ; je citerai, entr autres, M. De Dombasle et M. Wrede , propriétaire hessois. Ce dernier assure avoir employé 4° a 5o,ooo livres de poudre d os, sans en obtenir aucun résultat bien marqué , et il prétend q d J a exa “ gération dans ce qui a été dit sur leur faculté fertilisante. Au milieu de ces faits et assertions contradictoires, il est assez difficile, comme on voit, d’asseoir un jugement certain. Cependant, si l’ou fait attention que les fermiers anglais sont trop 1 Wré dan. le e des Travaux de la Société centrale i’agriculture de la Seine- Inférieure , p. 398 , année 1851 , et n" 61 , janvier 1832 , du Recueil industriel, "facturier, agricole et commercial, publié pat M - Dc Mauleon > P' 58 C année . — 84 — éclairés sur leurs véritables intérêts pour adopter aveuglément une pratique dont l’expérience n’a pas sanctionné l’utilité ; si l’on réfléchit que cette pratique est généralement suivie dans les trois royaumes, puisque l’importation des os est devenue un objet de ^ commerce important en Angleterre, au point que le Danemarck lui en vend seul pour i 5 o h 200 mille rixdalers annuellement, et que des vaisseaux anglais vont faire , chaque année , des char- gemens considérables d’os dans le nord de l’Allemagne, on sera tout naturellement porté à penser que la divergence d’opinions qui existe entre les différens agronomes sur l’opportunité ou l’inutilité de l’emploi des os comme engrais, dépend, ou de ce que les expérimentateurs n’ont pas suivi la même manière d’opérer, ou plutôt que l’effet des os varie suivant la nature des sols auxquels on les applique. Cette explication nous semble d’autant plus rationnelle, que la théorie est favorable à la pratique des cultivateurs anglais, badois, wurtembergeois, flamands et auvergnats. Comment, en effet, supposer qu’une matière qui renferme 4 ° pour 100 de substances organiques soit inerte, lorsqu’elle est placée dans les circonstances favorables à sa décomposition ? On pourrait objecter que la grande cohésion ou la dureté excessive des os, qui 11e leur permet pas de se ramollir, même dans l’eau chaude, est un obstacle assez grand pour empêcher leur putréfaction, et par conséquent la dispersion de leurs principes actifs dans le sol ; mais cette objection, toute spécieuse, n’aura aucun poids pour ceux qui ont observé ce qui se passe dans les os répandus sur les champs et soumis à l’influence répétée de l’air, de l’humidité et de la chaleur. On sait, en effet, qu’au bout d’un certain tems, ces os deviennent jaunes par suite de l’exsudation de la graisse qu’ils renferment, puis que peu-à-peu ils blanchissent et finissent par ne plus consister qu’en un squelette terreux , friable et tout-à-fait semblable à celui qui reste après leur calcination à l’air libre. Toute la matière animale a donc disparu, lentement à la vérité, mais enfin elle a subi complètement les effets de la — 85 — décomposition putride ; la cohésion qui unit les particules des os n’a l'ait que retarder cette altération , mais ne l’a pas empechee. La pratique , d’ailleurs, n’a-t-elle pas démontré depuis long- q U e d’autres substances aussi denses que les os, comme les c ornes, les ongles , les poils , sont d excellens engrais et qu el e abandonnent aux plantes une nourriture convenable , peu à peu et suivant leurs besoins , au fur et à mesure qu elles deviennent solubles, sans même donner aucun signe de fermentation? La théorie nous conduit donc à^accorder foi et croyance au résultats que les cultivateurs anglais et allemands prétendent obtenir. Exposons maintenant ces résultats et les piincipes qui les régissent. Si nous consultons le rapport de la commission d’enquête instituée, en 1828, par l’association agricole de Doncaster, pour réunir tous les faits relatifs à l’emploi des os comme engrais, traiter ce sujet h fond et dissiper tous les doutes, rapport que nous a fait connaître le chevalier Masclet, dans un excellent mémoire inséré dans le n° 34 , 3“ série, tome VI, page 3 o des Annales de Vagriculture française, nous apprenons que le colonel Saint-Léger est le premier qui ait tenté, en 1 7 y 5 , a Warms— vrorth Yorksbire, l’emploi des os comme engrais. Le progrès en a été lent, parce qu’on se bornait à jeter sur le terrain les os grossièrement coucassés et en trop grande quantité ; il n y » guere que i 5 à 16 ans qu’on en a reconnu les bons effets , depuis qu on a imaginé de les broyer ou de les réduire en poudre. Dans cet état, ils conviennent éminemment aux terrains secs et sablonneux, aux sols calcaires et crayeux, aux terrains légers et aux fonds tourbeux ; ils ne produisent aucun effet dans les terrains argileux, humides ou compactes. On peut encore les employer avec beau coup d avantage pour les prairies naturelles et artificielles, pour les terres arables que l’on destine aux turneps et aux pommes de terre. Tous les os peuvent être indifféremment employés. Dans — 86 — l’Allemagne, on donne la préférence aux os île bœuf, de cochon et de veau , parce qu’ils contiennent une plus grande quantité de substance animale que les autres. Il vaut mieux les broyer en morceaux de quatre pouces de diamètre pour les terres arables, et les pulvériser totalement pour les prairies. On doit les semer à la volée et avant la graine, excepté dans les cultures intermédiaires où la semence et l’engrais se répandent ensemble. La quantité à employer est de vingt-cinq boisseaux d’os en poudre par acre ; de quarante, s’ils sont concassés ; mais cette proportion doit s’accroître suivant que le terrain est plus ou moins apauvri. Les os préalablemment exposés à l’air durant deux ou trois mois, se pulvérisent facilement. Ceux qui sont encore revêtus de chair semblent fournir moins d’engrais que ceux qui sont entièrement décharnés. Il est bon de les faire fermenter en tas avant de les broyer, parce que leur décomposition dans la terre est plus prompte. Cet engrais conserve sa vertu fertilisante pendant fort long- tcms pendant quatre ans dans les terres arables, et plus long- tems encore sur les prairies; il conserve toute sa force sur un terrain sec, dans les tems de sécheresse, lorsque le fumier ordinaire perd une grande partie de la sienne. On fait aussi d’exeellens compôts en mêlant des os broyés avec d’autres fumiers ; et, pour y parvenir, il est bon de laisser ces compôts exposes à l’air dans des excavations dont le fond est pavé. Nous désirerions beaucoup que chaque ferme renfermât deux fosses de ce genre, que l’on remplirait alternativement de détritus de toutes espèces ; on y verserait les eaux grasses ; on y ferait arriver, à l’aide de rigoles, l’urine des étables et des écuries, qu’on laisse perdre ; on emploîrait les produits de l’une et l’autre fosses alternativement, de sorte que tous les ans le cultivateur disposerait d’un tas plus ou moins considérable d’excellent fumier dont la préparation ne l’aurait entraîné dans aucuns frais. Les machines que l’on er e pour broyer les os sont, ou des — 87 — Seules verticales en pierre dure , du poids de 4 à b,ooo livres , tournant dans une auge horizontale de •forme circulaire, ou bien ^ e s espèces de laminoirs dont les cylindres sont en fonte dure et armés de dents qui, en tournant en sens contraire avec des Vl, esses différentes, pulvérisent assez promptement les os. Suivant M. Molard , l’établissement de ces moulins est dispendieux, et ils ne peuvent convenir qu’à de grandes exploitations. Dans le Lincolnsbire, l’Yorksbire et les comtés voisins, dans l’East et AJid’Lothian et autres parties de l’Ecosse, on broie les os à 1 aide de manèges, de cours d’eau, de machines à vapeur et meme de moulins à vent dans quelques bonnes expositions. Dans d’autres parties de la Grande-Bretagne , on adapte simplement des cylindres à la machine à battre les grains , qui se trouve dans presque toutes les fermes, et qui est encore si rare dans les nôtres. M. Anderson, de Dundee, a fait établir un moulin à broyer les os, qui est mis en mouvement par une machine à vapeur de la force de douze chevaux, et qui suffit à peine, par un travail continu, à la fourniture des districts environnons. Ce moulin paraît réunir une grande partie des avantages que doivent posséder ces appareils ; aussi la Société de la Haute-Ecosse a-t-elle decerne un prix à son auteur. On trouve la description et la gravure de cette machine dans Y Agriculteur manufacturier de AI. Dubrunfaut t. Il, n° 'j, octobre i83o, p. 38 . Le bulletin delà Société d’encouragement, de septembre 1826 , contient un rapport de M. Molard, sur une machine employée à Thiers Puy-de-Dôme , pour réduire les os en poudre par le moyen du râpage. Un grand cylindre creux en acier, en forme de virole , d’nn pied de diamètre sur autant de largeur, dont la surlace extérieure est fortement piquée comme une râpe à bois, est fixé concentriquement sur l’extrémité d’un arbre de moulin avec lequel il tourne. Au-dessous de cette râpe est une forte pièce de Lois, au travers de laquelle existe un trou carré qui sert de trémie a "x os qu’on veut broyer, et qu’on presse à volonté entre le — 88 tambour-râpe, à l’aide d’un pressoir ou d’un levier chargé d’un poids. Tant que les dents sont neuves, la quantité d’os contenue dans la trémie, c’est-à-dire environ un pied cube , est réduite en poudre dans l’espace de deux à trois minutes. Cette machine est peu dispendieuse et très-facile à construire. Elle donne une poudre d’os assez grossière, qui est grasse au toucher, sent le fromage et donne de l’ammoniaque lorsqu’on la mélange avec de la chaux. Elle contient sur ioo parties, après la dessiccation, 43 parties 86 de matière animale combustible, et 56, 1 4 de substances terreuses. Les habitans de Thiers ont, depuis un tems immémorial, l’habitude de réduire en poudre les résidus des os employés dans leurs fabriques de coutelleries , et d’en former un excellent engrais pour leurs terres. On voit, dit le chevalier Masclet, » que ce n’est pas aux Anglais que nous aurions eu la première » obligation de cette utile découverte , si nous n’étions si souvent » les derniers à soupçonner l’existence de celles qui nous appar- » tiennent, et qui sont de si vieille date qu’elles ont, depuis » long-tems , cessé d’en porter le nom. » Annales de VAgriculture française, t. VI, 3' série , p. 43. Un riche propriétaire des environs de Strasbourg a fait établir chez lui un moulin et un tamisage mus par eau , pour réduire les os en poudre. Cette poudre est très-fine, car, passée au tamis, elle contient peu de morceaux de la grosseur d’un pois. Ce propriétaire ajoute du salpêtre à cette poudre d’os, dans la proportion d’environ io pour ioo, ce qui prévient une très-prompte fermentation , et lui donne plus d’efficacité comme engrais. Il vend 16 fr. les i oo kilogrammes de cette poudre ainsi préparée. Agric. manufact., loc. cit., page 47 • Dans les cantons anglais où l’on a adopté l’engrais des os, la récolte des turneps a décuplé leur volume est quatre ou cinq fois plus considérable, et les récoltes suivantes , soit en céréales, soit en graines, ont gagné dans la même proportion. On en doit conclure que si cet usage était suivi dans notre pays, il accroîtrait __ 89 — considérablement le nombre des bestiaux , et conséquemment la liasse des viandes de boucherie. Un engrais d’un transport si ^ ac ile, si éminemment propre à la culture en rayons, dont les P r °priétés fertilisantes sont si généralement applicables, n’est-il P as un véritable trésor pour les fermiers qui, résidant dans l’in- terieur du pays et à une grande distance des villes, se trouvent dans l’impossibilité de se procurer des engrais d’un poids et d un volume considérables? On sait ce qu’il en coûte, meme de la distance d’un mille , pour transporter 6, 8 ou t o charges de gros fumiers par acre de terre. L’usage de l’engrais animal procure Une grande économie de travail, à l’époque de l’année ou elle a le pl us de prix. Il suflit de rappeler, pour la faire apprécier, qu’une charge de 120 boisseaux d’os broyés équivaut à 4o ou 5o charges de fumier de ferme, dont chacune est celle d’une voiture attelée de trois chevaux. » C’est ainsi que s’exprime un des propriétaires cultivateurs qui ont répondu à l’appel de l’association agricole de Doncaster. Si, en Angleterre, en Ecosse, où les routes sont si bien entretenues, et ou, par conséquent, les moyens de transport sont plus faciles et moins que chez nous, on trouve un tel avantage dans la substitution des os pulvérisés aux engrais ordinaires , jugez, Messieurs, quels bénéfices nos cultivateurs retireraient en imitant nos voisins d’outre-mer? Aussi nous joindrons nos efforts a eeux de MM. Molard, D’Arcet, le chevalier Masclet, Dubrun- •aut, Payen, etc., pour les engager à tirer parti d’une substance qu’ils ont, de tout tems, considérée au moins comme inutile , et qu’ils peuvent se procurer à si bas prix. Pourquoi les ouvriers des villes, dans leurs momens de loisir, pourquoi les enfans, qu’on laisse inoccupés , ne s’occuperaient-ils pas à ramasser les os qu’on jette dans les rues , et à les broyer à l’aide de simples cylindres, pour en vendre la poudre aux cultivateurs et aux jardiniers ? Cette occupation , simple accessoire des travaux halriuels vaudrait bien la sale divagation des chiffonniers dont 90 — nos rues sont remplies ! Nos artistes mécaniciens feraient aussi une chose utile en inventant et établissant à bas prix des cylindres propres à broyer les os. On objectera peut-être que si nous consacrons ainsi à l’engrais des terres une grande partie des os qui proviennent de nos viandes de boucherie, nous porterons un préjudice très-sensible à nos fabriques de noir animal, et par suite .à celles de sucre indigène. Mais qu’on se rassure, la quantité d’os fournie par l’abattage de nos bestiaux est plus que suffisante pour entretenir la fabrication du noir animal et des os broyés , même en supposant ces deux genres d’industrie portés à leur plus haut période. Les fabriques de noir animal n’absorberont pas plus du quart des os que peut produire la France, lorsque les sucreries indigènes seront en assez grande quantité pour suffire à notre consommation moyenne de sucre de betteraves. Dans l’étal actuel des choses, le département de la Seine , pour prendre un exemple, consomme annuellement 48,000,000 kilogrammes de viande , équivalant à environ 12,000,000 kilogrammes d’os. Il s’en perd plus de la moitié, car on ne ramasse, pour les fabriques de noir et de sel ammoniac, que 5 , 8 oo,ooo kilogrammes d’os environ à l’état humide. Voilà donc pour un seul département 6,200,000 kilogrammes d’os qui restent sans emploi. Qu’on ajoute à cette quantité tous les os provenant des animaux morts de maladie, tous ceux qui peuvent provenir des cimetières que l’on vide, des catacombes que l’on détruit après des siècles d’existence , nous arriverons à un chiffre énorme , et nous acquerrons par là la certitude que, sans nuire aux diverses industries qui font usage des os, on pourra verser sur les terres en culture une masse considérable d’os broyés ou pulvérisés. D’ailleurs, l’importation n’est-elle pas là, en supposant que nos ressources soient trop faibles sous ce rapport ? et 11e peut-on pas encore, comme le propose M. Masclet, tirer parti, pour le même usage, de cette immense quantité d’écailles d’huîtres, de moules et autres coquillages que nous fournissent les — 91 — deux mers qui baignent nos côtes? TSe doit-on pas espérer aussi 4 Ue notre régime diététique s’améliorera, et que , par conséquent , en mangeant plus de viande, nous récolterons plus d’os? "^errons-nous long-tems encore, dit l’habile agronome que j’ai C1 *e tout-à-l’heure, l’habitant de l’Angleterre employer, terme m °yen , pour sa nourriture, une quantité de substance animale Presque double de celle que la France fournit à chacun de ses babitans ? » Rassurons—nous donc sur ce prétendu préjudice q u apporterait à notre industrie manufacturière l’emploi des os en agriculture. Il ne me reste plus, Messieurs , pour terminer tout ce qui est relatif à l’usage des os comme engrais, qu’à vous indiquer leur mode d’action dans cette circonstance. M. D’Arcet s’est occupé de cette question toute théorique. Je ne puis mieux faire que de vous rapporter les propres paroles de ce chimiste distingué. Je pense, dit-il, que lorsqu’on emploie les os comme engrais, la graisse qu’ils contiennent, liquéfiée par la chaleur du soleil, est en partie absorbée par la terre ; que les os, ainsi dégraissés mécaniquement, deviennent plus facilement attaquables par l’action combinée de l’air et de l’eau ; que les réactions chimiques ont alors lieu ; qu’une partie de la graisse et de la gélatine contenues os se convertit en ammoniaque; que cette ammoniaque dans les A ' 1 saponifie une autre portion de gélatine, la rend soluble dans 1 eau de pluie, qui, entraînant cette espèce de savon , le répand sur la terre, où il agit comme engrais. Les mêmes causes ramènent les mêmes effets, tant qu’il reste de la graisse et de la gélatine dans les os ; mais cette action devient d’autant plus lente , qu elle a lieu sur des os plus compactes, plus épais ou plus vieux c’est parce q ue l es os n’éprouvent ainsi qu’une décomposition pres- qu’insensible , et parce qu’ils contiennent, terme moyen , jusqu’à 4o pour ioo de matière animale, qu’ils forment un engrais si durable, et dont les effets sont si surs et si constans C’est probablement ainsi qu’agissent une foule d’autres engrais, tels que la — 92 — corne, les poils, les vieux cuirs, les débris d’animaux, etc. » Annales de chimie et de physique, tome XVI, page 36 1 , année 1821. Telles sont, Messieurs, les diverses considérations que j’ai cru devoir vous présenter sur l’emploi des os en agriculture. Je désire beaucoup qu’elles aient assez de poids pour engager les cultivateurs de notre département à introduire ce nouvel engrais dans leur pratique journalière. Si mes avis produisaient un tel résultat, je n’aurais qu’à me féliciter d’avoir rédigé cette note. BONBONS COLORÉS PAR DES SUBSTANCES VÉNÉNEUSE. proposition faite a cet égard AU CONSEIL CENTRAL DE SALUBRITE DU DÉïARTt>l*N T m * • Messieurs, A différentes reprises, l’attention publique a été Neüléej^des poursuites dirigées contre des confiseurs qui avaient n stances des matières sucrées qu’ils avaient colorées avec effets vénéneuses, dont sans doute ils ne connaissaien P . j meurtriers. Des condamnations repetees, tan 2° La loi du 16-24 août I 79 ° > 3 ° La loi du 32 juillet 1791 ; 4 ° Le code du 3 brumaire an IV; 5 ° L’ordonnance de police du 10 décembre l 83 t o ; 6* Les articles 319 et 320 du code pénal ; Avons ordonné et ordonnons ce qui suit Art. _ Il est expressément défendu de se servir, pour peindre ou colorier les bonbons, dragées , pastilles, et en général toute espèce de sucreries ou de pâtisseries, ainsi que pour colorier les liqueurs de table, d’aucune substance minérale, et notamment des substances suivantes 101 i° Le vert de Scheèle, le vert de Sclrweinfurt ou vert d’Allemagne, violent poison contenant du cuivre et de l’arsenic ; 2° Le jaune de chrome ou chrômate de plomb ; 3 ° Le vermillon ou cinabre, appelé encore sulfure de mercure ; 4 ° L’orpiment ou sulfure jaune d’arsenic ; 5 ° Le minium ou oxide rouge de plomb ; 6° Le réalgar ou sulfure rouge d’arsenic ; 7° Le bleu de montagne ou cendre bleue cuivrée ou azur de cuivre, qui est un carbonate de cuivre ; 8° Les cendres bleues en pâte ou carbonate de cuivre artificiel ; 9° Le jaune de Naples, contenant des oxides de plomb et d’antimoine ; io° Le smalt ou verre d’azur coloré par l’oxide de cobalt; 11° Le vert-de-gris ou sous-acétate de cuivre. Le bleu de Prusse ou de Berlin peut être employé sans inconvénient. On ne devra faire usage, pour colorier les bonbons, liqueurs, etc., que de substances végétales, à l’exception de la gomme-gutte et de l’orseille. Art. 2. — Il est défendu de mettre dans les liqueurs des feuilles d’or ou d’argent faux ; les liquoristes ne devront employer pour cet usage que des feuilles d’or et d’argent fin. Art. 3 . — Il est défendu d’envelopper ou de couler des sucreries dans des papiers bleus, lissés ou coloriés avec des substances minérales, attendu que les enfans ont l’habitude de les porter a leur bouche, ce qui peut occasionner de graves accidens. Art. 4- — Les confiseurs , épiciers, liquoristes, et en general tous les marchands qui vendent des sucreries et liqueurs coloriées, devront les livrer enveloppées dans des papiers qui porteront des étiquettes indiquant leur nom , profession et demeure. Art. 5 . — Il est encore expressément défendu aux distillateurs ou liquoristes d’employer le sucre de saturne ou acetate de plomb pour clarifier leurs liqueurs, cette substance étant un violent poison. — 102 — Art. 6. — Les fabricans et marchands seront personnellement responsables des accidens occasionnés par les produits qu’ils auront fabriqués ou vendus. Art. 7. — Il sera fait des visites chez les fabricans et détail— lans , à l’elfet de constater si les -dispositions prescrites par la présente ordonnance sont observées. Les membres du conseil central et des comités secondaires de salubrité sont chargés de cette surveillance. Art. 8. — Les contraventions seront poursuivies conformément à la loi, devant les tribunaux compétens. Le préfet du département, Telles sont, Messieurs, les mesures que votre commission vous propose de soumettre à l’approbation de M. le préfet. Dans le cas où elles seraient adoptées, elle croit que le conseil central devrait nommer une commission permanente de trois membres, qui aurait, dans ses attributions, la visite des ateliers des fabricans de bonbons et de liqueurs; les visites pourraient être faites un mois avant l’époque du jour de l’an, et quelques jours après le premier janvier. Yotre commission est persuadée qu’en mettant en pratique le mode de surveillance qu’elle indique, et en publiant l’ordonnance ci-dessus, la vente des bonbons vénéneux nese renouvellera plus. Fait en séance, à Rouen, dans le sein de la commission, le 1 " octobre i83i. Signé J. Girardin , rapporteur, P. Alexandre. Vingtrinier. CONSIDERATIONS TOXICOLOGIQUES SUR L’EMPLOI DU SUCRE DANS LES EMPOISONNEMENS PAR L’ACÉTATE DE CUIVRE. THÈSE PRÉSENTÉE ET SOUTENUE A LA FACULTÉ DE MÉDECINE DE PARIS, LB 25 AOUT 1832, PAR M. P. POSTEL, D. M. P., ANCIEN ÉLEVB DES 80P1TADK DB RODER. Extrait communiqué par M. J. Girardin 1 . On peut dire que l’empoisonnement par les préparations cuivreuses est un des plus communs et des plus importansà connaître. Aussi, de tout tems, les médecins et les chimistes ont-ils porté leur attention sur les moyens capables de décéler la présence de ces poisons, et sur ceux de prévenir leurs terribles ravages sur l’économie animale. Parmi les moyens conseillés pour combattre les accidens qu’occasionnent les préparations cuivreuses, moyens qui ont varié suivant les époques de la science où ils ont été proposés , on peut citer les boissons mucilagineuses conseillées par 1 Inséré dans les Annales d'hygiène publique et de médecine légale t t. 10, l » o part., p. Î07. — 104 — Fodéré ; les sulfures hydrogénés de potasse, de soude, de chaux, proposés par Navier ; la teinture de noix de galle, préconisée par Chansarel ; les huiles essentielles, conseillées par Migault ; plus récemment la limaille de fer, par MM. Milne Edwards et Dumas ; la poudre de charbon, par M. Bertrand. Mais il n’est aucune de ces substances qui ait joui aussi long-tems que le sucre de canne de la qualification de contre-poison des préparations cuivreuses. Marcellin Duval l’avait confirmée par ses expériences sur l’homme et les animaux, et M. Orfila lui-même l’avait consacrée dans la première édition de sa Toxicologie. Enfin, diverses observations rapportées par M. Guersent dans le Dictionnaire des Sciences médicales année i8i 3, semblaient avoir mis hors de doute que le sucre soit solide, soit liquide, produit les résultats les plus heureux dans ces circonstances. Plus tard , M. Orfila, en examinant de nouveau l’action chimique que le sucre exerce sur l’acétate de cuivre, vit qu’il le décompose rapidement à la température de l’eau bouillante, et qu’il le transforme en protoxide de cuivre d’un jaune orangé et en acide acétique qui se dégage. A la même époque, M. Vogel démontrait, dans un Mémoire présenté à l’Institut, que le sucre n’exerce d’action chimique sur le vert-de-gris qu’autant que ces deux substances se trouvent en contact à la température de l’ébullition ; que, dans ce cas, il se sépare du protoxide de cuivre , et qu’il reste encore du cuivre dans la dissolution colorée en brun , que l’ammoniaque ne peut faire découvrir, mais que le ferrocya- nate de potasse précipité en brun. Suivant le même chimiste , le sucre de lait, l’amidon, la mélasse, le miel, la manne, etc. , partagent jusqu’à un certain point cette propriété décomposante. Ces diverses observations ne permettaient pas de concevoir comment le sucre pouvait agir comme contre-poison dans les empoi- sonnemens par les sels de cuivre, puisqu’il ne décompose ni le verdet, ni le vert-de-gris, à la température de l’estomac. M. Orfila, après une nouvelle série d’experiences sur les animaux, conclut — 105 que le sucre n’exerce aucune action chimique sur le vert-de-gris qui a été introduit dans l’estomac ; qu’il ne l’empêche pas d’agir comme caustique, et , par conséquent, qu’il n’est pas contrepoison, mais qu’il est utile pour calmer l’irritation développée par ce poison, lorsque celui-ci a été préalablement expulsé par le vomissement ; puis, de concert avec M. Bertrand, il proposa l’albumine comme moyen efficace d’arrêter les ravages de ce poison, se fondant sur la propriété qu’elle possède de précipiter le cuivre de sa dissolution à l’état d’oxide, de se combiner avec ce dernier en donnant naissance à un composé insoluble, et, par conséquent, sans action sur l’économie animale. Les choses en étaient à ce point, lorsque M. Postel, nommé, en i83o, préparateur du cours de médecine légale professé par M. Blanche, à l’Ecole secondaire de Rouen, fut chargé, par cet habile médecin, de renouveler les expériences ayant pour but de déterminer quel était le spécifique le plus certain contre les préparations cuivreuses. Le sucre et l’albumine furent tour—à—tour essayés; les autres moyens furent négligés, soit parce que leur emploi u’est pas toujours facile, soit parce que, dans beaucoup de cas , il serait impossible de se les procurer, tandis que ces derniers se trouvent l’un et l’autre dans toutes les localités. Expériences. Deux chiens, de taille et de force à-peu-près égales, furent choisis à cet effet. On porta dans l’estomac de l’un d’eux, au moyen de la sonde œsophagienne, un gros de vert-de- gris délayé dans quatre onces d’eau. La même dose de vert-de- gris et d’eau fut injectée dans l’estomac de l’autre, et par le meme moyen. Quelques instans après l’injection du poison, ces deux animaux se plaignirent, et eurent un vomissement et une selle légèrement colorée en bleu. On introduisit alors dans 1 estomac de ces animaux , toujours au moyen de la sonde et à diverses reprises, chez l’un une grande quantité d’albumine, chez 1 autre nne grande quantité d’eau saturée de cassonade. Après quelques vomissemens et quelques selles, ces animaux parurent assez Iran— — 106 — quilles ils burent de l’eau mise à leur disposition ; on les abandonna. Celui auquel l’albumine avait été administrée, succomba dans la nuit. A l’ouverture du cadavre, le canal digestif et particulièrement l’estornac furent trouvés fortement enflammés ; l’estomac présentait quelques légères ulcérations. — L’autre animal se rétablit en peu de jours. Cette expérience, renouvelée quelques jours après, donna le même résultat. Tentée une troisième fois, on obtint un effet opposé. Ce fut l’animal auquel le sucre avait été administré qui succomba, et chez lequel on remarqua à—peu—près les mêmes altérations que chez les deux précédens. Il résulte des expériences ci-dessus et de quelques autres qui présentèrent les mêmes circonstances, que si on laisse aux animaux empoisonnés par les préparations cuivreuses la facilité de vomir , et qu’on leur administre du sucre ou de l’albumine, le terme moyen de la mortalité, pour ceux auxquels on administre le sucre, est d’un tiers, et pour ceux auxquels on donne l’albumine, de deux tiers. Frappe de ce résultat, tout oppose à celui que les expériences de M. Orfila avaient dû faire espérer, M. Postel chercha quelle pouvait en être la cause, et si le sucre n’avait réellement d’action chimique sur le vert-de-gris qu’à la température de l’ébullition, ainsi que l’annonçaient MM. Yogel et Orfila. Il fit plusieurs mélanges de vert-de—gris , de sucre ou de cassonade, qu’il exposa à une température de 3o° à 36° centigr. A peine les deux substances étaient-elles en contact à cette température, qu’il remarqua une altération sensible de couleur ; et, quelques instans après, plusieurs points d’un jaune rougeâtre. Bientôt le mélange prit cette teinte presque uniforme, et on trouva, au fond des capsules, une poudre de même couleur. Cette expérience, répétée plusieurs fois de suite, sous les yeux de M. Blanche, a constamment donné les mêmes résultats. Les expériences suivantes corroborent les faits précédens l" expérience. Si l’on expose clans un bain de sable , dont la température est portée à 36° centigr., un mélange de vert-de- gris , de sucre ou de cassonade , les phénomènes annoncés ci- dessus ont constamment lieu ; si, au lieu de vert-de—gris, on se sert de verdet cristallisé, les mêmes phénomènes s’observent encore ; cependant, le précipité est d’une couleur rouge beaucoup plus foncée. 2 ° expérience. Si l’on met du vert-de-gris en contact avec le sucre ou la cassonade, à la température ordinaire, les mêmes phénomènes s’observent, mais avec beaucoup moins de rapidité, et le résultat se fait attendre plus long—tems. 3* expérience. Si l’on prend une dissolution de verdet dans l’eau distillée , et que l’on y ajoute une certaine quantité de sirop de sucre bien clarifié, on remarque, en agissant toujours à la température ordinaire, que la liqueur perd sa couleur bleue, et qu’elle passe au vert. Quelques instans après, elle se trouble, et l’on aperçoit un précipité peu abondant, floconneux, qui, bientôt, augmente et vient se déposer au fond de la fiole. Ce précipité est d’un rouge loncé. — En ajoutant de nouvelles quantités de sirop , on finit par décolorer presque entièrement la solution employée, et il est assez probable qu’avec une suffisante quantité de matière sucrée, on arriverait à une décoloration complète. Il restait à déterminer si le précipité qui se formait dans ces deux cas était semblable à celui que MM. Vogel et Orfila ont obtenu. M. Girardin, professeur de chimie à Rouen, s’est chargé d analyser les divers précipités obtenus par M. Postel, et il les a trouvés formés de protoxide de cuivre. Il a communiqué, en outre, a ce médecin une observation très-curieuse, que nous rapportons lc i textuellement " Un de mes élèves , chargé par moi d’extraire le sucre de dia- * betes de l’urine d’un malade, traité à l’Hôtel—Dieu de Rouen, “ en i83a , pour cette maladie, laissa séjourner, faute d’attention, pendant près d’un mois, dans une bassine en cuivre jaune, le — 108 » sirop très-épais qu’il avait obtenu. Au bout de ce tems, le sirop » était devenu d’un brun sombre , il avait acquis une saveur dés- » agréable, et perdu la propriété de cristalliser. Ne pouvant en » isoler du sucre cristallisé, nous le convertîmes en alcool. La » bassine dans laquelle ce sirop avait été conservé était couverte » de vert-de-gris. En enlevant le sirop, qui avait acquis, par son » long séjour à l’air, la consistance d’une mélasse très-épaisse, » nous remarquâmes une quantité notable d’une poudre rougeâtre » c’était du protoxide de cuivre ; et, en traitant cette mélasse par » l’alcool bouillant, dans l’espoir de la purifier, nous vîmes se » déposer, au fond du ballon en verre, dans lequel se faisait l’cx- » périence, une proportion très-sensible de cuivre métallique. » Il résulte de cette observation que le sucre de diabètes réagit » à la température ordinaire sur le vert-de-gris, d’une manière » très-marquée ; mais au bout d’un tems plus ou moins long, puis- » qu’il en précipite du protoxide de cuivre, et qu’à la chaleur de » l’ébullition cette action devient énergique, puisque l’on isole » du cuivre métallique. Cette observation a été faite dans mon > laboratoire, au mois de mars de cette année. — Depuis, j’ai re- » connu qu’à la température ordinaire, le vert-de-gris et le verdet » cristallisé, délayés ou dissous dans l’eau à laquelle on ajoute du » sucre de canne, étaient décomposés par ce dernier. Au bout de » dix à douze heures de contact, la réaction commence la disso- » lotion perd un peu de sa couleur, et laisse déposer tantôt une •• poudre jaune , tantôt une poudre rouge, dont la quantité va » sans cesse en augmentant. La décomposition des sels cuivreux » n’est complète qu’au bout de plusieurs semaines la poudre » décomposée est du protoxide de cuivre plus ou moins divisé. » Je vais continuer ces essais, qui me paraissent assez curieux ? » envisagés surtout sous le point de vue de la médecine légale. ” M. Orfila a constamment remarqué que lorsque la dose de ver' det cristallisé, introduit dans l’estomac , était plus forte que 12 à 1 grains , les animaux périssaient en moins de trois quarts d’heure ; que rarement ils pouvaient résister pendant une heure à l’action violente du poison. Les résultats obtenus par l’emploi du sucre sur les animaux auxquels on laisse la facilité de vomir, l’action de ce dernier sur les préparations cuivreuses, engagèrent M. Postel à administrer ce poison, en liant l’œsophage et en empêchant le vomissement. i re expérience. Il injecta dans l’estomac d’une chienne de taille et de force moyennes 3o grains de verdet cristallisé, dissous dans 2 onces d’eau ; peu de tems après, 4 onces de cassonade délayées dans 4 onces d’eau ; l’œsophage fut lié. L’animal resta vingt minutes sans manifester rien d’insolite ; il fit ensuite de violens efforts pour vomir; il eut deux selles faiblement colorées en bleu ; il ne poussa aucun cri, aucune plainte. Deux heures après l’injection du poison, l’animal paraissait abattu, et ne faisait aucun effort pour vomir. Il succomba trois heures après l’opération. L’autopsie , faite quinze heures après la mort, offre les altérations suivantes La rigidité cadavérique est très-prononcée l’œsophage, jusqu’à une certaine distance de la ligature, présente les symptômes de l’inflammation la plus violente, sans aucune autre altération. L’estomac renferme une assez grande quantité de liquide ayant une teinte verte très-prononcée, et ne présente que quelques légères traces d’inflammation près l’orifice cardiaque. Vers son grand cul- de-sac, il y a des marbrures grisâtres. La muqueuse, un peu épaissie , s’enlève avec assez de facilité le reste du canal digestif n’offre aucune altération ; il est à l’état normal. La trachée-artère et les bronches ne présentent rien de particulier. Les poumons sont engoués , le cœur plein de sang caillé. La matrice , renfermant le Iruit de la conception , présente un liquide fortement colore en bleu ; les placentas se déchirent avec facilite et offrent la même c °uleur. — 110 — 2 “ expérience. Peu après, M. Postel injecta dans l’estomac d’un chien de meme taille et de même force, une dose égale de verdet dissous dans la même quantité d’eau , et 4 blancs d’œufs délayés dans 3 onces d’eau. L’œsophage fut lié. L’animal eut aussi de fréquentes envies de vomir et quelques selles moins colorées en bleu que dans l’observation précédente. La mort se fit attendre plus de tems que dans l’observation précitée. Il ne succomba que cinq jours après l’injection du poison. L’autopsie, pratiquée douze heures après la mort, présente les altérations suivantes œsophage rouge et enflammé, estomac renfermant des substances alimentaires teintes en vert, grand cul-de-sac offrant une rougeur considérable, muqueuse épaissie et s’enlevant avec facilité ; l’autre portion de l’estomac n’offrant aucune altération notable ; intestins à l’etat normal, thorax contenant dans sa cavité un liquide aqueux assez abondant ; séreuse recouverte d’une couche albumineuse , analogue aux pseudo-membranes ; poumons fortement enflammés, gorgés de sang et se déchirant avec facilité ; cœur renfermant des caillots de sang très-remarquables par leur consistance ferme. Toutefois , dit M. Postel, je dois mentionner que je remarquai que les substances liquides ou solides contenues dans l’estomac de ces animaux décelèrent à l’analyse la présence, facile à reconnaître , des sels cuivreux, ainsi que je m’en assurai au moyen de l’ammoniaque , du phosphore et de l’hydrocyanate de potasse. — Je découvris encore, par les mêmes moyens , que les eaux de l’amnios de la chienne à laquelle j’avais administré du sucre, contenaient également du cuivre, mais en très-petite quantité. De ces faits, il résulte I e Que le sucre décomposé le verdet et le vert-de-gris, non seulement à la température de l’ébullition, comme on l’a annoncé, mais encore à la température ordinaire ; que cette décomposition est plus ou moins rapide, selon la concentration des liquides, et que, dans l’un ou l’autre cas, les sels sont réduits à l’état de protoxide decuivre ; 2 ° Qu’il exerce une action analogue dans l’estomac, puisque les animaux auxquels on l’administre résistent un laps detems beaucoup plus considérable que dans les cas contraires, et que les altérations observées après la mort sont loin d’être en rapport avec celles que l’on trouve ordinairement après les empoisonnemens causés par les préparations cuivreuses ; 3° Que les altérations observées après son action et celle de l’albumine sont à peu près les mêmes ; 4° Qu’en conséquence, on doit le ranger parmi les antidotes du vert-de-gris et du verdet, puisqu’il les décompose, non seulement a la température habituelle de l’estomac , mais même à la température ordinaire; que, d’autre part, il compte un plus grand nombre de succès. 96000909$0060000QOOa09Ô9U90009OQOOOO009000e0090e069009 RAPPORT SUR LA CULTURE DE LA BETTERAVE A SUCRE • DANS LES ENVIRONS DE FÉCAMP, bt nt LA FABRIQUE DE SUCRE INDIGÈNE QUI "VIENT D*Y ETRE ÉTABUB , PAR MM. DUBUC ET GIRARDIN, RAPPORTEUR ; Présenté à la Société centrale d’Agriculture du département de la Seine-Inférieure » le 18 octobre 1852 *. Messieurs , ' Dans le courant de cette année, une commission , composée de MM. Justin, Leprevost, vétérinaire, Leroy et Girardin, chargés par vous de visiter les belles exploitations de plusieurs de nos correspondans du pays de Caux , se rendit en dernier lieu à Fécamp pour examiner la culture de la betterave que M. Dargent a introduite dans cette localité, ainsi que la nouvelle fabrique de sucre indigène elevée , au commencement de i83i , 1 Inséré dans P Extrait des travaux de la Société centrale d’agriculture du département de la Seine-Inférieure t t. 7 , cahier de la séance publique, p. 50, année 1832. — 115 — j>ar M. Collos , habile rafTineur. Lors du passage de la commission , ce dernier établissement était inactif, par suite du manque de matières premières, la saison n’étant point encore assez avancée. Les propriétaires de la fabrique engagèrent vivement vos commissaires à assister aux 'travaux qui devaient reprendre dans les premiers jours du mois d’octobre. Vous nous avez invites , Messieurs , à remplir les engagemens pris par votre première commission. En conséquence, nous nous sommes transportés le 8 de ce mois à Fécamp ; nous avons examiné avec soin les manipulations suivies par MM. Collos fils, et, après nous être formé une idée avantageuse de la bonté des procédés adoptes , nous avons pu rédiger le rapport que nous venons vous offrir aujourd’hui. Par la même occasion , nous avons visité la belle ferme de M. Dargent, vu avec intérêt ses nombreux champs de betteraves, et nous nous empressons de témoigner ici à cet honorable confrère, ainsi qu’à M.’ Germain , notre correspondant, qui a bien voulu nous guider dans nos observations, les témoignages de notre reconnaissance pour les soins qu’ils ont pris de nous faire connaître les richesses agricoles et industrielles du pays qu’ils habitent. Lorsqu’eu 1747, Messieurs , le célèbre Margraff, chimiste de Berlin , eut découvert l’existence , dans la racine de betterave, d’un sucre cristallisable , identiquement semblable à celui de la canne américaine, on était loin de s’attendre à voir ce fait curieux recevoir une application aussi étendue que celle qu’il a obtenue de nos jours. Négligé pendant quarante ans , il dut aux soins d’Achard, autre chimiste de Berlin , de fixer de nouveau l’attention des savans, et particulièrement des chimistes de France, qui, les premiers, s’empressèrent de répéter eux- mêmes les expériences si intéressantes d’Achard et de son illustre prédécesseur , en opérant, de 1786 à 1787 , sous le ministère de M. le baron de Breteuil, sur des betteraves ordinaires récoltées dans les environs de Paris; L’homme de génie 8 — 114 — qui , quelques années après, vint s’asseoir sur les débris du trône de Louis XYI, et sut si rapidement tirer le pays de l’état de marasme dans lequel l’avaient plongé des intrigans et des gens sans moyens, entrevit d’un seul coup-d’œil les avantages que pouvaient offrir à la France la culture de la betterave et son exploitation comme matière saccharifère, et, dès ce moment, faisant usage de son autorité et de l’influence qu’il avait acquise sur ses concitoyens , il donna tous ses soins à l’établissement de sucreries indigènes, qui, bientôt s’élevèrent de toutes parts et travaillèrent avec un succès vraiment prodigieux. C’est à partir de 1812 que ce grand mouvement industriel se manifesta, soutenu par les circonstances politiques, c’est-à-dire le blocus continental, qui privait la France de la jouissance des sucres de ses colonies. — Alors l’Angleterre, se reposant sur les immenses avantages de sa position, tournait en dérision nos efforts , et s’abaissait jusqu’au point de poursuivre de ses ineptes plaisanteries les hommes de cœur qui, souffrânt des privations de leurs concitoyens, s’efforcaient de les adoucir en créant une industrie qui devait fournir à leurs besoins une denrée devenue , par suite de l’habitude, un aliment de première nécessité. Elle ne pouvait prévoir, cette orgueilleuse rivale , que, malgré tant d’obstacles à renverser, tant de préjugés à détruire , cette industrie, encore dans l’enfance, deviendrait, dans une tems si rapproché, un sujet de crainte et de jalousie pour elle, un sujet d’admiration et de reconnaissance pour nous. En effet, les événemens désastreux de 1814 et de i 8 i 5 , qui semblaient devoir anéantir les fabriques de sucre indigène, ne firent que suspendre momentanément l’élan qu’elles avaient reçu ; et bientôt, au milieu de l’encombrement des sucres étrangers tombés à vil prix, on ne vit pas sans étonnement la vie reparaître dans ces fabriques , et leurs produits augmenter chaque jour en quantité et en beauté. C’est qu’il y a, dans l’industrie dont nous parlons, un autre avantage cjue la production du sucre ; — 115 — c’est que ce genre de fabrication présente , pour notre agriculture, des ressources nouvelles si fécondes en grands résultats, qu’il est intimement lié actuellement à ses progrès, et est devenu une annexe indispensable des exploitations rurales sagement conduites. Et il faut bien qu’il en soit ainsi, car comment expliquer autrement le rapide essor de cette industrie qui date à peine de quelques années ? En moins de dix ans, plus de deux cents fabriques ont été mises en activité. En 1828 , celles existantes livraient déjà à la consommation trois millions de kilogrammes de sucre; en i83o , elles en ont fourni dix millions. Les prévisions de gens bien au fait de la matière font entrevoir que si cette fabrication suit la marche progressive qu’elle a déjà parcourue ; si les circonstances favorables qui protègent aujourd’hui les producteurs se maintiennent, et si rien ne vient alarmer la confiance des capitalistes disposés à se livrer à ce genre d’entreprise, le terme de cinq années suffira pour que la production du sucre indigène équivale à la consommation annuelle de toute la France. Vous voyez, Messieurs, que les fabriques de sucre de betteraves ont devant elles un long avenir de prospérité , et que rien ne saurait plus maintenant faire rétrograder cette industrie, si favorable au pays, non seulement parce qu’elle occupe des milliers de bras qui, sans elle, resteraient inactifs, mais parce qu’elle ouvre un nouveau débouché aux productions de notre sol. La culture de la betterave présente, pour l’agriculture, des avantages immenses que nous ne ferons qu’indiquer, parce que déjà ds sont devenus manifestes pour la plupart des cultivateurs habiles. Comme plante pivotante et sarclée, elle entre parfaitement en assolement avec les plantes annuelles et avec toutes celles qui sont considérées comme épuisantes ; par conséquent, elle doit concourir puissamment à l’abolition des jachères, encore jugées utiles cependant par quelques agriculteurs. Sa culture est très-facile ; elle n’éprouve que peu d’inconvéniens des vicissitudes des sai— 116 — sons ; elle n’effrite pas le sol qui la nourrit ; elle le rend, au contraire ^ très-meuble, propre à recevoir le blé avant l’hiver, en n’employant qu’un seul labour après sa récolte , et quelques hersages avant les semailles. Les feuilles abondantes et de grande taille , conviennent parfaitement aux bestiaux, et offrent un excellent fourrage vert, qui concourt puissamment à leur engraissement. La racine elle-même, très-recherchée par les animaux, devient d’un grand secours dans les momens de l’année où les autres fourrages manquent, et elle jouit de propriétés nutritives bien plus prononcées que la plupart des autres substances alimentaires ordinairement employées. Sa pulpe, dépouillée par la presse du suc qu’elle renferme, et qui sert à l’extraction du sucre, es 1 également très—propre à l’engraissement des bestiaux, en leur fournissant une nourriture qui est tout à la fois saine et abondante ; aussi sa vente , dans les environs des fabriques , se fait- elle avec avantage. La multiplication du bétail est donc néces— » sairement une conséquence de l’extension donnée à une racine » dont l’exploitation et la consommation se font pendant tout » l’hiver, et peuvent se prolonger jusqu’aux époques les plusdif- » ficiles du printems ; et comme les résultats agissent les uns sur » les autres, il doit s’ensuivre que là où les bestiaux peuvent être » multipliés, la culture générale doit nécessairement être amé- » liorée par suite de la production d’une beaucoup plus grande >• quantité d’engrais ». » Les considérations précédentes ont été justement appréciées de tout tems par vous, Messieurs ; aussi avez-vous fait tous vos efforts pour acclimater la culture de la betterave dans notre département. Vos archives renferment une foule de mémoires sur cette intéressante question , et vin prix, que vous allez décerner cette année à un correspondant qui a dignement répondu à votre appel, 4 Programme d'un prix pour rétablissement de sucreries de betteraves sur des exploitations rurales, proposé par la Société d’encouragement pour l’industrie nationale, pour l’année 1S3S. est là pour confirmer nos assertions. Ce n’est donc pas sans un vif interet que vous avez vu un honorable industriel, secondé par un habile cultivateur, le même que vous allez récompenser, M. Dar- gent enfin , éleverune fabrique desucreindigène à Fécamp. Yous vous êtes empressés d’entrer en correspondance avec M. Collos , qui, le premier, a réalisé dans notre département les espérances que vous aviez conçues depuis long-tems. Dans le courant de cet été , ce fabricant vous a envoyé, par l’entremise de M. Germain, qui vous a si puissamment secondé, un échantillon de ses produits , et vous avez pu vous convaincre de son habileté dans le genre de fabrication qu’il a établi. La visite que nous avons faite récemment chez lui nous a confirmés dans la bonne opinion que nous nous étions formée de son talent. Malheureusement ce n’est plus lui que nous avons trouvé à la tête de l’établissement naissant . Une mort prématurée, occasionnée par les effets de la cruelle maladie qui a promené sa faulx sur nos têtes, il y a quelques mois, l’a enlevé au moment où sa présence était si utile à la réussite de ses projets. Mais il a laissé deux fils pourvus d’une bonne et solide instruction industrielle, et ces jeunes gens estimables , imbus des idées saines de leur père , pénétrés des mêmes intentions, se sont livrés avec toute l’ardeur de leur âge aux travaux pénibles de la fabrication, qu’ils continuent avec un zèle et une sagacité qui doivent leur attirer la considération et l’intérêt de tous les amis de l’agriculture et de l’industrie. Ce sont donc MM". Collos fils qui nous ont fait les honneurs de leur établissement avec toute la franchise et l’empressement que nous aurions pu attendre de leur respectable père. Nous espérons que les détails dans lesquels nous allons entrer sur leur exploitation vous feront partager les senti— mens d’estime qu’ils nous ont insiprés], et vous détermineront à leur accorder des marques de votre satisfaction. Ce n’est que depuis quelques années seulement que la culture de la betterave a été entreprise sur une grande echelle aux environs île Fécamp, par M. Dargent, noire correspondant*. Aucun autre cultivateur, jusqu’en 1 83 1 , ne l’avait imite ; mais depuis qu’on a vu le parti avantageux qu’il retirait de cette culture, soit pour la nourriture des bestiaux, soit en vendant à MM. Collos, pour être exploitées, les racines obtenues, les fermiers voisins ont enfin renoncé à leurs préventions contre elle, ou surmonté leur insouciance , et leurs champs se couvrent actuellement de cette plante précieuse. M. Collos, en fondant son établissement, se reposait sur M. Dargent pour avoir des racines, car lui ne cultive pas la betterave, ou du moins n’en cultive que fort peu. L’année dernière , les récoltes de M. Dargent ont seules entretenu sa fabrique ; cette année, d’autres fermiers concourent à son approvisionnement, mais dans un rapport bien moins grand que notre correspondant. D’autres propriétaires entreront bientôt dans la liqe , en sorte que tout fait présumer que, d’ici à peu, la production des racines dépassera la proportion que MM. Collos pourront exploiter dans la saison favorable. On peut donc dire que si la culture de la betterave se popularise dans cette partie du département, ce résultat sera entièrement dû à l’exemple de M. Dargent et à l’existence de la sucrerie de MM. Collos. Sous ce rapport, comme vous le voyez, Messieurs, cet établissement aura rendu un immense service à l’agriculture de notre pays. Nous devons aller au-devant d’une réflexion qui se présente peut-être en ce moment à l’esprit de quelques personnes. MM. Collos étant tributaires des fermiers qui les entourent pour la fourniture des betteraves, on pourrait craindre que, du moment où ces derniers renonceraient, par quelque motif que ce soit, à la culture de cette plante, la fabrication de sucre se trouvât * C’est en 1820 qoe M. Dargent commença à cultiver la betterave en lignes il fut si satisfait de son produit, que, depuis cette époque, il en a constamment cultivé chaque année nn à deux hectares. En 1829, il en lit une plus grande quantité, et depuis, stimulé par le prix proposé par la Société , en 1830, il a donné de plus grands développemens encore à cette importante culture, comme nous allons le dire plut bas. — 119 — arrêtée. Une fabrique placée dans de telles conditions peut-elle être assurée d’un long avenir? Sans doute , ce cas supposé pourrait se présenter, si les fermiers n’avaient pas autant d’intérêt qu’ils en ont à cultiver et à vendre leurs racines. Que ceux d’entr’eux qui n’ont point encore adopté ce genre de culture restent dans leur insouciance à cet égard, cela peut être ; mais que ceux qui, déjà , en ont retiré de grands bénéfices , les abandonnent de gaîté de cœur lorsque rien ne les y pousse, c’est ce qui ne saurait être , c’est ce qui n’aura pas lieu aussi les craintes que vous pourriez avoir sur l’avenir de la fabrique de MM. Collos doivent se dissiper devant les considérations précédentes. Avant de vous parler, Messieurs , des moyens que nous avons vu employer pour extraire de la betterave le sucre qu’elle contient , il est convenable de vous donner quelques renseignemens sur cette plante elle-même, sur la manière dont on la cultive et dont on la récolte, afin de vous faire part de quelques observations que nous avons été à même de faire à ce sujet en visitant la ferme de M. Dargent. La variété de betterave cultivée par notre confrère , le principal fournisseur, comme nous l’avons dit, de la fabrique de MM. Collos, est la betterave blanche de Silésie, qui est alongée , fusiforme, à pétiole blanc, chair blanche et collet vert. C’est celle que l’on préfère généralement pour l’extraction du sucre , parce qu’elle est plus riche que toute autre en principe sucré, et qu’elle est aussi d’un travail et d’une conservation plus faciles. C’est du t er au 20 avril que M. Dargent la sème. Il a donné la préférence a la méthode des semailles en lignes, avec éclaircissemens et repiquages intercalés. Son exploitation se compose, outre trois hectares qu’il cultive en luzerne, et environ seize hectares de pâturages , dont la plus grande partie est en coteaux, de trente- trois hectares de terres labourables qu’il cultive en trois soles, de la manière suivante 1-20 — I ro Soie 2“ Soie 3° Sole . . Blé 11 hectares. I Avoine avec trèfle ... 5 hect. 50 I » Seigle. 70 >11 Carottes ....... .. i 20 Pommes de terre-, . . . >* 58, Trèfle. . . 5 50 j ! 11 Betteraves. . . 5 50 hectares. hectares. Comme on le voit, cet habile cultivateur a supprimé entièrement les jachères, et il a même un hectare de betterave repiquée après trèfle incarnat, ce qui donne, pour cette partie du terrain, deux récoltes dans la même année. D’après ce qui précède, M. Dargent a donc ensemencé en betteraves huit hectares cinquante ares. Yoici le compte de culture qu’il a adressé tout récemment à votre commission des prix. Compte rendu à la Société d y agriculture du département de la Seine-Inférieure par M. Dargent , cultivateur-propriétaire » demeurant en la commune de Saint-léonard, canton de Fècamp , membre correspondant de ladite Société , sur les frais de culture, d'exploitation , et les bénéfices obtenus de huit hectares cinquante ares de terre qu’il a ensemencée en betteraves en lignes , en 1831, DEPENSE OU DÉBIT DU COMPTE. Loyers et impositions à S0 francs l'hectare par Fr. c. année.... 680 » Frais généraux. 300 47 Labours et menues cul- tures préparatoires.... 40S 1,190 Frais de cemaillc et vepi- 72 25 Achat de la graine. M Binages avec la boue a 13S 10 Sarclage , 289 journées de femme. 2S9 » Frais de déplantage, dé- collelage et chargement des voitures . G93 * Transport à la fabrique à une lirùe de distance . 1,5S3 92 S,227 74 PRODUIT OU CRÉDIT DU COMPTE. 460,000 kilogrammes de betteraves décolletées et Fr. C. lavées, vendues et livrées k M. Collos, fabricant de sucre, an prix de 32 francs les 1,000 kilogrammes. 14,720 2*000 kilogrammes de betteraves conservées pour porter graine, portées au même prix.. 64 A déduire les dépenses. . 14,784 5,227 74 Différence ou bénéfice... 9,556 26 — 121 En réduisant à l’hectare les dépenses et les produits , nous trouverons les résultats suivons DÉBIT. CRÉDIT. Fr. C. Fr. C. Loyers et impositions. . . 80 * 54, £]de Fras généraux. 33 53 betteraves, à 32£francs Labours et menues cul- les 1 jOOOjjkilogrammes. 1,739 32 titres préparatoires.... 43 * Adéduire la dépense. .,. 615 03 Frais de repiquage et se- maille. S SO Achat de la graine. 6 • Binages avec la houe a cheval.. 13 60 Sarclages , 34 journées de femme. 34 Frais de déplantage, dé- colletage et chargement des voitures.. 81 53 Transport a la fabrique. . 165 05 615 03 Observations. i° Les frais généraux se composent l° de l’intérêt du capital employé à l’exploitation ; 2 ° des frais d’administration ; 3° des dépenses de ménage ; 4° le l’entretien du mobilier de la ferme , 5° enfin de l’entretien des chemins ; 2 ° M. Dargent ne fait figurer ici, pour la dépense d’engrais , que la partie qui est présumée avoir été consommée par la récolté, c’est-à-dire la moitié de la valeur totale, l’autre moitié étant supportée, partie par la récolte qui a précédé, et partie par la récolte qui a suivi ; 3° Pour faire connaître tout le produit des huit hectares cinquante ares de terres ensemencées en betteraves en lignes, en l83l , M. Dargent dit que, dans deux hectares cinquante ares du susdit terrain ensemencé en betteraves , il avait aussi seme 4 kilogrammes graines de carottes, qui ont produit 63,ooo kilogrammes de carottes, qu’il a employés à la nourriture de ses bestiaux, et portés .à leur compte, à raison de 32 francs les i,ooo kilogrammes. 2,016 fr. » — 122 — DÉPENSE OU DÉBIT DU COMPTE. Achat de la graine. 31 fr. 24 c. Frais de scmaille. 6 » Frais de déplantage, décolletage , chargement des voitures et transport au magasin. . 120 » 157 24 PRODUIT OU CREDIT DU COMPTE. 63,000 kilogrammes de carottes, à 32 francs les 1000 kilogrammes... 2,016 fr. » c. A déduire, la dépense comme ci-dessus. 157 24 Différence ou bénéfice. 1,858 76 Nota. La dépense ou débit du compte des carottes ne comprend que les frais d’achat de graine et de récolte ; tous les autres frais ayant été portés au compte des betteraves, comme étant la culture principale. Ajoutant ces 63,000 kilogrammes carottes aux 460,000 kilogrammes betteraves, cela donne, pour les 8 hectares 50 ares de terres ensemencées, tant en betteraves qu’en carottes, un produit total de 523,000 kilogrammes à 32 francs les 1000 kilogrammes. 16,800 fr. >» c. A déduire, les dépenses, comme d’autre part, Pour les betteraves. 5,227 fr. 74 c. ^ ^34 Pour les carottes. 157 24 J * Différence ou bénéfice . . . Ou par hectare, DÉBIT. . . . 11,415 02 Frais, comme d’autre part . 59 CRÉDIT. 61,765 kilogrammes de betteraves et carottes, à 32 francs les 1000 kilogrammes. 1,976 48 A déduire, les dépenses , comme ci-dessus. 633 59 Différence ou bénéfice.. 1,342 89 2e Nota. Les six hectares de terres ensemencées en betteraves seules ont produit. . 366,000 kil. Ou par hectare... 61,000 — 123 — Les Jeux hectares cinquante ares Je terres ensemencees en betteraves et carottes ont produit En betteraves. . . En carottes . , . . Ou par hectare, En betteraves. . . En carottes. . . . 63,2“! ,M '° 00 1,L 3B,m bi. j 63>600 ki , Comme on le voit, les betteraves et les carottes ensemble ont produit 2,600 kilogrammes de plus par hectare que les betteraves seules. Il résulte de ce compte de revient, qu’un hectare a produit 54,358 kilogrammes de betteraves , pour le prix de 6i5 francs o3 centimes , ce qui porte le prix des 5oo kilogrammes à 5 francs 65 centimes. Or, comme jusqu’ici la quantité la plus forte de racines qu’on ait obtenue d’un hectare est de 3j,5oo kilogrammes , et que la dépense la plus faible pour cette culture s’est élevée à 6 francs 25 centimes r , vous voyez , Messieurs, que M. Dar- gent a dépassé de beaucoup les plus beaux résultats connus. L’hectare de terre cultivé en betteraves, par la méthode des semailles en lignes, lui a donc rapporté un bénéfice de 1,124 francs 2g centimes. Ce qui frappe d’abord, c’est l’énorme différence de produits en racines qui existe entre la culture de M. Dargent et celle des autres producteurs. Cela tient-il à la localité, à l’excellence des terres ou atix soins apportés dans le mode de culture ? Nous pensons que c’est plutôt à cette dernière circonstance qu’il faut attribuer la fertilité du sol, dans le cas dont il s’agit, car les terres consacrées, par M. Dargent, à la betterave, ne sont nullement supérieures à celles des autres départemens adonnés à ce genre d’exploitation. Ses terres sont généralement argilo-siliceuses et peu profondes quelques parties , placées sur des pentes, sont * Voir, comme objet de comparaison, le Tableau des comptes de culture de betteraves de dixproprétaireSf établis pour un hectare de terre f inséré dans l’ouvrage de M. Dubrunfaut, Sup î > ^/- de fabriquer le sucre de betteraves . — i vol. ui-8°. — Pàvis, 1S25, — 124 — fort maigres toutes, situées sur la falaise qui est à l’est du port de Fécamp , sont à chaque instant bouleversées par de violens orages, qui font varier continuellement l’épaisseur de la terre végétale '. M. Dargent croit que les beaux produits qu’il obtient depuis quelques années , sont entièrement dus à l’emploi d’instrumens perfectionnés, notamment de la houe à cheval, qu’il a singulièrement améliorée. L’usage de cette houe a réduit les frais de sarclage aux trois quarts de ce qu’ils étaient auparavant, et il lui procure l’immense avantage de détruire complètement , quant on l’emploie dans la saison favorable, le chiendent et la gernette qui infectent ses champs. La récolte des racines commence habituellement dans les derniers jours d’octobre. Cette année, pour complaire à MM. Collos, qui désiraient ouvrir leur campagne dès les premiers jours de ce mois , M. Dargent a devancé l’époque ordinaire ; aussi ses betteraves étaient-elles moins grosses que celles de l’année dernière ; moins mures, elles devaient être aussi moins chargées de sucre , % car la plus grande proportion de ce principe ne paraît qu’au moment même de la parfaite maturité, comme on en acquiert la preuve en pesant, à l’aide de l’aréomètre, le jus qu’elles fournissent ; il est d’autant plus dense que la végétation est plus avancée. II y a donc perte pour le cultivateur et le fabricant, toutes les fois qu’on fait trop promptement la récolte des betteraves ; pour le * Voici les résultats de l’analyse des terres à betteraves de M. Dargent, faite par M. Dubuc » l’un de nous. 1000 grammes sont composes de ; Sable calcaire micacé, très-ténu.. , . . Alumine, encore un peu colorée en jaune. Oxide de fer brun. Chlorure de calcium. Humus ou matière organique. Eau interposée... Chlorure de traces. Gr. 800,00 64,00 2,00 1,00 0,65 152,00 699,65 On y trouve, parfois , des petits grains de carbonate calcaire , mais on doit les considérer comme accessoires à la composition du sol, et nullement comme parties essentielles. — 125 — premier, parce que les racines sont moins pesantes ; pour le second , parce qu’elles ont une moins grande richesse saccharine. Une croyance adoptée en principe par tous les fabricans de sucre, c’est que, toutes choses égales d’ailleurs, les moyennes racines , à quelque variété qu’elles appartiennent, arrivées à maturité parfaite , sont toujours préférables aux grosses i° parce qu’elles sont constamment plus riches en principe sucré; 2 ° qu’elles sont, par conséquent, moins aqueuses; 3° qu’elles sont plus faciles à conserver; et 4° qu’enfin elles présentent toujours moins de difficultés dans le travail. L’intérêt du fabricant, par ces raisons, est en opposition avec l’intérêt du cultivateur , qui doit chercher à obtenir de son fonds le plus de produit possible, ce qui a lieu en favorisant une forte végétation. MM. Collos ont tenu jusqu’ici à ce que M. Dargent ne leur livrât que des racines du poids de trois à quatre livres seulement. Sans cette circonstance, M. Dargent eût obtenu encore un plus beau produit des huit hectares cinquante ares ensemencés en betteraves. — Il ne nous est pas encore bien démontré, malgré l’opinion si généralement répandue, que les moyennes racines soient plus riches en sucre que les grosses, et nous avons par devers nous un fait qui nous autorise, en quelque sorte, à rester dans nos doutes jusqu’à de nouveaux essais. Voici ce fait l’année dernière, M. Dargent engagea M. Collos père à traiter séparément deux parties égales de betteraves, l’une composée de petites racines, l’autre de racines assez grosses. M. Collos retira de ces deux lots des quantités égales de sucre. Nous désirons que cette expérience soit repétée un certain nombre de fois , pour que cette question fort ^portante soit enfin résolue '. 1 M. Pelouze , jeune chimiste fort instruit, répétiteur à l’Ecole polytechnique , a publié tout récemment des Recherches chimiques sur la betterave , qui oûrent un grand Intérêt sous tous les rapports. Il a reconnu que les petites betteraves sont toujours plus sucrées que les grosses , mais il pense que les quantités de sucre qu’elles contiennent sont loin de compenser ce qu’elles ont de moins en poids. Il applique ces observations a toute espece de betteraves. Celles qui atteignent un poids de douie a quinxe livres et sonl i suivant M. Pelouse, celles qui renferment, à poids égaux , le moins de sucre. Il en a — 126 — Il paraît constant que les semailles en lignes, avec éclaircis- semens et repiquages intercalés, donnent un produit généralement plus avantageux, soit en poids , soit en richesse saccharine, que les semailles à la volée, dont le plus grand nombre des cultivateurs fait usage. Nous avons été à même d’observer que les betteraves repiquées sont constamment moins volumineuses, plus arrondies, plus chargées de radicules que les betteraves non soumises au repiquage, et que, jamais, elles ne sortent de terre comme celle -ci. Les premières sont presque toujours napiformes, les autres fusiformes. Le déplantage des racines s’opère , chez M. Dargent, avec une fourche que l’ouvrier enfonce presque verticalement dans le sol, et avec laquelle il soulève la terre qui enveloppe la racine et la détache. Il la saisit ensuite par les pétioles , la secoue pour en faire tomber la terre adhérente, et la couche sur place dans une direction horizontale au sillon. Le déplantage du champ étant terminé, chaque ouvrier, muni d’un large couteau, passe dans chaque ligne et enlève d’un seul coup le collet avec les pétioles. M. Dargent préfère ce mode de décolletage à celui qui est suivi dans beaucoup d’endroits, et qui consiste dans l’emploi d’une bêche tranchante que les ouvriers enfoncent dans la tête de la racine. Lorsque les betteraves ont subi cette opération , elles sont portées à la fabrique, et, pendant ce tems, on laisse entrer dans le champ les moutons et les vaches, qui mangent avec avidité le collet et les feuilles demeurés sur place 1 . Quand la fabrique est alimentée de racines pour un certain tems , ou qu’il veut en conserver pour la nourriture de ses bestiaux pendant l’hiver, M. Dargent les emmagasine dans examiné plusieurs , dont une pesant environ 8 kilog,, contenait G,8 pour OjO de sucre, c’est- à-dire plus d’une livre. Ann. de chim. et de physiq., t. 47, p. 409, août 1832. — E* Agriculteur manufacturier , t. 3, p. 294. 1 Ces parties vertes, abandonnées sur le sol, comme engrais , sont considérées généralement comme remplaçant une bonne demi-fumure. — 127 — une fosse creusée dans un terrain élevé, plus sableux qu’argileux, situé dans la cour de sa ferme, à peu de distance des étables et écuries. Cette fosse ou espèce de silo , dont les murs ne sont revêtus d’aucune maçonnerie , et qui représente un carré parfait, est recouverte , à partir du sol, d’un toit en chaume fort épais, et ne présente^ que trois ouvertures , la porte et deux petites croisées placées en regard presque à la base du toit, une au nord et l’autre au sud, et qu’on bouche avec des paillassons pendant l’hiver. Cette fosse, qui est toujours parfaitement sèche, sert à conserver toutes les racines fouragères , betteraves, pommes de terre, carottes, etc. ; elle remplit parfaitement son but, et il nous semble que les agriculteurs devraient en faire usage , de préférence à toute autre construction. Nous la recommandons à leur attention. Des champs de M. Dargent, transportons-nous maintenant à la fabrique de MM. Collos , pour voir ce que vont devenir les betteraves qui y ont été portées. Cette fabrique est située à une lieue de distance environ de la ferme que nous quittons , sur la foute de Fécamp à Rouen. Cet éloignement est une circonstance fâcheuse, parce que le transport des racines devient assez coûteux, mais il a été commandé par la force des choses ; là existe une chute d’eau fort belle, qui sert de moteur à la râpe , et cet avantage n’eût pu se rencontrer dans aucune autre partie de la V lle , au moins au rapport de MM. Collos. La fabrique est établie dans un vaste bâtiment à deux étages , comprenant t° Au rez-de-chaussée, l’atelier de la râpe et des presses, et le local où se trouve la machine à vapeur ; 2° Au premier étage, ou plutôt à l’entresol, l’atelier de défécation , de concentration et de cuite ; 3° Au deuxième , l’empli des formes et la purgerie ; 4° Dans une cave peu profonde , bien claire et aeree, 1 atelier des filtres et des réservoirs à jus et sirops. — 128 — A mesure que les betteraves arrivent des champs , des femmes les empilent les unes sur les autres dans une partie de l’atelier aux presses. Récoltées par un temps sec, elles n’ont que peu de terre adhérente à leur surface; néanmoins, avant que d’en extraire le jus, un ouvrier les lave dans un grand baquet à moitié rempli d’eau, en les frottant avec un balai. — On ne fait point ici, comme dans beaucoup d’autres fabriques, précéder le lavage de l’opération désignée sous le nom de nettoyage, et qui consiste à séparer de la racine les parties vertes du collet qui pourraient encore y rester, les radicules et le chevelu , les parties malsaines, et enfin la terre et les pierres qui y sont attachées. Il nous semble que cette opération est avantageuse, sous ce rapport que les radicules dont sont assez abondamment pourvues les betteraves, étant une fois enlevées, ne fatiguent point inutilement la râpe , comme nous avons cru le remarquer. — Le mode de lavage suivi chez MM. Collos est, suivant nous, assez imparfait, et il y aurait, à cet égard, quelques améliorations à introduire dans leur établissement. Nous avons engagé ces messieurs à adopter l’emploi d’un appareil à laver, analogue à celui qu’on met en usage dans les féculeries pour nettoyer les pommes de terre. — A mesure que le laveur a traité un certain nombre de racines, il les jette dans des paniers, où des enfans viennent les prendre pour les donner à l’ouvrier chargé de les présenter devant la râpe, qui les réduit en pulpe. La râpe étant placée tout à côté du lavoir, le travail s’enchaîne bien sans perte de tems. La râpe adoptée est celle de M. Thierry ; elle est mise en mouvement par une roue hydraulique de la force de quatre chevaux. Elle réduit en pulpe quinze cents kilogrammes de betteraves par heure, en exigeant pour son service deux enfans et un homme. — Le travail de cette râpe est loin d’être parfait; la pulpe, assez bien divisée , présente cependant un assez grand nombre de portions intactes de racines, qui sont ainsi perdues au détriment — 129 — de la fabrication. Nous avons fortement engagé MM. Collos à prendre un autre système de râpe , soit celle de M. Molard soit plutôt encore celle de M. Odobbel, qui fonctionne avec une force de cjuatre chevaux c’est celle dont MM. Collos peuvent disposer et deux ouvriers, et expédie quatre mille kilogrammes de betteraves dans une heure. Nous avons appelé d’autant plus sérieusement leur attention sur ce point, que la perfection du râpage est de la plus haute importance , puisque de la même quantité de racines on peut souvent extraire, à l’aide d’une bonne râpe, un dixième plus de jus qu’en faisant usage d’un instrument moins parfait. La pulpe obtenue est soumise à la presse, dans des sacs de toile, entre lesquels on intercalle des claies en osier. Les sacs passent d’abord sous une presse à vis, puis sous une presse hydraulique d’un effet de cent cinquante mille kilogrammes. Le jus est conduit par une rigole en bois dans un vaste réservoir placé dans la cave. Au sortir de la presse, soit au commencement , soit à la fin de l’extraction, il marque sept degrés à l’aréomètre. Nous devons avertir ici que la densité du jus varie beaucoup suivant une foule de circonstances. Les presses expriment deux mille de pulpe à l’heure, et celle-ci fournit de soixante- quinze à quatre-vingt pour cent de jus ; c’est beaucoup plus que ce qu’on retire habituellement dans la plupart des fabriques. La betterave, comme toutes les racines, renferme un assez grand nombre de principes immédiats, et c’est leur présence qui rend l’extraction de son sucre si laborieuse. D’après les Analyses qui en ont été faites par ATM. Payen et Dubrunfaut, elle admet dans sa composition, outre la matière ligneuse et une grande quantité d’eau, jusqu’à vingt-deux substances de nature orga- n *que et inorganique. Nous rapporterons ici, pour les personnes qui ne connaîtraient P ! >s les analyses faites par MAJ. Payen et Duhriinlant, les résultats °btenus par ces deux chimistes. y — 130 — COMPOSITION CHIMIQUE DE LA BETTERAVE. D’APRES M. PAYEN. 1° Eau, de 85 environ à 90 centièmes . 2 Sucre cristallisable, identique avec celui de cannes de 11 à 6 . 3° Sucre incristallisable. Il est probable que ce sucre ne préexiste pas dans la racine, mais qu’il est le résultat d’une altération du sucre cristallisable. 4° Albumine. 5° Acide pectique . 6° Ligneux de 1 centième à 15 centième 1 /2 . 7 Substance azotée, analogue à l’os- mazome. 8° Matières colorantes rouge, jaune et brune. Cette dernière résulte d’une modification par l’air d’une substance très-altérable. 9° Substance aromatique, offrant une odeur analogue à celle de la vanille. 10° Matières grasses, l’une fluide à 10°, l’autre consistante à cette température. 11° Malates acides dépotasse, d y ammoniaque et de chaux. 12° Chlorure de potassium. 13° Nitrates de potasse et de chaux. 14 Oxalate de chaux. 15° Phosphate de chaux . D’APRES M. DUBRUNFAUT. I ° Eau. 2 Sucre cristallisable, identique avec celui de cannes. 3° Sucre liquide ou incristallisable. 4 Albumine végétale colorée. 5° Gelée ou acide pectique. 6° Parenchyme ligneux. 7 Matière azotée noire, déterminant la décomposition du sucre en glaireux. 8° Un ou deux principes colorons , jaune et rouge. 9° Résine verte amère. 10° Matière grasse solide à la température ordinaire. 11° Huile fixe. 12 Matière gommeuse. 13° Acide libre dont la nature n’a pas été déterminée. Il se développ e dans les conserves et préserve la racine coupée de l’altération q UI se manifeste dans la racine fraîche» par une couleur noire. 14° Oxalate d’ammoniaque. 15° Oxalate de potasse. 16* Chlorophylle, ou matière colorante verte. 17° Huile essentielle 9 principe de l’odeur vireusc des betteraves. 18° Sulfate de chaux, silice , soufre . I-a betterave renferme donc environ 14 centièmes de substance sèche et 86 d'eau. Sur ces 14 centièmes, il y en a trois à quatre de ligneux; le reste comprend tous les autres matériaux ci-dessus inuiqués. Bulletin de la Société philomatique efjBullctin de la Société d’encouragement , pour 1825, numéro d'août. 16° Oxalate de chaux . 1/° Huile essentielle. 18° Hydrochlorate d*ammoniaque. 19’ Sulfate et phosphate de chaux. 20” Silice. 21° Alumine. 22° Traces d'oxides de fer et de manganèse. 23° Traces de soufre. Ces expériences ont été faites sur des betteraves qui avaient six mois de garde. Dans des racines non mûres, M. Du- brunfaut n’a plus trouvé d’oxalates • solubles. Tissai d'analyse de la betterave , etc., inséré dans V Art de fabriquer le sucre de betteraves, par M. Du- brunfaut, p. 535. M. Pelouze, dans ses Recherches chimiques sur la betterave, infirme les résultats obtenus par MM. Payen et Dubrunfaut. Pelouze a constaté qu’il n’y a pas le sucre incristallisable ou liquide dans la betterave , et que, conséquemment, ce sucre, dont ia présence est si préjudiciable au fabricant, est toujours produit Pendant l’altération de cette racine à l’air , et pendant le travail très-long auquel on la soumet. A l’aide d’un moyen fort exact P°ur déterminer la richesse saccharine des betteraves, moyen 'lui consiste à transformer le sucre qu’elles renferment en alcool, ct à déterminer la force de ce dernier corps au moyen de l’alcoo- Uiètre centésimal , M. Pelouze a aussi reconnu que les différentes v ariétés de betteraves, ainsi que les mêmes variétés provenant *^ e P a ys lifTérens , contiennent, à peu de chose près, la meme 'luantité de sucre, c’est-à-dire environ dix pour cent de leur P°ids. Annales de chimie et de physique, t. 4-7’ P - 4°9 - — Agriculteur manufacturier, t. 3, p. ag4- — 132 — M. Germain, habile pharmacien de Fécamp , a reconnu, à la suite d’expériences analytiques faites sur des betteraves cultivées dans les environs de cette ville, à plus ou moins de distance du bord de la mer i° Que ces racines récemment récoltées contiennent les dix onzièmes de leur poids d’eau de végétation ; 2 ° Que le suc fourni par le collet paraît être généralement moins dense, quoique quelquefois plus coloré que celui produit par la partie inférieure ; • 3° Que, comme dans la canne à sucre , le sommet des racines est moins riche en sucre que la partie inférieure ; 4° Que les betteraves, non loin des bords de la mer, renferment du sel marin chlorure de sodium en quantité notable, principalement dans le collet. Nous avons constaté tout récemment que les feuilles de betteraves récoltées chez M. Dargent contiennent aussi une proportion très-sensible de sel marin, accompagné d’albumine et d’une matière mucoso-sucrce , ce qui explique pourquoi elles sont mangées avec tant d’avidité par les bestiaux. La proportion de matière ligneuse qui sert de soutien aux dif- férens matériaux constitutifs dont il vient d’être question, ne dépasse pas trois à quatre centièmes de la racine, d’après M. Payen *. Toutes les autres racines et fruits charnus sont dans le même cas. 11 suit de là que la pulpe exprimée , et qui ne donne plus de jus , renferme encore une assez grande quantité de matière organique utile. Généralement, dans les fabriques, cent parties de pulpe ne rendent que soixante-dix parties de suc. Il y a donc trente pour cent de résidu, dans lequel se trouvent encore l r j,5 de suc, et 2,7 de sucre pur, qui sont ainsi perdus pour la fabrication. MM. Collos retirent de cent kilogrammes de 1 M. Clément, d’après des expériences qui datent de 1816 , n’admet que 1 à 1,5 tième de matière ligneuse dans la betterave. Annales de chimie et de physique, t* l » J. 173. — 133 — betteraves soixante-quinze à quatre-vingts parties de jus la- pulpe rejetée contient donc encore de vingt-deux à dix—sept pour cent de matière liquide organique; c’est ce qui explique comment elle sert avec tant d’avantages à la nourriture des bestiaux. Si donc nous possédions des moyens économiques assez parfaits , nous pourrions retirer des betteraves, comme des pommes , une bien plus grande proportion de jus que celle qu’on extrait habituellement, et n’avoir pour résidu qu’une quantité excessivement petite de marc. Mais il est malheureusement des bornes à la division mécanique ; et, quoique la pratique et la théorie indiquent qu’il y ait encore de grands perfectionnemens à apporter aux râpes et aux presses, cependant il ne laut pas prétendre à dépasser certaines limites, car alors la force qu’il faudrait déployer pour obtenir un supplément de jus coûterait plus que la valeur même de ce supplément. Des données précédentes on peut conclure que, dans les fabriques, on perd journellement le quart des betteraves que l’on travaille, indépendamment du sucre incristallisable qui se produit pendant le courant de la fabrication. C’est vers les moyens de réduire de plus en plus cette perte enorme que tous les efforts des industriels doivent être dirigés. MM. De Dombasle, Demesmay, Harpignies et Blanquet, etc., ont, dans ces derniers tems, imaginé de nouveaux procédés pour l’extraction du jus de betteraves, qui permettent, à ce qu’il paraît, d’obtenir jusqu’à quatre-vingt-dix pour cent de suc r . En raison de la composition compliquée du jus de betteraves , *1 est impossible de songer à retirer le sucre de ce liquide , sans employer des moyens propres à isoler, autant que possible, les substances qui empêcheraient sa cristallisation. C’est là le but de première opération qu’on lui fait subir, et qui est, sanscontre- l f ^facturier, t. 3 , p. i43, 171 , SG7 ; — t. 4 , p. l - 20 . — Dictionnaire technolo- t- 20, p. I7 4. — 134 — tion dépend le succès des opérations ultérieures. Cette opération principale porte le nom de défécation, dans les ateliers. Elle consiste à introduire dans le jus une matière capable de précipiter, aussi parfaitement'que possible, sous forme solide, les substances étrangères au sucre. On l’exécute de trois manières différentes, qui ont reçu chacune une dénomination particulière. L’une consiste à traiter le jus parla chaux seulement, comme cela se pratique aux colonies pour le suc de la canne aussi est- elle connue sous le nom de procédé des colonies. Ce procédé a été préconisé par Hermstaedt il est encore employé dans plusieurs fabriques , malgré ses inconvéniens. Une autre consiste à verser dans le jus, aussitôt après son extraction , une certaine quantité d’acide sulfurique ; puis à neutraliser cet acide par la chaux, lorsque son effet utile a ete rempli. C’est là le procédé d'Achard, que très-peu de fabricans emploient de nos jours. Enfin, une troisième méthode , inverse de la seconde, consiste à déféquer d’abord le suc au moyen de la chaux en excès, et à saturer ensuite celle-ci par l’acide sulfurique. Ce procédé, imaginé en France, et recommandé par MM. Chaptal, Mathieu de Doni- basle, etc., est connu sous le nom de procédé français. C’est celui qui est généralement suivi ; c’est aussi celui que MM. Collos ont adopté. La défécation , chez ces fabricans, s’opère dans une chaudière en cuivre, et sur quatre hectolitres de suc à la fois. Celui-ci est amené dans cette chaudière par une pompe on le chauffe à l’aide de la vapeur d’eau, jusqu’à ce qu’on ne puisse plus j tenir la main ; puis on y introduit de la chaux, préalablement éteinte et réduite en bouillie très—claire après qu’il a jeté quelques bouillons, on laisse reposer pendant quelque teins, et on le tait écouler sur les filtres. La quantité de chaux varie singu- lièrement, suivant la nature du jus, depuis trois cents jusqu- 1 — 135 — six cents grammes et plus par chaque hectolitre. Peu de teins après l’addition de la chaux, ou voit se former, à la surface du liquide, des écumes très—épaisses, qui sont produites par la coagulation de l’albumine, laquelle entraîne la plupart des matières qui troublaient la transparence du jus. Dans ces écumes se trouvent encore bon nombre des autres matériaux de la betterave, que l’action de la chaux a rendus insolubles. Avant de les jeter, on les soumet à l’action d’une presse .à levier et poids successifs, dans des sacs de toilef-pour en extraire tout le jus qu’elles retiennent entre leurs molécules. Les filtres employés chez MM. Collos , pour séparer le liquide déféqué de ces écumes , sont fort simples et bien plus commodes que ceux que nous avions vu employer jusqu’ici dans les fabriques. Ils consistent dans de grandes caisses rectangulaires en bois, dans lesquelles on dispose, perpendiculairement à leurs parois , et les unes à côté des autres, cinq à six claies, recouvertes d’une toile qui serpente autour d’elles ; ces claies multiplient, par conséquent, la surface de celle-ci ; aussi à peine le jus arrive-t-il de la chaudière de défécation , qu’il passe aussitôt à travers les mailles de la toile, en laissant sur elle toutes les ecumes. Il se réunit ensuite dans un réservoir en cuivre, d’où une pompe l’amène dans les chaudières de concentration. Ces chaudières, placées dans le même atelier que la chaudière à défécation, sont échauffées à la vapeur, comme celle d’ailleurs où se termine la cuite. La machine à vapeur, qui fournit ainsi au service de tout l’atelier, est de la force de six chevaux. Les chaudières de concentration sont des cuves rectangulaires en cuivre, au fond desquelles se trouve un certain nombre de petits conduits cylindriques de même nature, dans lesquels arrive la vapeur d’eau qui sert à l’échaulfement du jus clarifie. Ces conduits peuvent être fermés à volonté, en sorte qu on peut cessej- a l’instant même l’évaporation. C’est dans ces chaudières qu’a lieu l’addition de l’acide sulfu- — 136 — rique, et de le cuire jusqu’au point où il peut cristalliser , de le débarrasser des alcalis sans cela ils réagissent sur le sucre, l’altèrent en partie et le rendent incrislallisable. C’est pour obvier à ccs incon- véniens qu’on y ajoute l’acide sulfurique étendu. .Mais si on met cet acide, soit peu de teins après l’addition de la chaux, ainsi que le pratique M. Dubrunfaut, soit immédiatement après la filtration du jus, comme le recommandent MAI. De Dombasle et Chaptal, il est bien évident qu’il faudra employer une plus grande proportion de cet acide , que si on ne l’introduit que lorsque le suc a déjà subi une certaine concentration , parce qu’alors l’ammoniaque libre aura ele chassée par la chaleur. On évite encore par-là la formation d’un sulfate d’ammoniaque, qui, restant dans le jus, se transforme, pendant l’évaporation, en sulfate acide , qui est toujours nuisible au sirop , en modifiant la nature du sucre cristallisable ; l’expérience a , en elfet, démontré que les acides ont la singulière propriété de changer le sucre cristal- lisable de la canne ou de la betterave, en un sucre analogue à celui du raisin , c’est-à-dire en sucre qui ne peut cristalliser qu’en petits grains. D’après ces considérations, MM. Collos ont donc bien fait de suivre la méthode de M. Clémandot. Mais, tout en y restant lidèle, il ne faut pas qu’on pense que la proportion d’acide à ajouter dans le suc concentré à douze degrés soit toujours la même. Elle varie beaucoup d’une campagne à une autre , et souvent dans le courant d’une même campagne, parce que les betteraves ne renferment pas constamment la même quantité de sels alcalins. Ainsi, les betteraves excrues dans des terres fortement fumées, contiennent beaucoup plus de sels de potasse et de sels ammoniacaux que celles qui croissent dans des terrains anciennement fumés. C’est donc au fabricant à tenir note de ces circonstances. Cette année, les betteraves exploitées par MM. Collos étaient très-riclies en sels de potasse ; aussi ont-ils été obligés d’employer plus d’acide que l’année dernière , pour saturer leur jus déféqué. Le sulfate de chaux, formé par la neutralisation du jus, se dépose , pendant son évaporation , sur les conduits cylindriques à vapeur ; mais, à chaque concentration, MM. Collos ont soin de faire nettoyer parfaitement leur chaudière. Lorsque le jus a été concentré jusqu’à vingt-huit degrés du pèse-sirops de Baumé, >1 prend le nom de sirop , et on le fait alors écouler dans la chaudière de clarification. La clarification a pour but d’enlever au sirop les matières qui troublent sa limpidité ou qui le colorent. Cette opération s’exécute l’aide de substances ou d’agens qu’on appelle agens clarifians, e t qui sont le sang, le lait, les blancs d’oeufs et le noir animal, dont ^ rflet principal est la décoloration des liquides. Chez MM. Col - ^ 0s , la clarification s’opère dans une chaudière a feu nu, au m°y en j u no ; r animal et du sang de bœuf, employés dans les Proportions de cinq kilogrammes de noir et d’un litre de sang par rliaque hectolitre de sirop. Celui-ci, étant bien clair, est filtré — 138 — de la même manière que le jus déféqué, puis conduit dans un réservoir en cuivre, nommé avale-tout, qui est assez grand pour contenir tout le sirop préparé chaque jour. Dans cet état, ce sirop n’esf point assez concentré pour fournir des cristaux il faut en chasser l’eau surabondante ; c’est pourquoi on le soumet à l’opération de la cuite, qui se pratique dans une chaudière chauffée par la vapeur, et tout-à-fait semblable à celles où l’on opère la concentration. La cuite est terminée, c’est-à-dire que le sirop est bon à mettre dans les formes, quand il marque quatre-vingt-dix degrés au thermomètre de Réaumur. Les ouvriers reconnaissent ce terme à l’aide de signes particuliers qu’il est inutile de décrire ici. De la chaudière de cuite, le sirop est porté dans un vase en cuivre, placé dans l’atelier désigné sous le nom d 'Empli des formes, et quand, après un certain teins de refroidissement, on aperçoit un commencement de cristallisation sur les parois et au fond du chaudron, on le coule dans des formes tout-à-fait analogues à celles qui servent dans les raffineries. A partir de ce moment, toutes les opérations que 1 on fait subir au sucre de betteraves sont identiquement semblables à celles que l’on pratique pour les sucres de cannes; aussi nous dispenserons-nous de les indiquer. Si nous sommes entrés dans de si grands détails sur les travaux que nous avons vu exécuter dans les ateliers de MM. Collos , c’est que nous avons pensé que peu de personnes avaient eu l’occasion de visiter des sucreries de betteraves, et qu’alors il leur serait agréable d’avoir une idée précise des opérations nombreuses auxquelles ou est oblige de recourir pour obtenir le sucre , celte substance que presque tout le monde mange sans savoir ce qu’e lie a coûté de tems et de peine pour être amenée à l’état de pureté sous lequel on la vend. Nous n’avons fait, au reste, qu’effleurer le sujet ; mais nous avons dû restreindre les considérations qu’il pouvait nous offrir, dans la crainte de fatiguer votre attention- Nous vous ferons remarquer, Messieurs, que l’adoption , p iU 139 — MM. Collos, du système de chauffage à la vapeur, leur présente de très-grands avantages pour la célérité et la réussite des opérations ju’ils exécutent. Dans la plupart des autres fabriques, tout se fait à feu nu , défécation , concentration, cuite ; tantôt dans des chaudières à demeure dans les fourneaux ; tantôt, et c’est le cas le plus ordinaire , dans des vases mobiles qu’on appelle chaudières à bascules. Quelques soins que l’on apporte à bien conduire le travail , dans ces sortes de chaudières, il est difficile d’éviter certains inconvéniens forts graves, et entre autres, la caramélisation des sirops. Ils ne se présentent jamais dans celles qui sont chauffées au moyen de la vapeur d’eau. Nous ne croyons pas devoir rendre publics les comptes de fabrication qui nous ont été donnés par MM. Collos. Cette réserve nous est commandée par un sentiment que vous saurez apprécier. Mais nous dirons que les résultats qu’ils obtiennent sont très-satisfai— sans, et, à peu de chose près, les mêmes que ceux réalisés par les meilleures fabriques en activité depuis longues années i. Ces Messieurs travaillent journellement trente mille livres de betteraves, et ils comptent traiter, dans une campagne de cent jours, trois millions de livres de ces racines. Nous ajouterons qu’exploitant depuis long-tems une radinerie de sucre de cannes, qui marche concurremment avec leur fabrique de sucre indigène, ces industriels sont dans des conditions plus favorables que la plupart des autres fabricans qui ne préparent que le sucre brut. Les bénéfices que font MM. Collos, dans leur nouvelle entreprise, sont susceptibles de s’accroître d’une manière notable , lorsqu’ils pourront tirer un parti plus avantageux des pulpes et des résidus de mélasse. A cet égard, nous vous demanderons la permission d’entrer dans quelques développemens. La pulpe de betteraves, qui, au sortir des presses, contient ^ CO La betterave contient depuis à peu près 6 jusqu’à H pour 0/0 de sucre crîstallisable. fabrique, on n’en obtient guère plus de 2 l/2 a 5 pour 0/U. 11 est facile de voir par là *1 ,, 1 industrie présente encore beaucoup de marge et qu’elle commande de nouveaux cU'oils. — 140 — encore une portion de principes nutritifs qui n’est pas à dédaigner, est, comme nous l’avons dit, une très-bonne nourriture pour le gros bétail. Vingt-cinq kilogrammes suffisent à la consommation journalière d’un bœuf, et cinq kilogrammes à celle d’un mouton. Dans les environs de toutes les fabriques, les fermiers l’achètent habituellement au prix de quinze francs les mille kilogrammes. A Fécamp, l’usage n’en étant pas encore généralement répandu , l’écoulement de cette pulpe n’est pas aussi facile ; mais, lorsque ses bons effets auront été reconnus par tous les cultivateurs, le débit en sera beaucoup plus lucratif Afin d’éviter la perte de celle qu’ils ne peuvent vendre, nous pensons que ces Messieurs devraient suivre l’exemple deMM. Blanquet et Hamoir, fabricans, à Famars, près Valenciennes, qui font dessécher la pulpe sur la plate-forme d’une touraille semblable à celle dont se servent les brasseurs pour dessécher les grains germes. Dans cet état de siceité, elle se conserve indéfiniment. Ce mode est préférable à celui qui a été préconisé par M. Mathieu De Dombasle, et qui consiste à l’enfouir dans des silos creusés dans un sol argileux et compacte, parce qu’elle n’éprouve pas, comme dans cette dernière circonstance, une fermentation acide qui détruit une partie de ses principes nutritifs. Cette dessiccation a, d’ailleurs, un autre avantage, c’est de faire perdre à la pulpe une matière âcre , volatile , contenue primitivement dans la betterave, et qui paraît exercer une action purgative sur les animaux qui s’en nourrissent à l’état frais. Nous croyons devoir conseiller ici aux cultivateurs, qui donnent cette pulpe aux bestiaux, de lui faire subir une demi-cuisson, qui aura pour résultat de la rendre plus savoureuse et plus facilement assimilable. Cette cuisson pourrait se faire d’une manière très-économique , en plaçant la pulpe dans un tonneau fermé où l’on ferait arriver de la vapeur d’eau. Avec soixante-quinze centimes ou un franc tout au plus, il serait possible de cuire au moins mille kilogrammes de pulpe fraîche. — 141 — Les mélasses de betteraves qui ont fourni tout le sucre cristal- lisable qu’elles pouvaient donner par la recuite, sont assez embarrassantes pour le fabricant. Elles ont une odeur et une saveur désagréables, qu’on ne trouve pas dans celles de cannes. Jusqu’ici, MM. Collos n’ont pu en tirerqu’un parti très-médiocre. Nous pensons qu’il pourrait être avantageux, pour ces Messieurs, de les convertir en eau-dc—vie, surtout s’ils joignaient cette opération à l’extraction de la potasse, que ces mélasses fournissent en quantité notable, comme le démontrent les expériences de M. Dubrun- faut . Il résulte, en effet, de ces expériences , que cent kilogrammes de mélasse de betteraves donnent dix kilogrammes de cendres , qui ont un titre alcalimétrique de 8o°les potasses les plus riches du commerce ne portent généralement que 63°, ce qui représente à peu près sept kilogrammes septeents grammes de potasse pure, ou à peu près seize kilogrammes de sels végétaux. D’après cela, les mêlasses étant soumises à la fermention, le sucre qu’elles contiennent produirait de l’alcool, etle résidu de la distillation des vinasses étant incinéré, donnerait de la potasse. Voilà donc deux nouveaux produits dont le placement serait toujours assuré, au moins dansle plus grandnombre des circonstances. Dans le cas contraire, il y aurait encore un parti plus avantageux à retirer des mélasses, que celui qu’on en retire actuellement. Ce serait, à l’imitation de M. Bernard, fabricant à Sussy Scine-et—Marne, de les vendre aux cultivateurs pour être employées à la nourriture des bestiaux, en les mélangeant , ainsi qu’on le fait aux colonies, avec de la paille hachée. Cette nourriture est bonne, non seulement pour les gros bestiaux , mais encore pour les chevaux ; ils la mangent avec avidité , et préfèrent même ce mélange aux meilleurs foins. Les mélasses sont réduites et étendues jusqu'à vingt degrés, soit avec de l’eau pure, soit avec de l’eau grasse ; on y ajoute autant *lê paille hachée que cela est possible, et, pour que celle-ci soit -dg'icujleur manufacturier > t. 3, p. 61» et S6. — 142 — moins dure, on la laisse tremper, pendant vingt-quatre heures, dans ce liquide, avant de donner le mélange aux bestiaux. Les chevaux nourris ainsi peuvent être facilement réduits à la demi- ration d’avoine i. D’une manière ou d’une autre, vous voyez, Messieurs, que MM. Collos, en méditant nos conseils, pourront, sans nul doute, utiliser plus avantageusement pour eux les mélasses qui encombrent leurs magasins. Au reste, nous leur ayons offert nos services pour chercher les moyens les plus simples et les moins dispendieux pour opérer la distillation des mélasses et l’extraction de la potasse qu’elles renferment. Avant de terminer ce rapport, dont l’étendue a, peut-être, fatigué votre bienveillante attention , nous mettons sous vos yeux i° Un échantillon des betteraves cultivées par M. Dargent, et qui servent à l’extraction du sucre ; 2 ° Un peu de pulpe de betteraves, telle qu’elle sort des sacs, et dans l’état où on la donne aux bestiaux ; 3° Une certaine quantité de sucre brut, et un pain de sucre raffiné de betteraves , provenant de la fabrique de MM. Collos. En résumé, l’inspection de cette fabrique nous a démontré que ces industriels étaient très au courant des procédés d’extraction du sucre indigène , et nous nous faisons un devoir de déclarer ici que l’ensemble des travaux exécutés devant nous, la bonne disposition des opérations, l’adoption des meilleurs systèmes d’appareils, prouvent chez ces Messieurs une parfaite intelligence des exploitations industrielles , gage assuré de succès pour l’avenir. Pénétrés des immenses services que leur établissement rendra à l’agriculture, dans le canton de Fécamp, nous sommes d’avis que la Société doit leur témoigner toute la satisfaction qu’elle éprouve de voir une nouvelle branche d’industrie agricole introduite par leurs soins dans notre département, et nous proposons, en conséquence , qu’il leur soit décerné , dans la séance publique de cette année, une médaille d’or de la valeur de trois cents francs. I Agriculteur manufacturier t U I , p. ISO* ©•©©©©©•©©•©©©©©©©©©©©©©©©©©©©o©©9 RAPPORT . SUR L'EMPLOI DE LA GÉLATINE DES OS DANS LE RÉGIME ALIMENTAIRE DES PAUVRES ET DES OUVRIERS, PRÉSENTÉ A LA SOCIÉTÉ LIBRE D’ÉMULATION DE ROUEN, LE 23 AVRIL 1831 Messieurs, A une époque où les esprits sont si fortement préoccupés des intérêts qui s’agitent entre les nations de notre vieille Europe , où les principes politiques les plus opposés sont aux prises et engagés dans une lutte qui absorbe l’attention des hommes de tout âge, de toute condition , à une époque enfin où , par suite de l’instabilité des affaires commerciales , l’esprit d’égoïsme , si n aturel à l’homme, se montre plus à découvert, un fait digne des Méditations du philosophe et du moraliste chrétien domine , pour ainsi dire, tous les autres, et tend chaque jour, par son influence, a rapprocher les deux classes entre lesquelles se partage la société Moderne , ceux qui possèdent et ceux qui n’ont rien. Je veux par- ^ er de cette tendance , toujours croissante, qui porte les premiers Inséré dans le cahier de la séance publique de la Société libre d’Emulation de Rouen, Tannée 1851 , p. 107. — 144 — à améliorer le sort des seconds , tant sous le rapport moral que sous le rapport physique. On ne saurait en disconvenir, une vive sympathie entraîne les hommes riches et éclairés de toutes les sectes , de toutes les opinions , vers cette niasse d’individus qu’on est convenu d’appeler le peuple ; et, pour peu qu’on veuille observer , on la verra , cette sympathie , se manifester sous toutes les formes. N’est-ce pas elle, en effet, qui dirige les efforts de ces philanthropes qui cherchent à répandre l’instruction dans le sein de nos villes comme au milieu des campagnes , et qui est l’origine de ces associations diverses qui, sous les noms de Sociétés des Méthodes, de la Morale chrétienne , de l’Instruction élémentaire, Sociétés pour l’Enseignement mutuel, pour VInstruction primaire, concourent toutes à ce but avec le plus grand désintéressement et la persévérance la plus soutenue ? N’cst-ce pas elle encore qui a fait naître ces Sociétés philanthropiques, ce s Dispensaires, ces Sociétés maternelles, qui, s’attachant spécialement à l’homme physique , cherchent à le dérober à l’influence funeste des infirmités et des maladies qui l’assiègent? Et ces Comités de charité cl de bienfaisance, ces Institutions pour le placement des orphelins et des en/ans trouvés, ces Maisons de refuge, ces Sociétés pour l’extinction de la mendicité, ces Sociétés pour les prisons , qui les a créés ? qui les entretient dans leur zèle? qui les anime ? Si l’attention des gouvernemens s’est portée sur quelques uns de ces vices qui déciment les populations et les démoralisent, sur ces institutions perverses, ces loteries, ces maisons de jeux, sur la traite des noirs, etc., triste héritage des siècles passés, n’est-ce pas encore par suite des écrits, des discours, des sollicitations d’hommes isolés aussi bien que des réunions savantes, mus par cessentimens de philanthropie, de bienveillance et de charité qui se glissent dans tous les cœurs ? Reconnaissons-le donc, Messieurs, à la gloire de notre siècle, que tant d’obscurs détracteurs attaquent avec la plus insigne mauvaise foi, un esprit de commune bienveillance et de généreuse sollicitude pour le pauvre s’est répandu dans tous les rangs de la haute société, ou , comme on le dit habituellement, de la classe éclairée. L’homme qui possède et qui sait, veut faire posséder et apprendre à celui qui, délaissé par le sort, est privé de ce bonheur physique et de ce bonheur moral auxquels tous les êtres échappés des mains du Créateur ont droit indistinctement. Mais, ce qui caractérise surtout notre époque , c’est qu’on ne veut pas seulement faire le bien , on veut encore le faire avec discernement , et de la manière la plus propre à atteindre le but humain qu’on s’est proposé. On a senti que, pour obtenir des résultats durables, il ne suffisait pas de porter remède aux souffrances du moment, mais qu’il fallait encore les prévenir et empêcher leur retour. En un mot, on a érigé la bienfaisance, celte vertu cpii semble un rayon émané de la Toute-Puissance, en une science qui a ses lois, ses préceptes et ses moyens d’action variant avec les circonstances. De là celte foule d’associations d’hommes gene- feux et éclairés qui, pénétrés de cette vérité , qu’i7 faut que le cœur donne, mais que la raison distribue, se sont placés comme mtermédiaires entre les riches auxquels ils demandent, et les pauvres auxquels ils font part, avec sagacité et prévoyance , des Secours qu’ils ont obtenus. C’est surtout dans le sein des cités populeuses que de pareilles * n stitutions doivent produire de grands et heureux résultats. Là , ,!l1 effet, les classes malheureuses sont assiégées de plus de maux, besoins plus impérieux, et sous l’influence d’habitudes vineuses plus prononcées qu’au milieu des campagnes, où la vie est active et plus innocente. Aussi, c’est principalement dans ces villes qu’on voit le génie 1 humanité et de la bienfaisance s’exercer avec plus de deve- 1 1 °Ppement, et sous mille formes variées. Sous ce rapport , Paris pour ne parler que de notre pays a dû, nécessairement, donner * e xemple, et, depuis ces dernières années, cette immense cité Possédé un très—grand nombre de sociétés philanthropiques qui, toutes, travaillent à éclairer l’administration sur les besoins sans cesse renaissans de la population malheureuse , et s’efforcent à améliorer son sort et à hâter son instruction. D’importans résultats ont déjà été obtenus par ces sociétés , et l’on peut prévoir d’avance tous ceux qu’elles produiront par la suite. Vous, Messieurs, qui êtes placés au centre d’une population ouvrière si nombreuse, et qui, jusqu’ici, n’aviez pour mission que de favoriser l’essor de l’esprit et de contribuer aux progrès des connaissances utiles , vous avez voidu aussi, en présence de tant d’infortunes nées des circonstances présentes , vous associer aux efforts de ces philanthropes qui ont en vue l’homme malheureux et souffrant, persuadés qu'avant d’éclairer les masses, il faut pourvoir à leurs premiers besoins physiques, et les dérober au joug de la misère, qui énerve et abrutit l’esprit en même tems qu’elle émousse les sentimens généreux. Déjà vous avez donné des preuves manifestes de votre désir d’être utiles à la classe ouvrière de cette ville, en présentant au Conseil municipal des mesures sages et facilement exécutables pour l’extinction de la mendicité. Dans une de vos dernières séances , vous avez entendu un mémoire fort intéressant d’un de nos honorables confrères, sur l’état actuel des prisons de cette ville, et sur les moyens de réformer le système adopté jusqu’ici dans nos maisons de répression et de punition , système malheureux qui, au lieu de relever l’homme criminel ou seulement égaré, contribue à l’entretenir dans ses funestes penchans , ou développe chez lui le germe de vices qu’il ignorait encore. Enfin , vous avez décidé qu’une proposition faite par notre confrère M. DestignV» pour aviser aux moyens d’établir à Rouen des appareils pour l’extraction de la gélatine des os, dans le but de préparer des soupes économiques pour les indigens , serait ren voyée à une commission spéciale, afin qu’elle fût examinée avec maturité, prise en considération dans le cas où elle obtiendrait l’assent 1 " ment de vos commissaires. — 147 — C’est au nom de cette commission, composée de MM. A. Barbet, Bouteiller fils et moi, que je viens vous soumettre quelques idées sur la question éminemment philanthropique que notre estimable confrère M. Le Marchand a soulevée le premier, dans cette assemblée, et queM. Destigny a reproduite. Mais, avant de vous faire connaître les conclusions du travail de votre commission, permettez-moi, Messieurs, de vous reproduire quelques unes des paroles que je prononçais , le 5 décembre 182g, à l’ouverture de mon cours de chimie ; ces paroles ayant immédiatement trait au sujet qui nous occupe Une question, qui intéresse au plus haut point l’économie politique , est celle qui a trait à la nourriture de la classe la moins fortunée de la société. Fournir les moyens d’améliorer le régime alimentaire du pauvre, sans augmenter les charges de l’état, tel est le problème à la solution duquel bien des économistes ont travaillé. Il était réservé à un chimiste dont le nom est bien connu par de nombreuses recherches toujours dirigées dans le but d’être utile à l’industrie, et que la postérité placera au rang des bienfaiteurs de l’humanité, de trouver les moyens de remplir complètement toutes les conditions voulues pour un tel projet. M. D’Arcet, car c’est de lui que je veux parler, avait déjà proposé , en 1810, d’utiliser les os de boucherie que l’on rejette, à la préparation d’une gélatine propre à faire du bouillon 1 . Son procédé, qui donna les résultats les plus avantageux , fut suivi pendant quelque tems ; mais bientôt on l’abandonna , ou au moins on cessa de faire usage de la gélatine dans le bouillon ; cette matière alimentaire était alors préparée avec la plus grande négligence par les possesseurs du brevet de M. D’Arcet. Le renchérissement des 1 Voyez Rapport fait en 1814, sur un travail de M . D'Arcet, ayant pour objet l’extraction de la gélatine des os , et son application aux différents usages économiques • par MM. Leroux, Dubois , Pellctan , Duméril et Vauquclin. Ce rapport a été imprimé par ordre de la Faculté de Médecine, dans le tom. 31, pag. 352 du Journal de Médecine , Chirurgie s Pharmacie, etc. On le trouve aussi dans les Annales de Chimie > tom. 92 , P a g. 300, et dans d'autres recueils. — 148 — os 1 , qui arriva en même tems , réduisit aussi de beaucoup les bénéfices que promettait ce genre de fabrication, en sorte que les fabriques qui s’élevèrent depuis furent forcées de convertir en colle-forte la plus grande partie de la substance nutritive des os. Le procédé employé a cette époqife , pour extraire la gélatine, consistait dans 1 emploi de l’acide muriatique mis à digérer sur les os jusqu’à ce qu’ils fussent devenus tout-à-fait mous et dépouillés des matières terreuses qui accompagnent la gélatine a . » M. D’Arcet, que ne découragea pas la mauvaise réussite de son entreprise philanthropique, continua ses travaux sur cet objet, et, au commencement de cette année 182g, il a de nouveau attiré l’attention publique sur l’emploi de la gélatine des os, en faisant connaître un nouveau moyen d’obtenir cette matière si precieuse. Les travaux longs et difficiles que nous avons entre— » pris dans ce but, depuis 1812, dit-il au commencement de son » premier mémoire, nous ont mis à portée de traiter à fond cette » question économique, et nous portent à croire que, avant peu » d’années, les os, cette source si riche de matière nutritive, » prendront enfin le rang qui leur est dû parmi les substances » animales employées pour la nourriture de l’homme. Nous sou- » mettons ce travail au jugement des personnes éclairées qui sc » consacrent au soulagement de la classe indigente et à l’augmen- » tation de son bien-être et de son bonheur. Nous désirons qu’elles » approuvent le résultat de nos travaux, et nous espérons qu’elles » voudront bien nous aider de leur appui pour nous faire atteindre le but utile que nous nous sommes proposé 3 . » * Le renchérissement des os n’a pas en d’influence, d’après M. D’Àrcet, sur le procédé dont il s’agit ; car il est devenu aujourd’hui la base de l’art du fabricant de colle} l’incapacité du sieur Robert, possesseur du brevet , a ete la seule cause de la lenteur du développement de cette industrie. * L'art d’extraire la gélatine par le moyen de l’acide hydrocbloviquc est acqn is à l’industrie ; il y a un assez grand nombre de fabriques ou l’on exécute ce procédé, à Paris et dan* la province. * Mémoire sur les os provenant de la viande de boucherie , dans lequel on traite de la conservation de ces os > de Pextraction de leur gélatine par le moyen de la vapeur, *- — 149 » Les os que M. D’Areet emploie comme substance alimentaire, sont ceux qui proviennent de la viande de boucherie, et spécialement les tètes spongieuses des gros os et les extrémités des os plats. Ces os séchés renferment environ , par quintal Substances terreuses. 60 Gélatine. 30 Graisse. 10 100 » Les têtes des gros os contiennent jusqu’à 5 o pour ioo de graisse. » C’est sur ces proportions que M. D’Arcet a établi ses calculs. Voici l’énoncé de quelques uns » ioo kilogrammes d’os contenant 3 o kilogrammes de gélatine, et io grammes de gélatine suffisant pour animaliser un demi-litre d’eau, au moins autant que l’est le meilleur bouillon de ménage , il est évident que ioo kilogrammes d’os peuvent fournir assez de dissolution gélatineuse pour préparer 3 ,ooo rations de bouillon. I kilogramme d’os doit donc servir à préparer 3o bouillons d’un demi-litre chacun ; mais i kilogramme de viande ne peut fournir que 4 bouillons, d’où il suit qu’à poids égal, les os abandonnent à l’eau fois et demie autant de matière animale que la viande. » ioo kilogrammes de viande de boucherie contiennent environ 20 kilogrammes d’os ; cette quantité de viande pouvant donner 4oo bouillons, et les 20 kilogrammes d’os pouvant servir à en préparer 600 , on voit qu’en extrayant toute la gélatine des os provenant d’une quantité donnée de viande, on peut laire 3 bouillons avec les os, quand la viande et l ’s os réunis n’en donnent actuellement que 2, et qu’on pourrait, par conséquent, préparer des usages alimentaires de la dissolution gélatineuse qu'on en obtient , par M. D’Arcet, Membre de l'académie royale des sciences et du conseil de salubrité. Brochure in-8o de 56 p *6. avec S planches. Voyez aussi Annales de l'industrie française et étrangère , tom* 3 > Pag. g-. — 150 — 5 bouillons avec la même quantité île viande non désossée, qu. n’en fournit ordinairement que 2 » Vous sentirez toute l’importance de ces considérations , Messieurs, quand vous saurez que la viande de boucherie consommée dans le seul département de la Seine peut fournir à peu près 10,000,000 de kilogrammes d’os par an, et que cette quantité d’os pourrait suffire à la préparation de plus de 800,000 rations de bouillon par jour. » Le procédé que suit M. D’Arcet pour extraire toute la partie nutritive des os, est d’une exécution très-facile. Il consiste à exposer les os à l’action de la vapeur ayant une faible tension, et il doit le succès qu’il procure à ce que la vapeur, en se condensant jusque dans les pores des os, commence à en expulser la graisse, et en dissout ensuite, successivement, toute la gélatine. C’est la mise en pratique d’un ancien procédé pharmaceutique oublié, mais qui se trouve cité dans l’ouvrage de Baumé Elémens de pharmacie, édition de 1790, page 108. » L’administration des hôpitaux civils de Paris , sentant toute l’importance des considérations présentées parM. D’Arcet, a engagé ce savant désintéressé à établir dans les hôpitaux les appareils nécessaires pour préparer des bouillons économiques. Déjà la Charité , l’Hôtel-Dieu, Saint-Louis, possèdent ou vont avoir bientôt les moyens de préparer , à peu de frais, plusieurs milliers de rations gélatineuses par jour. L’hôpital militaire du Val-de- Grâce suit le même exemple. Dans la Maison centrale de Refuge, établie tout récemment dans la capitale, par les soins de M. de Belleyme, on ne fera pas un seul bouilli toute la viande sera rôtie, et les bouillons gras seront entièrement préparés avec la gélatine des os. Je tiens ces détails intéressans de M D’Arcet lui- même. Il est à désirer que les efforts de ce laborieux philanthrope soient soutenus d’une manière active par le gouvernement. La * La viande des hôpitaux donne de 20 a 23 p. % d’os ; celle que mange le peuple en donne l5 p. */• » celle qui se vend aux Rfns rirbe» uVn fournit que 10 p. "/*• — 151 classe peu aisée profitera de toutes ces conceptions heureuses, enfantées par le seul désir de faire le bien les os lui seront, parla suite, aussi utiles que les pommes de terre, et, avec ces deux substances alimentaires, on peut braver impunément la disette des céréales. Honneur donc à Parmentier , qui a répandu dans notre pays la culture de cette précieuse solanée, et à M. D’Arcet, qui vient de créer une nouvelle source de prospérité publique ! » Il est à désirer que, dans les villes populeuses, où les classes pauvres ont tant à souffrir dans les saisons rigoureuses, on s’empresse d’organiser des appareils semblables à ceux qui s’élèvent de tous côtés dans la capitale. L’administration de cette ville, si portée à soulager les maux qu’il n’est pas en son pouvoir de prévenir, s’empressera, sans aucun doute, une fois que le succès aura couronné les premiers essais entrepris , d’adopter une mesure qui doit produire des résultats aussi satisfaisans que ceux d’alléger la misère du peuple. Il suffit de signaler à son attention une mesure utile, pour être sûr qu’elle sera méditée et exécutee, si les circonstances le permettent. » Telles étaient , Messieurs, les paroles que je faisais entendre à la fin de 182g, dans l'amphithéâtre de chimie , en présence d’un auditoire nombreux et de MM. les membres de la municipalité de cette ville 1 . Depuis cette époque, les appareils de M. D’Arcet se sont répandus, et, en octobre i83o, six grands appareils étaient établis à Paris. Plusieurs ont été commandés pour le compte de différentes villes de France; trois appareils moyens ont été envoyés à Milan , sur la demande du chevalier Aldini, un autre à Berlin, etc. L’appareil qui est établi à l’hôpital Saint—Louis, et au moyen duquel on extrait la gélatine des os de la viande de boucherie consommée dans cet établissement, a fourni, du g octobre 182g * Le discours dont j'ai extrait le passage qui prceèdc , sc trouve inséié dans le 1er vol. ? *’• partie, de la Revue Normande septembre 1 S 50 , pag. journal scientifique et littéraire, Hui paraît à Caen , tous la direction de M. De Canmont . — 152 — au 8 octobre i 83 o, c’est-à-dire en un an de travail continu et régulier, 293,556 rations de dissolution gélatineuse, aussi riche en substance animale que le meilleur bouillon de ménage. Cet appareil , dans lequel on traite journellement 28 kilogrammes d’os , donne goo rations de dissolution gélatineuse, et 1 kilogramme 85 o de graisse par 24 heures. L’appareil de l’Hôtel-Dieu a produit 248,368 rations de cette même dissolution en 276 jours de travail ; on y traite, chaque jour, environ 3 o kilogrammes d’os; il fournit, par 24 heures, g 5 o rations de dissolution de gélatine; mais les os employés, ayant déjà bouilli deux fois dans la marmite, ne rendent alors que 4 pour ioo de graisse environ. L’appareil établi à la Maison de Refuge a fourni 102,180 rations de cette meme dissolution. Leproduitdecestroisappareilsa donc été, jusqu’ici, de 644 » ’ °4 rations de dissolution ; or, pour obtenir autant de bouillon par le procédé ordinaire , il aurait fallu employer 161,026 kilogrammes de viande de boucherie, ou toute la viande provenant de 536 bœufs '. On estime qu’un bœuf ordinaire donne 3 oo kilogrammes 421 de viande. Vous pouvez juger, Messieurs, par les résultats fournis par trois appareils seulement, quels avantages le procédé de M. D’Ar- cet peut procurer à la société , tant sous le rapport de l’économie que sous celui dcl amélioration du régime alimentaire des pauvres. Mais, pour faire ressortir ces avantages avec plus de force, nous allons envisager maintenant plus au long la fabrication de la gélatine sous ces deux points de vue. Avant d’entamer ce sujet, toutefois , il est nécessaire de vous faire connaître les usages variés auxquels peut s’appliquer cette matière nutritive extraite des os par les procédés de M. D’Arcet. * Résumé concernant l’emploi alimentaire de la gélatine des os de la viande de bon - cherie ; par M. D’Arcet. Bulletin delà Société d'Encouragement pour l’industrie natio- nale y no ctcxvi > octobre I8"0 . pajr. ?83. — 153 — Les os le boucherie tels ju’on les emploie à ce genre de fabrication , et en général tous les os des animaux, sont formés d’un tissu cellulaire épais, dans les aréoles duquel sont déposés plusieurs sels en proportions assez considérables beaucoup de sous- phosphate de chaux, beaucoup moins de carbonate de chaux, très-peu de phosphate de magnésie, et des traces d’oxide de fer, d’alumine et de silice ; au centre de ce tissu , et à sa surface externe , se trouve une certaine quantité de matière grasse. Dans cet état, ils ne renferment donc pas, à proprement parler, de gélatine; mais, par l’action de l’eau bouillante, le tissu cellulaire jouit de la propriété de se transformer en cette substance. Lorsque les os concassés et placés dans les cylindres de l’appareil de M. D’Arcel sont soumis à l’action de la vapeur aqueuse, celle-ci fait entrer en fusion la graisse qu’ils contiennent, facilite sa sortie de l’intérieur de chacun des os, puis, en agissant sur le tissu cellulaire, le transforme en gélatine qui se dissout dans la vapeur condensée ; et, après que toute la matière animale a ete ainsi isolée des matières terreuses , il ne reste plus qu’un squelette friable, poreux , formé, presque en totalité, par les substances salines énumérées plus haut; car il s’y trouve à peine 8 pour 100 de matière organique. La dissolution gélatineuse qui se produit au moyen de la condensation de la vapeur dans les cylindres, en sort, après qu’on a d’abord fait écouler la graisse, parfaitement claire, lorsqu’on prend toutes les précautions nécessaires. C’est cette dissolution tpii porte le nom de bouillon d’os. Elle n’a aucune saveur. Concentrée au point de contenir 5 à 6 centièmes de gélatine sèche, on Peut, en la sucrant et en l’aromatisant convenablement, l’employer à la confection de gelées alimentaires à l’orange, au citron , a u rhum, etc. Evaporée au point de ne renfermer que 2 centièmes de gélatine, elle constitue un liquide aussi chargé de matière ani- "ude que l’est le meilleur bouillon de ménage, et peut servir soit pour animaliser tous les alimens de nature végétale, soit pour 154 — remplacer le bouillon à la viande, ce que l’on fait facilement en salant, colorant et aromatisant convenablement cette dissolution gélatineuse. Réduite au point de se prendre en gelée par le refroidissement , elle sert à préparei des tablettes de gélatine sèche , et on en obtient des tablettes de bouillon en la concentrant au même degré, après l’avoir préalablement mêlée à une certaine quantité de jus de viande et de racines potagères. 1 En épaississant suffisamment cette même dissolution , on peut encore la faire entrer dans la préparation des farines de légumes cuits et séchés, comme le pratique M. Duvergier; dans la fabrication du lcr-ouen et des autres substances alimentaires extraites de la pomme de terre, comme l’honorable M. Ternaux l’a fait pratiquer dans sa fabrique de Saint- Ouen ; dans la confection des biscuits à l’usage des marins, ainsi queM. D’Arcet a eul’heureuseidêede le faire ; enfin on peut encore s’en servir pour fabriquer, avec les farines avariées ou avec les pommes de terre et le sucre de fécule, un pain à meilleur marche et aussi nutritif que le pain fait avec le meilleur froment. C’est encore à l’ingénieux chimiste dont je viens de citer le nom qu’on doit cette dernière application. Quant à la graisse extraite des os en même tems que la gélatine, elle peut, en raison de son bon goût et de sa bonne qualité, être employée aux mêmes usages que le beurre ou la graisse ordinaire dans la préparation des mets habituels. Vous voyez, Messieurs, sous combien de formes cette précieuse substance alimentaire des os la gélatine peut servir à nos usages culinaires ; mais ce qu’il faut actuellement vous démontrer, c’est l’économie considérable qui résulte de son emploi journalier dans les grands établissements, tels qu’hôpitaux, maisons de refuge» dépôts de mendicité, etc., où l’on consomme habituellement beaucoup de viande de boucherie. 1 La dissolution gélatineuse, obtenue dans l'appareil indiqué précédemment, est trop iaible pour qu'on puisse l'évaporer avec avantage ; si l’on voulait faire des tablettes, 1 fo 11 ’ drait se servir d’un autre appareil 1838 . — 155 — \oici un compte établi parM. D’Arcet pour une consommation de 5 oo kilogrammes de viande de boucherie par jour. 5 oo kilogrammes de viande de boucherie donnent au moins 5 o kilogrammes d’os, qui, traités dans l’appareil de M. D’Arcet f peuvent fournir i, 5 oo rations ou "j 5 o litres de dissolution gélatineuse. En extrayant cette gélatine des os qui la contiennent, on pourrait s’en servir pour la préparation du bouillon, en opérant comme il suit. On prendrait 200 kilogrammes de viande de boucherie ; 7 5 o litres de dissolution gélatineuse ; 260 à 270 litres d’eau. On y ajouterait la quantité convenable de sel, d’aromates et de légumes, et on conduirait l’opération comme on le fait ordinairement , mais en ménageant bien le feu On aurait2,ooorationsde bon bouillon, et io 4 kilogrammes de bouilli il resterait alors 3 oo kilogrammes de viande de boucherie à mettre en rôti ou en ragoût. Si l’on avait employé ces 3 oo kilogrammes de viande pour la préparation du bouillon, on n’aurait obtenu que 1 56 kilogrammes de bouilli, tandis qu’en faisant rôtir cette viande , on obtiendrait au moins 192 kilogrammes de viande rôtie. On voit donc qu’en suivant cette marche, on aurait autant de bon bouillon que de coutume, et qu’on aurait en outre 192 kilogrammes de viande rôtie, au lieu de 1 56 kilogrammes de bouilli ; il y aurait, par conséquent, amélioration et augmentation dans la substance alimentaire l’amélioration est évidente; car on sait que le bouilli est une nourriture qui ne restaure pas beaucoup , parce que la viande a perdu, dans l’ébullition , une partie des sucs animali- sables, tandis que le rôti, qui a conservé tous ses sucs, est à-la— fois plus nutritif et plus agréable au goût. Il est constant que le bœuf bouilli a perdu plus de la moitié de son poids, tandis que, — 156 — rôti ou autrement préparé , il ne perd que le tiers, tout au plus- Quant à l’augmentation , voie! comment on peut l’évaluer en argent 25 kilogrammes de viande de boucherie donnant, dans les hôpitaux, 16 kilogrammes de viande rôtie, les 36 kilogrammes de viande rôtie que l’on obtient en excédant, doivent provenir de 56 kilogrammes de viande de boucherie, qui valent 56 francs en ajoutant à celte somme les frais de cuisson, on trouvera qu’elle doit être portée à environ 58 francs en déduisant maintenant de cette somme celle de 21 francs qu’il faudra dépenser pour extraire la gélatine des 5o kilogrammes d’os, on aura la somme de 37 francs par jour, qui sera disponible , et que l’on pourra économiser si l’on veut. On pourra donc, en adoptant le régime alimentaire dont il vient d’être question , obtenir une véritable économie de 37 francs par jour, tout en ayant le grand avantage de donner à la population de l’hôpital beaucoup de viande rôtie au lieu de mauvais bouilli . Voici un second calcul que j’emprunte encore à M. D’Arcet L’administration des hôpitaux de Paris fait vendre annuellement 85,200 kilogrammes d’os. Ces 85, 200 kilogrammes d’os pourraient fournir, étant traités dans l’appareil , 25,56o kilogrammes de gélatine sèche , ou 2 , 556,000 rations de dissolution gélatineuse aussi riche eu substance animale que l’est le meilleur bouillon préparé avec lu viande J . En supposant que l’administration des hospices ne vendît pa» ces os, et qu’elle en fît extraire la gélatine dans les hôpitaux , elle 1 Troisième note de M. D'Arcet sur l'amélioration et sur l’économie que l'introduction de la gélatine des os de lu viande de boucherie peut apporter dans le régime dU' mentaire des hôpitaux et des grandes réunions d'hommes. Recueil industriel . manu- facturier , etc. , de J\I. De Moléon , a 34 , octobre 1S29 , tom. J 2 , pag. lf>. * II faudrait employer f>i>9,000 kilogrammes de viande de boucherie pour avoir en dis* 0 * lution autant de substance animale qu’il s'en trouverait dans ces 2,?>5G,000 râlions de dis* 0 ** lution gélatineuse D’Arcet. — 157 — }' aurait ces a, 556 ,ooo rations, en dépensant au plus la somme de 25,56o francs la ration de dissolution gélatineuse ne reviendrait, dans ce cas , qu’à i centime. Si l’administration tenait à compter les os comme étant vendus a raison de 12 francs les 100 kilogrammes, la dépense devrait e tre portée à 3 ^,784 francs. Dans ce cas, les os étant payés, la r ation de dissolution gélatineuse reviendrait, au plus, à 1 centime 4 dixièmes. Ce calcul prouve tout l’avantage qu’il y aurait à employer les °s dont il s’agit pour aniinaliser la nourriture des pauvres ; il serait, n effet, impossible de faire de toute autre manière autant de bien n dépensant si peu 1 . M. Desportes , membre de la commission administrative des hôpitaux civils de Paris, dans un rapport présenté au conseil- général des hospices sur l’emploi de la gélatine à l’JIôtel-Dieu , établit le compte de revient pour l’extraction de la gélatine pour Une journée, et il cherche à démontrer que, tout en procurant de grandes et importantes améliorations dans le régime alimentaire des malades, améliorations que les médecins voient avec une vive Satisfaction, et dont les malades se montrent très-satisfaits, le procédé de M. D’Arcet ne présente aucune économie notable, et d ne croit pas que, dans l’avenir, il puisse en produire qui soit h>rt sensible. Les données qu’il présente sont la moyenne propor- ' Lonnelle de deux mois de service environ ». D’un autre côté, M. Jourdan, membre de la même commission , dans un rapport semblable sur l’emploi de la gélatine à ^hôpital Saint-Louis de Paris, prétend que, dans les hôpitaux °rdinaires, c’est-à-dire ceux où l’on traite toute sorte de maladies 1 Quatrième note de M. D'Arcet sur la vente des os provenant de la viande de bou- c ^ri e consommée dans les hôpitaux de la ville de Paris. Recueil industriel, manu- ^cturier , etc. , de M. De Moléon , n° 34 ? octobre 1829 , tom. 12 , png* ***• Rapport fait le 20 janvier 1850 au conseil-général des hospices , sur l emploi de la Platine à VHôtel-Dieu de Paris } par M. B. Desportes , membre de la commission admi- J* tr ativc. Recueil industriel, manufacturier, etc., de M. De Moléon, n° 43 , juil- *830 , tom. 15 , pag. 5. — 158 — et où, par conséquent, la viande nécessaire pour la confection du bouillon excède généralement les besoins des malades dont une grande partie est à la diète , ou ne reçoit pas du moins la portion entière, l’emploi de la gélatine des os permet d’obtenir deséco- nomies sur la dépense, sans que le bien du service en souffre- Suivant cet administrateur, le régime ordinaire des hôpitaux prescrit de mettre dans la marmite i kilogramme de viande pour 3 litres 4° centilitres d’eau ; l’emploi de la gélatine donne le moyen de réduire la viande de deux cinquièmes et d’obtenir cependant d’excellent bouillon. C’est dans cette proportion que l’on opère l’hôpital Saint—Louis. Il s’ensuit que, sur ioo kilogrammes de viande qui entraient dans la marmite pour le repas de l'après- midi, avant l’usage de la gélatine, on en prélève actuellement 4o kilogrammes qui sont accommodés de différentes manières » avec grand avantage pour les malades. On gagne donc la diffe' rence qui existe entre la déperdition du bouilli et celle du rôti sur ces 4o kilogrammes qui n’entrent plus dans la marmite, et l’on peut ensuite donner aux malades un aliment bien plus nourrissant et plus agréable que ne l’était le bouilli. On peut, en outre, arran' ger, avec la gélatine, les légumes qui étaient cuits à l’eau précédemment , et ils sont infiniment meilleurs aujourd’hui 1 . M. Jourdan est donc en opposition manifeste avec M. Des- 1 portes, son confrère, sur le point de vue économique de la question 2 . M. D’Arcet a fortifié l’opinion du premier en démontrant» par un nouveau compte de revient, l’existence de l’économie q 11 ^ avait annoncée. On voit clairement, par ce compte , qu’on p eut 1 Rapport fait le 20 janvier 1830 au co nseil général des hospices 3 sur V emploi de ^ gélatine des os à l’hôpital Saint-Louis t à Paris} par M. Jourdan, membre de la eo 1 * 1 mission administrative. Recueil industriel , etc., no 44- * août 1850 , tom. 15, pag» Il 6* 1 Depuis la lecture de mon mémoire à la Société , M. Desportes a publié trois autres ra P ports , adressés au conseil général des hospices , sur le service de l'appareil établi à l'f*° Dieu. Ces trois rapports ont été faits les 27 octobre 1830 , 19 janvier et 27 février Dans son quatrième rapport, M. Desportes annonce qu'il est parvenu à obtenir, non » eU ^ ment une grande amélioration dans le régime alimentaire de l'Hôtel-Dieu , mais encor économie notable en argent sur cette partie du service. — 159 — améliorer le régime des hôpitaux sans y occasionner aucune dépense, qu’on peut même trouver une très-grande économie dans l’application de son procédé, en négligeant d’améliorer ce régime ; qu’il suffit de balancer les choses pour obtenir à la fois, dans cette affaire, une économie notable et une grande amélioration, et, qu’en un mol, on peut y trouver, comme on le voudra , ou une grande économie, ou une très-grande amélioration, ou ces deux avantages réunis et dans des proportions notables r . Je n’ai, jusqu’à présent, parlé que des grands établissemens où l’on a introduit l’emploi de la gélatine comme matière alimentaire ; mais les services que peut rendre ce nouveau genre de nourriture ne sont pas circonscrits dans les seuls hôpitaux ; on peut encore l’appliquer aux bureaux de charité , aux ateliers de bienfaisance, aux fabriques, aux prisons, aux corps militaires sédentaires, aux garnisons des villes, aux équipages de vaisseaux, en un mot, à toutes les réunions d’hommes peu fortunes, qui sont réduits à observer la plus stricte économie dans leur régime habituel, ou pour lesquels le gouvernement ou les administrations locales ne peuvent faire de grands sacrifices sous ce rapport. Que d’avantages la population malheureuse d’une ville ne trouverait-elle pas dans l’usage des préparations si substantielles et pourtant si économiques de M. D’Arcet ! Tout le monde sait combien la nourriture de l’ouvrier est, en général, mauvaise et défectueuse ; le plus habituellement, il vit de légumes mal cuits, mal préparés, de poisson de basse qualité, de fromage -, de fruits secs, de viandes de charcuterie toujours fortement épines, afin de déguiser leur ancienneté ou leur mauvaise conservation ; rarement il mange des viandes de boucherie ; plus rarement encore il fait usage de potages gras bien faits. Généralement, le régime alimentaire du peuple et même celui des hôpitaux est très-pauvre 1 Sixième note de M . D'Arcet sur l’économie que peut procurer Viniroduction de la gélatine des os dans le régime alimentaire des hôpitaux. Reeueil industriel , etc., no 34 , octobre 1829 , tom. 12 , pag. 25. — 160 en substance animalisée ou azotée , base de toute bonne alimentation . L’expérience a démontré que l’homme a besoin , pour bien se porter, de se nourrir avec un mélange de deux parties de substance animale contre sept de substance végétale ; le régime alimentaire de nos troupes est établi sur ce principe. Les recherches de Lagrange ont fait connaître qu’en 178g, le Français ne mangeait, terme moyen, que deux de matière animale contre quinze à seize de végétaux, c’est-à-dire que la moitié de la quantité de viande accordée au soldai, et par conséquent de ce qu’il faudrait pour être maintenu en bonne santé 1 , et des calculs statistiques récens ont démontré qu’il en était encore ainsi aujourd’hui ; et cependant n’est-ce pas l’homme qui supporte les travaux les plus rudes, l’ouvrier des dernières conditions, le manœuvre, qui aurait besoin d’une nourriture plus forte, plus substantielle? Aussi, voyez combien la population de nos fabriques, de nos grandes villes est faible et chétive ! Les convalescens qui sortent des hôpitaux ont à peine la force, au bout de plusieurs jours, de se livrer à leurs occupations habituelles ; néanmoins , poussés parla nécessité de soutenir leur famille, ils se remettent à leurs travaux ; mais, vains efforts, la nature bientôt refuse ses secours; ils retombent épuisés, et sont contraints de rentrer dans les hospices, pour y retremper, par le repos, une santé qu’un bon régime aurait conservée ! Le seul moyen d’obvier à tous les inconvéniens qu’entraîne l’abus d’un régime trop végétal se trouve dans l’emploi de la gélatine des os , puisqu’il est impossible , vu l’énorme dépense que cela occasionnerait, de songer à y remédier au moyen de la viande de boucherie. La gélatine, comme matière azotée, offre, en effet, toutes les conditions que l’on peut désirer nourriture saine , n’occasionnant aucune répugnance , d’une préparation facile en même teins qu’économique; vodà, certes, de grands avantages 1 Essai d'arithmétique politique, pag. 65 et 61». — 161 — qu’il serait difficile de rencontrer dans aucune autre matière animale ; i o grammes de gélatine sèche suffisent pour donner à un demi-litre d’eau autant de substance animale nutritive qu’il s’en trouve dans le meilleur bouillon de ménage. On voit que, pour animaliser les alimens nécessaires à un individu, dans l’espace de vingt-quatre heures, il faudrait bien peu de gélatine. Dans un établissement qui posséderait un appareil capable de fournir huit à neuf cents rations de dissolution gélatineuse par jour, tel que celui qui existe à l’hôpital Saint-Louis de Paris , on pourrait, sans beaucoup de frais, obtenir une très-grande amélioration dans le régime de toutes les personnes nourries dans cet établissement, puisqu’au rapport de M. Jourdan, la dépense journalière de l’appareil, pendant le mois de décembre 182g, s’est élevée à 13 francs 20 centimes, ce qui fait 366 francs par mois, ou 4,392 francs par an, et ce qui augmente les frais de chaque lit de malade de 6 franc spar an , et ceux de chaque journée de malade de 5 centimes 3 o millimes. * Avec une si faible dépense pour chaque individu , on trouverait le moyen de faire du bouillon faible avec la viande seule , comme cela se pratique habituellement ; du bouillon plus fort et aussi riche en gélatine qu’on le désirerait; des soupes grasses ou maigres bien plus nourrissantes que celles dont on fait usage ; des gelées à la viande, à l’orange, au citron , etc. ; du rôti, du bœuf à la mode, ou au moins du bouilli bien plus savoureux que celui qu’on obtient dans nos ménages ou dans les hôpitaux ; des légumes aussi riches en matières animales que s’ils étaient cuits dans du bouillon ordinaire, etc. Enfin , l’emploi de la gélatine, dans tous ces cas , donnerait les moyens de consommer moins de viande et d’acheter du poisson , de la volaille , des fruits , ou d’autres alimens que leur cherté proscrit des grands établissemens de secours. Si, dans l’établissement dont nous parlons, on voulait préparer 11 4 Raoport déjà cité. — 162 — une plus grande quantité de dissolution gélatineuse que celle nécessaire à la consommation journalière des habitans , on trouverait facilement le placement de l’excédant au dehors , soit en nature, soit en l’introduisant dans des soupes économiques, dans des légumes ou ragoûts végétaux qu’on vendrait au prix coûtant, c’est- à-dire à moins de 6 centimes la ration , aux habitants du quartier, aux bureaux de charité ou aux sociétés philanthropiques qui font des distributions de pain ou d’autres alimensde première nécessité dans les tems de calamité publique. D’ailleurs, on pourrait , à l’imitation de M. De Puymaurin , élever, dans les fabriques, de petits appareils d’un produit en rapport avec la population de ces ctablissemens, et organiser les ouvriers en ordinaire, comme cela se pratique pour les soldats, de manière à leur faire prendre, dans l’intérieur de leurs ateliers, une nourriture saine, succulente et d’un prix très-modique; rien n’empêcherait que les ouvriers emportassent au dehors les ali— mens préparés dans l’intérieur, et les fissent servira la nourriture de leur famille. Cette mesure aurait tout a la fois l’avantage de réduire la dépense de chaque ouvrier pour son entretien personnel , et de lui permettre de faire des économies qui l’aideraient à élever plus facilement sa famille. M. De Puymaurin , directeur de la Monnaie des médailles de Paris, a adopté le système dont je parle, dans cet établissement, et en a obtenu des résultats très- heureux 1 . 1 L’appareil établi à la Monnaie a cessé Je fonctionner depuis un certain tems, mais par de* causes lout-à-f* 1 Irangeres > et non parce que les alltnens préparés avec la gélatine qu'il fournissait étaient de mauvaise nature , comme se sont empressés de le répandre tou* ces gcus qui ne voient qu'a regret les innovations même les plus utiles et les plus heureuses» Voici ce qui a occasionné la suspension des ordinaires à l'hôtel de* Médailles. Le local de cet établissement est resserré ; les ouvrier* ne pouvaient y prendre l'air pendant leur repas. Satisfaits de la nourriture abondante qu'il* recevaient et de l'économie qu'ils trouvaient dans son usage , ils ne purent surmonter l'ennui d'une clôture continuelle , et surtout celui des visites habituelles et des questions multipliées des curieux qui visitaient l'appareil. Ou fut donc obligé d'interrompre son emploi. Quoi qu'il eu soit, l'établissement de M. D c Puymaurin a rendu de très-grands services en démontrant toute l'utilité des procédés économiques de M. D’Àrcet, et ce qu'on peut en attendre toutes les fois qu'ils seront dirigé* p* r des hommes habiles et éclai-és. Les alimens préparés à la gélatine, dans cette maison, ne reviennent qu’à quelques centimes la ration ; ils consistent en soupes aux légumes, en ragoûts de pommes de terre, de haricots, de choux, de lentilles, seuls ou mêlés convenablement ensemble, en macaroni ou vermicelle, en riz. Le prix moyen d’une ration de soupe et de ragoût ne s’élève, pour chaque ouvrier, qu’à io centimes 35 millimes. Pour vous montrer, Messieurs , quelles économies les ouvriers peuvent faire en suivant un pareil régime, il convient de connaître les dépenses journalières qu’ils font dans l’état ordinaire des choses. J’emprunte les détails suivans à M. De Puymaurin at M. Fournier Charbon de terre par vingt-quatre heures , 1 hectolitre. 4 » frais généraux par jour , évalues au dixième de la dépense. 1 586 La dépense totale sera donc , par jour , de. 17 447 Mais on obtiendra au moins â kilogrammes 1 /â de Epaisse par vingt-quatre heures. Cette graisse pouvant remplacer le beurre dans la confection des alimens, ces 2 kilo— gammes 1 2 auront une valeur de 2 francs 50 centimes ’pPil faut retrancher de la dépense totale, ce qui réduira lleiaent et non comme elles pourraient être. On ne m'accusera pas , je l'espère, de l0lp grossir mes résultats au-delà de la réalité. ., ^ Paupert, directeur des travaux de l’hôpital Saint-Louis de Paris, m'écrivait der- ^*ent qu’un appareil produisant 1,000 rations par jour, reviendrait a 2,000 francs. On 1 8 Ue j’ai exagéré le prix du nôtre. Jq force encore ici les prix, puisque les 100 kilogrammes d'os ne sont vendus que 8 franc* c * n tini€i, au plus , aux fabricam de colle de Rouen. — 174 On aura donc, d’après cela , 1,680 rations gélatineuses pour la somme de i5 francs, d’où l’on voit que chaque ration ne reviendra pas à 2 centimes, tous frais compris 1 ; et, comme ces frais seront supportés parles cinq grands établissemens de la ville, il en résulte qu’en supposant leur population égale et les i,68o rations réparties également sur eux, chacun d’eux ne dépensera que 3 francs par jour pour avoir 336 rations, en supposant qu’on ne fasse aucune économie sur la viande journellement consommée 3 * * - Mais si, comme dans certains hôpitaux de Paris, on veut réduire la consommation de la viande de boucherie , on pourra supprimer la moitié de celle qu’on met habituellement dans la marmite. Le tableau précédent nous a fait connaître que la quantité nécessaire au service des cinq établissemens s’élève à i8o,58 o kilogrammes par an , qui, à raison de 77 centimes le kilogramme ; prix moyen, occasionnent une dépense annuelle de 13g, o46 francs 60 centimes, ou de 38o francs g5 centimes par jour. Or, en retranchant la moitié de la viande, il y aura une économie de 69,523 francs 3o centimes par an, ou de igo francs 47^ millimes par jour, les frais de l’appareil compris. D’après cela , chaque établissement économisera journellement 38 francs g5 mil- limes, tout en nourrissant le même nombre d’individus ; et si l’ofl emploie ces 38 francs g5 millimes à l’achat de viande qui serai* convertie en rôtis ou ragoûts, de volaille, de poissons, de fruits, il s’en suivra qu’on apportera une grande amélioration dans le régim e alimentaire de ces maisons, sans y occasionner aucune dépense- Les résultats que je vous présente, Messieurs , sont certaine" 1 K Saint-Louis, 1» ration gélatineuse revient-à 2 centimes. 2 Je n’ai pas fait entrer en déduction de compte la somme qui proviendrait de 1» vc* 1 * •du résidu des os épuisés dans les cylindres. A Paris , ce résidu qui paraissait d’abord valeur, est acheté maintenant par les fabricans de noir animal à raison de 4 francs ^ centimes les 100 kilogrammes. On trouverait sans doute également à Rouen le débit de ce résidu ; ainsi l’argent qu’il produirait couvrirait une partie des dépenses de l’appareil» et réduirait, par conséquent , de beaucoup le prix des rations gélatineuses. J’aurais donc p 1 ’ ' à la rigueur, en tenir compte dans mes calculs j mais j’ai préféré le négliger pour évi* 6 * •qu’on ne m’accuse de faire paraître l’économie plus grande qu’elle ne l’est réellement. — 175 nient au-dessous de ce qu’ils pourraient être, puisque j’ai toujours exagéré les frais ; ils font assez connaître quels services réels rendraient les appareils à la D’Arcet dans nos hôpitaux et nos prisons. J’ai parlé, en premier lieu, de ces sortes d’établissemens , parce que je pense que c’est par eux qu’il faut commencer relativement à l’introduction des alimens gélatines ; mais le but principal auquel doivent tendre tous nos efforts , c’est l’amélioration du régime alimentaire du pauvre et de l’ouvrier. J’ai déjà signalé tous les avantages que trouveraient les ouvriers à faire usage de pareils mets; j’ai montré, avec M. De Puymaurin, qu’ils pourraient élever leurs familles avec plus de facilité, et même, tout en se nourrissant mieux, faire de petites économies, qui, placées dans une caisse de prévoyance, s’accumuleraient insensiblement et serviraient à les soutenir dans leurs vieux jours ; j’ai insisté assez longuement sur les moyens à mettre en usage dans ce cas, pour ne pas y revenir ici. Mais je rappellerai votre attention, Messieurs, sur les bureaux e t ateliers de charité, les dépôts de mendicité, enfin sur cette population malheureuse de toutes les grandes villes , dont la situation est s! précaire. A Rouen , le nombre des indigens est immense , et leur sort a déjà fixé votre sollicitude d’une manière toute particulière ; vous avez proposé, dans un projet présenté re cemmént à l’autorité municipale pour l’extinction de la mendi- Cl té, d’élever un vaste local pour recevoir les deux sexes en pen- Sl °n, et réclamé une addition aux butimens de l’Hospice-général pour recevoir les septuagénaires et les infirmes incapables de se livrer à aucun genre de travail. Il y a tout lieu de croire que votre v °ix sera écoutée. Admettons que ces maisons de refuge soient e tablies la première chose dont il faudra s’occuper sera le régime ; 0r > pour le rendre aussi bon que possible, tout en observant la plus stricte économie, il n’y aura certainement pas d autre moyen tjue celui qui se présente naturellement à votre esprit en ce mo- n>en t, c’est-à-dire l’emploi de la gélatine des os. Il faudra prendre — 176 — exemple sur ce qu’a fait le respectable M. De Belleyme pour la Maison de Refuge de Paris 1 . En vous présentant un compte de revient pour un appareil de rations, semblable à celui que M. D’Arcet a fait construire dans cette maison , je vais vous démontrer facilement qu’avec une somme très-modique la commune pourra suffire à la nourriture d’un bien grand nombre d’individus. Un appareil pouvant fournir, par vingt-quatre heures, 2,4oo rations de dissolution gélatineuse, par le traitement de 80 kilogrammes d’os, reviendrait tout au plus, aujourd'hui, à 4,000 fr., tout prêt à fonctionner. Supposons qu’il coûte 6,000 francs , comme celui de la Maison de Refuge ». L’intérêt de cette somme à 10 p. 100 Serait, par jour, de 1 fr. 65 e. 80 kilogrammes d’os par jour, à 10 francs les 100 kilogrammes . .. 8 » Quatre ouvriers par vingt-quatre heures, a 2 francs 50 centimes chaque. 10 » 120 kilogrammes de charbon de terre par vingt-quatre heures. 5 » Frais généraux par jour, évalués au dixième de la dépense. 2 46 La dépense totale serait donc, par jour, de. 27 11 Mais , en déduisant 4 francs pour la valeur de 4 kilogrammes de graisse obtenue journellement, la dépense totale se trouverait réduite à . . . ..23 11 Mettons 24 francs. On aurait donc alors 2,4oo rations gélatineuses pour cette somme. Evidemment la ration ne reviendrait, dans l’établissement, qu’à 1 centime. * La Maison de Refuge » a la création de laquelle les Parisiens concoururent avec ta* 1 * d’empressement, devait rendre les services les plus signalés aux pauvres de la capitale, et avoir une longue existence J mais les tracasseries sans nombre , l’opposition sourde et soute" nue de quelques hauts fonctionnaires de cette époque , qui prirent a tâche de ruiner toute* les espérances des vertueux fondateurs de cet asile de la misère , parvinrent à faire ioml ,eï ’ cet établissement I On se demande avec amertume ce qui peut empêcher, depuis une année, le rétablissement de cette maison, qui serait si utile, maintenant surtout que le nomb* 6 des malheureux a augmenté dans une proportion véritablement effrayante I * Voir la Note rédigée sur la demande de MM. les administrateurs de la Maison & 9 Refuge i par M. D’Arcet. Recueil industriel , etc. — 177 — Voici comment on emploîrait ces 2,4oo rations dans le régime alimentaire de l’établissement. En colorant cette dissolution avec le caramel ou l’oignon brûlé, la salant convenablement, y ajoutant un peu de graisse et la quantité nécessaire d’oseille cuite ou autres légumes pour l’aromatiser, on en ferait de la soupe au pain ; en remplaçant le pain par des légumes cuits à la vapeur dans un des cylindres de l’appareil, on aurait des soupes économiques y la dissolution servirait encore, au lieu d’eau , à faire cuire et animaliser tous les légumes, 1 Voici la recette que l’on peut suivre pour préparer du bouillon propre à remplacer le bouillon à la viande de nos ménages La dissolution , contenant environ 20 grammes de gélatine sèclie par litre , doit être salée convenablement avec un mélange salin , composé de 50 parties de mtiriate de potasse et » Celle de riz animalisé, à. 8 jS Chaque ration des divers ragoûts revient donc, terme moyen , à 6 centimes 85 millimes. Une soupe et une ration de ragoût pouvant suffire, par jour, à la nourriture d’un individu, il s’ensuit que, pour 10 centimes 43 millimes, pain non compris, on pourvoira à son entretien. Si donc nous supposons que notre établissement de charité contienne 1,200 individus, et que les 2 , 4 oo rations gélatineuses soient converties moitié en soupes, moitié en ragoûts, nous aurons à établir la dépense ainsi qu’il suit — 183 — Frais pour convertir 1,200 rations gélatineuses en soupes. 42 fr, 96 c. Frais pour convertir 1,200 rations en ragoûts aux le'gumes. 82 20 Total. 125 16 Ainsi, pour fournir de la nourriture à i ,200 individus, pain non compris , on ne dépenserait que 1 15 francs 16 centimes par jour, ou io centimes 43 millimes par tête. Il est impossible d’obtenir des résultats aussi satisfaisans par tout autre mode alimentaire. Une réflexion doit naturellement sc présenter à vos esprits , et déjà elle m’a été soumise par plusieurs de nos honorables confrères. Où trouvera-t-on les os nécessaires à la fabrication des rations gélatineuses qui seraient consommées dans l’établissement dont je parle, en supposant que les hôpitaux et les prisons de la ville emploient leurs os aux mêmes usages ? Voici ma réponse à cette question. Les bouchers pourraient en fournir une certaine quantité , car il leur en reste toujours dont ils ne peuvent se défaire ; mais comme cette quantité serait sans doute insuffisante, il v aurait un moyen très-simple de s’en procurer en abondance , même sans frais pour l’établissement ce serait d’engager tous les particuliers aisés à mettre de côté les os provenant de leurs cuisines et à les fvrer aux personnes chargées par l’administration de rétablissement d’en faire journellement la récolte ; tout le monde s'empresserait de se rendre à cette invitation , puisque , dans tous les me- n ages, on ne tire aucun parti des os, qu’on jette à la rue ou qu’on lû'ûle ; et, pour stimulerla bonne volonté des cuisinières, il suffirait de leur accorder une petite prime , en raison de la quantité i os qu’elles donneraient aux collecteurs, et en raison aussi des s °ins qu’elles apporteraient à leur bonne conservation. Chaque O’atin les collecteurs feraient leur tournée dans les maisons particulières, et les os rapportés à l’établissement seraient immédiatement traités dans l’appareil. — 184 — Assurément la mesure que j’indique serait très-praticable et pourrait alimenter facilement l’appareil de notre établissement philanthropique ; je suis même persuadé qu’en excitant le zèle et la charité de tous les habitons de la ville , on pourrait se procurer une bien plus grande quantité d’os que le service journalier de l’appareil ne l’exigerait. Dans ce cas , l’excédant, loin d’être perdu, pourrait être conservé précieusement, en cas de disette d’os , à l’aide du procédé extrêmement simple indiqué par M. D’Arcet, dans le chapitre 3 de son Mémoire sur les os, et qui consiste à envelopper les os d’une couche de gélatine et à les dessécher. Cette couche gélatineuse les garantit de toute influence extérieure et permet de les conserver pendant un teins indéfini, si on a soin toutefois de les renfermer dans des sacs ou dans des tonneaux placés dans un endroit sec. Une autre réflexion, aussi grave en apparence que la première, doit ici, Messieurs , vous être soumise. On pourra m’objecter , dans le dessein de combattre la mesure que je propose pour procurer des os nécessaires au service des appareils , que ceux provenant des cuisines particulières ayant déjà subi l’action de l’eau, ne seront plus aussi propres à l’extraction de la gélatine alimentaire que les os frais de boucherie. On pense généralement, en effet, que les os de la viande qui sert à faire le bouilli ont cédé une grande quantité de leurs principes nutritifs à l’eau, et l’on explique ainsi la bonté du bouillon provenant du bœuf non désossé. Yoici des faits qui vont vous démontrer, Messieurs, que cette opinion est très-peu fondée. De 1791 à 1810, plusieurs personnes, telles que Grenet, D’Arcet père , Proust, Cadet de Vaux, etc., essayèrent d’extraire la gélatine des os en les râpant, les réduisant en copeaux ou les broyant, puis les traitant, dans des vases ouverts, p ar l’eau bouillante, sous la seule pression atmosphérique. Ces tentatives 11’eurent aucune application suivie , à cause de la dépense excessive en combustible et en main-d’œuvre qu’entraîne ce — 185 — procédé, et parce qu’il ne procure que très-peu de gélatine. Cadet de Vaux avait organisé, en 1817, pour le bureau de bienfaisance du premier arrondissement de Paris , un établissement de charité dans lequel on faisait des bouillons d’os à l’aide du procédé imparfait que je viens d’indiquer. On s’est assuré que des os qui avaient subi quatre fois de suite l’action de l’eau bouillante contenaient encore, après avoir été lavés et séchés, 37pour 100 de matière combustible, et donnaient, lorsqu’on les traitait par l’acide hydrochlorique , 27 de gélatine pure et sèche par quintal. Vous voyez, Messieurs, que c’est, à très-peu de chose près, ce que l’on aurait pu obtenir de ces os avant leur traitement dans la marmite. Il faut donc conclure que les os de bœuf qui ont servi à faire le bouillon dans nos ménages n’ont presque rien cédé à l’eau, et qu’il donneront à peu près autant de gélatine que les os frais. Quant aux os de mouton , de veau ou de bœuf qui proviennent de la viande rôtie, ils perdent encore moins de leurs principes nutritifs, seulement ils donnent souvent de la graisse rance ou sentant le suif, mais leur gélatine n’est nullement altérée ; dans ce cas , ou pourra les mettre à part pour les traiter séparément, et la graisse qu’ils fourniront sera conservée pour d’autres usages que ceux de la cuisine. Il n’y aura donc véritablement aucune différence sensible dans l’emploi des os cuits et celui des os frais pour l’extraction de la gélatine alimentaire. J’ai avancé plus haut qu’on pourrait très-aisément recueillir, chez les particuliers, plus d’os qu’il n’en faudrait pour le service de notre appareil ; je vais prouver cette assertion par des faits, car il est essentiel de démontrer à l’autorité que tous nos calculs , toutes nos prévisions s’appuient sur des données exactes. Notre confrère, M. l’abbé Paumier, a eu l’extrême obligeance de me fournir des renseignemens positifs sur le nombre de bestiaux qui sont abattus annuellement dans les diverses tueries de la ville et qui servent à la consommation de ses habitans ; il m’a — 186 — fait également connaître la quantité d’os queiproduit chaque tête de bétail. J’ai réuni ces doemnens dans le tableau suivant DÉSIGNATION DES DIVERSES ESPECES DE BÉTAIL TUÉES A ROL'EN. N]V TÈTES T ABA1 DANS LE PAR SEMAINE. inrjî E E BÉTAIL TUES TUERIES 1*A R AN. POIDS DES OS FOURNIS PAR CHAQUE TETE DE BÉTAIL. TOTAL DES OS FOURNIS PAR CHAQUE ESPECE DE BÉTAIL DANS UNE ANNÉE. Bœufs. 110 5,720 $0 kilog. 457,600 kitog- Moutons. 200 10,400 5 52,000 Veaux. 140 7,280 15 109,200 Porcs. 60 3,120 35 109,200 Ce tableau nous apprend pie la quantité d’os fournis annuellement par les diverses espèces de bétail tuées à .Rouen s’élève à 728,000 kilogrammes. Cette quantité paraîtra peut-être bien considérable, rnaisM. l’abbé Paumier m’assure qu’il n’a pris que le terme moyen des chiffres, et que l’on peut compter sur l’exactitude de ces renseignemens. Nous ne devons tenir compte que des os fournis par la viande de boucherie , c’est-à-dire par les bœufs, les veaux et les moutons ; la quantité s’en élève à 618,800 kilogrammes par an ; mais nous savons que tous les os ne sont pas également bons pour l’extraction de la gélatine , qu’il faut exclure ceux qui sont compacts , plats ou cylindriques, qui ne contiennent que peu de graisse, et que les tourneurs, tabletiers, éventaillistes et fabri- cans de boutons achètent fort cher ; il faut encore admettre qu’une grande partie de ces os seront perdus dans les maisons particulières , ou achetés par les fabricans de charbon animal et de colle-forte. Pour 11e pas nous éloigner beaucoup de la vérité, supposons que, sur ces 618,800 kilogrammes, un tiers 187 — seulement pût être recueilli'et employé dans notre appareil à la D’Arcet, e’esl—à—dire 206,266 kilogrammes. Il est évident que, puisque 1 kilogramme d’os donne 3o rations de dissolution gélatineuse , 206,266 kilogrammes produiront i6,g53 rations par jour. On peut donc espérer qu’en adoptant les mesures que j’ai proposées pour récolter tous les os propres à la confection de la gélatine, les appareils qui pourront être construits dans cette ville ne manqueront jamais de matières premières et seront susceptibles de fournir une masse considérable de préparations alimentaires à tous les indigcns de notre populeuse cité. D’après tout ce qui précéderons comprenez bien maintenant, Messieurs, toute l’importance de l’appareil à la D’Arcet que l’on devrait construire dans le vaste local dont vous avez demandé l’érection. A ous devez prévoir encore qu’une association qui établirait des appareils semblables pourrait délivrer aux pauvres de chacjue quartier des alimens gélatines, secours bien préférables, sous tou les rapports, aux distributions d’argent. Pourquoi les Rouen- Oais n’imiteraient—ils pas l’exemple des Parisiens qui, à l’aide d’une souscription volontaire, ont fourni à M. De Belleyme les Moyens de créer et d’entretenir annuellement la Maison de refuge du faubourg Saint-Marceau. Une société philanthropique, pour v isiter les pauvres , sera sans doute bientôt constituée, sur votre Ovitation, par les soins de l’autorité municipale ; cette société pourrait devenir le centre d’une vaste association entre tous les habitans aisés de cette ville ; toute personne qui voudrait en faire partie souscrirait l’obligation de déposer annuellement une s omme déterminée dans la caisse de la société ; en échange, elle ''oeuvrait un certain nombre de bons de soupes et de ragoûts pour o' 11 faire l’usage qu’elle jugerait convenable. La Société philanthropique serait chargée spécialement de faire fonctionner les appa— 1 ods, préparer les alimens , et de présider à leur distribution louinalière ; une cotisation annuelle de 10 Iranes par chaque 188 — membre de l’association produirait un capital plus que suffisant pour subvenir , par l’emploi des procédés de M. D’Arcet, à la nourriture de tous les indigens de la ville. Et ne croyez pas, Messieurs, que la création d’une semblable association soit chose difficile ; on peut le dire à l’honneur des Rouennais, la charité est inépuisable chez eux, comme l’attestent assez tous les dons qui ont lieu, chaque année, en faveur des pauvres- Assurément, chaque habitant aisé dépense plus de io francs par an en aumônes manuelles ; il ne s’agit donc , comme vous voyez, que de régulariser , si je puis m’exprimer ainsi, la bienfaisance de nos concitoyens, de manière à lui faire produire le plus de fruits possible 1 . Les considérations précédentes doivent vous avoir convaincus, Messieurs, que l’emploi de la gélatine des os peut devenir une ressource précieuse pour la classe malheureuse de notre ville, et qu’il est urgent, en présence de tant d’infortunes, de provoquer, par tous les moyens possibles , l’établissement des appareils à la D’Arcet, non seulement dans les hôpitaux, les prisons et les dépôts de mendicité ou ateliers de charité , mais encore dans les grandes fabriques et dans les faubourgs de la ville. En adressant à l’autorité municipale les propositions suivantes que je vais soumettre à votre sanction, vous compléterez, Messieurs, le système des améliorations que vous avez conçu en faveur de la population malheureuse de cette cité, système que * Tout le monde sait que le célèbre Papin imagiua, en 168t , pendant son émigration en Angleterre, tiu appareil , connu depuis sous le nom de marmite de Papin , pont ramollir les os et eu extraire , a l'aide de Peau portée à une température très-élevéc , la matié re animale et nutritive qu'ils renferment. Mais ce qui est moins connu, c’est l'application q ,,e Papin fit de ee procédé à l'alimentation des pauvres. Un respectable cbanoine de la cathédrale de Rouen , dont le nom est malheureusement perdu , s'empressa de suivre l’exempl e Papin , et beaucoup de malheureux furent nourris à scs frais, avec des alirnens accommode* avec la dissolution gélatineuse extraite des es. La touchante philanthropie du bon p r t,e rouennais fut sans doute vivement applaudie de ses contemporains , mais nullement imitée p*' 11 ’ eux; car sa mort mit fin à l’emploi des mets gélatines dans cette ville. Pourquoi donc» nous, que les circonstances favorisent bien autrement que le chanoine du xvu siècle , q“ possédons des procédés plus commodes et plus avantageux, ne tenterions-nous pas de fa"* e qu'il a exécuté avec bonheur dans notre cite? — 189 vous avez commencé à développer , en soulevant les questions relatives à Y extinction de la mendicité et à la régénération morale des prisonniers. La question du régime alimentaire des pauvres tl des ouvriers est intimement liée aux deux précédentes, et même doit être regardée comme leur complément indispensable. Cette pensée m’a encouragé dans le travail dont je viens de vous donner lecture, et me fait espérer que vous l’accueillerez, sinon avec faveur, au moins avec indulgence. PROPOSITIONS. I. Engager l’autorité compétente à faire construire, dans un des hôpitaux de Rouen , un appareil à la D’Arcet, pour la confection de dissolutions gélatineuses qui seraient employées à la préparation d’alimens distribués aux malades et aux gens de service de ces établissemens. Cet appareil devrait pouvoir fournir au moins i ,600 rations par jour, qui seraient réparties entre l’Hôtel-Dieu, l’Hospice— Général , l’Asile des aliénés et les deux prisons , en raison des os que chacune de ces maisons enverrait à l’appareil. Cet appareil serait placé sous la surveillance du pharmacien en c hef de l’Hôtel—Dieu. II. Inviter l’autorité municipale à chercher les moyens d’ap— püquer ce genre de nourriture à l’alimentation des pauvres inscrits dans les bureaux de charité, et des ouvriers inscrits dans les ateliers de charité ; les soupes et antres mets économiques animalisés, fourn is à ces derniers, seraient prélevés sur les secours en argent q*'e chacun d’eux reçoit de la ville. III. Encourager, par tous les moyens possibles, les citoyens ^cbes ou aisés à former une association philanthropique a l’instar de la Société philanthropique de Paris , pour délivrer aux malheu- r eux non inscrits dans les bureaux ou ateliers de charité, des “limens économiques préparés avec la dissolution gélatineuse. — 190 Ces alimens pourraient être vendus, au prix coûtant, aux ouvriers et aux autres personnes qui, par leur position , n’auraient pas besoin de recourir à la charité publique. IY. Exciter les chefs des grands établissemens industriels à suivre l’exemple de M. De Puymaurin , directeur de la Monnaie des médailles, c’est-à-dire à élever des appareils à la D’Arcet, et à organiser leurs ouvriers en ordinaires, de manière à leur faire prendre , dans l’intérieur de leurs ateliers, une nourriture saine, abondante et d’un prix très-modique. Cette mesure aurait infailliblement pour résultats de faire naître et d’entretenir, dans la classe ouvrière, des principes d’ordre, d’économie et de sobriété. N. B. Je n’ai pas cru devoir insérer dans ce mémoire la description des appareils de M. D’Arcet, parce qu’ils se trouvent dans tous les recueils scientifiques et industriels. Si l’administration municipale ou une association philanthropique se décide à en faire construire à Rouen, il sera préférable, sous tous les rapports , de s’adresser à l’une des personnes qui s’occupent exclusif vement de ce genre de construction. Voici le nom de ces personnes ! M. Grouvelle , ingénieur civil, rue les Beaux-Arts, n° -• M. Callet, rue Saint-Antoine , n° 205 ; M. Talabot , rue Blanche , n° 4” bis ; M. Saulnicr, à la Monnaie ; M. Paupert, à l’hôpital Saint-Louis. A Arras Pas-de-Calais, M. Hallette. A Metz Moselle , M. Jauncz. Au Creusot Saône-et-Loire, M. Wilson. 0©ft RAPPORT fait a la sociiIté libre d’iîmolation de l’appareil établi a l’hospice-général DE ROUEN pour l’extraction GÉLATINE DES OS *. Messieurs, Lorsqu’en 68! , un ingénieur français, dont le nom sera religieusement transmis de génération en génération, puisque c’est à lui qu’on est redevable de l’invention des machines et des bateaux à vapeur, ces deux puissnns auxiliaires de l’industrie et du commerce; lorsqu’en 1681, dis-je, le célèbre ïhjpin imagina un appareil pour ramollir les substances les plus dures, les os des animaux, au moyen de l’action de l’eau elevee à une haute température , son premier soin fut de chercher à *>rer parti , en faveur de l’humanité, d’une découverte qui , un 1 Lu à la Société libre d’Émnlation'de Rouen , le 1S avril , el à la Béance publique du i Jt’in 1833, Inséré dans le volume de la séance publique de la Société libre d’Emulation de Rouen l J °nr l’année 1833, et dans le Recueil industriel, manufacturier , agricole et commer- ria l, deM. DeMoléon, n° 78, juin lS53,p 210 86* vol.; n» 79 , juillet 1833 P- 15 2“o vol. ; no 80, août 1833 , p. 11 7 27* vol. • — 192 — siècle plus tard, devait jouer un rôle si important dans l’économie domestique. Papin , que des connaissances profondes dans les sciences physiques élevaient si fort au-dessus de ses contemporains , avait reconnu que les os des animaux renferment en abondance une matière nutritive, et ce fut pour utiliser au profit des pauvres cet aliment si riche et si peu coûteux, qu’il abandonna , pour un moment, de brillantes conceptions, et se livra à l’extraction de la gélatine , dont il avait constaté le pouvoir nutritif. Mais ses heureux essais ne trouvèrent que peu d’imitateurs ; en effet, à l’exception d’un chanoine de la cathédrale de Rouen et de la Société académique de Clermont-Ferrand , qui surent apprécier les avantages qui devaient résulter de l’introduction de la matière animale des os dans le régime alimentaire, personne ne songea ou ne daigna s’occuper de cette haute question d’utilité publique aussi l’emploi des mets gélatinés fut-il bientôt oublié. J 1 ne devait pas l’être long-tems, toutefois , car il est de ces objets dont l’importance réelle est si manifeste, que, malgré l’insouciance habituelle des hommes , malgré les oppositions les plus vives de ceux qui ne peuvent souffrir le moindre progrès, ils ne tardent pas à être ramenés sur le terrain de l’expérience et de la discussion. C’est ce qui arriva en effet à l'égard de la gélatine ou de cette substance alimentaire des os. A peine un demi-siècle était—il écoulé depuis les tentatives de Papin, que plusieurs savans philanthropes s’emparèrent de ses idées et firent tous leurs efforts pour les appliquer, avec plus de succès qu’il n’en avait eu, à la nourriture de l’homme. L’abbé Cliangeux , en 1775, l’Académie de Suède, Wurmser, Van-Marum, D’Arcetpère, Grenet, puis, un peu plus tard, Proust, Cadet de Vaux , reconnurent tous et démontrèrent les immenses services que la gélatine pouvait rendre aux populations malheureuses , et s’ils n’apportèrent que de bi en légers perfectionnemens au premier procédé employé pour l’extraire, au moins ils contribuèrent à tenir éveillée, sur cette — 193 — intéressante application, l’attention des gouvernemens et des amis des innovations utiles. Il fallait, pour que l’heureuse découverte de Papin reçût toute l’extension dont elle était susceptible, et qu’elle produisît tous les résultats que cet homme de génie avait entrevus, qu’elle tombât dans les mains d’un de ces savans persévérans et inven tifs qui fécondent tout de leurs lumières. Ce n’était pas assez d’isoler avec soin la gélatine des os, il fallait encore l’obtenir en assez grande quantité et avec assez de facilité pour qu’on pût la faire servir àsoulager tous les besoins , et entrer, comme matière de première nécessité, dans l’alimentation des grandes réunions d’hommes. Celui qui devait remplir toutes ces conditions est un chimiste dont le nom justement révéré rappelle à l’industriel, à l’économiste, au savant, les services les plus nombreux et les plus signalés. M. D’Arcet, qui, dès i8i3, a consacré ses loisirs à éclairer une question dont il avait senti toute la portée, est parvenu, après bien des peines, à simplifier tellement l’extraction de la gélatine et sa transformation en mets aussi salubres que nourrissans, qu’il n’est plus possible de croire que de nouveaux obstacles s’opposeront à l’adoption de l’appareil qu’il a fait construire pour cet objet. C’est un dicton populaire bien ancien, que les os font le bon bouillon ; mais il a fallu bien des siècles cependant pour qu’on ait songé à rechercher en vertu de quel principe ces substances cou tribuent à augmenter les qualités de l’un de nos mets les plus sains et les plus substantiels. La densité des os est si grande qu’on est en droit de se demander si, dans cette circonstance, le bons sens populaire n’est pas en défaut. On pense généralement que les os de la viande qui sert à faire le bouilli ont cédé ne grande quantité de leurs principes nutritifs à l’eau. Mais cette °pinion est très-peu fondée, car, pour remplir sa destination nourricière, l’os exige une préparation ; en effet, à un peu de i3 — 194 — graisse et très-peu de gélatine près , qu’il abandonne , c’est un caillou dans l’eau, l’expérience le démontre. Qu’on le soumette à l’action de la vapeur d’eau ayant une faible tension, dans un appareil fermé, et dans l’instant, lui si dur, si peu attaquable par nos moyens habituels, va fournir jusqu’à 4° pour 100 de matières utiles et nourrissantes. Quelle mine précieuse à exploiter ! Quelle est la substance, parmi celles qui servent habituellement à la nourriture de l’homme, qui offre autant de produits substantiels sous un si petit volume. Cadet de Vaux avait donc jusqu’à un certain point raison de dire, dans son langage naïf, qu’un os est une tablette de bouillon formée par la nature. Les os que l’on peut employer comme substance alimentaire t sont ceux qui proviennent de la viande de boucherie , et spécialement les tètes spongieuses des gros os et les extrémités des os plats. Séchés, ils renferment par quintal 60 parties de matières salines , 30 » de gélatine , 10 » de graisse. La viande de boucherie contient par quintal 24 parties de viande sèche , 61 a d’eau, 15 » d’os. Il suit de là que i5 parties d’os peuvent fournir 6 parties de substance alimentaire sèche, et qu’en se servant des os, on peut obtenir de la viande de boucherie un quart en plus de la substance nutritive, qu’on n’en retire journellement. Utiliser les os , c’est donc , en définitive , faire cinq bœufs avec quatre. ioo kilogrammes d’os donnent 3,ooo bouillons de demi-litre chacun, ou peuvent servir à animaliser 3,ooo rations de soupe économique ou de légumes. roo kilogrammes de viande ne donnent que 4o bouillons de — 195 — demi-litre chaque, ou de quoi animaliser 4oo rations, c’est-à- dire qu’à poids égal les os fournissent sept fois et demie autant de matière nutritive en dissolution f que la viande. Certes voilà un résultat démontré par l’expérience, qui fait sentir l’importance qu’on doit attacher à utiliser des substances aussi avantageuses que les os , et après l’avoir compris , on ne doit pas être étonné que de toutes parts des hommes généreux , animés du désir de faire jouir leurs concitoyens d’une ressource aussi précieuse qu’économique, aient rivalisé de zèle avec pour multiplier les appareils à l’aide desquels on se procure la dissolution de la gélatine , qui sert ensuite à faire des bouillons , à augmenter la force des mets végétaux, etc. Pénétrés de cette idée, qu’une question qui intéresse à un si haut degré l’économie politique, puisqu’elle a trait à la nourriture de la classe la moins fortunée de la société et qu’elle permet de résoudre ce problème à la solution duquel tant d’économistes ont travaillé, d'améliorer le régime alimentaire du pauvre sans augmenter les charges de l'état, rentrait tout naturellement dans le cercle de vos travaux, qui sont spécialement dirigés vers le perfectionnement de l’industrie , et par conséquent vers le bien- être de la classe ouvrière de notre département, vous avez étudié, Messieurs, avec un soin tout particulier, les procédés de M. D’Arcet ; examiné sous toutes ses faces le système au moyen duquel il oifre aux gens riches l’occasion de faire du bien en dépensant si peu. En l83i , par les soins d’une commission dont j’ai eu l’honneur d’être l’organe, vous avez publié un rapport circonstancié sur les avantages que pourrait procurer l’établissement d’un appareil à la IJ’Arcet, à l’administration municipale, qui, chaque année, dépense beaucoup d’argent pour soutenir les pauvres et les ouvriers sans travail Vous Rapport sur l'emploi de la Gélatine des os dans le régime alimentaire des pauvres des ouvriers, lu à la Société libre d’Émulation de Rouen, le 23 avril 1831 , par 196 — savez que cette administration, qui met tant, d’empressement à accueillir les innovations utiles, et qui sait les faire tourner à l’avantage du plus grand nombre, adopta, dans le courant de l’année dernière, une partie des propositions qui terminent votre rapport , et fit construire à l’hospice-général , par les soins de M. Grouvelle, neveu de M. D’Areet, un appareil propre à fournir 2,4°° rations de demi-litre de dissolution gélatineuse par jour. Cet appareil, placé non loin des cuisines de l’hospice, a été achevé il y a deux mois environ , et s’il n’a pas encore travaillé d’une manière régulière , cela tient à des circonstances qu’il est inutile de mentionner ici. Sur la proposition qui vous en fut faite dans votre séance du I er mars , par M. Girardin, vous avez chargé une commission composée de MM. Lebret, Léguillon et Girardin , de suivre les expériences qui devaient avoir lieu sous les yeux de M. Grou— velle, pour constater la qualité des produits en dissolution gélatineuse et en graisse fournis par cet appareil. Je viens aujourd’hui, Messieurs, au nom de cette commission, qui a bien voulu ine choisir pour son organe, vous faire connaître les résultats des essais entrepris. Et d’ahord, il ne sera pas inutile de vous présenter succinctement un aperçu des améliorations que l’on pourra introduire dans le régime quotidien des nombreux hahitans de l’hospice- général, en utilisant les produits de l’appareil qui y est construit. Cet appareil peut donner, comme je l’ai déjà dit, 1,200 litres environ de dissolution gélatineuse par 24 heures, par le traitement de 80 kilogrammes d’os. Le service de l’hospice réclame journellement à peu près goo litres de bouillon , repartis comme il suit M. J. Girardin. Broch. in-S de 67 pages. Rouen , F. Baudry, imprimeur du Roi. loiérc dans le Recueil annuel de la Société d'Émulation , p. 107* et dans ce volume r p. 145. — 197 VIANDE. BOUILLON. 81 Employés, à 1 livre de viande, cinq fois par livres. litres. semaine. 104 Pensionnaires, à 1 livre de viande, cinq fois 81 81 par semaine. 45 Militaires terme moycnj, à 1 livre de viande, 104 104 sept fois par^semaine. 389 Travailleurs et filles de [service , à 6 onces de ♦viande et 1 -2 litre de^bouillon, trois fois par 45 45 semaine. 32 Malades civils à 1 livre de viande, sept fois 145 195 par semaine. 1222 Habitans commun , à 4 [onces de viande et 1 3 de litre de^bouillon ou près de 1 2 32 32 litre , trois fois par semaine. 20 Secours alimentaires au dehors , à 1 ^2 litre de 306 405 bouillon, trois fois par semaine ....... 32 60 Totaux. 745 922 Les femmes ne consommant pas toute la quantité de viande qui leur est affectée, on ne doit guère compter que sur 600 ou 65o livres de viandepar jour. Le premier emploi de la gélatine, jusqu’à ce qu’on connaisse parfaitement la manière de l’utiliser, doit être d’améliorer les soupes inférieures du commun, des travailleurs et des secours alimentaires. Pour le commun, en substituant la dissolution gélatineuse a l’eau dans la confection des bouillons distribués trois fois par semaine, on pourra, tout en augmentant la force du bouillon, supprimer à chaque fois 35 livres de viande, ce qui fera io5 livres de viande en tout ; et ces 1 o 5 livres , partagées en deux, serviront à aromatiser la soupe aux légumes des lundis et mercredis , dans laquelle on mettra de la gélatine au lieu d’eau. Les v ieillards auront ainsi de la soupe au bouillon cinq fois par semaine , au lieu de trois. La même méthode sera appliquée aux secours alimentaires — 198 — ou bien avec la même quantité de viande on fera le double de de bouillon, et on le distribuera à un nombre double de vieillards. Quant aux travailleurs, on pourra diminuer , seulement sur la quantité de viande employée à leur bouillon , 4 o livres par jour , qui serviront à convertir en bouillon, au moyen de légumes, suivant la formule donnée par M. Grouvelle 1 , les 200 ou 25 o litres de dissolution gélatineuse excedant chaque jour les besoins de l’hospice. Ces 200 litres pourront être mis à disposition de l’administration municipale, pour être employés soit dans les prisons , soit dans les bureaux de charité ; et en ne les comptant qu’à 1 o centimes le litre a , il 11’en résultera pas moins que, sans rien changer au service de l’hospice, la ville sera couverte des frais d’établissement de son appareil, dans un an à peu près. Quant au reste du service des bouillons de l’hospice, lorsqu’on aura amélioré ainsi, par l’emploi de la gélatine, le bouillon, aujourd’hui très-inférieur, 011 s’en servira dans la préparation de toutes les soupes, en supprimant moitié de la viande. Sur cette moitié, qui s’élèvera à l 5 o livres au moins , et qui donne actuellement ij 5 livres de bouilli, on pourra mettre en rôti ou en bœuf- à-la-mode Ii 5 livres environ, qui donneront encore j 5 livres de viande cuite, et on retranchera du service 35 livres de viande. Ces 35 livres, du prix de 4 o centimes, font 1 4 francs, à ajouter à 10 ou 12 livres de graisse d’os qui se vend à Paris près de 1 franc, pour accommoder les légumes, et que l’on peut compter à 5 o centimes Ja livre ou à 6 francs ; ce qui en tout donnera 20 francs, somme qui couvrira les frais de combustible soit 2 hectolitres de houille à 4 francs l’hectolitre et de main- d’œuvre. 1 Voye* l’Instruction sur la conduite de l’appareil a extraire la Gélatine} Recueil indus* triel , mamtfacturier et des beaux-arts, publié par M. Pe Moléon , n'* 65 , mars 1852, 5. 201. 199 Nous avons admis que l’hospice a besoin de toute la quantité de viande cuite qu’il obtient aujourd’hui ; mais, par la distribution de cinq soupes au bouillon , au lieu de trois, au commun, on verra nécessairement diminuer la quantité de viande que les femmes surtout consomment, et dans les autres parties du service on trouvera aussi la possibilité de réduire cette consommation , surtout pour les militaires, toutes les fois qu’ils seront nombreux. Ainsi, au moyen de l’appareil, on aura , sans aucune augmentation de dépenses, i° Donné cinq soupes au bouillon, bien plus animalisées, au lieu de trois, aux 1,200 vieillards de l’hospice ; 2° Doublé la distribution des secours alimentaires ; 3 ° Distribué une portion de rôti, de bœuf-à-la-mode et de gelée aux employés , aux malades ; 4 ° Livré à l’administration municipale 200 litres de bouillon par jour. Je n’ai pas besoin d’insister, après les détails précedens, sur les avantages que produira, tant pour l’hospice que pour l’administration , l’adoption des appareils de M. D’Arcet. Maintenant il faut démontrer, Messieurs, que les bouillons préparés, ainsi qu’il a été dit, avec la dissolution gélatineuse au lieu d’eau, sont tout aussi bons que les meilleurs bouillons confectionnés avec quatre fois plus de viande par les procédés ordinaires. Je ne puis mieux faire que de vous donner connaissance du procès-verbal qui a été dressé, le 1 o avril, des expériences faites à l’hospice devant les autorités et un certain nombre de personnes attirées par la curiosité. La lecture de cette pièce intéressante suffira, je pense , pour détruire les préventions que beaucoup de personnes pourraient avoir encore contre les préparations à la gélatine , bien pie ces préventions ni; reposent sur aucun fait concluant. 200 — PROCÈS-YEIIBAL. Copie du proces-verbal de ta préparation des bouillons et soupes à la gélatine , faits à l’Hospice-général de Rouen, le 10 avril 1833 , en présence de !f. le préfet de la Seine - lnférinire . de MM. les adjoins à la mairie , de l’administrateur de l’hospice, de l’administration des prisons, de la commission de la Société d’Emulalion , du pharmacien en chef de l’Hôtel- Dieu, des deux médecins des prisons , et de plusieurs manufacturiers. On remarquera d’abord que M. Grouvelle, n’ayant pu avoir des os en quantité suffisante pour remplir un cylindre, avant mardi matin, et n’ayant pu en remplir deux que le mercredi i o avril, il a été impossible de mettre l’appareil entier en activité, et par conséquent d’avoir une dissolution gélatineuse de force constante. Il résulte de là que l’on ne peut savoir si cette dissolution est exactement au degré de force nécessaire pour que le bouillon soit bon, et que cependant la viande ne rougisse pas ; car on sait que la viande rougit, sans cependant rien perdre de sa qualité , dès que la dissolution est trop forte {b. On a donc procédé, avec la gélatine obtenue d’un seul cylindre, et qui était limpide et douce, aux préparations suivantes. N» I. On a mis dans une marmite 20 litres de dissolution gélatineuse, avec 5 livres de viande de boucherie qu’on a fait écumer, et qu’on a salés avec 5 onces de sel -, puis on a ajouté 2 livres 3/4 de légumes, carottes, navets, céleri, poireaux, oignons, etc., fait le bouillon comme à l’ordinaire pendant cinq heures sur le feu, un peu de caramel pour colorer, n’ayant pas d’oignons séchés au tour, ce qui est préférable. N° II. On a préparé du bouillon pour les militaires, avec i livre de viande par litre d’eau, écumé et salé avec 5 onces de sel, et ajouté des légumes, fait bouillir pendant cinq heures, coloré avec du caramel. N° III. On a mis dans une marmite 20 litres de dissolution gélatineuse, avec 4 livres de viande, écumé, salé avec 5 onces de sel, 2 livres de légumes , au feu pendant cinq heures, et mis un peu de caramel. N° IV. On a mis dans une marmite 20 litres d’eau, on a ajouté 5 livres de viande, prise au même morceau du bouillon n° III, écumé, salé avec 5 onces de sel, 2 livres de légumes, au feu pendant cinq heures, et coloré avec du caramel. N° V. On a mis dans une marmite i5 litres de dissolution gélatineuse, 4 livres de légumes , tels que pommes de terre, carottes, poi— r eaux, céleri, oignons et navets, au leu pendant trois heures, et coloré avec un peu de caramel, ajouté 2 onces de graisse d’os. La graisse extraite des os, dans le cylindre, et purifiée, a ete trouvée très-belle et très-bonne. N° VI. On a fait crever une livre de riz à l’eau, sale, cl ajoute en— v, ron un litre de bouillon à la gélatine n” 1. 202 — Le riz et la julienne ont été trouvés très-bons par tout le monde. On remarquera que dans le bouillon n° III, on a mis, au lieu de 20 litres de dissolution_ gélatineuse, 1 5 litres seulement, et 3 litres d’eau, dans la crainte que la dissolution ne fût trop forte. Circonstance qui explique la différence très-grande que l’on a trouvée dans les bouillons n os I et III. Les bouillons n os I et II ont été jugés aussi bons que le meilleur bouillon de ménage, par toutes les personnes présentes à ces expériences. Ont voté pour le n° I , MM. le préfet ; Jeulin , régisseur des prisons ; Gambu-Delarue , administrateur des prisons ; Martin, manufacturier; Bonnet, secrétaire—général de la préfecture ; Desbois, cliirurgien-adjoint des prisons ; Lebouvier, administrateur des prisons. Ont voté pour le n° II, MM. Girardin, membre de la commission de la Société d’Emu- lation pour cause de l’arôme seulement ; Lepicard , administrateur surveillant l’Hospice—général a trouvé le n° I presque aussi fort ; Lebret, pharmacien, membre de la commission de la Société d’Einulation • Lelong, adjoint à la mairie ; Vinglrinier , chirurgien en chef des prisons ; Moùtier , secrétaire particulier du préfet. Ont mis les n os I et II sur le même rang , O 7 MM. Blanche, chirurgien en chef de l’Hospice-général ; Leroy, pharmacien en chef des hospices ; Mm. Léguillon , pharmacien , membre de la commission de la Société d’Emulation. Ont mis le n° III au second rang , MM. Jeulin , Lebouvier , Moutier. Les personnes dont les noms sont cités plus haut, plus M. Des- hgny, adjoint, ont signé le procès-verbal. M. Destigny s’est abstenu’de voter , parce qu’il avait eu d’a- Vance connaissance des numéros qui indiquaient la qualité des bouillons. Toutes ces espèces de bouillons ont été mises dans des tasses numérotées , sans désignation de l’espèce du bouillon , et dégustées ainsi avec toute liberté de jugement. Pour copie conforme Timbré du timbrr /.ze personnes reconnaissent unanimement la supériorité d’un bouillon fait avec un cinquième de livre de viande par litre de dissolution gélatineuse n° III, sur un autre préparé avec un 'l'tart de livre de viande par litre d’eau. J’ajouterai, pour compléter le document précédent, que les bouillons n os I et II, confectionnés par les soins des dames religieuses de l’hospice, qui ont mis le plus grand empressement à •'ider M. Grouvelle dans ses expériences c , ont été juges aussi bons que le meilleur bouillon de ménage, et que les bouillons à la gélatine avaient l’apparence la plus flatteuse a l’œil, c’est-à-dire — 204 — la couleur et la limpidité qu’on recherche dans ces sortes de pré— parations. Le n° III avait peut-être une teinte trop foncée, due à un excès de caramel employé à sa coloration. Le vendredi 12 avril, M. Le Fêvre, adjoint au maire, et l’un des administrateurs de l’hospice, qui n’avait pu assister aux expériences du mercredi, en fit faire de semblables, qui eurent les mêmes résultats. Le bouillon à la gélatine fait avec un quart de viande seulement fut trouvé aussi agréable, aussi fort et aussi beau que le bouillon préparé avec trois fois plus de viande, par toutes les personnes présentes, savoir MM. Le Fêvre et Destigny, adjoints; Lepicard, administrateur de l’hospice; Gcrvais, directeur de l’hospice, et les dames religieuses de la maison. Ainsi se trouve confirmé par des expériences authentiques, dirigées avec autant de soins que de bonne foi, ce que M. D’Arcet et les personnes qui partagent ses convictions n’ont cessé de soutenir, que la gélatine, préparée convenablement et associée à une petite quantité de viande ou à des légumes , peut fournir des mets aussi substantiels et aussi agréables que ceux qu’on prépare habituellement avec une bien plus forte proportion de viande ; ou des mets bien supérieurs à ceux dans lesquels il n’entre que des substances végétales. Il y a long-tems que la question des avantages de l’introduction de la gélatine dans le régime alimentaire, est résolue affirmativement par toutes les personnes qui ont voulu l’étudier avec conscience, et qui ne se sont pas placées sous l’influence de préventions irréfléchies. Si une opposition , qui d’abord paraissait assez vive, s’est élevée, dans ces derniers tems, contre l’empl 01 de la substance nutritive des os, on ne doit pas s’en étonner > lorsqu’on se rappelle les difficultés qu’ont éprouvées les honUU eS honorables qui ont essayé, les premiers, d’introduire dans notrep a J s l’usage de la pomme de terre et du sucre de betteraves. Que d’ef' forts, que de luttes n’ont-ils pas eu à soutenir pour convainc c les esprits des bonnes qualités du premier de ces alimens, cl — 205 — l’identité du second avec le sucre de canne. Louis XYI et Parmentier, Napoléon et Chaptal n’ont—ils pas été bien des Cois sur le point de succomber dans leurs louables tentatives pour répandre l’emploi de ces deux substances, qui, maintenant, rendent tant de services à l’économie domestique , aux arts et à l’agriculture? Ce qui s’est passé il y a une quarantaine d’années, à l’égard de ces auxiliaires puissans de notre alimentation , se reproduit aujourd’hui, Messieurs, par rapport à la gélatine, et se reproduira à d’autres époques, quand il s’agira de faire adopter un nouvel Usage ; car il existe et il existera toujours des hommes opposés à toute amélioration, ou qui se laisseront guider par des vues systématiques. Quelle valeur, au reste, accorder aux raisonnemens des adversaires de l’emploi de la gélatine ? S’ils étaient basés sur des expériences concluantes, ou au moins sur des inductions théoriques de quelque poids, on pourrait y accorder quelque attention, les méditer et en profiter pour améliorer le système d’alimentation proposé par M. D’Arcet. Mais non ; jusqu’à présent les opposans n’ont avancé, à l’appui de leurs opinions, que des considérations spéculatives assez vagues, n’ont pu produire le moindre fait e xempt de critique, et se sont bornés à des dénégations. Or, ce n est pas ainsi qu’on peut, dans notre siècle tout positif, combattre , avec avantage, une doctrine, une assertion, une pratique. On s’est beaucoup autorisé, toutefois, de l’abandon des appareils 'le M. D’Arcet dans un ou deux hôpitaux de Paris, où ils avaient l°nctionné pendant quelque tems , pour soutenir la lutte commencée contre la gélatine ; mais cet abandon n’a pas l’importance 'I u ’on veut bien y attacher. Qui ne sait que les meilleurs procèdes, mal exécutés volontairement ou par négligence, ne donnent f I’m de mauvais résultats ? Pourquoi, dans d’autres hôpitaux de !' at 'is et dans d’autres villes des déparlemens Reims , Remire- lïl °nt, Lille , Metz d , etc. ces mêmes appareils donnent-ils — 206 — d’excellens produits qu’on sait utiliser avec profit ? Il y a donc eu des causes particulières qui ont amené l’abandon de ces appareils à la Charité et à l’IIôtel-Dieu. Quelles sont-elles ? Nous les connaissons ; mais nous les- tairons , en nous bornant à affirmer qu’elles sont loin de porter atteinte à la bonté du système d’alimentation que nous défendons. Les résultats de plusieurs années d’expériences, les recherches physiologiques de MM. Edwards et Balzac , les lumières de la chimie, tout tend à démontrer que la gélatine est une substance nutritive dont on doit chercher à tirer parti pour améliorer le régime des pauvres et des ouvriers. Et remarquez encore l’inconséquence de ceux qui nient trop légèrement cette vérité incontestable. Ils ne peuvent se refuser à admettre ce qui a été reconnu de tout tems, que les substances végétales sont moins nourrissantes que les substances animales, et que, parmi ces dernières, celles qui contiennent le moins d’azote sont aussi moins propres à soutenir les forces de l’homme, que celles dans lesquelles ce principe abonde et cependant ils repoussent la gélatine, qui est, parmi les matières organiques, une de celles qui renferment le plus d’azote. Je viens de citer, il n’y a qu’un moment, les recherches physiologiques de MM. Edwards et Balzac ; comme ces recherches sont de la plus haute importance pour la question qui nous occupe et qu’elles ne sont pas encore très-connues, je vous demande 1 permission de vous en indiquer les principaux résultats. Vous vous rappelez tous, sans doute, Messieurs, que M. Donne f jeune chimiste de Paris, avantageusement connu dans les science* a présenté à l’Institut, dans la séance du 6 juin i83l , un me" moire sur l’emploi de la gélatine, dans lequel il a élevé des doute sur les propriétés nutritives de cette substance , en s’appuyant sur quelques expériences dont les résultats semblaient opposés à ceux des essais antérieurs. En examinant et discutant attentivement ces expériences , il n’a pas été difficile de démontrer qu’elles n ont — 207 — aucune valeur et il paraît que M. Donné en a été convaincu , car, depuis son premier mémoire, il n’a pris aucune part à la lutte qu’il avait si légèrement soulevée contre la gélatine. Quelque tems après, M. Edwards , membre de l’Institut, et l’un de nos plus habiles physiologistes , aidé de M. Balzac, docteur en médecine, entreprit, dans le silence du laboratoire, une série de recherches expérimentales pour reconnaître, par lui-même, jusqu’à quel point la gélatine possède la faculté nutritive. Les essais eurent lieu sur des chiens, dont l’alimentation se rapproche le plus de celle de l’homme, et qui, depuis leur domesticité , ont toujours partagé la nourriture de ce dernier à toutes les époques de la société ; la gélatine inférieure et la gélatine alimentaire furent données à ces animaux , toujours associées à un autre aliment, le pain , par suite de cette considération qui est d’une importance extrême, que la substance la plus nutritive, employée seule, cesse bientôt de remplir le but qu’on en attend, comme l’attestent assez les expériences de M. Magendie, et une foule d’autres qui ont été faites depuis. Les résultats des nombreux essais de MM. Edwards et fialzac sont les suivons i° Le régime de pain et de gélatine est nutritif, mais insuffisant ; 2 ° La gélatine associée au pain a une part effective dans les Qualités nutritives de ce régime; 3° Le régime de pain et de bouillon de viande, remplaçant solution de gélatine , est susceptible d’opérer une nutrition c °mplète, c’est-à-dire d’entretenir la santé et de développer le c °rps; 4° L’addition de bouillon, en petite proportion, au régime pain et de gélatine alimentaire, le rend susceptible de fournir ' 1,le nourriture complète , c’est-à-dire d’entretenir la santé et de 1 / ev elopperle corps. ^ ^oir à ccl cpard la réponse de M, D’Arcet au mémoire de M. Donné t insérée dans le Cc ’-ieil industriel de M. De Moléon , année 1851 . — 208 — Des quatre propositions qui composent nos conclusions, disent » MM. Edwards et Balzac, en terminant leur mémoire, il y en a » trois qui sont établies sur des résultats absolus, et qui fournissent » directement les données requises pour l’application pratique. Je » ne citerai que la dernière, parce que c’était le but définitif de » toutes nos recherches sur cette question. » On a proposé comme aliment salutaire et à bon compte un » bouillon fait avec la gélatine extraite des os, et un quart de la » quantité de viande employée pour le bouillon ordinaire. Nous » avons obtenu , avec une solution de gélatine extraite des os et » une bien moindre proportion de bouillon de viande que celle qui » est recommandée et usitée, des effets nutritifs tellement éner- » giques, que nous n’avons pas vu de différence entre les deux » espèces de bouillon. » Assurément, les partisans de l’emploi des mets gélatinisés ne pouvaient désirer des résultats plus concluons que ceux obtenus par MM. Edwards et Balzac dans des recherches physiologiques exécutées avec autant de sagacité que de conscience. Ces données de la science s’accordent trop bien avec ce que la pratique a démontré pour qu’il reste encore le moindre doute dans l’esprit des personnes même les plus prévenues. Ce n’est donc pas sans une bien vive satisfaction que nous avons vu les idées de M. D’Arcet, que nous avons embrassées un des premiers, et sou- tenues par nos discours et nos écrits, corroborées par des faits d’une aussi haute portée. Je me hâte de terminer ce rapport en mettant sous vos yeux le s comptes de revient des différens mets qui ont été préparés devant vos commissaires, lors des expériences dont je vous ai fait con" naître les résultats. i° La dissolution gélatineuse pure ne revient qu’à un centime le litre, comme on va le voir par le compte ci-après — 209 — Prix de revient de la dissolution gélatineuse pour par 24 heures. 1,200 litres Os, 80 kilogrammes, à8 francs les 100 kilogrammes. . "Charbon de terre, 2 hectolitres à 3 francs 50 centimes. . 2 journées , à 1 franc 20 centimes. Menus frais... A déduire, graisse d’os de première qualité, 5 kilo— \ grammes à 1 franc.. 5 » Résidu d’os, 60 kilogrammes, à 2 francs 50 centimes les 100 kilogrammes. 1 50 Prix net des 1,200 litres de dissolution. ou moins d’un centime le litre. 6 fr. 40 c. 7 » 2 40 1 » 16 80 6 50 10 30 2°Le litre de bouillon à la gélatine avec un cinquième de livre de viande par litre , ne revient qu’à 6 centimes un cinquième. Prix de revient du bouillon avec un cinquième de livre de viande par litre. 1,000 litres de dissolution gélatineuse.. 10 fr. » c. 100 kilogrammes de viande de boucherie, à 70 centimes. 70 » Légumes, 40 kilogrammes au maximum. 11 » Gros sel blanc, 5 kilogrammes 3^4 , à 50 francs. .... 2 90 Oignons brûlés ,1/2 livre, à 80 centimes. » 40 Charbon du bain-marie , 3 4 d’hectolitre. 3 50 Main-d’œuvre, une journée. 1 20 A déduire, viande cuite, 35 kilogrammes ^ 1 franc. 35 Os, 20 kilogrammes.. 1 Revient des 1,000 litres de bouillon. , ° u 6 centimes 1/5 le litre. 3 ° Le litre de bouillon de viande revient à 17 centimes et demi. Prix de revient du bouillon de viande, à une Ivre de viande P a r litre. S00 kilogrammes de viande à 70 centimes.* 350 fr. » c. Légumes..... .. 11 » Se *. 2 90 A reporter .... 363 90 4 60 98 36 60 Kl AO 210 — lieport 363 fr. 90 c. Oignons brûlés. » Charbon Main-d’œuvre , 40 50 20 A déduire, 185 kilogrammes de viande cuite. 185 100 kilogrammes d’os. 8 Revient des 1,000 litres de bouillon à la viande ou 17 centimes 1 J 2 le litre. le litre. Prix de revient de la julienne à la gélatine. Sel Charbon. . . . Main-d’œuvre 368 193 » » . 175 » entimes et demi . 10 fr. » C. . 25 » 2 90 4 > 2 50 1 20 45 60 ou 4 centimes 1 /2 le litre. 5° Le litre de soupe au riz ne revient qu’à 6 centimes un quart le litre. Prix de revient de la soupe au riz, au bouillon, pour i,ooo litres. 150 livres de riz, à 24 francs le cent. 36 fr. » c. Légumes. 7 50 Viande pour le bouillon, 14 kilogrammes h 70 centimes très-grasse . 9 80 Sel, 25 livres, à 26 centimes. 6 75 Charbon, 66 kilogrammes. 2 75 62 80 ou 6 centimes 1 /4 le litre. Ces résultats ont été obtenus à Lille, sur une fabrication d e 3o,ooo litres. — 211 A la suite de ces comptes, nous placerons, pour vous donner une idée de la force et de la nature des soupes maigres que l’on lait à l’hospice pour le commun, le compte de revient qui nous a été communiqué par un des administrateurs de cette maison. Prix de revient de la soupe maigre, pour 5 oo litres ou 1,000 rations. Beurre , 7 livres, à 80 centimes. 5 fr. 60 c. Sel, 8 livres. 60 Pommes de terre, 40 livres. 1 50 Charbon. » 50 9 20 ou 1 centime par ration , sans le pain. Il est évident qu’une soupe pareille n’est, pour ainsi dire, que de l’eau dans laquelle trempe du pain, et qu’elle ne peut servir qu’à tromper la faim et non à la satisfaire. Or, on la distribue quatre jours par semaine aux vieillards de l’hospice. Nous croyons qu’ils sauront apprécier très-aisément la différence qui existe entre celte soupe et celle à la gélatine, qu’on ne tardera pas, sans doute, à leur donner e. Nous ne terminerons pas, Messieurs, ce rapport, sans nous féliciter avec vous de l’heureux résultat de votre persévérance à faire adopter dans cette ville les appareils de M. D’Arcet. Le procès-verbal du 10 avril, dont je vous ai donné connaissance, et qui est déposé à la mairie, est là pour attester que vos prévis sions sur la bonté des préparations à la gélatine n’étaient point erronées , et qu’en conseillant à notre administration de suivre l’exemple de plusieurs autres villes , vous n’avez pas mis trop de précipitation dans le jugement que vous aviez porte sur les avantages de toute nature qu’on peut retirer du système alimentaire dont nous venons de parler. Vous devez être satisfaits d’avoir pris l’initiative relativement à cette question philanthropique , mais — 212 — vous le serez plus encore, si, comme nous l’espérons, rien ne vient désormais arrêter l’essor d’une mesure qui peut procurer tant de bien avec de si faibles moyens. Signé i . Gourdin , rapporteur ; Lebret, pharmacien; Léguillon, pharmacien. Pour copie conforme Le président de la Société libre d'Émulation de Rouen , Langlois. — 213 — NOTES. a 11 revient, à qualité égale, à 17 centimes le litre, ou, à qualité très-inférieure, à 12 centimes. 5 Il est certain que la dissolution employée n’était pas trop forte , car la viande n’a pas rougi. c Je ne puis laisser échapper cette occasion de dire ici combien les soins extrêmes de madame la supérieure, et en particulier de madame B., qui est spécialement chargée du service de la cuisine, ont été utiles, et pour prévenir tout préjugé et tout dégoût contre la gélatine des os, et pour donner aux produits toute la qualité qu'on leur a trouvée. Il est impossible d’apporter , dans d’aussi importantes épreuves , plus de conscience, de loyauté et de zèle que ces dames ne l’ont fait. d Dans le cours du dernier hiver, à l’hospice des vieillards de la ville. de Metz , où est employé un appareil à la gélatine, on avait suspendu le travail de cet appareil pendant quelques jours, pour cause de réparations. Celte suspension occasionna un commencement d’insurrection parmi les vieillards , que l’on remettait momentanément à leur ancien régime, si peu agréable et si peu substantiel ; il fallut se hâter de reprendre le régime à la gélatine et cependant le bouillon qu’on leur donne est préparé sans viande de bœuf, mais seulement avec la dissolution gélatineuse, quelques légumes que l’on place dans les cylindres mêmes, et une petite quantité de viande de porc. Je tiens ces faits de M. E. Bouchotte, ancien maire de Metz, qui m’a confirmé de nouveau une diminution remarquable dans la mortalité et le nombre des maladies parmi les vieillards, depuis l’emploi de la gélatine. c Pour compléter ce que M. le rapporteur dit des soupes maigres de l’hôpital de Rouen, nous ajouterons ici la composition de la soupe maigre avec laquelle on nourrit pendant toute l’année, excepté deux ou trois jours de fête, les condamnés renfermés dans la plupart des maisons de détention de la France. On observera que cette soupe , que nous avons goûtée à Rouen, était faite, sous la surveillance active des administrateurs , avec beaucoup de soins et aussi bonne que peut l’être une soupe entièrement végétale ; mais elle ne peut suffire à la nourriture d’hommes faits, ni de jeunes gens qui se développent. Aussi avons-nous remarqué que , pour rendre cette soupe plus nourrissante , les jeunes détenus, mêmes ceux de 8 à 10 ans , étaient obligés d’y mettre une quanr tué énorme de pain. 214 — Soupe maigre pour \ 00 détenus. Sel, à 34 fr. I kil., 50. Légumes frais, choux, poireaux. Légumes secs. 7 1 /2 décal. de pommes de terre à 3 fr. l’hect. . . Ou 10 litres lèves, pois, à 2 fr.. • 2 f. 20 c. Ou 5 kil. riz, à 60 » 1 Pain blanc pour la soupe, à 5 décag, par individu, à 30 cent, le kil. Chauffage, 2 1,2 décal. charbon et un petit cotret. . . Ensemble, les 100 litres pour 100 détenus. ou 8 cent, le litre par détenu . fr. 50 c. 1 2 25 1 50 1 25 7 50 On a vu qu’en ajoutant 100 litres de dissolution gélatineuse , qui ne coûte que 1 centime ou 1 franc pour les 100 détenus , on leur donnerait une soupe excellente , parfaitement substantielle et saine ; et si la dépense ne pouvait pas être augmentée de 1 centime par individu , il vaudrait encore mieux diminuer 1,8 sur la quantité de soupe qu’on leur donne, pour payer l’addition de dissolution gélatineuse. Quant aux malades et aux travailleurs, on leur donne un bouillon fait avec Viande de bœuf, 12 1/2 kil , à 12 12 décag. par individu, 5 60 centimes le kil. 8 Ir. » Sel, 1 kil. 1/2. »> 410 Poivre , 16 grammes. » 064 1 /2 botte de poireaux. » 200 1 /2 botte de carottes. >, 200 5 kil. pain blanc , à 5 décag. par individu. 1 500 Bois pour la cuisson. » 660 11 034 ou 12 centimes le litre. On a vu que le litre de bouillon à la gélatine , première qualité, avec 1/4 de livre de viande, ne revient qu’à 6 cent. 1/2; il serait donc très- facile , en employant la gélatine dans le régime de la prison, d’économiser sur le bouillon des malades, tout en le faisant beaucoup meilleur qu’il n’est aujourd’hui, c’est-à-dire aussi bon que du bouillon de ménage, en supposant que sur 300 détenus nourris à la soupe maigre , il y en ait seulement 50 nourris au bouillon, et il y en a plus , d’économiser, dis-jc, 3 fr. pour animaliser à la gélatine la soupe maigre de ces 300 prisonniers. Ces diverses notes sont de 31. Grouvelle. S’adresser, pour la construction des appareils à extraire la gélatine des os, et des bains-marie pour fabriquer le bouillon , à M. Ph. Grouvelle , Ingénieur civil , rue des Beaux-Arts , n° 2, à Paris , qui en a déjà construit un grand nombre. ©©©©©© 9 ©©©©© 3 ©©©©©©©©©©©©©©©©©©©©©©© 0 ©© OBSERVATIONS sun LE POIRIER SAUCIER ET SUR SON PRODUIT, SUIVIES DE QUELQUES CONSIDÉRATIONS GÉNÉRALES $ V H. LA FABRICATION DES CIDRES Parmi les liqueurs fermentées qui remplacent le vin dans une infinité de localités dont le climat ne permet pas la culture de la Vigne, le cidre et le poiré tiennent, sans contredit, le premier rang. La connaissance de ces boissons remonte aune assez haute antiquité 3 , quoique, cependant, celle de la bière soit encore plus ancienne, puisqu’elle se perd dans l’histoire fabuleuse de Lérès etd’Osiris, comme l'indique son nom latin cerevisia. Si c’est à tort que quelques écrivains ont attribué aux Maures 1 introduction du pommier et du poirier en Espagne, puisqu’il Paraîtbien démontré que ces arbres sont indigènes dans toute l’Eu— r °pe méridionale, il est à-peu—près certain , du moins, que ce s °nt eux qui ont fait connaître, dans la Navarre et la Biscaye , 1 art d’extraire de leurs fruits des boissons salutaires, et que ce Lues dans la séance publique de la Société centrale d’Agriculture de la Seine-Inférieure, nue 7 mai 1854 , et insérées dans le cabicr de cette séance publique , p. 3G. j Les anciens connaissaient le cidre poiré , comme on le voit par le passage suivant ^üne le naturaliste lib. xiv, cap. 19 Vinum Jit, et e siliquâ -syriaeâ, et e piris , 0r umqne omnibus generibus . — Le mot cidre, qu’on écrivait d’abord sidre, dérive du 01 latin sicera, qui servait à désigner toutes les liqueurs fermentées, autres que le vin. — 216 — sont les Dieppols, ces antiques navigateurs , qui ont rapporté de ces derniers pays les meilleures variétés de ces arbres qui devaient un jour couvrir le sol de la Normandie et contribuer à sa prospérité. L’époque précise de cette précieuse importation est ignorée ; on peut, toutefois, la placer au sixième siècle , puisque , dès 587, le poiré piracium était une liqueur déjà assez connue, pour que sainte Radegonde, reine de France, en bût journellement. Ce n’est cependant qu’a partir du quatorzième siècle que l’usage du cidre est devenu général dans notre province, où la bière, alors connue sous le nom de ccrvoise , était la boisson populaire. De la Normandie, l’emploi du cidre et du poiré se répandit dans quelques autres parties de la France, d’où il fu l transporté, plus tard, en Angleterre , en Allemagne , en Russie et en Amérique. C’est cependant encore dans quelques mes de notre terre normande qu’on prépare les boissons de ce genre les plus renommées. Depuis quelques siècles, la fabrication du cidre a pris une très-grande extension dans les parties septentrionales de la France ; mais celle du poiré est loin d’avoir reçu le même développement 1 . La préférence accordée à la première de ces liqueurs * D'après des relèves statistiques qui paraissent mériter quelque confiance , la quantité de cidre et de poiré fabriquée dans les cinq depavtemcns de l’ancienne riormandie, s'élève aux chifFics suivons ; NOMS DES DÉPARTEMENS. CIDRE. POIRÉ. hectolitres. hectolitres. 1,621,921 » 901,251 118,449 564,293 92,378 562,668 2S1,332 472,534 375,666 Total. 4,22,447 867,825 Sur ces quantités ,on convertit en eau-de-vie à 20° ou 22°, Dans le Calvados , plus de 50,000 hect. de cidre ou de poiré pur; L'Eure, 00,000 de poiré; La Manche, à peu près la même quantité; Jfc’Ornr 06 ,.3 70 de poiré. — 217 — dépend de ce qu’elle possède un goût plus agréable, des propriétés plus salubres ,et qu’elle peut se conserver plus long-tems et plus facilement. On attribue généralement au poiré une action fâcheuse sur tout le système nerveux ; il est moins nourrissant, plus irritant que le cidre, très-capiteux lorsqu’il est vieux, et il enivre promptement ceux qui n’en font pas un usage habituel. Ce liquide a, néanmoins, d’excellentes qualités. Sans vouloir lui attribuer des vertus merveilleuses, comme celles, par exemple, d’augmenter le lait des nourrices, de diminuer l’embonpoint des personnes obèses, de prévenir l’hydropisie , etc., on doit reconnaître que c’est une boisson légère, diurétique, fort agréable lorsque sa fermentation est achevée. Plus alcoolique que le cidre , le poiré de première qualité ressemble beaucoup aux petits vins blancs de l’Anjou, de la Sologne. Mis en bouteilles, après une bonne préparation, il devient complètement vieux, et peut être alors confondu, par les palais peu exercés, avec les vins que nous venons de citer. Mousseux , il prend souvent le masque des vins légers de la Champagne_ Il est très- propre à couper les vins blancs de médiocre qualité, qu’il rend plus forts et même meilleurs ; c’est ce que savent fort bien les marchands de vin de Paris, qui font entrer dans leurs caves une grande partie des poirés de la Normandie, et notamment du Bocage. Souvent même, à Paris comme à Rouen , les détaillans vendent le poiré pur comme vin blanc ; c’est ce dont nous Sous sommes assurés, en examinant, en 1832, sur l’invitation de M. II. Barbet, maire de Rouen, les vins des petits marchands des faubourgs 1 . Malheureusement tous les poirés ne possèdent pas les bonnes 4 u »lités dont nous venons de parler. La plupart, faits avec des poires d’une âpreté extrême, conservent un goût également âpre. vins nous ont donné, par une évaporation ménagée, un résidu abondant, gélatini- 0rme > sucre, d'une saveur agréable de poire , ne renfermant point de tartre , mais coute- **1> au contraire , beaucoup d'acide nialirjne , de sucre, de mucilage et de sels de cbauv , >n *tièros qui constituent essentiellement les poires et les cidres. — 218 — Aussi sont-ils d’ordinaire la boisson des journaliers et des pauvres, d’autant plus que leur prix est toujours fort inférieur à celui du cidre. Il est à regretter qu’on apporte si peu de soins à la préparation d’une liqueur qui pourrait être la source d’un assez grand revenu pour les fermiers. En effet, en raison de la plus grande abondance du sucre dans les poires que dans les pommes , le jus fermenté des premières produit généralement beaucoup plus d’esprit que celui des secondes, et de bien meilleur qualité. Terme moyen , le poiré donne le dixième de son volume d’eau- de-vie à 20 ou 22°, eau-de-vie qui peut convenir à presque tous les emplois de celle qu’on obtient du vin. Le poiré produit, en outre, un vinaigre bien supérieur à celui du cidre.... Les poires fournissant presque moitié plus de jus que les pommes, il faut, conséquemment, moins de poires pour avoir la même quantité de liqueur. En choisissant les meilleures variétés de poiriers à poiré pour la culture, brassant leurs fruits avec intelligence, sans ajouter d’eau , les fermiers trouveraient donc , dans le placement de leur poiré , soit chez les marchands de vin des grandes villes, soit chez les distillateurs, soit enfin chez les vinaigriers, des bénéfices avantageux. Ce qui doit encore encourager nos cultivateurs à donner plus d’attention qu’ils ne l’ont fait jusqu’à ce jour à la multiplication des poiriers, c’est que cette espèce d’arbre, moins difficile sur la qualité du terrain que le pommier, prospère aussi bien dans les terres légères peu fertiles , que dans les terres fortes et humides , qui ne sont pas favorables à la culture du pommier, et qu’elle rapporte ordinairement plus de fruits que ce dernier. D’autres avantages sont encore attachés à la culture du poirier à poiré. Acquérant de plus grandes dimensions que le pommier S 1 Le pommier, comme on sait, ne s’élève guere qu'à 20 ou 2o pieds } tandis que le p ce qui le rend très-propre aux travaux des menuisiers, Moeurs et ébénistes, qui en font grand cas. Il prend supé- .'^renient h» couleur noire, et peut alors imiter l’ébène. Après °>s de cormier, c’est le meilleur dont on puisse faire usage I>Ou r i v . Ja gravure sur bois. Les graveurs pour papiers peints, pour s d' tnntS ’ ^ ' em P^° ent de préférence à tout autre , et cette con— 0 ;-ti°n n ’ es t certainement pas sans importance dans un pays 8 j ’ C0I Dme le nôtre , les fabriques de toiles peintes ont acquis un S^and développement 3 . evra_t-on conclure de ce qui précède qu’il faut, désormais, teff ^ Cll ^ ure ^ es P omm ers pour s’attacher exclusivement à 6 des poiriers ? Telle n’est pas notre pensée. Nos champs, nos ^ S er s, doivent garder leur plus précieux ornement; les pom- ^ Son t et seront toujours la richesse de la Normandie ; leur 'PEeation devrait même recevoir plus d’accroissement, puis- es t certain que notre sol ne produit pas assez de cidre pour ^U C0U p,; un poirier à Erford en Angleterre , qui avait dix-huit pieds de tour î ^ ai * ann ucHement 7 muids de poiré. * fnS Pltt P^°y a ient le bois du poirier pour sculpter des statues. Pausanias non» Plus qUG ^ plu * ancien »e statue de Jnnon en était faite. Cet arbre est, en effet , r,m f *S p rs ,]i^.* enncuicn *' cu ^trves. Homère !e fait déjà figurer sons le nom d’Oyj^yja dans le» Cln ° lls Pt fin vieux Laerte Ottyss., vu , ISO. — 220 — satisfaire à la consommation de ses habitans et aux besoins de f departemens limitrophes ; mais nous voudrions que les poiriers , dont la culture ne peut nuire en aucune manière à celle d’ pommiers , entrassent pour une plus grande part dans nos plan" tâtions rurales. La Société d’Agriculture, dont les idées, à cet égard, son 1 conformes aux nôtres, a cherché, à différentes époques, à pr°' pager cet arbre dans nos campagnes. Peu de tems après so rétablissement, elle s’est occupée de cette question important d’économie rurale, et a tenté l’introduction de quelques variét 5 précieuses, inconnues à notre département; malheureusement’ ses essais n’ont pu être poursuivis, par suite de circonstanc 1 ’ particulières. Tout récemment, l’un de ses membres les p' 5 distingués , M, Justin, a reporté l’attention de la compagnie s 1 ce sujet si intéressant, en lui présentant des fruits du poin er " saugier, qu’il cultive depuis plusieurs années dans sa propri' e de Fresne—le—Plan. Engagé par mes confrères à examiner nature du poiré que ces fruits pourraient fournir , j’ai fait I e ’ essais suivans sur les deux bouteilles de mont provenant de l 1 ^ brassage. Le moût des poires de sauge était fort sucré, assez de» s ’ légèrement teint en fauve ; il a fermenté très-lentement. Essaye à une certaine époque de sa fermentation , il a fourni ' liquide alcoolique qui marquait 24° à l’alcoomètre centésimal’ ; la température de -f- i 5 ° centigrades, ce qui indique que le p°’ r renfermait alors 8,oo pour too d’alcool anhydre ou chimique 16 pur - _ .rit Après une fermentation plus avancée, il a produit uu e5 P , marquant 25 ° à l’alcoomètre, à -f- i 5 ° il contenait don’ cette époque, 8,33 pour loo d’alcool anhydre. Enfin , après plusieurs mois de bouteille, et lorsque sa ferin e tation a été complètement achevée, il a donné un esprit m a quant 26° au même instrument, à + i5°, ce qui montre d’après M. Piérard, qui s’est beaucoup occupé de cet arbre, ^ croît très-facilement à toutes les expositions, dans les vallons e * sur les coteaux, dans les terrains sablonneux et glaiseux. II e5 * très-fertile et porte presque tous les ans, parce que ses fleur 5 ’ qui paraissent plus tard que celles des autres poiriers, ne sof 1 point sujettes à la coulure. Les vents qui, dans certains pays et à diverses époques de l’année, diminuent beaucoup la récolte & ei arbres fruitiers , sont moins dangereux pour le saugier, à rais 0 " de ce que ses fruits adhèrent plus fortement aux branche 5 ' Dans le Gâtinais, chaque arbre rapporte annuellement de 36 francs. Les poires de sauge ont une chair très-succulente, parfu" 1 6 et d’un goût relevé ; elles exhalent une odeur qui a beauco u P d’analogie avec celle du coing. Cuites, elles sont très-savoureus eS ’ desséchées , elles peuvent servir et servent, en effet, dans I e5 pays où on les récolte, à préparer des boissons économiq ueS ’ salubres et agréables. Enfin, un dernier avantage du poirrft' saugier, c’est qu’il croît bien plus vîte que le poirier franc. On distingue cinq variétés de poirier—saugier, qu’on desig 0 par les noms de sauge blanc, gros sauge, petit sauge, saug e — 223 rouge ou gris, et sauge à jleurs tardives. Celte dernière est la plus recherchée, à cause de son produit, et parce que ses fleurs s’épanouissant plus tard que celles des autres sortes de saugier, ne sont pas atteintes par les gelées tardives. Pendant l’hiver de 1821 à 1822, des greffes d’une de ces variétés furent demandées , au nom de la Société, par M. Du- breuil, reçues et distribuées à MM. Dubreuil, Prévost, pépiniériste, Le Carpentier, Justin et Lebret. Le i 5 avril 1822, M. Prévost en greffa treize sujets dont il conserve encore quelques uns. Cette variété, venue sans désignation spéciale, s’est trouvée être le gros sauge, la même que celle qui a produit, en i 833 , chez M. Justin. Il y a cinq ans, que l’un de ces arbres , greffé sur cognassier, chez M. Prévost, a donné ses premiers fruits , gros, bien colorés et fort agréables étant cuits. Pendant l’hiver de 1822 à 1823, feu M. Amelot, alors trésorier de la Société , fit venir et distribua des greffes de quatre variétés du saugier , savoir le gros sauge , le petit sauge, le sauge gris et le sauge blanc. M. Prévost conserve, dans son école , un arbre de chacune de ces variétés. Deux d’entre elles seulement ont fructifié le gros sauge, il y a cinq ans, et le petit sauge, l’an dernier, pour la première fois. Ces variétés se distinguent de nos poiriers à cidre par plus de ligueur, un port plus élevé , la couleur de l’écorce qui est un peu plus blanchâtre, l’épaisseur du feuillage, et par des feuilles plus étroites et plus cotonneuses. M. Prévost a remarqué, et il n e sait si cela tient au plus ou moins d’analogie entre la greffe et sujet, que le petit et le gros sauges sont, chez lui, plus vigou- reu X et poussent plus verticalement que les deux autres variétés fl" il cultivé également. Le petit sauge était, l’automne dernier, c °uvert de fruits jaunes , succulens et très-odorans , de forme turbinée globuleuse , ayant douze à quinze lignes de diamètre et a pédoncule court. Ces fruits, gardés trop long-tems, ont n °irci ; ils ne paraissent pas devoir se conserver aussi bien — 224 — que ceux du gros sauge. Dans toutes les variétés, le suc est sucré, agréable, et n’a rien de commun avec la saveur acerbe de nos poires à cidre. Par toutes les considérations qui précèdent, nous joindrons notre voix à celle de M. Justin pour appeler votre attention, Messieurs, sur l’arbre dont il vient d’être question dans cette notice, et nous répéterons ici ce que M. Dubreuil vous disait en 1824, qu’il serait très-intéressant et extrêmement utile d’introduire la culture du saugiev dans notre département. Nous insistons pour que les essais commences, il y a neuf ans, soient repris , et que la Compagnie donne tous ses soins à la culture d’un arbre qui pourra peut-être un jour consoler nos fermiers de la destruction de leurs pommiers, envahis par un ennemi lepuceron lanigère d’autant plus redoutable, qu’il est plus frêle, et qu’il se multiplie avec une effrayante rapidité. Nous avons donné à entendre , dans le cours de cette notice, que la fabrication du cidre et du poiré , dans nos campagnes, ne se fait pas avec tous les soins nécessaires. Cela n’est que trop vrai ; la plupart du tems on néglige une foule de précautions dont 1 oubli influe d’une manière fâcheuse sur la qualité de ces liqueurs ; souvent même, soit par ignorance, soit par suite de préjuges transmis d’âge en âge, on emploie des pratiques que la saine théorie réprouve. Ne voulant ni ne pouvant rappeler ici toutes les fautes que l’on commet, nous nous bornerons à en signaler deux qui sont capitales, et contre lesquelles nous ne saurions trop nous élever La première est dans l’emploi d’eaux de mares pourries. Dan s la plupart de nos fermes, les mares qui servent aux besoins jour*" naliers sont dans l’état le plus déplorable. Trop rapprochées de* bâtimens, elles reçoivent presque toujours les égoûts de la fosse aux fumiers, qui en est aussi à proximité , et les filtrations du jus de toutes les substances qui pourrissent dans le voisinage a — 225 — la surface du sol. Non garanties des approches des animaux de basse-cour, elles sont salies par leurs excrémens ; les feuilles des arbres, des détritus de tout genre, y tombent et y pourrissent ; aussi, les eaux de ces fosses, qui sont très—rarement curées , ne sont—elles, à proprement parler, que des lessives chargées de matières solubles , végétales et animales, d’où il résulte qu’elles sont constamment louches , colorées , odorantes et sapides. Très-souvent elles se couvrent de végétations à leur surface, et elles reposent, d’ailleurs, sur une vase plus ou moins épaisse, qui y entretient un foyer de corruption. Presque tous les cultivateurs sont fermement convaincus que ces sortes d’eaux sont plus propres que les eaux limpides et pures à la macération des marcs, à la fermentation des jus, et qu’il en faut moins pour faire sortir le suc des cloisons du fruit. Sans doute, les eaux de mares bien entretenues, fréquemment curées, et qui sont à l’abri des causes d’infection dont nous venons de parler, sont préférables, pour la fabrication du cidre, aux eaux de puits, parce qu’elles contiennent moins de sels calcaires ; mais c’est une erreur funeste d’attribuer les mêmes qualités à celles des mares pourries. Il est aisé de concevoir que les matières e trangères organiques, qui se corrompent dans leur sein, doivent changer la saveur du cidre, et lui communiquer un goût détestable ; car, la plupart du tems, ces matières ne sont pas volatiles, 1,1 susceptibles de disparaître par la fermentation que subit le s >tcre contenu dans le jus des pommes ; et si les habitans des Pays à cidre ne reconnaissent pas le mauvais goût de leur bois- s °n, il faut l’attribuer à l’habitude qu’ils en ont. — C’est aux gens instruits, aux propriétaires qui résident dans leurs terres , a réunir leurs efforts pour déraciner un préjugé qui n’a de crédit *l Ue par son ancienneté, en répétant sans cesse autour d’eux que ^ es eaux les plus propres à la fabrication du bon cidre sont celle s 1 U s °nt claires , insipides et sans odeur. ^a seconde faute, non moins fréquemment commise par nos i5 fermiers, c’est le peu de soins qu’ils apportent dans le choix de leurs fruits à piler ; et cependant, c’est, sans contredit, le point le plus important de toute l’operation. On sait combien la nature des pommes et des poires influe sur la qualité de leur jus fermenté. L’expérience ayant démontré qu’on ne peut obtenir généralement de bon cidre avec les fruits d’un même solage , c’est-à-dire d’une seule espèce, on doit mélanger les espèces de manière à neutraliser les mauvaises qualités des unes par les bonnes qualités des autres ; mais, pour faire ces mélanges, il y a des principes dont on ne saurait, sans de graves inconvéniens , négliger l’observation. Le plus essentiel, c’est d’assortir les espèces qui arrivent en même tems à leur point de maturité, et de ne pas réunir, comme on le fait trop souvent, des fruits verts avec des fruits mfirs, et souvent encore avec des fruits arrivés au dernier terme du blessissement ; car il est un fait qu’on devrait toujours avoir présent à la pensée, c’est que la force et la bonté des cidres et des poirés dépendent entièrement de l’état de maturation des fruits, ou, en d’autres termes, de la proportion de sucre qu’ils contiennent. Avant leur ternie de maturité, les pommes et les poires ne renferment qu’une très-petite partie du sucre que la maturation y développe aux dépens de la gomme e* du ligneux. Après la maturité, lorsqu’elles sont blettes, et, à plus forte raison, qu’elles sont déjà brunes et de consistance pulpeuse, la majeure portion du sucre a disparu, par suite d’un commencement de fermentation vineuse, qui le transforme eu alcool et en acide carbonique qui se dissipent dans l’air. Les recherches de MM. Couverchel et Bérard, sur la composition chimique des fruits, à leurs différentes époques de maturité sont extrêmement curieuses sous ce rapport, et mettent hors de doute les assertions que nous venons d’émettre 1 . On va en jug er 1 Mémoire sur la maturation des fruits , par llérard. Annales de chimie et dephysiQ 11 *’ t. 16, p. 152 et 225. Mémoire sur la maturation des fruits, par Couverchel. pharmacie et des sciences accessoires, t. jl 249. 227 par le tableau suivant, qui présente les résultats de trois analyses de poires, de l’espèce appelée cuisse-madame, faites par M. Bérard. PRINCIPES CONSTITUANS. POIRES VERTES. POIRES MURES. POIRES ENTIÈRRMEKT BLETTES. Matière colorante verte. 0,08 0,01 0,04 Albumine végétale. 0,08 0,21 0,23 Ligneux ou fibre végétale.... 3,80 2,19 1,85 Gomme. 3,17 2,07 2,62 Acide malique. 0,11 0,08 0,61 Chaux. 0,03 0,04 traces. Eau. 86,28 83,88 62,73 Sucre. 6,45 11,52 8,77 Total. 100,00 100,00 76,85 ' La perte énorme de 23,15 sur ioo, que présente l’analyse des poires blettes, doit être attribuée, en très-grande partie, à l’eau qu’elles laissent évaporer à leur surface, et à l’acide carbonique qui résulte de la décomposition spontanée du sucre ; l’expérience démontre que les fruits qui blessissent dégagent du gaz acide carbonique en abondance. La disparition d’une partie du sucre, dans ces fruits, est la cause du goût fade qu’ils présentent alors. Il ne faut donc brasser les fruits que lorsqu’ils sont parvenus à leur maturité parfaite ; et si les circonstances exigent qu’on en fasse la cueillette un peu avant cette époque, il est indispensable de les conserver pendant quelque tems, à l’abri de la pluie, 1 On ne voit pas figurer dans ces analyses la pectine ou principe gélatineux, le malate potasse, et le tannin ou l’acide gallique, qui entrent cependant dans la composition de t°ns les fruits charnus. La présence de ce dernier principe se manifeste assez souvent quand 00 coupe des poires ou des pommes , parla couleur noire que prend le couteau. La diffé- lf, ûce de saveur de ces fruits tient , d’une part, aux différentes proportions d’acide, de sucre de gomme, et, d’une autre part, à une substance aromatique particulière, peut-être 'olatile, dont l’existence n’a pas encore été démontrée par l’analyse, Bej-zelivs .} — 228 — dans des celliers , magasins ou hangars, jusqu’à ce que la maturation, qui continue même après leur détachement des arbres, soit suffisamment avancée pour qu’ils aient acquis la plus grande proportion de matière sucrée. Passe ce terme, ils ne pourraient que perdre à être conservés. En general, on garde trop long— tems les pommes avant de les piler, et surtout on a grand tort d’en former des tas considérables, car une fermentation s’établit bientôt dans le centre de ces masses, une chaleur très-forte s’y développe ; aussi, les fruits places dans ces conditions défavorables ne tardent pas à pourrir. Ce qui précède doit faire sentir combien est contraire à la saine théorie l’usage, malheureusement trop suivi dans les campagnes , de laisser les fruits pourris dans le pressurage, usage établi sur ce préjugé , que les pommes pourries améliorent la qualité du cidre j et ce ne sont pas seulement les simples cultivateurs qui sont imbus de cette croyance ; des hommes instruits et réfléchis la partagent ; nous voyons, en effet, dans les mémoires de la Société royale d’agriculture et de commerce de Caen, un savant naturaliste soutenir que , pour faire du bon cidre , il faut au moins un dixième de pommes pourries i. Puisque, comme nous venons de le faire remarquer, la proportion du sucre diminue dans les poires, à mesure que leur blessissement avance, on conçoit qu’il n’en doit plus rester que des traces lorsque cette espèce de fermentation alcoolique a fait plus de progrès, et que le fruit est entièrement pourri. Le jus retiré de pareils fruits n’a plus, en effet, qu’une saveur fade et détestable, qui donne au jus des bons fruits un goût de pourri, qui ne peut disparaître ni par la lermentation , ni par le remaniage , ni par le tems ; il empêche, en outre, le cidre de s’éclaircir, et agissant comme un levain acide, il en accélère l’acidification. Tout prouve que l’infériorité de beaucoup de cidres des environs de 1 Mémoires de la Société royale d’agriculture et de Commerce de Caen, t. 1, p* 1 — Obsetyations sur les commîtes à cidre, par M. Pe Brcbisson, de Falaise. — 229 Rouen , du pays d’Auge, et d’autres localités, est due en grande partie à l’emploi de fruits gâtés ou pourris. — Ce que nous venons de dire à l’égard de ces derniers , il faut également l’appliquer à ceux qu’on ramasse au pied des arbres, avant la récolte, et dont la chute prématurée est provoquée par plusieurs causes, comme de grands vents, la piqûre d’insectes , la surabondance des fruits sur les branches. Ces pommes ou poires tombées doivent être brassées à part, car elles donnent un jus de mauvaise qualité, qui tourne très-promptement à l’aigre. On ne saurait donc apporter trop de soins à séparer des bons fruits ceux qui sont pourris, piqués, ou qui sont tombés avant leur maturité. Nous nous bornerons à ces considérations , que le teins nous empêche de compléter, pour faire sentir combien la fabrication des cidres et poirés aurait besoin d’être améliorée dans nos pays, où son antiquité, cependant, aurait dû la dégager depuis long-tems des langes de la routine et de l’ignorance. Plus tard, dans un travail d’une étendue proportionnée à l’importance du sujet, nous examinerons cette industrie d’une manière plus large, et nous chercherons à démontrer les vices d’une foule de pratiques grossières auxquelles se livrent les habitons des paysdiffé— ïens où l’on s’occupe du brassage des fruits. DISCOURS PRONONCÉ IjV. 3 JUIN 1834 , A L’OUVERTURK DU COURS D’APPLICATION, fait a l’école de chimie de rouen. Messieurs, Examiner , sous le triple rapport de l’histoire naturelle, de la chimie et du commerce, les nombreuses matières premières, tirées des trois règnes, qui servent aux travaux du blanchiment, de la teinture et de l’impression des toiles, tel est l’objet du cours d’application que nous allons faire succéder au cours de chimie générale , terminé il y a peu de temps. Il n’est pas inutile d’entrer dans quelques développemens, pour vous faire sentir l’importance des leçons que nous devons consacrer à un sujet si propre à captiver l’attention de tous ceux qui se livrent à l’un ou l’autre des arts qui occupent le premier rang dans l’industrie de notre département. Les différens tissus, sur lesquels la patience de l’homme s’exerce pour les approprier à ses besoins , ne peuvent être dépouillés de leur couleur foncée naturelle , c’est-à-dire rendus parfaitement blancs, chargés ensuite de riches couleurs, et revêtus de brilla 113 dessins, que le caprice de la mode modifie de mille manières, q uc par l’emploi de procédés purement chimiques. Mais ceux-ci ne peuvent être exécutés sans le secours d’agens variés, de substance» — 23 i minérales et organiques, dont le choix est nécessairement subordonné à l’effet qu’il s’agit de produire. La connaissance parfaite de la nature et des propriétés de ces agens et de ces substances est donc une des premières conditions à remplir par celui qui veut en faire usage. On regarderait » comme un ignorant, disait Home, en 17 56 1 , le médecin qui » ne connaîtrait pas la composition des remèdes qu’il ordonnerait. » Pourquoi n’aurait-on pas la même idée de l’industriel qui em- » ploie des agens dont il ignore la nature ? » Néanmoins, bien que le simple bon sens indique aux manufacturiers la nécessité d’étudier avec soin les matières qu’ils mettent en œuvre, c’est généralement sur ce point qu’ils ont le plus besoin d’être éclairés. S’il est très-vrai que , depuis une trentaine d’années , les sciences , en pénétrant davantage dans les ateliers, aient communiqué une heureuse et nouvelle direction aux diverses branches de l’industrie, et affaibli considérablement l’empire que la routine exerçait sur les ouvriers, aussi bien que sur les maîtres, il faut reconnaître , toutefois , que nos fabriques , ou au moins le plus grand nombre d’entre elles, n’ont pas profité, autant qu’il était permis de l’espérer, des enseignemens de la théorie. La cause en est dans le petit nombre d’industriels véritablement instruits , et capables de saisir la portée des conseils que les gens de science leur adressent si généreusement. La plupart, en effet, de ceux qui se vouent à la pratique des arts chimiques, n’étudient nullement la science, qui seule peut leur faire entrevoir les améliorations utiles, et les mettre en garde contre les accidens qui, trop souvent, surviennent dans les opérations en grand. C’est un très-grand mal que ce défaut de connaissances chi— Cliques chez des hommes appelés chaque jour à les appliquer ; car, ou ils consomment leur activité en tâtonnemens stériles , en essais presque toujours ruineux , ou ils n’osent sortir du sentier tracé par la routine, de crainte de s’égarer, et, dès—lors, il n’y a Experiments on Bleaching, by Francis Home, l";>0 , j>. 9». — 232 — plus, pour eux, ni perfectionnemeus, ni progrès possibles. Aussi, comme, en industrie aussi bien que dans les sciences, celui qui n’avance pas recule nécessairement, il résulte que bientôt ils restent au-dessous de leurs rivaux, qui les écrasent en s’enrichissant. Ce qui manque surtout aux praticiens qui, comme les blanchisseurs , les teinturiers et les indienneurs, ont recours à l’emploi d’une foule d’ingrédiens de toute nature , c’est, ainsi que nous le disions tout à l’heure, une connaissance exacte des matières premières avec lesquelles ils opèrent. Certes, nous ne craindrons pas d’être démentis en avançant qu’il y en a bien peu qui puissent, à la première vue, distinguer nettement les divers produits chimiques si nécessaires à leurs travaux ; et, à plus forte raison , s’apercevoir de leur bonne ou mauvaise qualité ; et cependant, n’est-ce pas un point capital pour eux de savoir constater l’identité des mêmes corps, qui, souvent, en raison de légères différences dans leurs caractères extérieurs, portent des noms différens dans le commerce; apprécier leur valeur reelle, et découvrir leurs altérations, soit qu’elles viennent du hasard, soit qu’elles résultent de coupables pratiques ! Si, comme tout praticien le reconnaît , la purete et la bonne préparation des drogues influent, d’une manière si prononcée, sur les résultats qu’elles doivent produire dans les opérations auxquelles on les applique, pourquoi ne pas s’attacher avec plus de soin à l’étude de ces matières, et ne pas chercher à posséder les moyens simples et fidèles qui permettent de s’assurer de leur nature? Cependant, a chaque instant, l’industriel, en employant des substances qu’il a achetées de confiance, éprouve des pertes de tems et d’argent souvent considérables. Comptant sur un effet déterminé , il opère ses mélanges, manipule avec sécurité ; et , lorsqu’après plusieurs jours de travaux dispendieux , il attend I e résultat si désiré, il n’enregistre qu’un insuccès ! Parfois , 11 c soupçonnant pas la cause de ce revers, il recommence ses operations à diverses reprises, mais sans plus de bonheur, et ce n est — 233 — souvent que lorsqu’il a épuisé toutes les ressources de son esprit pour découvrir ce qui jette tant de perturbation dans ses essais, qu’il porte son attention sur les ingrédiens dont il s’est servi , et reconnaît alors, non par loi-même cependant, mais par l’entremise d’un chimiste, qu’ils étaient de mauvaise qualité ou mélangés de matières nuisibles. Le voilà donc instruit ; mais au prix de quels sacrifices !... Un examen de quelques minutes , à l’entrée des drogues dans ses magasins, lui eût pourtant évité tant de pertes et de désagrémens ! Obligé de s’en rapporter à la bonne foi de ses fournisseurs , le manufacturier, privé des lumières de la chimie, est ainsi exposé journellement à des mécomptes, car il est bien peu de produits qui ne soient dénaturés par l’addition de matières étrangères de moindre valeur. C’est particulièrement depuis l’époque du blocus continental, et le développement considérable de nos arts chimiques , que l’art de falsifier a pris plus d’extension. — De tout tems, il est vrai, il a existé des hommes dépourvus de tout sentiment généreux, qui ont sacrifié à leurs intérêts la fortune et même jusqu’à la vie de leurs semblables ; car , il est à observer que les drogues médicinales, les matières alimentaires les plus communes ont été et sont encore l’objet d’un honteux tripotage ; mais c’est surtout de nos jours, et ce n’est pas sans douleur qu’on est forcé de reconnaître ce fait, peu honorable pour notre siècle, que les sophistications sont devenues plus nombreuses et plus variées. Une concurrence illimitée, en avilissant le prix des marchandises, a singulièrement diminué les bénéfices des négocians; 1 exigence des consommateurs n’a fait qu’augmenter les embarras P de ces derniers ; et ceux d’entre eux qui n’avaient, pour résister aux séductions de l’or, aucuns principes solides de religion et de Morale, n’ont pas hésité à faire usage de moyens coupables pour se créer des chances plus favorables de fortune, enhardis encore dans 'urs criminelles pratiques par l’espérance de l’impunité, en empruntant aux connaissances chimiques des procédés plus sûrs, des 234 — fraudes plus difficiles à dévoiler que celles de leurs prédécesseurs. Mais si la science a fourni aux fripons des armes qu’ils ont tournées contre la société , elle a donné en même tems de nouveaux moyens de déjouer manœuvres , et ici, comme dans toutes les circonstances de la vie, le mal est contrebalancé par le bien. En raison de l’habileté que déploient ceux qui, par des motifs d’un sordide intérêt, dénaturent, à dessein , les substances qui servent journellement aux travaux des ateliers, les procédés de vérification et les essais analytiques ont dû recevoir plus de précision ; mais , par cela même, leur emploi nécessite plus d’instruction chez ceux qui ont besoin d’y recourir. Les caractères fournis par les sens sont insuffisans, dans le plus grand nombre des cas, pour déceler la fraude. Comment, en effet, sans faire usage des procédés que la chimie enseigne, reconnaître que les oxides de manganèse en poudre contiennent souvent plus de moitié de leur poids de substances minérales étrangères ? Que les jus de citron sont renforcés avec des acides sulfurique, hydrochlorique, acétique ou tartrique ? Que les chromâtes de potasse renferment plus ou moins de sulfate de potasse ou de chlorure de potassium ? Que les garances sont mélangées de sable, de sciure de bois , de poudre d’acajou, d’écorce de pin , etc. ? Que l’acide oxalique contient du sulfate de magnésie ? Que le sel d’oseille bi-oxalate de potasse est falsifié avec 1» crème de tartre bi-tartrate de potasse ? Que l’acide citrique est mélangé d’acide tartrique ? Que , sous le nom de potasse d.'Amérique, on donne des mélangés de sel de soude et sel marin, ou de soude de varech, color eS par le cuivre ? Que les fécules sont additionnées de plâtre , de craie, ou d ai- gile blanche ? Que le rocou contient souvent plus d’un quart de son poids de brique pilée ? Que l’indigo , surtout celui qui est en pousse, est alongé avec du sable , de la terre, de l’ardoise pilée , et autres substances semblables ? Que les chromâtes de plomb, en pâte et en pains , renferment ordinairement du sulfate de plomb, du sulfate de chaux , parfois meme de l’amidon ? Enfin, pour 11e pas trop étendre cette énumération de supercheries commerciales, que les cendres gravelées , qui, autrefois , constituaient l’alcali le plus pur, sont, aujourd’hui, le plus mauvais , par la grande quantité de sable et de brique meme qu’on introduit dans les lies de vin avant leur calcination !... Ce n’est donc qu’en empruntant à l’histoire naturelle et à la chimie des indications précises , que l’industriel peut se mettre à l’abri de la cupidité des marchands qui spéculent sur son ignorance , et éviter ainsi de contracter des marchés ruineux, qui, plus tard, l’entraînent encore dans des procès interminables , dont l’issue ne lui est pas toujours favorable bien que le bon droit soit de son côté. Le commerce a, en effet, des règles , des usages qui sont généralement à l’avantage du négociant, et dont celui-ci sait merveilleusement se servir au détriment du consommateur, qui, la plupart du tems , les ignore. Que de procès 11’avons-nous pas v us perdus devant les tribunaux de commerce, par des fabricans qui avaient été indignement trompés sur la qualité des drogues qu’ils avaient acceptées de confiance, par la seule raison qu’ils avaient reçu livraison conforme aux échantillons , sans elever de re clamations dans le tems prescrit par les lois qui régissent la matière ! Que d’autres ont eu le même sort, parce que les drogues, quoique reconnues de mauvaise qualité, ne pouvaient être réputées falsifiées à dessein ! Beaucoup de produits , par suite d’un vice de fabrication , ont souvent, en effet, une valeur très-médiocre, sans qu’on puisse — 236 — constater qu’il y ait eu falsification, c’est-à-dire addition de matières étrangères. Ainsi, les alcalis, les acides, le chlorure de chaux, la garance, l’indigo, etc., n’ont pas toujours la même richesse réelle, et, par conséquent, la même valeur vénale, sans qu’ils aient passé, pour cela, dans les mains des fraudeurs. Le marchand les livre de bonne foi, rassuré par le nom de celui qui les a fabriqués ; le teinturier ou le blanchisseur les achète également avec sécurité ; mais bientôt celui-ci reconnaît , à l’emploi , leur infériorité. Il n’est plus tems alors d’élever des plaintes les marchés ont été consommés ; tout s’est passé dans les règles ; il n’y a pas sophistication ; tout recours est désormais impossible ; il faut que l’acheteur subisse la peine de son inexpérience. C’est alors qu’il reconnaît l’importance de ces études qu’il a négligées ; qu’il éprouve le besoin d’apprendre ces moyens d’essai que les chimistes ont créés, et dont ils font usage dans les expertises auxquelles ils sont si souvent appelés. Il se promet de demander aux livres, aux cours publics, les connaissances qui lui manquent ; mais, entraîné par les soins de son établissement, absorbé par les affaires commerciales, il ne peut réaliser ses désirs , et il continue ses operations au milieu des craintes continuelles que lui inspire la mauvaise foi dont il a été si souvent la victime !... Il n’en serait pas ainsi cependant, si, mieux dirigé au début de sa carrière, il avait fréquenté les laboratoires de chimie , consacre quelques années à l’étude d’une science qui ne plaît pas moins à l’esprit, par ses nombreuses applications, que par l'exact'' lude qu’elle introduit dans l’exécution des procédés qu’elle éclaire, ou dont elle suggère l’idée. Quelle différence n’existe—t—il pas , en effet , entre un jeune homme qui entre dans un atelier , muni de toutes les ressources de la chimie, et celui qui n’en possède aucune notion ! Le premier saisit, en un instant, tous les détails des opérations, q ue ^ second peut à peine entrevoir en plusieurs mois ; l’un , s’appuya" — 237 tics données de la théorie , rectifie , améliore ce qui lui parait vicieux , médite sans cesse sur ces opérations, qu’il avait si habilement saisies, les rend plus économiques et moins compliquées ; il imprime enfin une heureuse direction à tous les travaux , et évite ces essais longs et dispendieux que nécessite la découverte de nouveaux procédés commandés par de nouveaux besoins ; l’autre, au contraire, obligé de se renfermer toujours dans le cercle tracé autour de lui par la routine , et semblable à un aveugle qui , connaissant bien un chemin , le parcourt avec l’assurance d’un homme clairvoyant, sans pouvoir cependant éviter les obstacles fortuits , et abréger sa roule, ne parvient à donner de l’accroissement à la fabrication qu’il conduit, qu’à la suite de tâton- nemens continuels et d’une décourageante alternative de succès et de revers. Mais, dira—t—on , les connaissances chimiques que vous préconisez tant, ne sont pas cependant d’une nécessité si absolue, pour diriger habilement une blanchisserie, une teinturerie, une fabrique d’indiennes , puisque nous voyons de nombreux établissemens de ce genre s’élever de tous côtés et prospérer, bien que leurs chefs n’aicnl jamais travaillé dans un laboratoire de chimie , ou suivi les cours, même en qualité de simples curieux. Il est bon de rappeler à ceux, trop nombreux encore, qui elèvent de pareilles objections, et s’appuient sur ces idées pour lle g'liger de donner à leurs enfans une instruction solide, que les 'adustriels qui ont changé la marche de nos ateliers, déterminé la dévolution qui s’est opérée depuis une vingtaine d’années dans nos dablissemens, et porté à un si haut degré de perfection certaines l’danches d’industrie , que ces industriels, disons-nous, étaient t°us des chimistes—praticiens forts distingués. Certes, on ne contestera pas les immenses services rendus par Home, Berthollet, Captai, Tennant, Bérard , Haussman , Hermbstaedt, Roard , ancroff, Oberkampf, Widmer, Welter, Dinglcr, Descroizilles, benjamin Pavie, Vitalis , De Labillardière , Esslinger, et tant — 238 — d’autres, qu’il serait trop long de citer. Qu’on regarde par qui sont dirigées les fabriques actuelles les plus renommées par la supériorité de leurs produits, ne reconnaîtra-t-on pas, dans leurs chefs ou dans leurs employés secondaires, des hommes très-versés dans les sciences exactes? Qui a porté si haut le renom de la fabrique de Jouy ? Qui niera la science de l’anglais Thomson, de Manchester, qui possède un des plus beaux établissemens de la Grande-Bretagne ? Qui contestera aux indienneurs et teinturiers de l’Alsace, de profondes connaissances chimiques, eux qui ont fondé, dans ces dernières années , une société scientifique dont les publications sont si remarquables sous le double rapport de la théorie et de la pratique ?... Non, il n’y a que l’ignorance ou la mauvaise foi qui puisse encore soutenir cette thèse que , sans chimie, on peut produire avec autant d’économie, de célérité et de perfection. Le blanchiment , la teinture, et l’art de peindre les toiles , ne sont que des applications de la chimie. Il est de toute évidence que, pour les exercer avec succès, il faut posséder les principes dont ces applications ne sont que la conséquence ; et que , plus on aura de connaissances dans la science qui les a produites, plus on aura de chances de l’emporter sur ses rivaux. S’il était nécessaire de soutenir ces propositions par de nouveaux argumens, nous n’aurions qu’à consulter l’histoire des arts dont il vient d’être question. Nous verrions que , d’abord réduits à un petit nombre de pratiques grossières, exécutées par des main* inhabiles, ils n’ont commencé à recevoir de développemens im" portans que chimie est venue leur prêter le secours de son flambeau, et que leurs progrès ont été continuellement sub' ordonnés à ceux de cette branche importante des connaissance 9 humaines. Qu’on observe , en effet, la lenteur avec laquelle ces arts, aujourd’hui soumis à des règles certaines, ont marché, tan* que la science n’a été guidée que par un empirisme aveugle- Q ue de teins n’a-t-il pas fallu pour arriver à l’application des lessives dans le blanchiment des tissus, pour la fixation des couleurs au moyen d’agens convenables ! Mais , après des siècles passés à construire l’édifice de la chimie, une ère nouvelle s’ouvre pour elle. Des hommes de génie, renonçant aux discussions scholastiques , pour se livrer exclusivement à l’observation , réunissent en corps de doctrine les faits nombreux recueillis par eux et leurs devanciers. Dans la direction qu’ils impriment à l’esprit humain , les decouvertes se succèdent sans interruption ; des principes féconds en jaillissent, et, dès ce moment, la pratique des arts s’améliore, le progrès s’introduit dans les ateliers, où le hasard était, jusqu’alors, la cause unique des perfectionnemens ; des merveilles , enfin , s’accomplissent, sans que leur succession paraisse devoir se ralentir jamais. Il fallait des années pour modifier un procédé ; il ne faut plus que quelques jours pour changer complètement un genre tout entier de fabrication. Des mois s’écoulaient avant qu’une pièce d’étolfe pût acquérir un certain degré de blancheur ; en peu d’heures, aujourd’hui, on lui fait subir toutes les opérations necessaires pour donner à ses fils un degré de blanc jusqu’alors inconnu. Quelques semaines suffisaient à peine, il y a encore peu d’années , pour revêtir le coton de diverses couleurs disposées symétriquement; maintenant, l’imprimeur, s’appuyant sur des Principes rigoureux, demande tout au plus la durée d’un jour pour varier à l’infini les nuances de ses tissus , et les décorer de dessins aussi délicats qu’éclatans ; il les détruit à volonté , sur les hssus même, et les remplace par d’autres, avec autant de facilite tpi’on pourrait le faire dans des expériences de laboratoire. Reconnaissons-le donc ; si l’industrie a fait, dans ces derniers teins surtout, des pas aussi grands dans la voie des progrès, c est à la chimie , dont le goût devient plus vif chaque jour, dans toutes les classes de la société , qu’il faut en imputer la part la plus glorieuse. Mais il est encore, il faut en convenir, bien des perfectionne- 240 — mens à apporter aux opérations de nos ateliers, bien des découvertes à faire, bien des essais à entreprendre , pour surmonter les difficultés qui surgissent à chaque instant dans l’application de toutes les idées théoriques que cette science fait naître. Le champ de l’inconnu est plus vaste que celui du connu. C’est une vérité qui, loin d’affaiblir le courage de ceux qui cultivent les sciences et les arts, doit exciter chez eux de nouveaux efforts. Il faut qu’ils multiplient les expériences, qu’ils recueillent avec soin les résultats qu’elles fournissent, qu’ils les comparent avec ceux obtenus par des procédés différens, et qu’ils soient assez sages pour ne tirer, de toutes les observations, d’autres conséquences que celles qui paraissent d’accord avec l’évidence et la raison. Cette marche lente, mais sûre, les conduira à soulever, de plus en plus , le voile immense sous lequel la nature aime à cacher ses secrets. Nous qui, par notre position , avons, pour ainsi dire, mission d’éclairer la route qu’il s’agit de frayer pour arriver à de nouvelles conquêtes ; qui, sentinelle avancée, devons signaler les écueils, indiquer les obstacles à renverser, et faire rentrer dans la bonne voie ceux qui paraissent s’en écarter, nous pensons qu’une des causes qui retardent le plus le développement de notre industrie rouennaise, source principale de la prospérité et de la richesse du pays, c’est l’ignorance des praticiens à l’égard des nombreuses matières qui servent journellement à leurs travaux. Pour contribuer, autant qu’il est en notre pouvoir, à faire cesseï un état de choses si fâcheux, nous avons cru qu’il ne suffisait pas d’appeler leur attention sur ce point, mais qu’il fallait leur procurer tous les renseignemens qui leur manquent, et, dans de 5 leçons publiques , leur présenter l’histoire complète de chaque substance , en l’envisageant tout à la fois comme naturaliste . chimiste et commerçant. Nous aurons donc, dans le cours que nous ouvrons aujourd’hui , non seulement à considérer les matières premières et le produits secondaires sur lesquels les fabricans exercent leur industrie, mais encore à décrire les procédés au moyen descjuels on les rend propres aux usages variés auxquels ils sont destinés. Ces matières sont de trois sortes les agens chimiques, les madères tinctoriales et les tissus. I. Les agens chimiques sont les substances à l’aide desquelles on produit des réactions déterminées, soit sur les tissus, dans l’intention de les blanchir ou de les disposer aux diverses opérations de la teinture; soit sur les matières tinctoriales, afin d’en isoler les parties colorantes, ou de modifier celles-ci ; soit enfin sur les tissus teints, afin de produire des changemens particuliers dan s leur nuance uniforme , et de créer alors des dessins de teintes variables. Ces agens chimiques sont, tantôt des corps simples, des acides, des alcalis, des sels, tantôt des matières provenant des végétaux ou des animaux, comme les gommes, les fécules, l’alcool, les huiles, l’urine, la bouse de vache , etc. La connaissance de leurs propriétés physiques et chimiques, de leur composition , est indispensable pour qu’on puisse bien comprendre la manière dont ils réagissent sur les couleurs et les tissus, et prévoir la série des phénomènes qu’ils font naître dans leur contact mutuel. Sans de pareilles notions, l’industriel se verrait, à chaque distant, arrêté dans ses opérations. Incertain du véritable rôle de ces agens , qui varie suivant les circonstances dans lesquelles °n les emploie, suivant aussi les matières avec lesquelles on les ^êle, il ne saurait, sans de longs et ennuyeux tâtonnemens^ choisir ceux qui offrent le plus d’avantages, tant sous le rapport de l’économie, que sous celui de la perfection, ni les doser convenablement. Et si, dans leur emploi, il survenait quelques uns de ces accidens inopinés, si fréquens dans la pratique, ces notions u i fourniraient encore les moyens de les faire cesser, d’en prévenir le retour, en lui apprenant les causes du mal. Il ne sera pas sans utilité de citer un fait entre mille, à l’appui 16 — 242 — le ces assertions. Nous l’emprunterons à l’histoire de l’indienne et de la teinture. Haussman , à rjui ces arts sont redevables de si notables perfec- tionnemens, avait, en 1773, à Rouen, dans le faubourg Saint- Hilaire et sur la petite rivière de Robec , un établissement où il préparait de très-beaux rouges d’Andrinople , et confectionnait des indiennes, dont les couleurs vives et brillantes rivalisaient avec celles de Schule, d’Augsbourg, dont les produits en ce genre étaient les plus renommés à cette époque. Ayant, quelques années après, transporté son industrie au Logelbach, près de Colmar, il éprouva les plus grandes difficultés pour teindre les mêmes rouges, quoiqu’il employât toujours les mêmes mordans. Possédant de profondes connaissances chimiques, Haussman ne tarda pas à trouver la cause de celte singularité. Il reconnut que la nature des eaux du Logelbach diffère beaucoup de celle des eaux de Rouen, en ce que ces dernières contiennent en dissolution du carbonate de chaux, dont les premières sont dépourvues. Partant de cetle idée, que la garance renferme un acide particulier qui s’oppose à la fixation intime de ses parties colorantes sur les tissus chargés d’alumine et d'oxide de 1er, il pensa que le carbonate de chaux des eaux de Rouen a pour effet utile de saturer cet acide , sans nuire à la matière colorante de la racine, et, par une conséquence toute naturelle, il songea à restituer aux eaux du Logelbach le sel qui leur manque, en introduisant dans les chaudières de teinture une certaine proportion de craie. Le succès confirma ces prévisions théoriques, et, dès-lors, il obtint des couleurs garan- cées aussi belles et aussi solides que celles qu’il avait préparées a Rouen. Cette particularité fut bientôt connue des autres indien- ncurs, qui profitèrent de la découverte de Haussman , et l’addition de craie aux bains de teinture a été continuée tant qu’on a fait usage des garances de l’Alsace 1 . * Lettre de J. *31. tlauasmair à Bcrtliollet, 23 juin 1701. Attestes de chi& lC > '243 — Que fut-il arrivé, cependant, si Ilaussman , dépourvu d’instruction chimique, n’eut pu découvrir la véritable cause de la mauvaise réussite de ses opérations au Logclbach ? Lne branche importante d’industrie eût été sans doute perdue pour les fabriques de l’Alsace, ou au moins eut été pour long-tems arrêtée dans sou développement. Nous pourrions multiplier les citations de ce genre ; mais ce qui précède suffira, je pense, pour corroborer les propositions qui ont été émises antérieurement sur la nécessité de connaître exactement la nature et les propriétés des agens auxquels on a recours pour les travaux du blanchiment, de la teinture et de l’indienne. II. Les matières tinctoriales sont les substances qui renferment; les principes colorans qu’on fixe sur les tissus. Les unes, en polit nombre, appartiennent au règne minéral; les autres sont des organes de végétaux, ou des parties qui en proviennent ; quelques unes sont fournies par le règne animal. Les principes colorans, renfermés dans ces substances organiques, y sont presque toujours accompagnés d’autres matériaux immédiats, qui rendent leur extraction plus ou moins difficile. Ce n’est que par une suite d’opérations, souvent assez compliquées, qu’on parvient à les obtenir dans leur état de pureté. L’eau pure ou additionnée d’acide °u d’alcali, l’alcool, plus rarement l’huile, sont les'dissolvans dont on fait usage dans ce but. TJne fois isolés des organes ou des matières qui les renfermaient, res principes peuvent servir à la coloration des tissus, soit par teinture, soit par application. Ces deux méthodes constituent deux arts distincts, qui s’exercent dans des ateliers differens. Par la première, la masse entière de l’étoffe est coloree d’une teinte uniforme , par les principes colorans que 1 on a dissous Préalablement dans un véhicule approprie, au moyen de procédés convenables , et que l’on fixe, si cela est necessaire , d’une — 244 — manière permanente, sur les fibres du tissu, à l’aide d’agensparticuliers qui prennent le nom de mordans. Par la seconde méthode, on préparé les étoffes par des applications de mordans appropriés , sur des points déterminés de la surface, et sur les mêmes points , on porte les couleurs convenablement épaissies , qui s’y fixent ; ou bien on empêche ces couleurs de se fixer sur certaines parties du tissu, au moyen de substances qui les repoussent, et que, pour cette raison , on désigue sous le nom de réserves ; ou, enfin, après avoir teint une étoffe d’une nuance uniforme, on détruit la couleur, sur des points déterminés, par le secours d’agens chimiques qui sont, en raison de leur action spéciale , appelés rongeans. III. Les tissus que le teinturier et l’indienneur recouvrent de si brillans ornemens, sont ces fibres textiles que l’esprit inventif de l’homme a su extraire du fruit du cotonnier, des tiges flexibles du chanvre et du lin , de la toison des animaux, de la coque du ver à soie, et qu’il est ensuite parvenu à réunir les unes aux autres par des moyens mécaniques assez simples, de manière à en faire des fils d’une longueur indéfinie, et, par suite, des toiles de toutes dimensions. Mais, dans l’état où ces fibres sont d’abord obtenues , elles se trouvent naturellement imprégnées ou recouvertes de matières qui sont absolument étrangères à leur contexture fibreuse, et qui nuisent aux qualités précieuses qui en font rechercher l’emploi. C’est ainsi, par exemple, que le coton qui, dans son état de pureté absolu, est parfaitement blanc , est enduit, dans son état brut, d’une matière resinoïde qui empêche son imbibition , et d’une matière colorante jaune ; que la filasse du lin et du chanvre, également blanche après sa purification, est unie sur la plante même à une résine, à une gomme et à une substance colorante verte, matière qui nesont détruites qu’en partie par le rouissage > — 245 — et qui donnent aux tissus tette teinte quelquefois grise, d’autres fois rougeâtre, qui les colore. La laine, telle qu’on l’obtient par la tonte des animaux , est souillée d’ordures et pourvue d’un enduit particulier de nature grasse , onctueuse, très-odorant, qu’on appelle suint. La soie brute, c’est-à-dire telle qu’elle est après que le liquide visqueux excrété du bombix du mûrier s’est solidifié dans l’air, est recouverte d’une matière à laquelle elle doit sa raideur, son élasticité et sa couleur. Cet enduit, appelé si improprement gomme ou 'vernis, consiste en un principe azoté, soluble dans l’eau, qui fait le quart du poids de la soie écrue, et en quelques autres matières huileuse, grasse et colorante , dont la proportion est d’ailleurs très-faible. Ces différentes substances, qui imprègnent ainsi les filainens du coton, du lin , du chanvre , de la laine et de la soie, altèrent singulièrement leur souplesse, sans rien ajouter à leur force ; elles masquent leur blancheur, et les rendent impropres aux diverses opérations de la teinture ou de l’application des couleurs, en s’interposant entre les principes colorans et les fibres, qui alors ne peuvent contracter cette union intime, si nécessaire pour que les tissus teints résistent à l’action destructive des agens extérieurs. Et si l’on ajoute à ces substances étrangères naturelles celles qu’on y a introduites à dessein , soit pour les filer, soit pour les tisser, ou, enfin, celles qui s’y sont accidentellement fixées, telles que graisse ou huile, colle des tisserands, crasse des mains, savon calcaire, oxides métalliques, matières terreuses, on sentira toute l’importance des diverses opérations dont l’ensemble porte le nom de blanchiment, et qui varient nécessairement avec la nature du hssu qu’on y soumet. Les tissus ne diffèrent pas moins les uns des autres, par leur constitution chimique et leurs propriétés physiques, que par la Manière dont ils se comportent avec les matières colorantes. Ainsi -, tandis que la laine et la soie manifestent une assez grande affinité 2 4 & — pour ccs matières, le coton, et surtout le chanvre et îe lin, ne montrent que très-peu de tendance à s’y unir. Quelques uns , en effet, des principes colorons qui teignent solidement les deux premiers tissus, sans aucun apprêt particulier, tachent à peine les Ids des trois derniers. Les manipulations que l’on doit faire subir aux uns et aux autres, pour les charger de couleurs solides, les agens chimiques qu’il faut employer pour déterminer leur union avec les matières colorantes, varient donc encore pour chaque espèce de tissu. Ces considérations démontrent suffisamment, je pense , la nécessité d’étudier avec autant de soin les tissus, que les agens chimiques et les matières tinctoriales dont nous avons parlé précédemment. Les objets qui doivent composer le cours d’application de cette année sont donc nombreux et de la plus haute importance pour vous , Messieurs, qui, placés au milieu de 1 industrie la plus active , devez un jour y prendre part et l’eclairer par vos découvertes . Afin de rendre plus profitables les notions que nous croirons devoir donner sur chaque matière en particulier, nous avons formé, dans notre éeole, une collection d’échantillons prélevés sur toutes les marchandises qui arrivent sur la place de Rouen, et que nous avons étiquetées des noms en usage dans le commerce. Cette collection, pie nous mettrons tous nos soins à compléter, sera, pour ainsi dire, le noyau d’un Musée industriel, dont la création nous préoccupait depuis long-tems , et qui se formera bientôt, nous l’esperons, sous les auspices d’une société dont 1 e but est l’avancement de l’industrie rouennaise la Société M> re d’Emulation de Rouen Dans nos leçons, que nous rendrons aussi élémentaires q llC possible , pour que le plus grand nombre en profite, nous serons sobres d’érudition, et nous sacrifierons souvent les brilla' 1105 conceptions de la science aux détails de la pratique. Nous insude- — 247 — rons sur les caractères distinctifs de chaque substance , sur les procédés à suivre pour constater sa bonne qualité, et afin de mieux graver dans vos esprits les signes auxquels on peut reconnaître cette dernière, lorsqu’il s’agit surtout d'une matière végétale ou animale , nous présenterons comme terme de comparaison un échantillon de qualité inférieure, en faisant ressortir les inconvé- niens qu’il y aurait à en faire usage. L’ordre que nous suivrons est extrêmement simple. On en jugera par le tableau suivant, dont l’inspection nous dispensera de tout développement. Etude des substances employées dans les ateliers de blanchiment, de teinture et d'impression , envisagées sous le triple rapport dt la chimie, de Vhistoire naturelle et du commerce. I er . SUBSTANCES TIREES DU REGNE INORGANIQUE. Eau. Corps simples non métalliques. Soufre. Chlore. Iode. Alcalis. Potasse. — Soude. Chaux. — Aunnomatjue. carbonates. Essais alcalimctriques. Lessives. Acides. Sulfurique. — Sulfureux. x Hydrochlorique. — Nitrique, Eau régale. Essais acidimétriqucs. Chlorures d’oxides. De chaux. — De jiolassc. De somle. — De magn&ie. Clilorometric. — 2U — Métaux et leurs composés. A. Sels terreux et alcalins. Nitrate, chromâtes , arséniales , oxalale , tar- trate, ferrocyanate , etc., de potasse. Sel marin, borax, nitrate de soude. Sel ammoniac, carbonate d'ammoniaque. Aluns, acétate, nitrate, hydrochorate d'alumine. B. Oxides de manganèse. Leurs essais. Hydrochlorate, sulfate de manganèse. C. Fer. Sulfates couperoses, nitrates, acétates, bleu de Prusse. D. Zinc. Sulfate, nitrate, hydrochloralc. E. Étain. Chlorures, sulfates. F. Arsenic. Acide arsénieux, sulfures. G. Cuivre. Sulfates, acétates, nitrate, arsénUe. H. Plomb. Oxides, nitrate, acétates, chromâtes. I. Mercure. Nitrates, chlorures, iodurcs. J. Azur. Bleu-Guimet. Terre de pipe. 2. SUBSTANCES TIREES ©U REGNE ORGANIQUE. A. Agens chimiques. Acides acétique, oxalique , tarlrique, citrique. Jus de citron. Gommes. — Fécules. Alcool. — Huiles et graisses. Savons. — Gélatine. Urine. >— Bouse de vache. — Fiel de boeuf. Son. Suie. B. Matières tinctoriales. Fournissant des couleurs bleues Tournesol. — Indigos. — Pastel. _Youèdc. — 249 — Fournissant des couleurs rouges Garances. Ratanhia. — Orcanettc. Bols de Brésil. — Campèche. Santal. — Safranum. Laque. — Lac-dye. — Lac-lake. Orseîlle. — Cochenille. —. Kermès. Fournissant des couleurs jaunes Curcuma. — Fustet. Quercitron. — Bois jaune, Gaude. — Sarrctte. — Genêt. Camomille. — Rocou. — Fenugrcc. Graines de Perse et d’Avignon. Fournissant des couleurs brunes ou noires Noix de galle.— Sumacs. Brou de noix. — Bablah. Cachou. — Ecorce d’aunc. C. Substances composant les fils et tissus Coton. Lin. Chanvre. Laine. Soie. RAPPORT — SUR UN CAFÉ AVARIÉ PAR L’EAU DE MER, ET LIVRÉ A LA CONSOMMATION, ADRESSÉ A M. HENRY BARBET, MAIRE DE ROI'EN , LE i J AOUT lSVi Le 7 août, AI. Henry Barbet, maire de Rouen , m’adressa la lettre suivante Monsieur, >• J’ai l’honneur de vous adresser un échantillon de cale que » je vous prie de vouloir bien analyser. On suppose que ce café, avarié dans le fond d’un batiment doublé en cuivre , est » imprégné de vert-de-gris, et pourrait être funeste aux pcr- » sonnes qui en feraient usage. Je vous serai infiniment obligé » de me faire connaître , le plus tôt possible , le résultat de votre » analyse, afin qu’on prenne les mesures convenables pour » empêcher la vente de cette denrée. » Agréez, je vous prie, Monsieur, l’assurance de ma consi" » dération très-distinguee. » Le maire de Rouen, ». Hy BARBET. »> 1 Inséré dans la calnrr de la Séance publique de la Société libre d'Érnulatio» • r*» 11 » 1 83 J , p. l 7 1 , cl dans les Annales d’J/rgiènc publique et de médecine légale 1 1 ' 11 J 1 ' * * ' année 1S31. à — 251 — Voici le rapport que je lis parvenir, quelques jours après, a cet honnorakle magistrat Monsieur le Maire , Par une lettre en date du 7 août, vous m’avez chargé d’examiner un échantillon de café avarié, qu’on suppose être imprégné de vert-de-gris , par son séjour dans le fond d’un batiment doublé en cuivre. Un échantillon de pareil café m’avait ete remis quelques jours avant la réception de votre lettre, parM. le docteur Avenel, secrétaire du Conseil de Salubrité, et j’en avais déjà commencé l’examen. Je vais avoir l’honneur de vous communiquer les résultats des recherches que j’avais entreprises dans l’intention de vous en faire part. Le café dont il est ici question est en grains de grosseur variable, parmi lesquels il s’en trouve beaucoup qui son aplatis ou à moitié déchirés. Ces grains offrent à l’extérieur une couleur d’un brun noirâtre, et à l’intérieur une couleur verdâtre. Ils exhalent une odeur de moisi ; leur saveur est comme savonneuse et ne rappelle que très-difficilement celle du bon café. Grillé à la manière ordinaire, il ne répand point cette odeur balsamique connue de tout le monde, et qui est propre au café bien conservé. Ses grains, loin de devenir huileux et brillans par la torréfaction, restent secs et ternes ; refroidis, leur odeur s e rapproche beaucoup île celle du jus de réglisse, dont ils ont d’ailleurs la couleur. Non grillé, il communique à l’eau bouillante une teinte brunâtre. La décoction, qui est très-louche et qui fdtre difficilement, n ’a point de saveur amère, ni d’odeur sensible quand on en l-dsse un peu dans la bouche pendant quelques instans, il semble *[u on goûte une légère dissolution de savon. La couleur de cette décoction 11e change pas au bout de quelques jours. kc bon café, au contraire, donne une décoction d’un beau — 252 jaune doré, possédant une saveur faiblement amère et herbacée , et une odeur légèrement aromatique. Au bout de douze heures, la couleur de celte décoction devient verte et reste parfaitement claire. Le café avarié, grillé convenablement et mis à infuser, colore l’eau en brun clair. Cette liqueur n’a ni le parfum, ni la saveur du bon café qu’on sert sur nos tables. C’est à peine si l’on peut y retrouver quelque chose qui rappelle le goût de ce breuvage si estimé. La décoction de ce cale a cte soumise, comparativement avec celle du café vert de la Martinique, à l’action d’un assez grand nombre de réactifs. Je ne mentionnerai ici que les réactifs qui ont produit des résultats tranchés. J’observerai que c’est avec le café non grillé que j’ai expérimenté. Action de quelques réactifs sur les décoctions Du café Martinique * Du café avarié. Potasse caustique. La liqueur prend une couleur orange ou de gomme gutte , puisse trouble sensiblement. La liqueur n’éprouve pas de changement sensible ; elle précipite seulement, à la longue, quelques légers flocons. Eau de chaux. Elle prend une couleur jaune intense. Rien. Acétate de plomb. w Précipité floconneux, abondant, d’un beau jaune. Précipité floconneux, abofl" dant, d’un blanc grisâtre* Sulfate de protoxide de fer. La liqueur prend une couleur verte très -intense, mais ne se trouble pas. Trouble d’un brun verdâtre» un peu opalescent. Perchlorure de fer. Elle prend une couleur d’un vert foncé tirant sur Je noir et qui se fonce de plus en plus, Précipité floconneux, bru-* nâtre f qui ne tarde p as a sc rassembler au tond de la liqueur décolorée. — 253 — Sulfate de cuivre . Protochlorure d’étain. Protonitrate de mercure . Gélatine. Nitrate d'argent. Chlorure de barium. Acide oxalique. Hydrogène sulfuré. Elle prend une belle couleur verte qui se fonce par l'addition du réactif, sans se troubler. En ajoutant ensuite de l’ammoniaque, il se fait un précipité de couleur pistache. Précipité blanc jaunâtre , floconneux. Précipité jaune, floconneux. Rien. Trouble léger qui peu-à— peu augmente et donne lien à un faible précipité soluble dans l’ammoniaque. Léger trouble. Précipité blanc, très-léger au bout d’un certain tems. Décoloration de la liqueur. Précipité vert-brun, floconneux, abondant. Par l’addition de l’ammoniaque , le précipité augmente et acquiert une teinte verdâtre. Précipité grisâtre, floconneux , abondant. Précipité blanc, floconneux. Trouble léger. Précipité blanc, floconneux abondant, soluble dans l’ammoniaque. Léger trouble. Précipité blanc , beaucoup plus abondant au bout de quelque tems. Décoloration de la liqueur sans aucun trouble. Cyano-ferrure Rien. Rien. de potassium. Les essais précédons m’indiquaient que le café avarié avait éprouvé une assez forte altération dans sa constitution chimique. Dans l’intention de constater jusqu’à quel degré cette altération était parvenue , j’en ai traité une assez grande quantité par l’eau bouillante à diverses reprises , afin de l’épuiser de toutes les matières solubles. 11 n’a perdu, par ce traitement, que 12 pour 100 de son poids. Les liqueurs réunies et concentrées ont été zélées avec un léger excès d’acétate neutre de plomb , qui îl produit un abondant précipité brun. Après la filtration, j’ai h — 234 — fait passer dans la liqueur un courant d’hydrogène sulfuré ; puis, après l’avoir filtrée de nouveau , je l’ai fait évaporer à une douce chaleur, jusqu’à consistance presque sirupeuse, et l’ai abandonnée pendant deux jpurs. Il ne s’est point déposé de cristaux de caféine, et, quelque soin que j’aie mis à répéter et varier les divers procédés qui ont été indiqués pour la séparation de ce principe immédiat, je n’ai pu en découvrir aucune trace. L’absence totale de celte substance dans le café avarié qui fait le sujet de ce rapport, est un fait assez curieux qui démontre l’intensité de l’altération qu’il a subie par l’action prolongée de l’eau de mer. Voulant m’assurer si la coloration verte de ce café était due, comme vous le supposiez, Monsieur le Maire, à la présence d’un sel de cuivre , j’en ai incinéré 100 grammes dans un creuset de platine ; cette quantité de café m’a donné 9 grammes ig5 milligrammes de cendres peu alcalines, auxquelles l’eau a enlevé une proportion assez notable de chlorure de sodium sel marin , de sulfate de potasse et de chlorure de calcium. Le résidu , insoluble dans l’eau, a été soumis à l’action de l’acide nitrique, qui l’a dissout presque en totalité avec effervescence , en se colorant fortement en jaune. Cette dissolution, neutralisée par l’ammoniaque , produisit un précipité bleu très-abondant par le cyano—ferrure de potassiun prussiatede potasse ferrugineux. Une portion sursaturée par l’ammoniaque a donné un précipité floconneux, abondant, consistant principalement en phosphate de chaux et oxide de fer. La liqueur surnageant le précipité était incolore. Elle ne précipitait ni par l’arsénite de potasse, la potasse caustique , ni par le cyano—ferrure de potassium et les sulfures alcalins ; elle ne déposait rien sur une lame de fer et un cydindre de phosphore, même au bout de quarante-huit heures. Ces résultats négatifs indiquent bien l’absence du cuivre dans ces cendres, et par suite dans le c a * e avarié. Je ne quitterai point ce sujet sans faire observer que ce café avarié donne beaucoup plus de cendres que les diverses espèces de café du commerce. Celles-ci ne m’ont fourni, terme moyen, que 5 à 6 pour ioo de cendres très-alcalines. J’ajouterai qu’il est peu de matières végétales qui donnent des cendres aussi riches en fer que le café. J’ai retiré jusqu’à un centième d’oxide de fer de ses cendres. Cadet, dans son mémoire sur le café {Annales de Chimie, t. 58, p. 266 , a signalé, le premier, l’existence du fer dans celte semence ; mais il n’a pas remarqué la proportion assez considérable dans laquelle il s’y trouve. De tout ce qui précède , on peut donc conclure, Monsieur le Maire, que le café avarié par l’eau de mer i° Est profondément altéré dans sa constitution chimique, puisque plusieurs des principes immédiats contenus dans la semence du café ne s’y trouvent plus, et que les autres ont éprouvé des modifications telles qu’ils ne présentent plus, avec les réactifs, les caractères qui leur sont propres 1 ; 1 11 ne sera peut-être pas sans interet le faire connaître ici la composition chimique du afé. Celte semence a clé l’objet de beaucoup d’expériences. Un grand nombre de chimistes °nt contribué à nous éclairer sur sa véritable nature. Je citerai surtout Botirdclin , Neu- ^tann, GeoftVoy, Dufour, Kruger, "'S^estfcld, Ryliiner Journ* dephysiq., anl778; Scbrader, Chrnevix {Ann. de chim., t. 43, p 326; Herman {Ann. de Crell., l800,t. 3, P* 108 ; Gmelin , Cadet Ann. chim., t. 58 , p. 286 ; Payssé ibid., t. 59 , p. 106- af 3 ; Grindel {ibid*, t. 78, p. 205 , et JUblioth. médic., t. 30 , p. 411 ; Seguin Ann* c him., t. 92, p. 5 ; Brugnatelli ibid., t. 95, p. 299 ; Rcuss Journal depharm., t. i, P* 5i 1 ; Runge , llobiquet Dictionn* technolog t. 4 , p. 30 ; Pelletier et Caventou Diction, de médecine, en 18 vol., cbex Béchet, article Café; Pelletier {Journ. de pharm., *• 12, p. 229, et Journal de chim. médic., t. 2 , p. 294 j Garot {ibid., t. i 2 , p. 234 j Pfaff c ité par Berzélius , Traité de chimie, t. 6 , p. 308 ; Sarzeau {Journ. de pharm., *• 16, p. 510, etc. On peut conclure de leurs travaux, entrepris sous des points de vue souvent tres-diffé» , que le café vert, c’esl-à-dire non torréfié, contient On principe amer soluble dans l'eau , Oc la gomme, en assez grande proportion, Oe la résine, Ou tannin, en petite quantité, ^-ne matière colorante verte, Oe l’apothème, O* l'albumine végétale , T n principe aromatique soluble dans Tenu, — 250 2° Qu’il ne renferme aucun sel de cuivre, ni aucun autre composé métallique vénéneux. La couleur verdâtre qu’il présente dans l’intérieur de ses grains ne peut être attribuée, d’après cela, à la présence d’un sel de cuivre, comme on pouvait le croire au premier abord, en s’appuyant surtout de cette idée que ce café avait séjourné pendant plus ou moins de tems dans la cale d’un navire doublé en cuivre. Cette couleur me paraît due à une moisissure analogue à celle qui se manifeste dans un grand nombre d’autres matières De l'huile volatile, en petite quantité, Une huile incolore, legerement âcre et d'une saveur bien prononcée de café vert v Une matière grasse concrète, De la caféine, Du sucre, en petite proportion , De l'acide cafcique, Des caféates de chaux, de magnésie, d'alumine et de fer. Des phosphates de chaux, de magnésie, de fer et de manganèse, Du sulfate de potasse et du chlorure de potassium, Du cuivre, dans un ctat inconnu, les huit millionièmes du poids, De la libre végétale. Parmi ces substances , la plus curieuse , sans contredit, est celle qui a reçu le nom dn caféine. C'est un principe neutre, cristallisable en jolies petites aiguilles soyeuses et incolores , sans odeur, d'une saveur très-faible, légèrement amère et désagréable, soluble dan» l’eau. Elle renferme 20,$ pour 100 d’azote; c’est donc parmi les principes immédiats orga - niques un des plus azotes, et cependant sa dissolution n'est nullement putrescible. La caféine ne parait contribuer que pour une bien faible part aux propriétés économiques et médici*’ □aies du café. Quant à l'acide caféique, découvert par Pfaff, il parait que c’est lui qui, lorsqu'il e** en partie altéré par la chaleur, communique au café grillé l’odeur et la saveur caractéristique* que les gourmets cherchent avec tant de soin à y développer. Dans l’énumeration des principes du café, nous avons indiqué le cuivre. Ce métal y es* en si faible proportion, que ce n’est qu’en agissant sur une forte quantité de semences qu’on peut en constater la presence. C’est à JVI. Sarzeau qu'on doit la connaissance de ce fait curieu** entrevu d’abord par Meissncr. Le café n’est pas d'ailleurs la seule matière qui renferme d l cuivre j ce métal parait etre un des élémens ordinaires des végétaux et des animaux; semble y être à l’état de phosphate, accompagnant les phosphates de fer et de mangane* 15 qui se retrouvent dans les cendres de presque toutes les matières organiques. M. Sarz** tt s'est assuré que le marc de café contient la même quantité de cuivre que le café entier» ce qui démontre que la boisson servie sur nos tables ne renferme aucune trace de ce métal» ** présence, au reste, dans cette boisson, ne devrait éveiller aucune crainte, en rais* 1 ^ e l'inappréciable proportion qui pourrait s'y trouver. Dans nos essais sur le café avarié, nous n’avons point constaté la présence du cuivre dan* les cendres, en raison de la petite quantité de graines sur laquelle nous avons opère. Cett quantité, toutefois , était suffisante pour que nous pussions retrouver le cuivre q l piovenu d’un sel cuivreux introduit accidentellement dans ce café comme on 1* *nPP° d’après sa couleur verdâtre. — 257 — organiques altérées spontanément, le pain entre autres, ou plutôt à cette modification particulière qu’éprouve, sous l’influence simultanée de l’àîr et de l’humidité, la w matière extractive jaune du café , qui acquiert si facilement une teinte verte. Puisque ce café avarié ne contient aucune substance métallique vénéneuse , il semble que son usage ne peut porter préjudice à la santé de ceux qui en font usage. Sans doute, l’emploi de cette substance ne saurait développer dans l’économie les désordres qui constituent essentiellement l’empoisonnement ; mais ne pourrait-il pas, cependant, faire naître quelques troubles, des indispositions mal caractérisées, par cela seul que cette substance a subi une modification si notable dans sa composition ? Il n’est pas nécessaire que des alimens contiennent des matières vénéneuses proprement dites pour qu’ils produisent des accidens fâcheux par leur usage continuel. Le pain moisi , les farines avariées , les sucres ou cassonades détériorés, les viandes corrompues, etc., ne sont certainement pas des poisons, et cependant on en défend l’usage depuis que l’expérience a démontré leur fâcheuse influence sur la santé de ceux qui s’en nourrissent *. D’ailleurs, en admettant pour un instant que le café avarié ne renferme aucune matière capable de nuire à l’économie animale, on peut demander si des marchands ne sont pas répréhensibles de mettre en vente, quoiqu’à des prix très-bas, une substance altérée qui n’a plus de rapport avec celle dont elle porte le nom ? La question acquiert une plus grande gravité, quand on apprend que des épiciers qui achètent ce c afé avarié à vil prix , le mêlent en proportions assez fortes avec le bon café, qu’ils vendent, tout grillé et moulu, au prix- courant de cette marchandise. Je tiens d’un épicier que les individus de sa profession qui ne se piquent pas de loyauté, 1 Oq peut voir dans les ouvrages de médecine beaucoup de faits p. 122 , 1831 , etc. '* — 258 — Introduisent habituellement une partie de ce café sur cinq à six de café ordinaire dans leur brûlée c’est le nom qu’on donne , dans le commerce de l’épicerie, à chaque opération de torréfaction du café. 11 y a donc évidemment dol, falsification d’un produit de consommation journalière. Quand on songe , Monsieur le Maire, qu’il n’y a peut-être aucune des substances servant à l’alimentation de l’homme, qui ne soit ainsi plus ou moins altérée , depuis celles exclusivement réservées à la table des riches jusqu’à celles qui n’ont pour consommateurs que les pauvres, on n’est plus aussi surpris et de ces fortunes rapides de certains commerçans, et de la fréquence de ces indispositions, de ces maladies même qui se développent spontanément, sans causes apparentes, sur un grand nombre d’individus de toutes classes 1 . Si, dans les circonstances ordinaires, on doit veiller sévèrement à la bonne qualité des alimens vendus au peuple , il faut, dans les tems de grande calamité, et lorsqu’une épidémie meurtrière a laissé des traces nombreuses de son passage, redoubler de rigueur envers les marchands assez criminels pour sacrifier la santé de leurs concitoyens à leurs avides spéculations. S’il m’est permis, Monsieur le Maire , de tirer une conclusion des considérations que je viens d’avoir l’honneur de vous soumettre , je crois qu’il est urgent de faire saisir les cafés avariés qui se trouvent en abondance chez tous les petits épiciers de la ville et des faubourgs, par suite d’une vente considérable qui en a été faite dernièrement au Havre , et de poursuivie devant les tribunaux les négocians qui se livrent à ce honteux trafic. Recevez, Monsieur le Maire, etc. J. GIRARDIN. * U n'y a aucune exagération danj ce que nous disons ici relativement aux fraudes qu’o fait sabir nul matières alimentaires. Les vins , les cidres , les vinaigres , les eaux-dc-v' > les huiles, le lait, les sucres, le beurre, le chocolat, les diverses sucreries , les farines, '• fécules , le pain , etc., tout est dénaturé avec une effronterie inconcevable. Les autorités n sauraient veiller avec trop de soin à cette partie si importante de la salubrité publique. RAPPORT SUR UNE POUDRE DESTINÉE A REMPLACER LE CAFÉ, ADRESSÉ A M. HENRY BARBET, MAIRE DE ROUEN, LE 7 MAI 1835 *. -—»C M Le 22 avril, M. le maire de Rouen m’adressa la lettre suivante Monsieur, » Un sieur Semelagne, rue Bourgerue, n° 6 , prétend avoir » trouvé le moyen de faire, avec des graines indigènes, une » poudre qui peut remplacer le café. » J’ai l’honneur de vous en transmettre un échantillon , en » vous priant de vouloir bien en faire l’analyse, et me faire » connaître s’il n’y aurait point d’inconvénient à en permettre la » vente. » Agréez, etc. >> Le Maire de Rouen , » JOURDAIN, adjoint. » 1 lustre dans le caliier de la Séance publique de la Société libre d'Emulation Rouen l»t>ur 1834 ; et dans 1rs Annales d' Hygiène publique et de médecine légale • t. • } i >• ? janvier 1834, p. 260 — Voici le rapport pie je transmis à ce magistrat, le 7 mai suivant Monsieur le maire. J’ai soumis à l’analyse la poudre que vous m’avez envoyée, et qui est destinée à remplacer le café. Voici l’exposé du travail que j’ai entrepris pour en connaître la nature. Cette poudre offre la couleur et le grain du café ordinaire moulu ; mais son odeur et sa saveur sont loin de rappeler cette substance. L’odeur en est très—faible et analogue à celle des matières végétales grillées sa saveur est légèrement amère ; en se délayant dans la salive , cette poudre la rend épaisse et comme pâteuse. Pressée entre du papier brouillard , elle n’y forme aucune tache huileuse ; elle est très-sèche au toucher. Sur les charbons ardens, elle brûle en répandant une fumée nullement aromatique. Mise en infusion dans l’eau bouillante, elle communique à celle-ci une couleur rouge-brun très-foncé, une saveur amère non désagréable, mais sans aucun bouquet. Cette liqueur ne pourrait remplacer le café pour les personnes habituées à l’usage de cette boisson , car c’est tout au plus si elle se rapproche d’une décoction de marc de café bien épuisé. Une partie de l’infusion rapprochée en consistance d’extrait, a donné une substance solide, noirâtre, insoluble dans l’alcool, consistant, pour la plus grande partie, en gomme et en matière extractive colorée , auxquelles était uni un peu d’acide qu’on a regardé comme de l’acide acétique. Une autre portion de l’infusion , soumise à l’action de quelques réactifs, s’est comportée de la manière suivante Acétate neutre de plomb - Rien. Sous-acétate de plomb .Précipité floconneux, blanc grisâtre, abondant ; la liqueur reste colorc'c malg re l’cxccs du réactif. — 261 — Gclatinc . La liqueur ne se trouble qu’au bout de quelques heures, et donne alors un léger précipité grisâtre. Pcrchlorure de mercure .Trouble loger au bout de plusieurs heures. Potasse caustique . Rien. ' Acide sulfurique concentré.. Rien. Sulfate de protoxide de fer.. Rien. Pcrchlorure de fer . Rien. Alcool rectifié. . ... La liqueur devient lactescente et laisse déposer lentement une matière brune en se décolorant. Cette matière, examinée à part, offre les caractères d’une gomme, associée à une substance extractive altérée qui paraît se rapprocher de ce que Fourcroy nommait extractif oxide, et que Berze- lius appelle apothème. L’alcool surnageant le précipité , étant rapproché , présente des indices d’une matière sucrée. La poudre de café indigène que nous examinons , mise en digestion dans l’alcool à 36°, colore celui-ci en rouge—brun ; cette teinture devient lactescente par l’addition d’eau, et donne, par l’évaporation , une matière résineuse qui cède à l’eau bouillante une certaine quantité d 'apothème. La poudre, épuisée par l’alcool, a été traitée par l’eau bouillante aiguisée d’une petite quantité d’acide nitrique. La liqueur colorée en jaune-brun précipitait en blanc sale , par l’alcool rec- tilié et l’ammoniaque. Décolorée par le moyen du charbon , et rapprochée à la moitié de son volume, elle prit une couleur bleue assez foncée, par l’addition de quelques gouttes de solution d’iode. Chauffée fortement dans un tube à calcination , dans le haut duquel on avait placé un papier de tournesol bleu, et un autre teint en rouge par les acides , cette poudre, en se décomposant, donna des vapeurs qui ramenèrent sensiblement au bleu le tournesol rougi. Incinérée dans un creuset de platine, elle laissa une cendre — 262 — grise légèrement alcaline , dans laquelle on reconnut la présence de carbonate de potasse, de phosphates de chaux et de magnésie, de silice et d’une trace de fer. Les essais les plus minutieux ne purent y faire découvrir aucuife substance métallique nuisible. Il résulte des recherches précédentes que la poudre du sieur Scmclagne est celle d’une substance végétale légèrement azotée ; Que cette substance, qui renferme de l’amidon, de la gomme, une résine, des phosphates, doit être la semence d’une plante céréale ; Que cette poudre ne contient d’ailleurs aucune matière qui puisse nuire à la santé. En raison de la nature de cette poudre, je crois, Monsieur le Maire, que vous pouvez, sans aucun inconvénient, en permettre la vente , sous le nom de café indigène, en astreignant toutefois le fabricant à cette condition, de ne rien ajouter à sa composition et de ne la modifier, de quelque manière que ce soit , sans vous en avoir prévenu, faute de quoi son autorisation lui serait retirée. Pour etre assure que le s eur Semelagne se conformera à celte clause, je pense qu’il sera convenable de faire prendre chez lui, de tems à autre, des échantillons de son café , pour qu’on puisse s’assurer s’il le prépare toujours de la même manière. Vous aurez ainsi la garantie que cette personne n’abusera point de votre autorisation pour mettre en circulation des produits nuisibles ou insalubres. Désirant connaître quelle était la semence céréale employée par le sieur Semelagne pour la confection de son café , j’ai pousse mes essais plus loin que cela n’était nécessaire pour éclairer votre religion. Je vais vous faire connaître les résultats de ces nouvelles recherches. A l’époque du blocus continental, la privation des produits de nos colonies engagea beaucoup de savons et de spéculateur» — 263 — à rechercher dans les produits de notre sol des succédanées aux matières alimentaires que l’habitude rendait indispensables à la majeure partie de la population. Le sucre et le café occupaient le premier rang sous ce rapport ; aussi le gouvernement ne négli- gea-t-il rien pour seconder les tentatives qui, de tous côtés, furent entreprises pour découvrir les moyens de remédier à la disette de ces deux substances alibiles. Le miel, le sucre et le sirop de raisins , le sirop de pommes et de poires, le sucre de betteraves , ne tardèrent pas à remplacer, sinon à faire oublier, le sucre des colonies, et cette substitution devint, pour beaucoup de départemens, et notamment pour ceux du nord et du midi de la France , l’occasion d’un développement industriel qui porta par la suite d’heureux fruits. On ne fut pas aussi heureux pour le remplacement du café, car si l’on parvint facilement à donner à beaucoup de substances végétales brûlées l’aspect de cette poudre si recherchée, on ne put jamais trouver une matière qui réunît à ses caractères extérieurs l’arôme et la saveur délicieuse qui font de la fève d’Arabie un breuvage de prédilection pour toutes les classes de la société. Bien des semences et d’autres organes de végétaux ont été tour-à-tour essayés pour cet usage. Je citerai entr’autres , Parmi les graines , Celles du glaïeul, vulgairement iris des marais, flambe bâtarde irispseudo-acorus, L. ; du pois chiche cicer arietinum, L. ; de l’astragale d’Andalousie aslragalus bœhcas, L. ; du gombo ou gombeau hibiscus csculentus, L. ; du petit houx ou fragon piquant ruscus L.; du genêt d’Espagne sparliitm scoparutin, L. ; du houx ilex aquifolium, L. ; de l’avoine avenu ninla, saliva, oricnlalis, L.; de l’orge hordeuni salivnm, L. ; do seigle sccalc cercalc, L. ; du froment triticum hybernum, L. ; du maïs ou blé de Turquie zea mais, L. ; du haricot phaseolusjvulgaris, L. ; du pois pisum salivum, L. ; du petit lupin lupinus angastifolia , L. ; de la féverole ou gourgane faba satina, L. ; v du grand soleil helianlhus annuus, L. ; les glands de chêne {quercus pedunculata , œsculus, su- ber, etc., L. ; les châtaignes fagus castanea, L. ; les pépins de groseilles ribes rubritm, L. ; • de raisins vitis vinifera, L.; de l’églantier, surtout de la grande espèce velue rosa viilosa, L. ; les capsules du buis buxus sempervirens, L.* Parmi les racines, Celles de la chicorée sauvage cicfioriuminlybus, L. - r delà carotte dauciis carota, L.; de la betterave {bêla vulgaris, L. ; du souchet comestible , vulgairement amande de terre cyperus csculentus, L. ; de l’arachide ou pistache de terre arachis liypogea, L.; du gaillet accrochant ou gratteron {gallium aparine,L.; de la fougère {polypodium filix mas , L.; du petit houx ruscus aculealus 1 . 1 On peut voir, pour tout ce qui regarde les succcdancea du café, les ouvrages suivanj ï Annales de l'agriculture française , t. 34. Annales de chimie , t. 78 , p. 95 , et t. p. 330. Bulletin de pharmacie, t. l, p. 57 1 ; t. 2, p. 92 ; t. 3 , p, îiOt j t. 5, p. 218-330. Journal de pharmacie, t. 6 , p. 393 , et t. 10 , p. 4PG. Agriculteur manufacturier, t. I, p. 45, — 265 — Parmi toutes ces substances , c’est la racine de chicorée torréfiée qui a joui de la plus grande vogue , et c’est la seule qui soit encore employée par le peuple, eu Hollande, en Belgique et dans la plus grande partie de la France, non pour remplacer entièrement le café, mais pour diminuer la proportion nécessaire à la confection du breuvage dont le besoin est maintenant tout aussi impérieux que celui de manger du pain 1 . Dans le nombre des substances que je viens de signaler comme ayant été employées à la préparation du café , vous avez vu figurer , Monsieur le Maire, plusieurs semences de céréales , telles que l’orge , le seigle , l’avoine, le froment, le maïs. J’ai recherché quelle était celle de ces semences qui pouvait offrir le plus de rapports avec la poudre du sieur Semelagne. En conséquence, j’ai torréfié une certaine quantité des unes et des autres, et j’ai préparé avec leurs poudres des infusions que j’ai comparées à celle que fournit la poudre dont le nom m’était inconnu. Celle qui m’a paru s’en rapprocher davantage a été la poudre du seigle grillé , aussi je n’hésitai plus à considérer le café du sieur Semelagne comme étant préparé avec cette poudre. L’usage du seigle , comme succédanée du café arabique , n’a pas été abandonné dans tous les pays, puisque le recueil des brevets d’invention délivres aux Etats-Unis nous apprend qu’un n ornmc Knit exploite une patente pour la confection d’un café 0 Oo doit à M. Payssé des détails très-ctend»» sur la préparation du café-chicorée en Hol- ^ an de et en Belgique. Ils font suite à son curieux mémoire sur le café. Voir Annales de , t. 59, p. 505. La racine de betterave est aussi employée de nos jours , à Pinstar de la chicorée 9 dans une r a rtie du département du Nord, où , comme on sait, la culture de cette précieuse racine » ac l Wît ' 1 f — 268 que je m’en assurai en employant un procédé tout-à-fait semblable à celui que M. Trévet a indiqué. J’ignore si ce sel de cuivre se trouvait accidentellement dans la liqueur mise en vente, ou s’il y avait été introduit pour rehausser sa teinte , les renseignemens que je pris à cet égard ne m’ayant fourni aucune notion certaine. De l’absinthe, prise chez d’autres liquoristes de Rouen , ne me présenta aucune trace de cuivre. J’examinai aussi, à la même époque, les prunes à l’eau-de-vie et les cornichons mis en vente chez les liquoristes et les épiciers ; mais je n’y trouvai pas de traces appréciables de cuivre. La plupart du tems, cependant, ces préparations en contiennent, par suite de la mauvaise habitude contractée par ceux qui les confectionnent, de faire usage de tamis métalliques et de bassines de cuivre. L’autorité devrait exiger l’abandon de ces pratiques dangereuses . Agréez, etc. J. GIRARDIN. Rouen , septembre 1 834* — 2 G 9 — A MONSIEUR CHEVALIER, UK DES RÉDACTEURS DU JOURNAL DE CHIMIE MÉDICALE Monsieur et cher confrère , Je viens de lire, dans le dernier numéro du Journal de Chimie médicale , page 317, une note de M. Leroy, pharmacien à Bruxelles , sur la forme cristalline de l’iode, dans laquelle se trouve une assertion que je dois combattre, dans l’intérêt de la vérité Je » n’ai pu parvenir, dit ce pharmacien , à me procurer un travail » qui me donnât la description cristalline de l’iode. La dernière » édition des Elémcns de chimie de M. Thénard, c’est-à-dire » celle qu’il publie en ce moment, nous dit que l’iode se présente » sous forme lamelleuse ; l’absence de toute détermination de » forme cristalline me fait croire que, jusqu’ici, elle n’a pas été " observée. » C’est, contre cette phrase que je crois devoir réclamer, non pour moi, mais pour un chimiste que la mort a moissonné au début d’une carrière qui promettait d’être féconde en utiles tra- v aux. Plisson, dont je m’honorerai toujours d’avoir été l’ami, a décrit, dès 1828, la forme cristalline de l’iode dans ses recherches sur Yiodure d’arsenic. Voici comment il termine le mémoire qu’il a inséré sur ce sujet dans les Annales de chimie et de physique , *• 4o , p. 265 , année 1828. CRISTALLISATION DE L’iODE. Pendant le cours des recherches précédentes , j ai eul occa- ” sion de constater que l’iode cristallisait en octaèdres aigus ou en 1 Journal de chimie médicale, de pharmacie et de toxicologie, t. 1, 2e série, p, 416, a »nce I85ü. 270 — » rhomboèdres, et qu’on l’obtenait sous ces deux formes en aban- » donnant à l’air de l’acide hydriodique ioduré. J’ai aussi remar- » que que l’iode se réunissait, sous forme de rhomboèdres, à la » partie supérieure des flacons où l’on conserve de l’iodure iodure >> d’arsenic. » La même indication se trouve dans le Journal de Pharmacie, t. 4, p. i63 , année 1828. J’ai en ma possession, depuis cette époque, un échantillon d’iode parfaitement cristallisé en octaèdres aigus, que je dois à l’amitié de Plisson , et chaque année , dans mon cours de chimie générale, à l’école municipale de Rouen , je cite l’observation de Plisson , que j’ai eu plusieurs fois déjà l’occasion de vérifier 1 . Agréez, etc. J. GIRARDIN. Rouen , juillet i835. 1 Wollaston, long - teins avant Plisson, a indiqué la forme cristalline de Piode. L chimiste anglais s’est assuré que la forme primitive est un octaèdre , se rapprochant un pet* de la forme primitive du soufre. Les axes de cet octaèdre sont cntv’eux , autant qu’il a été possible de le déterminer, à-peu-pres comme les nombres 2,3 et 4. Annals of philo - sophy. V. 237, et Système de chimie, par Thomson , t. 1, p. 226. A MESSIEURS LES RÉDACTEURS DU JOURNAL VE PHARMACIE ET VES SCIENCES ACCESSOIRES >. Messieurs, Mon confrère M. Lassaigne, professeur de chimie à l’école royale vétérinaire d’Alfort, vient d’adopter, dans la nouvelle édition de son Abrégé élémentaire de chimie, une méthode graphique pour l’exposition des théories chimiques, dont je fais usage dans mon cours public à Rouen, depuis 1828. J’ai donc le droit de m’en considérer comme l’inventeur, d’autant plus qu’avant cette époque, personne n’avait songé à employer de semblables figures pour rendre plus claire et plus facile aux élèves l’intelligence des réactions chimiques. Devant bientôt publier mes leçons de chimie générale et appliquée, dont la publication a été retardée depuis deux ans par des circonstances 'ndépendantes de ma volonté , j’ai intérêt à ce que le public sache ^ue je ne serai point un copiste ou un plagiaire , en faisant usage de la même méthode que M. Lassaigne a fait imprimer avant *uoi. Il est loin de ma pensée de laisser entendre que mon estimable confrère me doive cette idée ; puisque je l’ai eue, il a pu la trouver aussi de son côté, sans avoir eu connaissance de mes tableaux. Ma réclamation n’a donc rien qui puisse porter atteinte a la franchise de caractère d’un confrère pour lequel je professe 1Jlle haute estime ; elle a seulement pour but de me conserver la priorité d’une invention qui n’est pas sans quelque importance P°ur l’enseignement élémentaire. En insérant cette lettre dans le prochain cahier de votre jour- n al> Vous m’obligerez infiniment. Agréez, etc. J. GOURDIN. Rouen, novembre i 835 . Journal de pharmacie et des sciences accessoires; t> ÏJ, p, C90 ; annte J 835* €©S , ©©3i'2 © i ©©'» , S>©©©'£>£S $ , ©©©S ©SSi5©©©S>'3''$'S}©©©3 EXTRAIT D UN MÉMOIRE DE M. THOMAS sur LA FABRICATION DES TOILES A VOILES EN FRANGE, l DEPUIS LE DIX-SEPTIÈME SIÈCLE, ET NOTAMMENT SUR LES TOILES A VOILES EN COTON DITES TISSUS NAUTIQUES, DE LA FABRIQUE DE MM. AD. NEVEU ET LAROCHE-BARRE , DE ROUEN 1 . Le chanvre, cannabis sativa, est une plante annuelle, origi" naire le l’Asie, et répandue presque généralement en Europe• Sa lige est haute, velue, creuse, quadrangulaire, dure au tou" cher et sans élasticité..., autour de l’écorce sont une quantité d petits filamens qui, après le rouissage, lorsque la partie ligneuse est séparée de la partie fibreuse, forment la filasse. Toute rupture lui est pernicieuse. Ces détails sont connus dans les arsenaux maritimes. * Inséré dans le cahier de la Séance publique de la Société libre > passe au jaune et même au brun, et qui, par sa composition , » participe des matières grasses ; » 2 ° Une matière résineuse ; » 3° Une matière mucilagincuse très-épaisse ; » 4° Un principe extractif, en apparence cristallisable ; » 5° Un suc glutineux qui paraît être la substance qui agglu- » line entre elles les fibres textiles sous l’épiderme. » Le coton brut est recouvert d’une substance résinoïde qui •> empêche son imbibition, et d’une matière colorante jaune, en > assez petite quantité, et même si peu abondante en certaines * espèces, qu’il serait inutile de les blanchir, si, par les mani- » pulations auxquelles on les soumet, on n’y ajoutait pas plu- ” sieurs autres substances plus ou moins nuisibles, qu’il est essen- “ tiel de faire disparaître. » Les substances chimiques ou plutôt les principes immédiats " 'I ü accompagnent la fibre ligneuse dans le chanvre et le coton , 18 — 274 — » doivent plutôt diminuer l’élasticité des fibres textiles qu’y con- » tribucr. C’est certainement à une tout autre cause, qui n’est » pas bien appréciée jusqu’ici, qu’il faut attribuer la ténacité » constitutive du chanvre et l’élasticité constitutive du coton, » lorsqu’ils sont œuvrés , soit en cordages , soit en tissus. » Les fibrilles des tissus de chanvre sont des tubes creux, ou- » verts par les deux bouts, et que le rouissage a vidés de tous les » sucs qui étaient susceptibles de les obstruer. » Les fibrilles du coton sont, au contraire, des poils, ou tubes » creux, fermés par les deux bouts et remplis d’une substance » organisatrice qu’aucun rouissage ou lavage ne peut leur enle- » ver. Ce sont des poils analogues à ceux des végétaux, mais » beaucoup plus longs. Ils s’aplatissent par la dessiccation et » présentent alors la forme d’un ruban à bords mousses et relevés >• par un bourrelet. » D’après cette différence d’organisation , il est évident » a Que les rubans des tissus de coton sont mille fois plus » flexibles que les tubes des toiles de chanvre et de lin ; » b Que les tubes de ces dernieres sont beaucoup plus propres » que les poils du coton à absorber l’humidité atmosphérique ; » qu’ils ont un pouvoir hygrométrique plus considérable, et » doivent se dépouiller moins facilement de l’eau d’imbibition , » soit par l’exposition aux rayons solaires , soit par leur exposi— » lion à l’air libre. » Le chanvre doit perdre beaucoup plus de son élasticité et de » sa ténacité primitives que le coton , par l’action des agens cbi" » iniques, et notamment des lessives, usités dans le blanchissage* » 11 est indubitable que le rouissage, en détruisant les matières » étrangères qui se trouvent entre les fibres textiles du chanvre, » doit altérer plus ou moins profondément la force et l’élasticit >* de ces fibres ; car il est rare que cette opération soit bien con- » duitc. — 275 — » Le chanvre étant plus chargé de matières colorantes et rési- » neuses que le coton, et ces substances étant plus difficiles à » détruire que celles qui se trouvent sur ce dernier, on est obligé » de lui faire subir un plus grand nombre de fois l’action du » même agent décolorant, notamment celle des lessives causti- » ques. Or, il est évident que cet agent n’est pas sans produire » quelque altération sur la fibre textile , altération qui sera » d’autant plus prononcée que l’action sera plus fréquemment » répétée. » Ainsi, le coton ne subissant point de rouissage, étant blanchi » plus facilement et plus promptement que le chanvre, doit peu » souffrir dans les opérations auxquelles on le soumet pour l’a— » mener à l’état de toile blanche, tandis que le chanvre doit » éprouver des modifications notables dans sa force et son élas— » ticité, par suite des opérations qu’il subit pour être amené » au même point de blancheur. Il est toutefois très-difficile, » pour ne pas dire impossible, d’estimer exactement l’influence » qu’exercent ces opérations sur la force des fils de chanvre. » ë>©>©©©©©©©©©©©©©©©©©©©©©©©©©©©©©©© RECHERCHES CHIMICO- JUDICIAIRES SUR DES TACHES OBSERVÉES SUR LA CHEMISE D’UN SOLDAT TUÉ RUE DU FIGUIER , A ROUEN J PAR MM. J. GIRARDIN ET MORIN ; LUES a l’académie royale DES SCIENCES DE ROUEN Ces recherches ont été entreprises sur la réquisition de M. De Stabenrath , juge d’instruction, dans le but de déterminer la nature de ces taches, afin d’établir si l’homme trouvé mort, rue du Figuier , avait procédé à l’acte de la copulation dans la maison où le crime avait été commis. L’ordonnance qui nous confiait ce travail nous prescrivait encore d’examiner différentes taches rougeâtres qui existaient sur d’autres objets. Mais, comme leur examen ne présenterait rien d’intéressant pour l’Académie , nous ne nous en occuperons point ici. Avant d’indiquer les expériences auxquelles nous nous somme* livrés pour répondre aux questions deM. le juge d’instruction, 1 Insérées dans le Précis analytique des travaux de VAcadémie royale des sciences * belles-lettres et arts de Rouen , pour lS5i. p. 77 ; et dans le Journal de chimie vtédi cale t de pharmacie et de toxicologie ; t. 1 er , seconde série. 1S33. p. 293. — 277 — nous croyons devoir reproduire ici l’expose des fails qui ont donne lieu à notre travail, exposé présenté à l’Académie par M. De Sta. benrath lui-même. Nous laisserons parler cet honorable magistrat. Le 26 janvier de cette année 1 834, vers huit heures du soir, une foule immense assiégeait la porte d’une maison garnie de la rue du Figuier le bruit circulait, dans la foule, qu’un homme avait été jeté du second étage de cette maison, dans la cour, et qu’il s’était horriblement mutilé en tombant. Bientôt, effectivement , un jeune homme, la tête penchée sur son épaide, poussant quelques rares gémissemens, fut transporté de la maison de la rue du Figuier chez sa tante. Là, il expira. » Plusieurs commissaires de police se rendirent sur les lieux , entendirent les propriétaires de la maison où l’événement était arrivé ; un médecin fut appelé; et l’on pensa que le jeune homme était mort par suite d’une chute accidentelle faite dans l’escalier, dont les marches, mauvaises et très-dégradées, offraient encore la trace d’un pied qui aurait glissé. » Le lendemain, je me transportai moi—même sur les lieux , et je lis faire l’auptosie du cadavre en ma présence , par trois médecins. Ils constatèrent que les os du coude du bras gauche de la victime étaient comme broyés, que la mâchoire était fracassée, qu’il existait une blessure sur l’arcade de l’oeil gauche ; enfin, que le foie, lacéré en deux , offrait une énorme ouverture. Ils en conclurent que la cause de la mort provenait d’une chute faite d’un lieu élevé , et qu’elle n’était pas le résultat de la chute dans l’escalier. » Il fallait, en présence de cette opinion, motivée sur 1 examen du cadavre, et de celle que les commissaires de police avaient conçue , rechercher de quel côté pouvait se trouver la vérité ; remonter aux sources, voir comment l’infortuné qui était mort "'ait pu être conduit dans une maison qui était signalée comme le refuge de ce que la société renferme de plus vil et de plus abject. » Voici ce que l’on apprit. >> Le jeune homme avait rencontré, vers six heures du soir, une fille dans un état complet d’ivresse, lui avait demandé où elle couchait, et l’avait, par"humanité , reconduite à son logement ; c’est la cause de sa présence dans la maison dont je viens de parler. Un moment après qu’il y fut entré , on entendit des gémissemens dans la cour ; on sortit, et on l’aperçut par terre , rendant en quelque sorte les derniers soupirs et baigné dans son sang. Pour la fille qu’il avait reconduite, elle dormait profondément. » Comme vous le voyez, les renseignemens qu’on a obtenus n’étaient pas satisfaisans ; néanmoins, on examina avec attention les diverses parties de la maison, les chambres, les escaliers, et, après d’assez longues recherches , l’opinion des médecins se trouva corroborée par la découverte que l’on fit au second étage. En effet, le carré de cet étage est disposé de manière que l’on peut, dans une lutte, au sein de l’obscurité, jeter un homme par une fenêtre qui donne sur la cour , cette fenêtre offrant une baie toujours ouverte et sans vitrage ; puis , sur une porte voisine, on voyait une grande quantité de taches rondes et rougeâtres, affectant la forme de gouttes, paraissant récentes et ayant l’aspect du sang. Sur un auvent donnant immédiatement au-dessous de la fenêtre, on remarquait aussi des taches à-peu-près semblables à cellesrci ; enfin , on ee souvint que la main droite du jeune homme mort portait la trace de huit coups d’ongles ; que sa chemise offrait des taches d’un aspect équivoque ; et je pensai qu’a- près être entré dans une maison de prostitution , n’ayant rien p u obtenir d’une fille ivre-morte, il avait rencontré quelques unes de ses compagnes, qui, le voyant sans argent, n’auront pas voulu condescendre à sa demande; qu’une lutte se sera engagée entre elles et lui, et qu’un tiers, survenant, l’aura précipité par 1 fenêtre. » Pour vérifier ces faits, qui se présentaient naturellement •* 279 — l’esprit, il fallait déterminer la nature des taehes dont j’ai parlé. Yoilà les causes de l’expertise de MM. Girardin et Morin, et des questions que je leur ai adressées. Vous allez juger du mérite de leur travail. Qu’il me suffise de vous dire maintenant que, par suite de révélations faites par des témoins, un homme et deux femmes sont renvoyés devant la cour d’assises , comme inculpés de meurtre. » La chemise que nous avions à examiner présentait plusieurs taehes grisâtres. L’une d’elles, enlevée avec le morceau de toile qui la supportait, était rude au toucher ; elle offrait la résistance du linge empesé, tandis que les parties de la chemise qui n’étaient point tachées conservaient leur mollesse. La surface opposée à la tache était cotonneuse et n’avait rien de rude. On la partagea en deux parties; l’une fut chauffée, et elle n’exhala point l’odeur delà graisse. Nous remarquâmes aussi que la tache n’avait pas traversé la partie du linge qui la supportait, ce qui aurait eu lieu si elle eût été produite par un corps gras. Une autre portion de la tache , chauffée avec précaution , devint jaunâtre, comme cela arrive avec la tache de sperme , et répandit l’odeur caractéristique de ce liquide animal. La partie de la tache qui n’avait point servi aux expériences ci-dessus fut mise en macération, pendant quelques heures, dans l’eau distillée froide , et on l’agita avec un tube de verre ; bientôt elle exhala une odeur spermatique, et le linge se désempesa ; alors le liquide devint un peu visqueux. Nous observâmes sur le linge une petite quantité d’une matière glutineusc qui, enlevee avec précaution et soumise à l’aclion immédiate du calorique , dégagea une odeur de matière animale brûlée. La dissolution de la matière de la tache ayant ele fdtrée , pour séparer les fibrilles qui s’étaient détachées du linge, fut divisée en deux parties. L’une fut évaporée à une très-douce chaleur et prit une consistance visqueuse sans se coaguler, caractère propre 28» — au sperme dans cet état, elle ramenait au bleu le papier de tournesol rougi par un acide en conduisant l’évaporation jusqu’à sa fin, on obtint un résidu demi-transparent, semblable au mucilage desséché , luisant , de coüléur à peine fauve , décomposable, comme toutes les matières animales, à une température plus élevée, et qui, par l’agitation dans l’eau distillée froide , se partagea en deux parties l’une glutineuse, d’un gris jaunâtre , adhérente aux doigts, à la manière delà glu, était insoluble dans l’eau ; l’autre , au contraire , s’y dissolvait. L’autre partie de la dissolution donnait, avec le chlore, l’alcool , l’acétate et le sous-acétate de plomb , un précipité blanc floconneux ; le deuto-chlorure de mercure y produisit un trouble blanchâtre l’acide nitrique ne la troubla pas , tandis que le contraire a constamment lieu avec l’écoulement blennorrhagique. La teinture de noix de galles y forma un précipité blanc sale, qui disparut par l’action de la chaleur, pour reparaître ensuite par le refroidissement. Nous considérons la matière de la tache comme du sperme desséche. Afin de prévenir une objection qui aurait pu naître de l’état de salete de la chemise, nous avons pris une certaine quantité de ce linge , non taché , pour le soumettre aux expériences ci-dessus décrites, et les résultats que nous avons obtenus ont été entièrement négatifs. L’aspect jaunâtre que prenait la tache lorsqu’on la chauffait d’une manière convenable, l’odeur spermatique qu’elle exhalait dans ces circonstances, et la manière dont elle se comportait avec l’eau, ne permettent pas de douter que la chemise soumise à notre examen ne fût tachée par du sperme. Un seul liquide, celui de la gonorrhée, pourrait avoir quelque ressemblance avec lui ; mais il s’en distingue, en ce qu’il ne devient point jaunâtre lorsqu’on l’approche du feu , et n’exhale pas l’odeur spermatique. Mis dans l’eau, il s’y dissout, et la liqueur qui en résulte, exposée à une douce chaleur, donne lieu à un coagulum albumineux. ©©©© CONSIDÉRATIONS SUR LA NECESSITE DES ÉTUDES SCIENTIFIQUES Rien n’est plus propre à donner une haute idée de l’intelligence humaine, que la vue des prodiges enfantés par la science et I’industrie dans une période de tems aussi courte que celle qui nous sépare de la lin du xviii siècle, époque où les arts industriels ont reçu une impulsion si remarquable. Maître absolu, pour ainsi dire , des élémens et des forces de la nature, que son génie persévérant lui a fait découvrir, l’homme , cette noble créature sortie la dernière des mains delà toute-puissance, n’est plus aujourd’hui un être faible , inhabile et craintif ; fds de Dieu, c’est aussi un dieu qui fait éclore, à chaque instant, des merveilles, dignes de celles qui ont précédé et accompagné sa naissance. L’est à la science qu’il doit ce développement prodigieux de sa puissance; c’est, elle qui, par une heureuse réaction, a perfectionné l’intelligence dont elle était née et lui a fourni les moyens d’agrandir incessamment son empire. Le rôle de la science , dans l’état actuel de la civilisation , est 'niinense ; on ne saurait méconnaître l’utilité d’en penelrer les sc crets et de se familiariser avec son langage. L’industrie, qui 11 est, à proprement parler, que l’application des forces de * homme et de celles de la nature au travail et à la production Insérées dans la Repue de Rouen 3 numéro tic janvier ISâîijt, j, p, Vt. — 282 — des choses utiles, ne vit et ne marche que par elle. Alors même que l’homme ne serait pas sans cesse excité à se livrer à son etude, par les jouissances si vives et si variées qu’elle procure, un motif plus impérieux que tout autre l’obligerait a lui demander son secours la nécessité, le besoin de sa conservation. Mais un heureux changement, sous ce rapport, s’est opéré dans les esprits en moins d’un demi-siècle ; à une indifférence presque dédaigneuse pour les arts utiles, a succédé chez beaucoup un vif désir d’apprendre et d’appliquer les connaissances acquises. Pour améliorer la condition de l’homme , on a interrogé la science ; et, une fois engagée dans cette voie, la société n’a pu s’en écarter , entraînée par ce mouvement irrésistible qui pousse continuellement l’esprit à reculer les bornes de l’inconnu. Qu’on se reporte par la pensée à l’état de l’industrie en géné' rai, il y a une soixantaine d’années seulement, qu’on le compare à celui dans lequel elle se trouve de nos jours, et on sera frappé des rapides et étonnans progrès qu’elle a éprouvés dans un espace de tems aussi limité. Tandis que , autrefois, les inventions sortaient du fond des ateliers et passais 1 * 1 des mains de gens aussi routiniers qu’ignorans dans celles de s théoriciens , elles éclosent, actuellement, dans les cabinets de ceux-ci, pour se répandre dans les fabriques , où on les expl°d c aussitôt, et presque constamment avec bonheur. A qui doit-on , en edet, la connaissance delà labrication du fer-blanc, qui, jusqu’au xml" siècle , fut la possession exclus»' 0 les habitons de la Saxe? A qui doit-on celle de la porcelaine, des émaux , la dorure sur métaux, l’éclairage au gaz ? N’est-ce pas à des hommes entièrement adonnés à l’étude des sciences? Qui a perfectionné, avec tant de succès , diverses branches d’industrie restées pendant de longs siècles dans l’enfance , telles que l'art du tannage, celui du brasseur, la fabrication des esprits, la peinture sur verre, sur porcelaine , sur émail, sur métaux, la préparation du papier de coton , etc. ? Ce sont des gens de science, et non des praticiens ignares. Ne sont-ce pas aussi des savans qui ont su découvrir dans la betterave un sucre analogue à celui de la canne, et qui ont trouvé les moyens de l’en extraire avec assez d’économie pour qu’on puisse exploiter avantageusement cette racine dans nos climats ? Ne sont-ce pas eux aussi qui, par des manipulations aussi simples qu’ingénieuses , ont opéré la conversion de l’amidon en gomme et en sucre; retiré des os une matière la gélatine qui a reçu tant d’applications diverses ; qui ont créé la fabrication du sel ammoniac, à l’aide des chiffons et des résidus de matières animales ; le blanchiment des tissus, au moyen d’agens aussi faciles à employer que le chlore et les chlorites ; la préparation du blanc de Clichy, du bleu de cobalt, de l’outremer factice , et de tant d’autres couleurs minérales que les peintres emploient maintenant avec tant d’avantages pour animer la toile et reproduire les hommes et les choses d’une autre époque ? Qui a retrouvé la composition de ces mortiers et cimens qui durcissent sous les eaux , que les Romains employaient exclusivement dans leurs constructions, et qui ont duré plus que leur empire ? Qui a découvert les propriétés antiputrides et décolorantes du eharbon, et en a fait l’application à la dépuration des eaux , à la désinfection des matières végétales et animales en partie corrompues , à la conservation des substances alimentaires, à la déco— Wallon des sirops , des huiles et autres liquides ? — 284 — Qui a inventé ces machines merveilleuses dont la puissance permet à l’homme de centupler ses efforts et d’obtenir des résultats si gigantesques, ces machines à vapeur, en un mot, qui ont amené une révolulion’si heureuse dans notre industrie moderne ? Qui a imaginé de substituer la vapeur à l’air et à l’eau, pour le chauffage des habitations , des ateliers, des séchoirs ? Qui a rendu moins pénible et plus prompt», l’exploitation des mines, créé les moyens d’entretenir sans cesse un air pur et salubre dans les lieux de grands rassemblemens et jusque dans les profondeurs de la terre, où s’accumulent des populations entières ? Qui a trouvé les procédés les plus propres à enlever l’odeur infecte aux endroits où sont entassées des matières organiques en proie à la putréfaction ; à soustraire les ouvriers doreurs et autres aux funestes effets des gaz délétères qui abrégeaient leurs jours ? Qui a doté les ateliers de teinture et d’impression sur étoffes de couleurs si riches et si solides ? Qui a enseigné l’art de varier les nuances à l’infini, de les détruire à volonté sur les tissus même, et de les remplacer par d’autres, avec une facilité qui tient du prodige? Tous ces travaux importans, toutes ces découvertes récentes» ne sont-ils pas le fruit des méditations de la science ? Ces quelques exemples, pris sans choix, nous révèlent assez ce que la science peut faire pour l’homme, quand il sait l’interroger et la connaître. C’est une mine inépuisable qui verse chaque jour de nouvelles richesses en échange du travail et de l’élude. Ces vérités, long-tems méconnues, commencent enfiu à se faire jour et ne tarderont pas à devenir vulgaires. Notre époque , en effet, est remarquable par la simultanéité des effort 5 que l’on observe dans quelques classes de la société pour améliorer toutes les branches de la prospérité publique , en apph — 285 quant à cette œuvre les ressources le la science. L’activité de l’homme ne s’est jamais, il faut l’avouer, déployée avec autant d’énergie dès qu’une découverte est connue, des milliers de bras s’empressent aussitôt de l’exploiter , et aucune idée théorique n’est jetée dans le monde, sans que de nombreux essais n’en viennent promptement constater l’étendue et les avantages. L’esprit d’association est favorable à ce besoin général d’entreprises. C’est à lui que nous devons la plupart de nos rapides progrès dans les arts. L’homme isolé n’expose qu’en tremblant ses capitaux ; il se défie de l’entraînement qui accompagne toujours une idée neuve et hardie, et cette timidité est souvent la cause du peu de succès de ses tentatives. Les associations, au contraire , que n’arrêtent point de telles considérations, spéculent avec hardiesse et opèrent presque toujours avec bonheur. Ce qu’un seul, d’ailleurs, ne pourrait faire, elles l’exécutent avec promptitude et économie. C’est là tout le secret de ce prodigieux accroissement de la fortune publique en Angleterre, pays éminemment novateur et débarrassé, depuis longues années, des entraves de la routine. La France commence à prendre une part active à ce développement de l’industrie. Déjà, de nombreux succès en tous genres signalent ses premiers pas dans la voie des améliorations. Espérons que l’essor donné à nos manufactures ne se ralentira pas , et que le gouvernement s’empressera d’étendre de tout son pouvoir notre commerce au dehors ; c est la seule ressource que nous ayons actuellement pour écouler les produits qui encombrent' nos places , et soutenir une eoncurrence qui doit encore multiplier nos efforts. Une mesure qui a singulièrement contribué à communiquer à 1 industrie française l’impulsion remarquable dont nous sommes témoins depuis une vingtaine d’années, c’est la création de ces e *positions quinquennales, dont la première idee , due à Fran- S * à partir du fer niai 1S34. Le gouvernement a déféré a ce vœu, en décidant, par rordo» rttinfC royale du 4 octobre 1853, le maintien de nos expositions industrielles et leur répétil* 011 des intervalles de cinq années. Presque tous les peuples étrangers ont suivi l’exemple de la France, en ^ pareilles fêtes nationales. Il y a eu des expositions de produits d'industrie à Turin , ^*1' la Haye, Munich, Saint-Pétersbourg, aux États-Unis, etc.; et il s’en prépare de»* n ° vclles à Bruxelles et à Madrid. Chez nous, ces expositions ne sc sont point bornées à la capitale. Plusieurs viMes »» ^ *riellcs en ont établi de locales, et quelques unes les ont renouvelées à des époq ,u * r r — 287 — excitant d’abord la curiosité, ont attiré l'attention du _ ’’ cct des industriels sur les ressources du pays , et éveillé chez les uns l’intérêt, chez les autres le désir d’obtenir quelque distinction honorable. Les récompenses décernées avec solennité par le chef de l’état, sur les propositions d’un jury composé d’hommes pris en majeure partie dans les rangs de cet Institut que toutes les nations nous envient, ont fait naître l’émulation dans tous les ateliers, et l’observateur a pu remarquer avec satisfaction les heureux résultats d’une institution aussi éminemment nationale. La louable ambition de partager ces récompenses a imposé la nécessité de mieux faire, et par conséquent d’apprendre. Le seeours de la science a été imploré par tous, et il ne s’est pas fait attendre. Les hommes adonnés à l’étude des théories scientifiques ont, dès-lors , établi d’utiles et fréquentes communications avec les praticiens proprement dits, et n’ont plus dédaigné, comme par le passé, de parcourir les ateliers. Pour se faire entendre du plus grand nombre, ils ont débarrasse la Science de tous les obstacles qui s’opposaient à sa propagation, notamment en répudiant une nomenclature barbare et sujette ^ d’éternelles variations , qui semblait n’avoir été inventée que pour dérober les fruits de leurs recherches aux regards de la multitude. Ile toutes parts ont surgi de nombreux ouvrages élémentaires , qui ont fait circuler rapidement les principes et les laits de l’expérience; des journaux spécialement consacrés à leres Lille, Douai, Caen, Mulbauscn, Strasbourg, Évrcux, Rouen, etc., sont de cc n °ml> re . Tous ces faits attestent assez l’importance et l’utilité de ces institutions, et l’influence ^l 11 elles exercent sur le développement de l’industrie et du commerce, par l’émulation il s’est habitué à ne voir en elles que des accessoires, n’ayan* d’ailleurs d’importance qu’autant qu’elles paraissent devoir con- duire à un but positif. L’industriel ^de son côté , a perdu insensiblement ses préjugés, ses vieilles traditions presque toujours erronées, et a enfin reconnu la supériorité réelle de l’instruction sur la morgue de l’ignorance. Rien ne saurait plus désormais arrêter cette heureuse dirccti 011 des esprits. Les applications et les données expérimentales d c ^ science absorbent aujourd’hui l’attention , et quiconque veut atW cher à son nom un souvenir durable, s’empresse de consacrer ses travaux à l’éclaircissement de quelque point encore obscur d une — 289 industrie spéciale. Les peuples , n’étant plus divisés par ces préventions malheureuses qui les isolaient les uns des autres, mettent en commun les fruits de leur expérience j ils font un échange mutuel de leurs découvertes , et adoptent sans difficulté les pratiques qu’ils voient réussir chez leurs voisins. égoïsme national, toujours si exclusif et si borné, s’use peu à peu par ces rapports fréquens, qu’augmentent tous les jours les facilités de communication et le goût dominant des voyages ; avec lui s’éteignent ces haines de nation à nation , et la civilisation, ainsi favorisée , s’accroît sans péril pour les peuples, sans dommage pour les individus. Commerce! industrie! voilà les élémens les plus certains delà force et de la prospérité du pays ! — Désormais , il faut tourner de ce côté et l’attention des gouvernemens et les efforts des hommes dévoués au bien général, car le monde industriel envahit une place immense dans la société, qu’il a d’ailleurs si profondément modifiée. Il faut qu’on s’empresse d’encourager les études scientifiques, et de faire pénétrer les notions essentielles au centre même des ateliers. Leur enseignement, du reste, ne doit pas être limité aux seuls hommes de l’art, imx producteurs proprement dits. Toutes les classes qui sont placées en dehors de l’exploitation directe des arts, ne jouissent pas moins des bienfaits de l’industrie ; elles en ressentent les variations suivant que les produits fabriqués augmentent ou diminuent dans leur prix ou leur quantité, et elles ont, ainsi, le plus grave intérêt à connaître les causes qui président au développement journalier de la richesse publique. Si quelque chose doit étonner, au milieu de ce mouvement général qui donne une vie nouvelle à nos manufactures, c’est de t’oir chez le plus grand nombre une ignorance aussi complète des sciences exactes, et surtout des pratiques les plus simples de 19 290 — cette industrie qui fournit à tous les besoins. Hommes du monde , magistrats, poètes, guerriers, artistes, commerçans, tous doivent à la Technologie les jouissances du luxe et les commodités de la vie; mais combien peu, parmi eux, peuvent se rendre compte des moyens que l’artisan emploie pour les satisfaire? Combien peu, parmi eux, savent comment se font la toile et le drap qui les protègent contre les intempéries des saisons ; le pain et le vin, qui réparent leurs forces affaiblies ; comment on moud le blé , on blanchit le linge; ce qu’est une machine, et comment on s’en sert, etc.? Demandez leur les moindres renseignemens sur ces belles inventions qui excitent, à leur origine, tant d’étonnement et d’admiration parmi les masses, comme la cloche du plongeur, le ballon de l’aéronaute, les chemins de fer, les bateaux et les voitures à vapeur, les puits artésiens, la lampe du mineur, les procédés lithographiques, les presses mécaniques , les métiers à la Jacquart, etc., etc. — Ils seront dans la triste impuissance de contenter votre curiosité. Assurément, un pareil état de choses est incompréhensible, à une époque où l’intelligence humaine paraît si vivement fermenter. Quelle peut en être la cause? Elle existe, selon nous, dans l’état stationnaire de nos élablisseinens d’instruction universitaire et dans l’indifférence qu’on y apporte à l’enseignement des sciences exactes. Les principales éludes de la jeunesse se réduisent encore a la connaissance des langues mortes, et il n’y a qu’un très-petit nombre d’élèves qui acquièrent des notions suffisantes des sciences mathématiques et physiques ; la technologie reste étrangère h une foule de jeunes gens qui, une fois sortis Je» classes, fatigués de travaux mal dirigés, n’ont ni le teins ni 1 e vouloir peut-être de se livrer à de nouvelles études dont l’iitil'* e ne leur a point été assez démontrée. C’est ainsi que se perpetue l’ignorance des choses les plus communes dans les classes élevées de la société ; et, tandis que ^ eS arts se perfectionnent, que de nouvelles branches dindustim — 291 — s’élèvent chaque jour, que les sciences font îles progrès incalculables , que, chaque jour aussi, et en raison même de ce développement scientifique et industriel, l’aisance et la richesse su répandent de plus en plus , la plupart de ceux qui profitent davantage des heureux résultats de cette activité industrielle et physique, sont justement ceux qui y sont le plus étrangers ; ils en reçoivent les bienfaisans effets, comme ils profitent de la lumière du jour , sans s’occuper de la source d’où elle émane ! Que de jouissances, cependant, ils perdent! que d’agréables distractions ils négligent ! Presque tous les faits, que l’habitude nous fait voir avec indifférence, sont des phénomènes intéressons aux yeux de ceux qui peuvent les comprendre. Le mécanisme ingénieux qui donne la vie à toutes ces machines dont l’homme a su tirer un parti si merveilleux, ces réactions curieuses que produisent les corps dans leur contact, ces métamorphoses qu’ils subissent par l’action de certains agens employés avec discernement , ces effets de destruction et de recomposition qui se passent à chaque instant autour de nous, cette production de corps nouveaux que le chimiste sait obtenir avec une admirable facilité , tout n’est-il pas un sujet d’études attrayantes et une source d’impressions toujours neuves et piquantes ! En présence d’un fait dont l’évidence est manifeste aux yeux de tous, le défaut des notions les plus élémentaires de la science et de l’industrie dans les classes élevées de la société, il appartient h ceux qui, par position ou par goût , ont pénétré les mystères de l’une et de l’autre, de travailler à faire cesser un état de choses aussi déplorable. Ils y parviendront sûrement en profitant habilement des moyens que la presse leur présente. Débarrassant la science de ce qu’elle a de trop sévère pour des. hommes inaccoutumés à son langage, montrant des applications directes et continuelles des vérités qu’elle enseigne , ils ne tarderont pas a piquer la curiosité des esprits les plus légers , et à faire naître chez eux le désir de pénétrer plus avant dans le vaste champ des — 292 — études positives. Ainsi se répandront peu à peu les connaissances utiles ; ainsi la culture des sciences, devenant plus générale, contribuera à adoucir les mœurs, à affaiblir ces haines de parti qui divisent les cœurs les plus généreux, et à rapprocher les hommes qui, pour s’aimer et s’estimer , n’ont besoin que de se voir et de s’entendre. Voilà, certes, un beau rôle à remplir ! A défaut des sociétés savantes , qui méconnaissent presque toutes le véritable but de leur institution , c’est aux recueils périodiques, c’est aux journaux à s’en emparer. La Revue nous a offert quelques unes de ses pages pour y déposer nos pensées scientifiques et faire connaître à nos concitoyens les nombreux et importons résultats qu’obtient chaque jour l’industrie humaine , celte fille du besoin et de l’intelligence. Nous avons accepté avec empressement une part active à la collaboration d’un recueil qui, dans des mains habiles, peut devenir une puissante cause d’amélioration et de perfectionnement dans notre pays. L’hospitalité que la littérature veut bien donner à la science , dans cette circonstance , est une manifestation évidente de ce besoin , ressenti généralement, de réunir en un seul faisceau toutes les inspirations et les découvertes utiles, quel que soit l’ordre d’idées auquel les unes et les autres se rattachent. La littérature et la science ont une commune origine, comme elles ont un même but, l’amélioration du sort de l’homme ; elles doivent donc désormais marcher sous la même bannière , et se soutenir pour mieux atteindre ce noble résultat. Æ©©e©©©©*©©3©©©s©©e©©e>©©©©©» LA PERROTINE, NOUVELLE MACHINE POUR L’IMPRESSION DES INDIENNES. I er ARTICLE ' . Tout ce tjui a pour objet le perfectionnement le la fabrication des indiennes, tout ce qui tend à communiquer à cette branche d’industrie une nouvelle impulsion, ne peut manquer d’avoir du retentissement et d’exciter l’intérêt dans notre pays. Le sujet de cet article nous paraît donc, plus que tout autre, de nature à commander l’attention. Empruntant tout—à—la—fois les secours de la chimie et de la mécanique, l’indienneur est, de tous les industriels, celui qui fait les applications les plus fréquentes des principes et des découvertes de ces deux sciences. Le développement de son art est intimement lié à la marche progressive de ces connaissances ; et, comme ce sont, de toutes les études positives, celles qui, sans contredit, sont le plus cultivées de nos jours, en raison de leur utilité pratique, l’art de peindre les étoffes est aussi celui qui fait les progrès les plus rapides et les plus extraordinaires. Long-tems réduit à l’emploi de moyens assez grossiers pour charger la toile de dessins diversement coloriés, le fabricant 1 Elirait de la Revue de Rouen. Février 1&3S ; l. o , p. jpo. I — 294 — d’indiennes doit, au perfectionnement de la gravure et des procédés mécaniques, une supériorité marquée sur les Indiens, ses premiers maîtres dans cette partie, sous le rapport du bon goût et de l’élégance des dessins, la netteté et la rapidité de l’exécution. Jusque vers la fin du xvm siècle, l’impression des couleurs se fit uniquement, soit avec des planches en bois , portant en relief les dessins destinés à couvrir les tissus, et qu’on manœuvrait à la main, soit avec des planches de cuivre rouge gravées au moyen du poinçon ou à la manière usitée pour l’impression en taille- douce , qu’on faisait agir à l’aide de machines à mouvement de rotation continu. Mais, vers 1801, le célèbre Oberkampf, de Jouy, essaya, dans sa belle manufacture long-tems sans rivales, d’imprimer avec des cylindres de cuivre gravés. Ce nouveau mode d’opérer, que les fahricans de Manchester ne tardèrent pas à perfectionner et à rendre aussi simple qu’expéditif, causa une révolution dont les effets sur la prospérité de l’art furent incalculables. Ces cylindres ou rouleaux permirent, non seulement de fabriquer en fort peu de tems et avec une grande économie des masses de toiles peintes, mais ils apportèrent dans la fabrication une précision et une correction jusqu’alors inconnues. L’impression d’une seule couleur sur calicot, qui nécessitait le travail d’un homme et d’un enfant pendant trois heures au moins, celle de deux couleurs, qui en exigeait au moins six, se firent dès-lors en quelques minutes et avec une perfection qu’il n’était pas possible d’atteindre pur le moyeu des planches & la main. Depuis l’introduction , dans les ateliers, des machines à imprimer, on n’a cessé d’y apporter des modifications , dans le but de rendre ce procédé mécanique aussi productif que possible. De là» l’invention de machines à deux et à trois cylindres, qui donnent la facilité d’imprimer, à la fois, sur le même tissu, deux et trois couleurs différentes. C’est Adam Parkinson, de Manchester, q lU est l’auteur de ces derniers perfectionnemens. Ou entrevoit facilement quelles économies il est possible de réaliser par 1 einpl 01 — 295 — de ces appareils. Toutefois, les rouleaux ne dispensent pas de faire usage des planches à la main , car les couleurs supplémentaires ne peuvent être données à la toile qu’au moyen de planches dites Tcntrures , qui sont en rapport avec les dessins gravés sur les cylindres ; et, d’ailleurs, il est une foule d’articles qui ne peuvent être confectionnés qu’à la main. Il faut dire aussi que les machines à imprimer au rouleau, et les rouleaux en cuivre qui en dépendent , nécessitent une première mise de fonds très-considérable, et que celles à deux et surtout à trois couleurs présentent d’assez graves difficultés dans leur construction et leur maniement ce n’est, en effet, qu’avec une peine extrême qu’on parvient à obtenir constamment de la régularité dans le service de ces machines. L’impression à la main , ne fût—ce qne par l’économie sur la mise-dehors, a donc persisté dans la plupart des fabriques, bien que l’usage du rouleau soit devenu chaque jour plus commun. Mais voici qu’un ingénieur civil de Rouen , qu’un mécanicien déjà célèbre, M. Perrot, vient d’imaginer une machine propre à remplacer avantageusement le travail à la main, toujours si lent et si coûteux. Ti ois planches en bois, gravées en relief, à la manière des planches ordinaires, longues de trente-deux pouces et larges de deux à quatre pouces environ , se trouvent, comme par enchantement, chargées de couleur, puis pressées successivement contre la pièce qu’il s’agit d’imprimer, et qui passe d’elle-même, comme dans les machines à rouleaux, devant chacune de ces planches. Deux hommes, l’un qui veille au service de la machine, l’autre qui fait mouvoir tout le système, et trois enfans qui font office de tireurs, suffisent pour imprimer en trois couleurs vingt- quatre pièces environ de calicot par jour. Il font donc, à eux cinq, le travail de vingt-quatre imprimeurs et de vingt-quatre tireurs , le travail d’un imprimeur, aidé de l’enfant nommé tireur dans les fabriques, ne dépassant guère , terme moyeu, une pièce à trois couleurs ou à trois mains. — 296 — Si l’on compare cette impression mécanique à la planche , à l’impression à la main, tant sous le rapport de l’économie que sous celui de la perfection du travail, on sera frappé de l’immense supériorité de la première en effet, la machine de M. Perrot réalise au moins 3o fr. d’économie par chaque couleur, c’est-à-dire go fr. par jour, sans compter qu’elle ne dépense que la moitié, terme moyen, des couleurs qu’il faut employer dans le travail à la main ; et on comprendra facilement qu’il doit en être ainsi, en réfléchissant qu’au lieu de vingt-quatre châssis garnis, nécessaires pour la confection de vingt-quatre pièces, trois seulement suffisent. Les planches que la machine fait mouvoir ne nécessitent pas les soins que sont forcés de prendre les imprimeurs pour redresser et dégauchir les planches ordinaires aussi durent-elles trois fois plus que celles-ci. Toujours prête a marcher, n’exigeant, pour sa manœuvre, qu’un très-petit espace, le service de cette machine peut être continué nuit et jour ; le tems nécessaire au changement de dessin et de couleur n’excède pas une demi-heure. Sous le rapport de l’exécution, on conçoit qu’elle doit nécessairement fonctionner avec plus de régularité et de précision que la main, qu’elle doit faire des raccords plus parfaits. Nous avons vu de nombreux dessins imprimés par cet appareil, et nous en avons admiré la netteté et la correction ; beaucoup d’entr’euX n’auraient pu certainement être exécutés à la main. Les mordans, rongeans, réserves et couleurs d’application sont imprimés, p ar cette machine , avec une incroyable facilité, pourvu que ces cou- leurs soient de nature à être appliquées immédiatement. Chacune des trois couleurs peut être fournie plus ou moins, et on obtient le degré convenable de pression des planches sur la toile, 1,u moyen d’un mécanisme très-simple, qui permet d’augmenter ou de diminuer la pression à volonté. A tous ces avantages matériels, il faut joindre celui non moins précieux pour les chefs d’ d’être , désormais, a — 297 — l’abri >vec la fabrication des indiennes, qu’on donne, dans les fabri- de ta Revue de Rouen. Avril I85G ; t. ", p. 251». — 300 — ques, le nom de tireurs aux enfuns chargés d’étendre sur les châssis les couleurs que les ouvriers imprimeurs doivent appliquer sur les toiles avec leurs planches gravées. Avant d’indiquer en quoi consiste le perfectionnement ajoute à la Perrotine, il est essentiel de donner connaissance des faits qui l’ont provoqué. La Perrotine a été, comme toutes les inventions nouvelles en butte aux attaques les plus vives et les plus opposées ; et, pour que rien ne manquât au triomphe de son auteur, elle a été l’occasion d’une coalition entre les ouvriers imprimeurs , et, par suite, d’un procès jugé à Rouen dans les derniers jours de i835- Les faits que nous allons rapporter méritent de recevoir de l a publicité, car il en ressortira une grande leçon pour les ouvriers qui ne sont pas encore assez convaincus que la loi protège les inventeurs contre leur mauvais vouloir, et qui regardent comme un fléau pour eux les perfectionnemens qui diminuent, ça et là > quelque peu de main-d’œuvre dans les manufactures. Depuis deux ans, la Perrotine fonctionnait parfaitement bien dans les ateliers de M. Stackler, fabricant d’indiennes à Saint- Aubin-la-Rivière, lorsque, tout—à-coup, au commencement du mois de septembre de l’année dernière, de graves défauts se firent apercevoir dans les pièces imprimées par cette machine- Jleaucoup de ces pièces présentaient, d’espace en espace , des parties sur lesquelles la couleur n’était point appliquée ; elle 5 furent donc entièrement perdues. En général, dans les machines, le3 vices se produisent d’un e manière constante et uniforme ; mais ici les défectuosités arn' voient très-irrégulièrement. Des pièces entières étaient lfa " primées avec une grande perfection ; puis, instantanément plusieurs offraient les défauts que nous venons d’indiquer. Cette bizarrerie déjouait l’attention de l’ouvrier chargé de conduire la Perrotine ; elle déroutait complètement le contremaître que M. Perrot avait envoyé chez M. Stackler, P° ur _ 301 découvrir les causes d’un mal aussi grand. Toutes les parties de la machine fonctionnaient régulièrement. On ne savait comment expliquer la production de ces défauts , qui se renouvelaient sans cesse, et on cherchait vainement un moyen de les faire cesser. M. Perrot, qui déjà avait été plusieurs lois victime de la méchanceté des ouvriers, entrevoyait là un nouveau tour de leur façon , d’autant plus que l’un d’eux avait dit, un jour, en ricanant M. Perrot lui-même viendrait qu’il n’y verrait goutte.» Enfin, par suite du demi-aveu d’un imprimeur, ami du conducteur de la Perrotinc, on surveilla plus attentivement les deux tireurs, et on les surprit au moment où, après avoir étendu la couleur sur les châssis, ils passaient rapidement la main sur les planches. Ils enlevaient, par cette manœuvre, la couleur dont elles étaient chargées, ce qui faisait manquer nécessairement l’impression de la partie essuyée. Les tireurs, pris en flagrant délit, furent remplaces par d’autres, qui employèrent le même manège. Trois d’entr eux, intimidés par les menaces qui leur furent faites , avouèrent qu’ils agissaient ainsi à l’instigation d’un nommé Marchand, tireur comme eux, qui leur avait enjoint de faire manquer les pièces. Le plus âgé de ces conspirateurs avait à peine seize ans ! Evidemment , ils étaient les instrumens aveugles des imprimeurs à la main, que la Pcrrotine avait remplacés dans les ateliers de M. Stackler, car eux seuls étaient intéressés à la dépréciation et â l’abandon de cette machine, qui leur avait causé un notable préjudice. Il fallait un exemple, un châtiment public , pour empêcher le retour de semblables manoeuvres, et apprendre aux ouvriers qu’il ne leur est pas permis de porter impunément atteinte au droit sacré de la propriété. Il fallait leur faire sentir que leur résistance à se soumettre tranquillement à la nécessité était vaine ; leur montrer que leur intérêt particulier devait fléchir devant 1 intérêt général des consommateurs, et les aveitii qu au lieu de — 302 — s'armer lu marteau les briseurs de machines, il leur serait plus profitable de chercher, dans les autres parties de la fabrication de l’indienne, une occupation qu’un mode plus économique de travail devait nécessairement leur enlever sans retour. Ces motifs décidèrent M. Perrot à porter plainte au procureur du roi, et bientôt une ordonnance de traduction en police correctionnelle fut rendue contre les tireurs Marchand, Beuzevestre, Rasse et Boucher, prévenus de s’être coalisés et d’avoir gravement compromis, en gâtant sciemment des marchandises, les intérêts de MM. Stacklcr et Perrot, Le io novembre i835, le tribunal, faisant application dc 9 art. 443» 69 , 4^3 et 62 du code pénal , déclara les quatre tireurs coupables d’avoir, comme ouvriers, volontairement gâté les pièces en fabrication chez M. Stacklcr, et les condamna, savoir Marchand, à un an d’emprisonnement ; Beuzevestre, à six mois ; Rasse, à un mois ; Boucher, à quinze jours de la même peine ; et tous, en outre, aux frais du procès, solidairement et par corps. Beuzevestre, Rasse et Boucher firent appel de ce jugement- Le 4 décembre 1 835, la cour royale de Rouen rendit l’arrêt suivant 1 Art. dis. Quiconque , à l'aide d'une liqneur corrosive ou par tout autre moyen, a ,,r * •volontairement pâté tics marchandises o;i matrices servant à la fabrication, sera puni d 11 ' 11 emprisonnement d'ut» mots à deux ans , et d'une amende qui ne pourra excéder le piart dommages-interets, ni être moindre de seize francs* * Si le délit a été commis par un ouvrier de la fabrique ou par un commis de la de commerce, l'emprisonnement sera de deux à cinq ans , sans préjudice de l'amende, s* 11 * -qu'il vient d'être dit. • a Aut. G9. Si le coupable n'a encouru qu'une peine correctionnelle , il pourra être ronda 1 * 1 * 1 à telle peine correctionnelle qui sera jugée convenable, pourvu qu'elle soit au-dessou* ^ moitié de celle qu'il aurait subie s'il avait eu seize ans. » o Art. 403. Dans tous les ras ou la peine d'emprisonnement est portée par le -code, si le préjudice causé n’excède pas 23 fr., et si les circonstances paraissent aUém»a nirS ’ les tribunaux sont autorisés à réduire l'emprisonnement même au-dessous de six j**" ,-s ’ l'amende même au-dessous de 16 fr. Ils pourront aussi prononcer séparément l'une ou 1 aU de-ers peines, sans qn'en aucun cas elle puisse être au-dessous des peines de sinipb* Art. 32. L'exécution des condamnations à l'amende, aux restitutions, aux do* u,,,a ° c intérêts et aux frais, pourra être poursuivie par la contrainte par corps. » — 303 — . n Attendu que le délit imputé aux prévenus est constant , et qu’ils s’en reconnaissent coupables ; » Mais attendu que Bcuzevestre est le soutien de sa famille ; que Rasse n’est âgé que de 1 3 ans ; que Bouclier a agi sans discernement il n’avait que 11 ans , et qu’ïl est réclamé par sa mère » La cour, statuant sur l’appel, réduit à un mois, quant à Bcuzevestre, et à quinze jours, quant à Rasse, la peine d’emprisonnement contre eux prononcée ; acquitte Boucher de la condamnation à quinze jours de prison , et ordonne qu’il sera remis à sa mère ; condamne Bcuzevestre et Rasse aux dépens , solidairement et par corps. » Comme on le voit, la cour a su allier à une indulgence paternelle envers de jeunes enfans égarés, une sévérité nécessaire en d’aussi graves conjonctures. Ce procès a eu, en grande partie, l’effet moral qu’on en attendait, car le nombre des tentatives criminelles pour déranger le travail des Perrotines diminue chaque jour. Un autre bien est encore résulté des essais infructueux des imprimeurs de M. Stackler M. Perrot, pour ne plus éprouver de nouveaux désagrémens, a cherché le moyen de se rendre indépendant du bon et du mauvais vouloir des tireurs, et il y a l'éussi, comme en tout ce qu’il entreprend. Aujourd’hui, grâce à une addition aussi simple qu’ingénieuse, la Perrotine marche sans le secours des tireurs. Cette addition consiste en deux cylindres qui ont pour fonction de distribuer la couleur sur les châssis de la machine. Ils remplissent donc l’office des tireurs ; aussi M. Perrot appelle-t-il cet a Pparcil tireur mécanique. Ces cylindres, placés dans une petite auge où l’on met la couleur à étendre, tournent l’un sur l’autre, a 1 aide d un mécanisme très-simple, se chargent de cette couleur, et l’un — 304 — d’eux , le supérieur, lu dépose sur le châssis auprès duquel il se trouve. Une fois la Perrotine en mouvement, toutes les parties fonctionnent avec une précision admirable. Le tireur mécanique communique au châssis, et dans toute son étendue, une couche uniforme de couleur ; le châssis, à son tour, la cède à la planche gravée sur laquelle il vient s’appuyer ; puis la planche va l’imprimer sur la toile qui passe devant elle. Ces effets se succèdent d’une manière continue et régulière , autant de tems que le désire le conducteur de la machine. De tems en tems, il alimente de nouvelle couleur l’auge du tireur mécanique. Cet appareil a cela d’avantageux que la couleur la plus épaisse est parfaitement broyée ; résultat qu’il est impossible d’obtenir dans le procédé ordinaire, où le tireur l’étend à l’aide d’une petite brosse sur le châssis le frottement de la brosse ne peut suffire, on le conçoit, pour écraser tous les grumeaux qui sc trouvent ordinairement dans une matière plus ou moins consistante. Un second avantage du tireur mécanique consiste dans l’égalité et l’uniformité avec lesquelles cette couleur se trouve étendue sur le châssis. Enfin , ce qui est encore très-précieux et ce que le tireur ne peut faire, quoique dextérité qu’il ait, c’est que l’appareil de M. Perrot apporte sur le châssis, à chaque coup de planche» une quantité de couleur qui, une fois réglée, est toujours l a meme, quel que soit le tems pendant lequel cet appareil fonC" lionne. Nous avons vu des Perrotines, munies du tireur mécaniqu e ’ en activité chez plusieurs indienneurs du département, et nous avons été charmés de la simplicité du mécanisme et de la régul a ' rité avec laquelle toutes les parties de ce vaste système marchent et produisent. Les fabricans louaient sans restriction l’impor tant perfectionnement dont nous venons de parler. L’un d’eux, dont — 305 — le jugement en pareille matière loitlaire naître la conviction dans tous les esprits, M. Henry Barbet, nous disait que le tireur mécanique est une des plus heureuses inventions fournies par la mécanique à l’industrie des toiles peintes. M. Perrot trouve maintenant la récompense de ses longs et pénibles travaux , dans le succès vraiment miraculeux qu’obtiennent partout ses admirables conceptions. Nous constations, dans notre premier article, qu’en moins de deux années, 45 Perro— tines étaient sorties des ateliers de notre savant ingénieur. Cinq mois après, le rapporteur de la Société libre d’Emulation annonçait qu’il y avait 62 de ces instrumens en activité. Aujourd’hui, nous savons qu’il y a g2 Perrotines livrées à l’industrie, et que, sur ce nombre, 61 existent dans les fabriques du département. Voila , certes, une propagation bien rapide , et nous ne trouvons dans les annales historiques de l’industrie l’exemple d’aucune machine dont l’admission dans les ateliers ait été aussi prompte. Les machines à rouleaux, qui, à leur début, causèrent une si vive sensation dans le monde industriel, qui rendent des services si importans et si bien reconnus, et qui sont bien plus simples dans leur mécanisme que la machine de M. Perrot, ne se sont répandues que fort lentement. Ce qui prouve, mieux que tous les raisonnemens , l’utilité et la bonté de la Perrotine, c’est que , dans l’espace de trois ans , notre département a acquis plus de ces machines qu’il ne s’y trouve de machines à rouleaux , depuis les trente années qu’on les connaît. Nous nous sommes assuré, en effet, qu’il y a tout au plus 45 machines à rouleaux dans nos fabriques, et nous savons que, depuis l’emploi des Perrotines , le nombre des premières s’est à peine augmente de c *nq ou six. Voilà des faits qui valent les meilleures démonstration scientifiques. Depuis le I er novembre i835 jusqu’à ce jour avril i838, " J tireurs mécaniques ont été fabriques et vendus par M. l’cirot. % 20 — 306 Cela prouve encore que nos industriels ont reconnu bien vite les grands avantages de cette nouvelle invention. Nous ajouterons cjue, dans les environs de Paris, la Perrotine commence à être employée-à l’impression des tissus de laine. Depuis que les premiers essais de ce genre ont été couronnés de succès, les commandes de ces machines se sont multipliées. Au moment où nous écrivons ces lignes , on nous communique une lettre d’un fabricant de tissus de laine imprimés, à Puteaux, près de Paris, qui supplie M. Perrot de lui envoyer la première machine qui pourra sortir de ses ateliers, attendu qu’il a renvoyé tous ses ouvriers imprimeurs, qui lui avaient intimé l’ordre de démonter sa Perrotine. Chez un autre fabricant de la même localité , les ouvriers se sont également soulevés, et ont mis leur chef dans l’alternative , ou de détruire ses Perro— tines , ou de les voir se retirer tous au même instant. Il a choisi ce dernier parti, en ne les renvoyant toutefois que successivement, six par six, comme le réglement de sa fabrique lui en donnait le droit. Nous dirons, en terminant cet article que nous avons été heureux de pouvoir mettre sous les yeux des lecteurs de la Revue Honneur à l’homme de science qui sait doter notre industrie d’in- strumens aussi habilement conçus et aussi productifs que la Perrotine! Honneur aux industriels qui ont su les premiers apprécier dignement le mérite des conceptions de l’homme de science, et lui venir en aide en adoptant ses précieuses inventions ! Heureux enfin le pays ou se trouvent et de tels hommes de science et de tels praticiens ! — 307 — DE LA PERROTim III e ARTICLE. ' Pour compléter et pour confirmer ce que j’ai dit dans les deux articles précédens sur la Perrotine, je crois devoir emprunter au Journal de Rouen les documens suivans dont l’exactitude m’est connue La presse de la localité a plusieurs fois rendu hommage à l’ingénieuse invention de la machine à imprimer l’indienne, dite Perrotine, soit en expliquant l’habileté et la simplicité de son mécanisme, soit en faisant l’éloge de ses produits , soit en constatant le nombre de machines sorties des ateliers de l’inventeur, comparativement à celui des machines à rouleaux vendues pendant le même espace de tems. Il nous a paru intéressant de rechercher comment, malgré l’esprit de routine et les préjugés qui s’opposent généralement à l’adoption des machines nouvelles, et qui n’ont pas fait grâce h M. Perrot, sa machine à imprimer l’indienne s’est établie si promptement dans nos fabriques. Effectivement la machine à rouleaux, introduite en France depuis 1801 , s’y est propagée avec une lenteur telle, que notre departement n’en compte pas 5o, tandis que la Perrotine, inventée il y a Quatre ans environ, s’est si rapidement répandue, que plus de 1 15 machines de ce système ont été livrées par l’inventeur. Extrait du Journal de Rouen du 7 mai 1S37. — 308 — » Les causes de ce résultat sont complexes ; maïs nous croyons être parvenus à en déduire la principale , de la comparaison entre le capital d’établissement pour l’impression aux rouleaux, et le capital proportionnellement beaucoup plus modique que nécessite l’emploi de la perrotine. » Voici, à cet égard, quelques données précieuses qui sont le fruit d’informations nombreuses , et sur l’exactitude desquelles nous n’avons pas à craindre de contestations. Dans les calculs pii suivent, il va sans dire que nous ne considérons que la dépense relative à la partie mécanique, et que nous offrons les moyennes des résultats. Le terme de comparaison est la fabrication de 20,000 pièces par an. IMPRESSION AUX ROULEAUX POUR UNE COULEUR. 60 rouleaux à 500 fr. 30,000 fr. La machine. 6,000 Capital. 36,000 Intérêts du capital, 10 p. 0/0... 3,600 60 gravures à 100 fr. 6,000 Force motrice d’un cheval. 600 Ouvriers pour le service de la machine. . 3,000 Frais d’impression. . 13,200 IMPRESSION A LA PERROTINE POUR UNB COULEUR. 3 Pcrrolincs. seul capital . 7,500 fr. 750 3,000 300 2,000 Frais d’impression. 6,050 » En rapprochant les résultats ci-dessus, nous trouvons q“ c fabricant d’indiennes qui se propose, en s’établissant, de fa»e Intérêts du capital. 60 gravures à 50 fr. Force motrice d’un 1 /2 cheval Ouvriers. — 309 — 20,000 pièces en une couleur, dans une année, devra consacrer à la partie mécanique de rimpression un capital de 36,ooo fr. s’il veut imprimer ces pièces aux rouleaux, et de ^,5oofr. seulement s’il fait choix de la Perrotine ; et, en outre, que chaque pièce imprimée au rouleau coûtera 68 centimes, taudis que, par la Perrotine, elle ne reviendra pas à 3i centimes. IMPRESSION AUX ROULEAUX POUR DEUX COULEURS. 100 rouleaux à 500 fr. 50,000 fr La machine. 7,000 Capital. 57,000 Intérêts du capital. 5,700 60 dessins ou 120 gravures * 100 fr. 12,000 Force motrice de 2 chevaux. 1,200 Ouvriers. 4,500 Frais d’impression. 23,400 IMPRESSION A LA PERROTINE POUR DEUX COULEURS. 3 Pcrrotines seul capital . 13,000 fr. Intérêts du capital. 1,300 60 dessins ou I20 planches h 30 fr. 3,600 Force motrice d’un 1 /2 cheval. 300 I ouvrier cl 2 aides. 3,000 Frais d’impression 8,200 » Le capital engagé ici pour l’impression aux rouleaux est donc plus que quadruple de celui que réclame la Perrotine, et le prix des ind icnnes fabriquées à la Perrotine est très-peu supérieur au fiers île celui îles indiennes obtenues au moyeu des rouleaux. Ensuivant le même système de rapprochemens, dont nous abrégerons les termes, noos trouvons que, pour l’impression à trois couleurs, la machine à rouleaux entraîne une dépensé en c pital de 100,000 fr., en frais annuels de 34,3oo fr., tandis — 310 — que la Perrotine à trois couleurs ne réclame qu’une dépense de l5,ooo fr. en capital, et de 9,3oo fr. en frais annuels. » Ici se manifestent de plus en plus les avantages que présente l’emploi de la Perrotine sur celui de la machine à rouleaux. » Nous arrivons à un point où il ne nous est plus possible d’établir de comparaison entre les résultats économiques de la machine à rouleaux et ceux des Perrotines. Il s’agit de l’impression à quatre couleurs, et il n’existe pas en activité en France, que nous sachions, de machine h rouleaux susceptible d’être appliquée à l’impression à quatre couleurs comme la Perrotine. Cependant, si nous voulions anticiper sur les progrès futurs de la machine à rouleaux , nous trouverions que, pour l’impression à quatre couleurs, celle-ci entraînerait une dépense en capital de i32,ooo francs, et en frais annuels de 45,600 fr., tandis que la même impression est aujourd’hui réalisée par la Perrotine au moyen d’un capital de 24,000 fr. et de frais annuels qui ne s’élèvent pas à plus de i3,5oo fr. » Dans les calculs qui précèdent nous avons supposé que la Perrotine ne peut imprimer que vingt-deux pièces par jour. Cependant chez M. Girard, fabricant à Déville, son gendre, qui exécute avec ses trois Perrotines des dessins d’une finesse et d’une précision admirables , en retire de quatre-vingt-dix à cent pièces par jour ; et nous savons que, dans quelques fabriques de Bolbec, on obtient en nombre des résultats analogues. » Autre avantage en faveur de la Perrotine, relativement .à la quotité de la dépense Au bout de quinze années, dans l’impression au rouleau , tous les rouleaux de cuivre, ayant supporté chacun quinze gravures, seront à-peu-prês usés, sans que le nombre de dessins puisse jamais dépasser soixante ; dans l’emploi de la Perrotine, au contraire , le nombre des dessins, augmentant de soixante par annee, s’élèvera à neuf cents au bout de quinze ans. On s’est meme occupé des moyens de rendre encore moins coûteuses les gravures pour Perrotines ; et des — 311 — essais heureux donnent lieu d’espérer que bientôt cet art subira aussi sa révolution. » Nous avions annoncé et nous venons de démontrer qu’une des causes les plus actives du succès de la Perrotine réside dans l’énorme disproportion de ses prix d’établissement et d’entretien avec ceux de la machine à rouleaux. Nous sommes disposés à accueillir toutes réclamations qui pourraient être élevées contre les chiffres que nous avons posés ; mais, encore une fois, nous ne les redoutons pas, car dans nos évaluations nous nous sommes tenus plutôt en-deçà qu’au-delà de la réalité favorable à la Perrotine. » Mais ce n’a pas été là le seul élément de sa réussite. Les qualités saillantes de l’indienne faite au rouleau sont la finesse et la pureté du dessin ; mais le mérite distinctif de l’impression à la planche de la Perrotine est dans la vivacité et l’éclat des couleurs. » Pour obtenir, avec le rouleau, la même nuance qu’avec la planche, il faut employer des mordans beaucoup plus forts ; c’est ainsi qu’il y a peu de tems encore, on n’obtenait par les rouleaux que des noirs ternes et infiniment moins beaux que ceux que l’on peut se procurer, soit à la planche, soit à la Perrotine. » Dans l’impression au rouleau à plusieurs couleurs , les premières couleurs imprimées perdent beaucoup de leur éclat, par l’écrasement qu’elles éprouvent en passant sous les rouleaux qui succèdent au premier. » Il est encore une autre cause de détérioration pour lesindiennes °btenucs au rouleau ; c’est que la surface du rouleau, essuyée avec une lame d’acier, ne l’est jamais qu’imparfaitement. Il résulte de là que chaque couleur dépose sur le fond non imprimé du tissu une légère couche de couleur ou de mordant. Lors donc que, par l’impression de plusieurs couleurs, le fond se trouve chargé de teintes superposées, on ne peut le ramener à Uue blancheur convenable qu’en soumettant l’indienne à des ageus — 312 ,— qui, en détruisant ces teintes, dégradent nécessairement les couleurs du dessin. Aussi, jusqu’ici, a-t-on fait très-peu d’indiennes à trois couleurs au rouleau. » On pourrait objecter qu’il y a quelques fabricans qui sont loin de réaliser par la Perrotine tous les avantages que nous venons de lui attribuer. Mais pour en tirer une conséquence défavorable à la Perrotine, il faudrait ignorer ou avoir oublié que la machine à rouleaux a une couleur, si simple dans sa construction et par conséquent plus facile à conduire , sous certains rapports, que la Perrotine, ne marchait pas dans toutes les fabriques où elle avait été placée, il n’y a pas quinze ans de cela , c’est-à-dire vingt ans après son introduction en France. Pour ne citer qu’un fait, nous rappellerons qu’une des machines à rouleaux de M. Girard avait appartenu à plusieurs fabricans, sans qu’aucun en pût tirer parti avant cet habile manufacturier. Il faudrait encore ne pas se rappeler que des ouvriers ont été -condamnés à la prison pour avoir empêché des Perrotines de fonctionner en en altérant les rouages ou le mécanisme, et ne pas savoir que ce genre de délit est bien plus commun que ne l’a été et que ne pouvait l’être la répression. » Mais, à part ces causes tout exceptionnelles de non réussite , il est évident que le succès de la Perrotine va s’agrandissant chaque jour, et qu’elle tend à se généraliser, non seulement dans son emploi, mais encore dans ses applications. On sait qu’elle a été adaptée à l’impression du papier de tenture et des lainages, au moyen de très-lcgères modifications. Les à l’impression des tissus de laine y ont rendu d’immenses services. Une seule fabrique, celle de MM. Piot et Jourdan , de Cambrai > possède six Perrotines. » Nous le répétons, le succès était acquisjdepuis long-tems à cette machine, que l’on a justement considérée comme l’une des pl uS habiles et des plus utiles inventions de la mécanique moderne , mais il restait à analyser et à préciser les causes de ce succès , ct nous sommes heureux d’avoir été en position de le faire, p° ur — 313 — l’auteur de la Perroline, qui, contre l’ordinaire de ce qui se passe dans le monde, a rencontré dans son invention une source bien légitime de gloire et de fortune, comme pour notre département, dont l’industrie a reçu de lui un si puissant concours , un levier de production si énergique et si fécond. » î QUELQUES CONSEILS AUX CULTIVATEURS, A PROPOS DE LA SÉCHERESSE QUI REGNE DEPUIS DEUX ANS DANS LE DÉPARTEMENT DE LA SEINE-INFERIEDRE. INSTRUCTION RÉDIGER, AU NOM D’UNE COMMISSION, PAR M. J. GIRARDIN Le département de la Seine—Inférieure, placé à plusieurs degrés au nord de la latitude moyenne de la France, entouré, d’un côté par la Manche, et, de l’autre par le lit d’un grand fleuve, est, en raison même de sa position topographique, ordi' nairement exposé à des pluies abondantes et souvent soutenues- Mais, depuis deux ans, une sécheresse insolite y exerce ses funestes effets, et cause de notables préjudices aux habitans de n° s campagnes ; non que cette secheresse ait nui aux récoltes des ’ Insérée dans l 'Extrait des travaux de la Société centrale d'Agriculture du deoart e ment de la Seine-Inférieure , t. 8, p. 502 » trimestre d’avril 1855. — 315 eéréales et les fourrages elle leur a été, au contraire, très- favorable , parce qu’elle ne s’est fait sentir, cette année, qu’après leur parfait développement, mais parce qu’elle a desséché de bonne heure les mares et les réservoirs, et a contraint les cultivateurs à aller chercher au loin et à grands frais l’eau nécessaire aux besoins de leurs ménages et de leurs bestiaux. Ce fléau destructeur, que la prudence humaine ne saurait ni prévoir, ni arrêter, sévit actuellement d’une manière redoutable ; les sources ont disparu, les puits sont h sec, les rivières mêmes sont réduites au tiers de leur volume ; les moulins à blé sont en chômage; de là, le renchérissement excessif de la plupart des denrées de première nécessité, notamment de la farine, et par suite du pain, seule nourriture de l’indigent. En présence d’une aussi grande calamité, dont souffrent et les hommes et les animaux employés à leurs besoins domestiques, la Société centrale d’Agriculture s’est empressée de chercher les moyens, non d’en faire cesser la cause, car à Dieu seul en appartient le pouvoir, mais d’en arrêter ou d’en diminuer les tristes effets. Toutefois, elle ne s’est pas dissimulé que ses avertissemeus n e pourraient avoir d’efficacité que pour l’avenir, et, jugeant que le mal actuellement fait était irréparable, elle a tourné toute sa s °Uicitude vers les moyens à mettre en usage pour préserver les ffabitans des villages et des hameaux du retour des souffrances S u ’amène nécessairement le manque d’eau, cet agent dont le rôle, l’harmonie de la nature, est si important, qu’on pourrait *l re , avec raison, que sans lui la vie s’éteindrait bientôt à la sur- lce du globe. C est pour satisfaire au désir de la Société centrale d’Agricul- ture qu’une commission, composée de MM. Lafosse, architecte, Hubt'euil, directeur du jardin botanique, et J. Girardin, profes-. Seur de chimie, s’est occupée de rédiger l’instruction suivante. U sse-t-elle atteindre le but que la compagnie s’est proposé! !“* plus grande incommodité que puisse éprouver un établisse— — 316 — ment rural, est de manquer d’eau. Dans les teins ordinaires de sécheresse, on voit souvent les mares se dessécher; mais, alors, on a recours aux puits et aux sources voisines pour les besoins domestiques ; on envoie ab'reuver les bestiaux dans les ruisseaux environnans, et souvent à des distances assez grandes dans les chaleurs du mois d’août, ces animaux en reviennent presqu’aussi altérés qu’ils étaient partis. Qu’un incendie se manifeste alors, rien ne peut en arrêter les progrès, à moins qu’on ne sacrifie la boisson de l’année, ainsi qu’on l’a vu faire, en 1 834, sur plusieurs points du pays, où le cidre a servi à faire marcher les pompes !. • Aujourd’hui, le secours des puits et des sources n’existe plus; tout est tari, et les rivières seules peuvent satisfaire aux besoins journaliers des fermes. Dès-lors, quelles dépenses, quelle perte de teins pour le cultivateur, qui a besoin de son attelage et de tous les bras de la ferme pour l’exploitation de ses produits, surtout dans cette partie de l’année où les travaux sont si multipliés ! Jusqu’ici, malgré les leçons de l’expérience , les propriétaires ruraux n’ont rien tenté pour remédier à cette disette d’eau dans nos campagnes. Trop confians sur la constitution météorologique du pays, ils se sont généralement bornés à creuser des mares, comptant sur les pluies de l’hiver et du printemps pour les rem" plir ; peu d’entre eux ont eu recours aux deux moyens connu» depuis long-tems pour procurer de l’eau aux localités qui en manquent , les puits et les citernes; aussi ces réservoirs artificiels sont- ils assez rares dans les fermes normandes. Les difficultés , l ci incertitudes décourageantes, sous les rapports de la dépense et du succès, dans la construction des puits, les frais élevés qu’entraîne toujours celle des citernes, et souvent l’impossibilité de sC procurer des ouvriers assez adroits pour établir celles-ci, s0Ilt certainement aussi des causes du peu d’empressement d’un grand nombre de propriétaires à sc livrer à ces travaux d’améliorat' 011 ' Et , cependant , l’eau est d’une nécessité si absolue dans h» — 317 — besoins de la vie et de l’agriculture, qu’on 11e saurait rechercher avec trop de soin et payer par trop de sacrifices , les procédés que l’art indique pour s’en procurer, ou, au moins, pour mieux économiser celle que la nature donne quelquefois avec trop de prodigalité. Occupons-nous, d’abord, des moyens à mettre en pratique pour arriver à ce dernier résultat ; nous verrons ensuite comment on peut demander, avec succès, à la terre un peu de cette immense quantité d’eau qu’elle renferme dans son sein. Le premier soin à prendre, c’est de multiplier les mares dans nos campagnes, car presque partout elles sont en trop petit nombre. Mais on objectera qu’elles seront bientôt mises à sec, par suite de l’évaporation et par défaut de capacité. Il y a, suivant nous, un moyen de remédier à ces inconvéniens. Dans les communes rurales , éloignées des sources et des rivières, l’administration locale pourrait acquérir un ou plusieurs terrains situés dans des positions favorables à la recette des eaux pluviales, pour l’établissement de mares dont l’étendue et la profondeur seraient calculées sur les besoins de la population, ^es mares seraient entourées, pour retarder l’évaporation des eaux, de haies vives, d’arbres à épais feuillage, comme, par exemple, le peuplier du Canada, qui s’accommode si bien des terres argileuses, et on pourrait y faire croître certaines plantes a quatiques, comme le typha massette , le poa aqualica pa- turin aquatique, le butôme jonc fleuri, non comine objets d agrément, mais comme moyen d’assainissement pour l’eau. ^ expérience a démontré , en effet, que des eaux stagnantes, qui eroupissent et se putréfient habituellement pendant les chaleurs, et a tel point même que les bestiaux refusent d’en faire usage , peuvent devenir très-salubres, si, par une cause quelconque , des plantes viennent à s’y développer. D ailleurs, pour que cet immense réservoir fournît toujours de 1 eau claire, voici ce qu’on pourrait exécuter 318 — A côté, et à cinq à six mètres le distance, on creuserait un bassin de douze à quinze mètres carrés fig. I, a , dont le fond et les côtés seraient revêtus en briques très-cuites réunies par un ciment ; le fond serait plus élevé d’un mètre environ que celui de la mare , afin que la vase de celle-ci ne pût s’y introduire. L’eau de la mare b parviendrait dans ce bassin, au moyen d’un aqueduc c en briques et ciment, de cinq à six mètres de longueur et de cinquante centimètres carrés. Cet aqueduc serait traversé, dans sa longueur, par de petites vannes mobiles d,d,d, percées de trous et distantes l’une de l’autre d’environ cinquante centimètres. Elles formeraient ainsi des cases, dont les premières seraient remplies de gros galets, ou, à défaut, de silex concassés, de cinq à six centimètres de grosseur, les autres de gros sable ou de silex broyés ou concassés, et les dernières de sable fin lassé et bien lavé. Deux cases, celles du milieu, contiendraient du poussier de charbon bien tassé et lavé. Le tout serait recouvert de briques, puis de gazon On obtiendrait, de cette manière, un grand filtre, capable de donner de l’eau, non seulement claire et limpide, mais dépouillée encore de toute mauvaise odeur et de mauvais goût. Le charbon que nous avons recommandé de placer dans deux des cases produirait infailliblement ces derniers résultats, alors même que l’eau de la mare serait corrompue, car l’expérience a démontré depuis long-tems, dans le charbon une propriété désinfectante portée au plus haut degré. Ce que nous venons de dire d’une grande mare communale» peut s’appliquer aux mares des cours de nos fermes, qui, comme on ne le sait que trop, sont entretenues dans l’état le plus déplorable • Trop rapprochés des bâtimens, elles reçoivent presque toujours les égoûts de la fosse aux fumiers , qui en est aussi à proximité, et les filtrations du jus de toutes les substances qui pourrissent * Voir pour le devis de la dépense de cette construction , la note première , à la suite de -ce mémoire. erait un fond et par un le celui oduire. en d’un ngueur iversé, d, d, quan te s pre- e silex res de res de , con— e tout ipable is dé- it. Le x des nême ontré tante îale, mine aille- jours lité, isent itc d e ; i — 319 — dans le voisinage à la surface du sol. Non garanties des approches des animaux de basse-cour, elles sont salies par leurs excrémcns ; les feuilles des arbres, des détritus de tout genre y tombent et s’y pourrissent ; aussi les eaux de ces fosses qui ne sont que très-rarement curées, ne sont-elles, à proprement parler, que des lessives chargées de matières solubles végétales et animales, d’où il résulte qu’elles sont constamment louches, colorées, odorantes et sapides. Très-souvent elles se couvrent de végétations à leur surface, et elles reposent, d’ailleurs, sur une vase plus ou moins épaisse, qui y entretient un foyer de corruption 1 . B Je voudrais voir, dit Bosc , qu’on aime toujours à citer, une ttiare bien faite , bien entretenue, auprès de chaque cabane. Je fondrais apprendre à la faire à peu de frais, dans les pays où le sol ne permet pas de conserver l’eau à volonté. •• Je voudrais que chaque cultivateur profitât de la pente des terrains, del’égoût des toits, des ruisseaux naturels que forme la pluie près de sa demeure, pour rassembler ces eaux dans un réservoir ou mare par lui préparé , soit en creusant simplement le terrain , si le sol relient l’eau, soit en y portant une forte couche *1 argile, s’il s’en trouve à sa proximité. » Mais je mets une condition à l’usage d’avoir une mare faute 'le meilleur moyen , c’est que cette mare sera disposée de ma* "'ere à pouvoir être bien entretenue, bien aérée et nettoyée, quel' T"-fois asséchée pour en enlever les détritus de plantes et d’ani- tfiaux, q u ; von t féconder les champs voisins, au lieu d’empester 1rs hommes et les animaux. ” Pour rendre cette opération facile, il faut profiter d’un terrain e 8èrement incliné, ou lui donner cette direction par de simples * 'Soles, qui, de divers points , se rendent dans la mare, car j’cn t j a ^ ^' ll0 * r, le IM. J. Girardin , sur le poirier saugier et tajiilirieation du cidre , ^ Extrait des travaux de la. Société centrale d'Agriculture du departement de la fnféritwre . calticr de In séance [mldit/uc de 1 S.»4 , j>. — 320 — veux deux ; l’une supérieure et plus grande, destinée à l’usage de la maison, la seconde inférieure, qui peut n’être qu’un fossé conduisant à quelques bas-fonds. Une simple vanne en bois sera construite dans la rigole qui conduit de la mare supérieure à l’in- l'éx'ieure. Survient-il un orage, une forte pluie, la vanne est ouverte, l’eau court d’une mare à l’autre; elle est ainsi rafraîchie , renouvelée. Au printemps, à la saison des pluies, la mare supérieure est mise à sec et curée ; la mare inférieure abreuve le bétail, jusqu’au moment où la première lui fournit des eaux vives , fraîches et abondantes. » Je ne retrace ici que ce que j’ai vu pratiquer dans une ferme... Ce travail est simple, facile, sans dépenses de constructions et d’entretien. Les avantages en sont certains. Peut-être devraient- ils devenir l’objet d’un réglement d’administration publique. En attendant, conseillons aux cultivateurs intelligens une pratique aussi simple que facile et avantageuse, et, loin de détruire les mares, félicitons-les d’habiter un pays où il est possible de s’en procurer de salubres 1 . » L’eau de ces mares peut être aussi appropriée à la boisson des gens de la ferme, près avoir été filtrée à travers le charbon. Cette opération peut se faire sans frais, comme sans embarras, à l’aide d’un muid ou d’un tonneau disposé de la manière suivante On prend un tonneau charbonné à l’intérieur fig. II , défonce par le haut, et dont le fond est percé d’une multitude de petits trous, comme une écumoire. On pose sur celui-ci un tissu de laine a, et par-dessus une couche de grès pilé, ou du sable f' n de rivière, d’environ deux pouces d’épaisseur b. On forme ensuite une autre couche de quatre à cinq pouces, avec un mélange de poudre grossière de charbon de bois et de grès pilé très-fin et bien lavéc. On comprime fortement cette couche, afin que l’eau qui doit la traverser reste long-tems en contact avec le charbon. 1 Article Mares, du Nouveau Cours complet q ue ' Paris , Délcrville , 1809. — 321 — On la recouvre d’une troisième couche de sable ou de grès, à peu près de deux pouces d’épaisseur d , et on assujettit fortement le tout avec un plateau circulaire en bois e , entrant avec effort dans le tonneau, et percé de trous; ce plateau doit être ensuite lulé avec de la glaise contre les parois intérieures du tonneau. Enfin , on cloue sur le plateau un drap de laine, pour qu’aucune parcelle de sable ou de charbon ne puisse être entraînée dans l’intérieur du tonneau, qui sert de réservoir pour l’eau filtrée. L’appareil dépuratoire, ainsi disposé, sera placé au milieu de la mare f , de manière à ce qu’il plonge dans l’eau, presque jusqu’à son ouverture supérieure. On le fera reposer sur quelques grosses pierresou sur un trépied en bois. On comprend facilement que l’eau de la mare , passant par les trous du fond , traversera bientôt les couches de sable et de charbon, pour s’élever dans l’Intérieur du vase jusqu’à son niveau extérieur, et qu’elle laissera dans le filtre toutes les impuretés et le mauvais goût qui la rendaient impropre à la boisson. On pourra donc puiser en tout temps de l’eau parfaitement pure dans l’intérieur du tonneau, alors même que celle delà mare serait infecte et bourbeuse. Que si le niveau de la mare vient à baisser par suite de l’évaporation , on descendra le tonneau de manière à ce qu’il soit toujours plongé aussi profondément que possible dans l’eau. Pour pouvoir le manœuvrer avec facilité, on établira un système de suspension très-simple, en usage dans une foule de localités pour brer l’eau des puits. On attachera donc le tonneau , à l’aide de c °rdes, à l’extrémité d’une longue et forte perche c , basculant s,1r un poteau n, à la manière d’un fléau de balance ; à l’autre extrémité de ce levier, on placera un contre—poidsi pouvant faire équilibre au tonneau. Il sera donc très-aisé de relever c elni—fl hors de l’eau, ou de l’y faire plonger, suivant le besoin. Les tonneaux—filtres peuvent rester ainsi pendant plus de six ni!3 fl - ” c ' — 335 Report . 2 mètres 16 centimètres de planches n chêne de 8 centimètres d’e'paisseur, pour les vannes, lesquelles seront per- cc'cs de trous. 3 mètres 60, centimètres de planches brutes, pour couvrir l’aqueduc , à 4 fr. le mètre carré, sur 8 centimètres d’épaisseur . Main-d’œuvre pour remplir les cases de galets, sable, charbon, etc. Dans la voûte serait réservé un vide pour l’établissement d’une margelle, d’une potence en bois, d’un seau, d’une chaîne et d’une poulie, le tout estimé à Total de la dépense. 985 fr. 80 c. 10,615 fr. » c. 19 44 14 40 20 120 1,159 fr. 64 c. 1,159 64 11,774 fr. 64 c. Si cette dépense est supportée par trois communes , la part de chacune sera de 3 ,924 fr. 88 c. NOTE II. De M. Vabbé Paramclle et de sa théorie pour la découverte des sources. Il n’est bruit., depuis quelque teins, que des heureux résultats obtenus dans le département du Lot, pour la recherche des sources , par M. l’abbé Parainelle, de Saint—Céré. Sur soixante- quinze creusemens opérés d’après les indications de cet ecclé— S astique, soixante-neuf ont procuré des sources salubres et abondantes. Les divers rapports des Sociétés d’Agriculture du département du Lot, patrie de M. l’abbé Paramelle, et de celles des ’lcpartcmens voisins ; les nombreux procès-verbaux de découplés de sources, envoyés aux préfectures de ces mêmes départe- ^us ; une rente annuelle de 2,000 fr. qui lui a été allouée par le conseil général du Lot, en reconnaissance des immenses ser- 336 — \îces rendus par lui à ce département, les lettres écrites à ce sujet par plusieurs préfets , soit au ministère, soit à leurs collègues, notamment celle adressée à M. le comte de Lezay-Mar- nesia, et insérée dans un rapport de la Société d’Agricnlture de Loir-et-Cher, attestent assez que M. Paramelle possède quelque moyen nouveau d’explorer les terrains pour y découvrir les sources qu’ils recèlent dans leur sein , ou qu’il fait, sous ce rapport, un emploi plus judicieux des connaissances géologiques, qu’on ne l’avait fait avant lui. L’annonce du succès de M. l’abbé Paramelle a trouvé bien des incrédules. On s’est rappelé les prestiges de la baguette divinatoire , les merveilleux effets des sensations surnaturelles du fameux Bleton, les ridicules préceptes recommandés par Palla- dius , dans son traité De re ruslicâ titre 8 du neuvième livre ; et bien des esprits sceptiques n’ont vu, dans l’honorable ecclésiastique du Lot, qu’un de ces charlatans qui, dans tous les tems , out voulu abuser de la crédulité publique , en s’attribuant la faculté de découvrir les sources à l’aide de moyens surnaturels. Nous ne venons pas ici nous poser comme les champions de M. l’abbé Paramelle, dont nous n’avons pu étudier les procédés ; mais , convaincus que la science géologique peut fournir à des esprits observateurs des données précieuses sur le gisement des eaux dans le sein de la terre, et qu’il est possible, par suite d’observations nombreuses, d’arriver à la découverte de quelques principes jusqu’ici ignorés et que la physique générale ne désavouerait pas , nous nous trouvons disposés à combattre l’incrédulité , qui naît souvent de l’ignorance , et nous nous plaisons à croire que l’abbe Paramelle obtient effectivement les merveilleux succès signalés par les journaux, en procédant d’après une théorie qu’il applique d’après l’inspection géologique des lieux sur lesquels il est appelé. Le qui contribue encore à nous affermir dans cette opinion , e’est le désintéressement dont il f ;,lt preuve, puisqu’il se contente, pour tout honoraire , du rem- — 337 — boursement des frais qu’occasionnent ses opérations, les indications non suivies de succès ne coûtant rien, et les autres étant payées à raison de 1 5 à 4$ fr. par chaque source indiquée , suivant les départemens. Nous désirons donc vivement voir M. Pa- ramelle opérer dans notre pays, pour lequel sa découverte aurait tant d’importance. Plusieurs préfets, entr’autres celui d’Eure- et-Loir et celui de la Seine-Inférieure, M. Bourdon, maire d’Yvetot, se sont mis en relation avec M. Paramelle , qui, dans un intérêt de bien public, se rend d’abord dans les localités où les demandes sont les plus nombreuses. Nous savons que déjà beaucoup de proprietaires du département ont souscrit pour les expériences de M. l’abbé Paramelle; la Société centrale d’Agricul- ture s’est empressée de prendre une action de 5o fr. , dans l’intention d’engager les cultivateurs à imiter son exemple. Pour mettre les intéressés plus en état d’apprécier la valeur des principes d’après lesquels l’abbé Paramelle se dirige dans ses expériences , nous croyons devoir reproduire ici un article publié dans le journal de Loir-et-Cher, du 3 avril 1 834, dont le rédac- h'ur a entre les mains un mémoire manuscrit de M. Paramelle. Après avoir indiqué les diverses formations géologiques qui composent le territoire du département du Lot, considérées dans leurs rapports avec les sources, M. Paramelle en écarte la plus grande partie de son plan d’exploration , soit parce que *es sources y sont abondantes, soit parce que la formation des te *rains ne promettrait aucune réussite. Ses observations se dirigent particulièrement vers les terrains calcaires, où sa théorie lui paraît le plus susceptible d’être appliquée avec succès, ter— rains qui composent, dans le département du Lot, des plaines considérables, sans éminences ni vallées remarquables, où les e Ux sont très-rares, et qui semblent présenter, en. un mot, une 8 r ande analogie avec les plaines de notre Beauce blésoise. " Hd- Paramelle , s’appuyant de la théorie connue de la formation des sources par les eaux du ciel , qui , après avoir 2a 338 — détrempé les terres qui les retiennent quelque tems, s’infiltrent lentement et descendent vers les vallées où elles trouvent des issues , et vont former les rivières, pense que le cours des eaux souterraines suit les mêmes lois que celui des eaux qui circulent à ciel ouvert. Cette proposition est la base de tout son système. » Ainsi , procédant constamment par analogie, il pose d’abord en principe que les eaux, après avoir pénétré la superficie des terres, forment des veines, puis des rigoles, cherchent les pentes des terrains, et descendent dans les vallons en suivant des conduits souterrains dont les pentes sont régulières. Ces courons en reçoivent d’autres, et serpentent dans l’obscurité, de la même manière que les ruisseaux découverts , jusqu'à ce qu’ils se montrent au bord des rivières dans lesquelles ils se jettent. Or, quelque plane que paraisse la surface d’un pays, il n’est pas d’étendue de terrain, si petite qu’elle soit, dont la déclivité ne soit sensible, et les grandes plaines, si étendues qu’elles soient, n’en sont pas moins entrecoupées de collines et de vallons. Là, comme ailleurs, la pluie qui tombe sur les hauteurs, descend et se réunit au fond des vallons, qui tous ont une pente assez inarquée pour qu’on puisse reconnaître la marche que doivent suivre les eaux depuis les points les plus élevés des plateaux jusqu’au bord des rivières. C’est par l’observation de ces bassins qui se communiquent les uns aux autres , et qui offrent la plus grande similitude avec les vallées dans lesquelles coulent les ruisseaux qui alimentent les rivières, que M. Paramelle arrive à la découverte des sources. » M. l’abbé Paramelle, après avoir démontré, à l’aide de diverses observations ingénieuses, que les eaux souterraines> dans les terrains calcaires, suivent les diverses pentes des vall° nS sans eau apparente qui sillonnent les plaines, et appliquant toujours à ces courans souterrains la théorie des ruisseaux découverts , indique l’endroit du vallon où il faut faire la fouille pour les rencontrer, d’après l’inspection des pentes qui I e ^ or — 339 — ment. Si elles ont la même élévation , on est certain de trouver les eaux au milieu de la vallée ; si les pentes sont inégales, le courant doit passer près du coteau le plus rapide ; si, du côté de l’une des pentes on aperçoit quelque roche très-escarpée ou faisant saillie , les eaux ne manquent jamais de venir en battre le pied. Tous ces faits sont analogues à ceux que l’on remarque en observant le cours des rivières ou des fleuves, et il n’est personne de nos lecteurs qui, s’il veut en faire l’application aux cours d’eau qui sillonnent à découvert notre pays, ne reconnaisse la justesse de l’observation de M. Paramelle. Que l’on se rappelle , par exemple, les nombreux méandres que décrit la Cisse, et il se présentera sur-le-champ à la mémoire une foule de vallées que la rivière partage également, ou dont elle quitte et va chercher tour-à-tour l’un ou l’autre coteau , selon les différences que présente la rapidité de leurs pentes, pour venir ensuite battre le pied de la roche abrupte d’où sort la fontaine d’Orchaise. C’est ainsi que les eaux du fleuve de la Loire, après avoir baigné les coteaux rapides des Groüess, les abandonnent pour se précipiter vers les roches escarpées que domine lé château de Chaumont. » On comprend qu’il ne faut pas aller chercher les courans à la naissance des vallons, où il n’a pu s’en former ; que ce n’est qu’à une certaine distance , et après l’épanouissement de plusieurs vallons secondaires à un vallon principal, que l’on peut espérer de les rencontrer. Un fait qui découle encore de cette théorie, c’est que l’endroit le plus favorable pour la découverte des eaux abondantes, à pende profondeur, n’est pas non plus dans le voisinage des rivières , puisque c’est d’ordinaire auprès des t'allées qu’elles parcourent, que viennent se déverser les courans souterrains qui s’y trouvent, par conséquent, à leur plus grande profondeur. Les chances, au contraire, serqnt d’autant plus favorables que l’on s’éloignera davantage de ces vallées , et que 1 on s’approchera des parties de la plaine qui sont précisément les plus dépourvues d’eau. — 340 — > Il résulte des faits qui précèdent, que c’est dans les bas- fonds qu’il faut creuser les puits ou pratiquer des escaliers quand la source est près de la surface du sol ; j et c’est ce qui explique inutilité des sondages profonds qui ont été faits sans succès sur hli vers points des plaines de la Beauce, dans le voisinage des maisons, selon l’usage, où se présente précisément le moins de chances pour trouver des sources, à cause du soin que l’on prend, d’ordinaire, de bâtir sur les hauteurs. » Ce qui donne une grande importance à la découverte de M. Paramelle, ce qui la rend un véritable bienfait, c’est d’être parvenu à découvrir, d’une manière presque toujours certaine, à quelle profondeur se trouvent les eaux cachées sous la croûte des vallons , puisque l’on évite par là tout essai inutile ou coûteux. Voici de quelle manière M. Paramelle est arrivé à obtenir cet heureux résultat. » Procédant toujours d’après l’analogie qu’il a reconnue entre le cours des rivières et celui des eaux cachées qui circulent dans les terrains calcaires, il en conclut que, dans un très-grand nombre de cas, la pente des eaux découvertes est la même que celle de leur cours souterrain. Ainsi, la pente d’un ruisseau découvert étant connue, l’épaisseur de la voûte qui le recouvre pendant son cours souterrain pourra être déterminée en raison de la distance du point où il commence à couler à découvert ; le ruisseau sera d’autant plus rapproché de la surface du sol, que l’on sera éloigné de la vallée où il surgit. La direction qu’il faut suivre dans les terres est très-facile à reconnaître dans le cas dont il s’agit. » Mais , toutes les circonstances ne sont pas également favorables pour apprécier la pente des ruisseaux souterrains et le chemin qu’il faut suivre pour remonter leur cours caché. Ici se présentent plusieurs objections que M. Paramelle repousse p ar des raisonnemens d’autant plus ingénieux, qu’ils sont pins simples. Par exemple, on sait que tous les courans souterrains — 341 — ne forment pas de ruisseaux à leur issue, qui se trouvent souvent sur le bord même des rivières. Dans ce cas, on doit conclure que si le courant fournit peu d’eau , il se jette presque à angle droit dans la rivière, et que, s’il en fournit beaucoup, sa direction doit être oblique, parce que, dans les ruisseaux découverts, l’observation démontre que, plus ils sont grands, et plus l’angle qu’ils forment à leur confluent est aigu. Cette remarque faite, on commencera à marcher, selon l’indication obtenue, dans une direction oblique ou perpendiculaire au cours d’eau dans lequel se jette la source que l’on vient d’observer, et le premier vallon qui s’offrira à la vue sera celui qui recèle le ruisseau caché. En continuant de marcher dans les terres, les embranchemens de vallons que l’on rencontrera seront autant de conducteurs de petits ruisseaux venant se jeter dans le bassin principal, et se multipliant à mesure que l’on s’avance , au point de faire perdre la trace du principal courant. Mais, toutes ces ramifications, loin de nuire aux découvertes, fourniront des chances plus nombreuses pour en faire, et offriront, presque sur tous les points, des ruisseaux ou des rigoles à sonder. Si le volume d’eau qu’ils fournissent est trop faible, ou si l’épaisseur de la voûte est trop considérable , on aura obtenu, néanmoins un renseignement précieux , parce qu’en tenant compte de la distance parcourue , on pourra déterminer à peu près exactement la pente des courans. En examinant avec attention les vallons que l’on parcourt , on 'encontre assez souvent de ces trous, peu larges et peu profonds en apparence, qui absorbent les eaux qui roulent sur la terre a près les pluies ; M. Paramelle leur a conservé le nom consacré de bétoires , et les paysans du Blésois leur donnent celui de Souffres. Ces cavités, correspondant toujours à des courans cachés , fourniront des moyens sûrs d’apprécier leur pente, et, dans tous les cas , elles indiqueront toujours d’une manière certaine la présence d’un ruisseau souterrain. ’* Il y a encore d’autres inductions d’après lesquelles on peut — 342 — connaître à peu près la profondeur à laquelle coule un ruisseau souterrain dont l’issue se trouve sur le bord d’une rivière. Si l’eau, après être sortie de dessous le rocher , serpente quelque tems avant de se jeter dans la rivière, on peut prendre sa pente sur cet espace de terrain où il est visible et lui supposer la même sous terre, en observant néanmoins que, plus on approche des sources d’un ruisseau , plus il est rapide, et plus il est près de la surface de la plaine. Si le ruisseau sorti de dessous le rocher tombe immédiatement dans la rivière, et ne laisse , par conséquent, aucun espace pour apprécier sa pente, on peut prendre celle du ruisseau découvert le plus voisin , pourvu qu’il soit du même côté de la rivière, et alors, comparant ces deux ruisseaux, si le volume des eaux qu’ils roulent est à peu près égal, leur pente doit être la même ; s’il est inégal, le plus grand sera le moins rapide. Ces observations, du reste, n’ont besoin d’être faites que lorsqu’il s’agit de sonder le ruisseau pour la première fois, car, dès qu’il aura été une fois ouvert dans l’intérieur des terres, sa hauteur , en cet endroit, comparée à celle de son dégorgement , suffira , pour faire connaître quelle est sa profondeur dans tout son cours. » Les bornes de cette feuille ne nous permettent pas de donner une analyse complète des différentes discussions auxquelles se livre M. l’abbé Paramelle, pour résoudre toutes les difficultés que peut présenter l’application de sa théorie, discussions dans lesquelles il montre toute la sagacité et l’esprit d’observation qu’ont dû faire suffisamment apprécier les faits que nous avons extraits de son volumineux mémoire. Il indique, en outre, plusieurs moyens ingénieux à l’aide desquels on peut se passer des instrumens en usage pour opérer les nivellemens qu’exige 1* pratique de son système. Mais cette pratique même fait acquérir une telle habitude d’observation, que leur emploi devient bientôt inutile ; et M. Paramelle, depuis la rédaction de son mémoire, faite en 1827 pour le conseil général du Lot, a acquis 343 — une telle expérience et une si grande justesse de coup-d'œil, qu’il lui suffit maintenant de la simple inspection du terrain pour indiquer l’endroit où il faut creuser et la profondeur à laquelle doit se trouver l’eau. » Il nous semble résulter de la lecture attentive que nous avons faite de son curieux mémoire, que sa science ne pourrait être employée utilement, dans notre département, que dans les plaines de la Beauce ; la plus grande partie de la Sologne ayant plutôt besoin d’un bon système pour l’écoulement des eaux qui restent à la surface du sol, et la partie de son territoire où l’eau est rare nous paraissant, en général, rentrer dans les conditions géologiques les plus défavorables à l’application du système de M. Paramelle. » Nous terminerons ces réflexions sur la théorie de M. Para— nielle, en indiquant, d’après la Société royale d’Agriculture de Seine-et—Oise mémoire pour i835, que deux habitans de Versailles, propriétaires dans un des départements explorés par cet ecclésiastique, ont reconnu que c’était à ses soins qu’ils devaient de posséder, sur leurs propriétés, de très-bonnes sources dont ils étaient privés avant son indication. » M . le préfet de la Seine-Inférieure, dans un avis inséré dans le neuvième cahier du Recueil des si et es de la Préfecture, juin *835, a fait connaître à MM. les maires que le prix, par chaque S >urce indiquée dans le département, était fixé, par M. Para— melle, à 45 fr. Il engage ceux de ces fonctionnaires dont les communes souffriraient du manque d’eau , à lui faire parvenir l’état l ;s demandes qui leur seraient adressées, afin qu’il puisse en prévenir M. l’abbé Paramelle. RÉPONSE A DES QUESTIONS CHIMICO-JUDICIAIRES, PAR MM. J. GIRARDIN^ET MORIN >. M. De Stabenrath, l’un des juges d’instruction près le tribunal civil de Rouen, nous confia la solution des questions suivantes i° Déterminer si la mort d’une femme L*** est le résultat d’un empoisonnement; 2° établir, s’il est possible, l’existence de l’ai-* cool dans l’estomac et dans les intestins de cette femme. En conséquence , ce magistrat nous remit un liquide provenant de l’hypo- condre gauche, et une portion de l’intestin grêle et de l’estomac. Avant de mettre sous les yeux de l’Académie les expériences que nous avons faites, nous devons dire que ces matières ont été ex-' traites du cadavre, après douze jours d’inhumation. Nous l eS avons examinées ainsi qu’il suit Matière de l’hypocondre gauche. La matière de l’hypocondre gauche était jaunâtre et homogène, examinée avec soin, elle n’a présenté aucuns grains brillans. On la délaya dans l’eau distillée pour la filtrer; il resta sur le fil tre * Insérée dans le Précis des travaux de VAcadémie royale des sciences > belle 5 lettres. et arts de Rouen 3 pendant l*année 1836 , p. 35. — 345 — une matière jaunâtre , pultacée, très-fétide. Le liquide, auquel le filtre avait donné passage, était coloré en jaune. On y versa du chlore pour le décolorer, afin de pouvoir apprécier l’action des réactifs. La potasse pure n’y produisit aucun trouble. L’acide hydçosulfurique n’y forma point de précipité , par l’addition de l’acide hydrochlorique.. Le sulfate de cuivre ammoniacal ne le troubla pas ; l’oxalate d’ammoniaque y forma un précipité blanc ; l’eau de chaux donna lieu à un trouble qui disparaissait par l’acide nitrique. Le nitrate d’argent produisit un précipité blanc caillebotté, insoluble dans l’eau et dans l’acide nitrique , mais très-soluble dans l’ammoniaque l’acide sulfurique pur et les sulfates n’y produisirent aucun changement. L’examen, par les réactifs, démontre qu’il n’existe , dans cette liqueur, aucun poison minéral ; mais nous ne bornâmes point là nos expériences. En conséquence , après avoir additionné la liqueur d’une petite quantité de potasse pure, nous la fîmes évaporer à siccite ; le résidu de l’opération fut ensuite mêlé avec du charbon en poudre, et introduit dans un tube de verre fermé à l’une de ses extrémités, et l’autre fut ensuite effilée à la lampe ; puis on chauffa graduellement jusqu’au rouge. La partie supérieure du tube n’offrit aucune sublimation métallique , et, en brisant le tube, on ne trouva aucun métal à l’état d’isolement. Gette expérience négative met hors de doute la conclusion que nous avons tirée de l’examen par les réactifs. Les poisons minéraux n’étant point les seuls qu’une main coupable puisse employer pour donner la mort, nous dirigeâmes nos recherches vers l’existence des poisons végétaux. Nous fîmes alors bouillir, avec la magnésie , une portion de la liqueur provenant de l’hypocondre gauche. Après quelques instans d’ébullition, on jeta le mélange sur un filtre, et on le lava à graiïde eau. La matière restée sur le filtre fut mise à bouillir avec de l’alcool très- déflegmé ; par cette ébullition, l’alcool ne contracta point la propriété de ramener au bleu le papier de tournesol légèrement rougi. — 346 — On évapora le liquide à siceité , et le résultat de l’évaporation fut seulement une matière verte, qu’on désignait autrefois sous le nom de résine verte de la bile. Cette matière ne rougissait nullement par le contact de l’acide nitrique. Cette expérience prouve évidemment que la liqueur de l’hypocondre gauche ne renferme aucun poison végétal. Liquide de l’estomac et des intestins. Deux questions se présentaient relativement à ces viscères i° Indiquer si quelque poison y existait ; i° si l’alcool s'y rencontrait. Pour résoudre la première question, nous avons appliqué aux liquides contenus dans l’estomac et les intestins les expériences précédentes, dont les résultats ont été négatifs ; mais, comme il arrive quelquefois que le poison a été absorbé par les viscères eux-mêmes, de manière à former une combinaison intime, nous avons coupé une portion de chacun d’eux et les avons introduits dans un matras, avec de l’eau distillée, pour les décomposer par l’acide nitrique pur ; à l’aide de la chaleur et de cette expérience, nous n’avons obtenu que les produits qui résultent des matières animales placées dans les mêmes circonstances. Quant à résoudre la question relative à l’ingestion de l’alcool, nous conservâmes peu d’espoir, puisque l’estomac et les intestins avaient été extraits du cadavre après douze jours d’inhumation ; malgré cela, nous tentâmes les expériences suivantes pour la solution de cette question, tout—à-fait neuve pour nous. On introduisit dans une cornue de verre une portion du liquide contenu dans ces viscères ; on adapta à son col une alonge qui communiquait à un récipient contenant de l’eau acidulée par l’acide sulfurique pur. L’appareil étant ainsi disposé, on chauffa, et la distillation eut lieu. L’addition de l’acide sulfurique avait pour but de saturer l’ammoniaque que renfermait le liquide de l’estomac. Lorsque nous eûmes obtenu les trois quarts du liquide employé, — 347 nous versâmes le produit dans une autre cornue , pour procéder à une nouvelle distillation, dans le but de séparer l’alcool du sulfate d’ammoniaque formé ; mais, au lieu d’obtenir ce liquide , nous n’avons obtenu que de l’eau ayant une forte odeur de zomi- dine. Pour nous prémunir contre toute espèce d’objections, nous avons cru devoir distiller ce nouveau liquide sur du chlorure de calcium, qui, par sa grande affinité pour l’eau , devait la retenir ; et, cette fois, comme la précédente, il y eut absence d’alcool. Il résulte de notre travail, 1 0 que la mort de la femme L*** n’est point le résultat d’un empoisonnement ; 2° qu’après douze jours d’inhumation, il est impossible d’accuser la présence de l’alcool, dans un cadavre. MÉMOIRE SUR UES MOYENS DE RECONNAITRE INEXISTENCE L’ACIDE SULFUREUX DANS L’ACIDE HYDROCHLORIQUE DU COMMERCE ; PRÉSENTÉ A LA SOCIÉTÉ LIBRE D’ÉMULATION DE ROUEN , LE 15 JANVIER 1835 , ET COMMUNIQUÉ A. LÉ SOCIÉTÉ INDUSTRIELLE DE MULHAUSEN* LE 28 JANVIEE 1S3S L’acide hydrochlorique que les fabriques de soude artificielle produisent en si grande quantité, et qui est livré immédiatement au commerce, est loin d’être pur, non qu’on y ajoute à dessein des matières étrangères, comme cela se pratique pour plusieurs autres acides, mais par suite du mode de préparation et de l’im - pureté des substances premières qui servent à son extraction. Il est toujours coloré en jaune par du perchlorure de fer, l’acide hyponitrique, l’acide sulfurique et les sels, est insuffisante et impraticable dans les fabriques pour en expulser l’acide sulfureux. — 351 — C’est surtout lorsqu’on applique l’acide hydrochlorique à la fabrication du chlore et des chlorites, du sel d’étain, de l’acide hydrosulfurique, que les inconveniens attachés à la présence de l’acide sulfureux se font sentir. Il est donc extrêmement important d’avoir des procédés prompts et commodes de reconnaître les plus petites traces de cet acide. Lorsqu’il est en proportion assez considérable , et tel est le cas de certains acides hydrochloriques de Rouen et de quelques autres qui arrivent par la voie de Paris, il est aisément reconnaissable pour ceux qui ont l’habitude de manier ces produits il la couleur brune, à l’aspect trouble , à l’odeur piquante et désagréable qu’il communique à ces acides. Mais lorsqu’il est en petite quantité, sa présence ne saurait être constatée par ces caractères empiriques. Il faut, de toute nécessité, recourir à des procédés chimiques. Ceux qui ont été indiqués jusqu’ici, pour cette détermination , ne sont malheureusement ni commodes ni certains. L’un d’eux, cité par MM. Bussy et Boutron-Charlard, dans leur Traité des moyens de reconnaître les jalsijications des drogues simples et composées page 17 , consiste à saturer l’acide hydrochlorique par l’eau de baryte, après l’avoir étendu de trois à quatre fois son poids d’eau distillée. 11 se fait un précipité blanc de sulfate et de sulfite de baryte, qui, lavé à plusieurs reprises pour en séparer le chlorure de barium, et arrosé ensuite d’acide sulfurique concentré, exhale l’odeur d’acide sulfureux. Indépendamment du tems et des manipulations que nécessite ce procédé, et qui sufliraient seuls pour l’éloigner des ateliers, il a encore l’inconvé- uient d’exiger , pour reconnaître des quantités d’acide sulfureux aussi petites que celles sur lesquelles on agit, une assez grande délicatesse d’odorat, et ce sens est assez souvent émoussé chez ^ es chimistes manufacturiers. — 352 — Un autre procédé a été proposé par M. Chcvreul, dans ses leçons de Chimie appliquée à la teinture xi' leçon , page 1 5 . Ce savant chimiste, en faisant l’étude du sulfite de cuivre, a reconnu, dès 1812 Annales de chimie, tome 83 , page 181, qu’en versant du sulfite de potasse dans un sel de deutoxide de cuivre, il se produit un précipité jaune formé par du sulfite double de potasse et de protoxide de cuivre, et que ce précipité, chauffé au sein de l’eau , se décompose en sulfite de potasse , qui se dissout , et en sulfite de protoxide de cuivre, qui est insoluble, et qui apparaît alors avec une couleur rouge. Partant de ce fait, M. Chevreul en a conclu que lorsqu’un acide hydrochlorique du commerce renfermerait une quantité notable d’acide sulfureux, il suffirait, pour le reconnaître, de saturer le premier par la potasse, et de le mêler ensuite avec du sulfate de cuivre dissous, parce qu’alors il se produirait un précipité jaune qui deviendrait subitement rouge par l’ébullition. Mais ces prévisions théoriques ne sont nullement confirmées par la pratique. En effet, le procédé de M. Chevreul, excellent pour distinguer l’acide sulfureux libre ou combiné aux bases , devient impuissant quand il est question d’acide sulfureux mêlé à l’acide hydrochlorique. Nous avons bien des fois appliqué ce procédé à des acides hydrochloriques surchargés d’acide sulfureux, et jamais nous n’avons pu obtenir la réaction annoncée par M. Chevreul. L’addition du sulfate ou de tout autre sel de cuivre dans ces acides neutralisés par la potasse, ne donne lieu à aucun précipité, ou, lorsque les liqueurs sont concentrées, en produit un léger, bleuâtre, dont la couleur ne change pas par l’ébullition. M. Gay-Lussac a recommandé le premier, en i8i3 Annales de chimie, tome 85 , page 206, le sulfate rouge de manganèse comme le meilleur réactif que l’on puisse employer pour reconnaître quand un corps est susceptible de s’oxider. Ce sel, que les uns regardent comme un sulfate de sesqui-oxide de manganèse sulfate manganique, d’autres comme un sulfate de bi-oxidc, et quelques uns comme uu sulfate de protoxide mêlé d’acide hypermanganique s’obtient, comme on sait, en faisant digérer pendant plusieurs jours du peroxide de manganèse réduit en poudre impalpable, dans de l’acide sulfurique concentré il en résulte une liqueur d’un beau rouge, très-acide, qui est le sel en question. Tous les corps combustibles avides d’oxigène , les matières organiques , les acides peu oxigénés, tels que les acides sulfureux, phosphoreux, hyponitrique, etc., lui font perdre sa belle couleur en le ramenant à l’état de sel de protoxide. On pourrait donc l’employer pour rechercher la présence del’acide sulfureux dans l’acide hydrochlorique du commerce, puisque quelques gouttes de cette liqueur rouge, versées dans celui-ci, sont décolorées subitement, pour peu qu’il y ait des traces du premier de ces acides. Mais l’emploi de ce réactif, dans ce cas, n’offre pas tous les avantages qu’au premier abord il semblerait présenter. D’abord, ce sel, comme tous les sels rouges de manganèse , n’est pas très-stable ; il se décolore à la longue au contact de l’air, et subitement par l’addition de l’eau ; mais, en outre, il a l’inconvénient d’être détruit par l’acide hyponitrique comme par l’acide sulfureux , d’où il suit qu’un acide hydrochlorique contenant de l’acide hyponitrique ce qui arrive assez souvent, comme nous l’avons déjà dit précédemment, agirait sur ce réactif comme s’il renfermait de l’acide sulfureux, ce qui entraînerait dans des méprises les personnes peu au fait des manipulations chimiques. Consulté à chaque instant par les industriels de notre ville , sur k* pureté des acides hydrochloriques des fabriques, en consommant nous-mêmes une grande quantité pour la fabrication des eaux minérales gazeuses, que nous avons établie en grand un des premiers à Rouen, nous avons du chercher un procède simple, prompt m infaillible pour découvrir les plus petites traces d’acide sulfu- feux dans ces acides. Celui que nous allons indiquer reunit toutes tas conditions pour devenir usuel dans les mains es personnes 23 — 354 — les moins habiles ; il parle aux yeux et est de l’exécution la plus facile. Depuis deux ans nous l’enseignons dans nos cours , et il n’a jamais train nos espérances. Ce procédé est fondé sur l’action qu’exerce le protochlorure d’étain sel d’étain du commerce sur l’acide sulfureux. Pelletier père nous a appris, il y a fort long-tems Annales de chimie, tome 12 , page — i 702 , que, mis en contact avec ce dernier, il le désoxigène et donne lieu à un précipité d’un beau jaune, consistant en soufre et en peroxidc d’étain. Voici comment on opère On met dans un verre une demi-once 16 grammes environ de l’acide hydrochlorique dont on veut faire l’essai ; on y ajoute 2 à 3 gros 8 à 12 grammes de sel d’étain bien blanc et non altéré par l’air , on remue avec un tube, et l’on verse sur le tout deux ou trois fois autant d’eau distillée , en agitant. Lorsque l’acide hydrochlorique 11c contient pas d’acide sulfureux , il ne se présente aucun phénomène remarquable après l’addition du sel et de l’eau ; le premier se dissout, et la liqueur devient seulement un peu trouble par suite de l’action de l’air sur le sel. Mais pour peu pie cet acide renferme d’acide sulfureux , on voit, immédiatement après l’addition du sel d’étain, l’acide sc troubler, devenir jaune, et dès qu’on a ajouté l’eau distillée, on sent très—manifestement l’odeur de l’hydrogène sulfuré, et la liqueur prend une teinte brune en déposant une poudre de même couleur. Ces phénomènes sont tellement appareils, qu’011 ne peut hésiter un instant sur la présence ou l’absence de l’acide sulfureux. Quelquefois la couleur brune ne sc développe qu’au bout de quelques minutes ; elle est d’autant plus foncée que la proportion 355 — d’acide sulfureux est plus forte. Le dégagement d’hydrogène sulfuré n’a lieu qu’au moment où l’on etend l’acide d’eau. En laissant reposer la liqueur colorée, il se dépose une poudre d’un jaune brun ; c’est un mélange de sulfure d’etain et de peroxide d’étain, comme nous nous en sommes assuré. Il est facile d’expliquer cette réaction curieuse. Une portion du sel d’étain se transforme en perchlorure, aux dépens de la seconde portion de ce composé, taudis que l’étain, devenu libre, réagit sur l’acide sulfureux de manière à produire tout à la fois du peroxide et du protosulfure d’étain. Quant à la petite quantité d’hydrogène sulfuré qui prend naissance aussitôt après l’addition de l’eau, elle provient de la dissolution d’un peu de sulfure d’étain formé dans l’acide hydroclilorique qui est en présence. Il est essentiel, pour obtenir les phénomènes que nous avons indiqués, de mettre le sel d’étain en contact avec l’acide hydro- chlorique avant d’y ajouter l’eau, car si l’on commençait par étendre l’acide, l’addition du sel ne produirait aucune coloration- Le procédé analytique dont nous venons de parler se recommande, comme on voit, par la simplicité et la promptitude de son exécution. En une minute, on peut être fixé sur la pureté d’un acide hydroclilorique, sans embarras comme sans dépenses. Il est d’une telle fidélité , qu’un centième d’acide sulfureux ne peut échappera l’observation, ainsique nous nous en sommes con- v aincu à différentes reprises. Tous ces avantages doivent en faire a dopier l’emploi aussi bien dans les laboratoires que dans les ate- liers. Déjà nos élèves en ont répandu l’usage dans la plupart des briques de Rouen. SOCIÉTÉ industrielle de muliiausen. RAPPORT DU COMITÉ DE CHIMIE, PAR M. ACHILLE PENOT, , SUR LE MÉMOIRE DE M. J. GIRARDIN, TRAITANT DES MOYENS DE RECONNAITRE INEXISTENCE DE L’ACIDE SULFUREUX DANS l’acide HYDROCHLORIQUE DU COMMERCE. Séance du 25 février IS55. Messieurs, vous avez renvoyé à votre comité de chimie un mémoire de M. Girardin, professeur de chimie à Rouen, sur les moyens de reconnaître l’existence de l’acide sulfureux dans l’acide hydrochlorique du commerce. Votre comité m’a chargé de vous faire connaître son opinion sur ce mémoire. Toutes les personnes qui font usage d’acide hydrochloriq 116 savent que ce produit, provenant des fabriques de soude actif*' cielle, est rarement pur, et qu’il contient souvent en quantités variables des matières étrangères provenant plutôt du procédé de fabrication que d’une fraude que le bas prix de cet acide doit pe» — 357 — engager à commettre. M. Girardin admet, ce qui du reste était déjà généralement connu, que les matières étrangères qui accompagnent l’acide hydrochlorique sont le plus ordinairement du perclilorure de fer, du chlore, de 1 acide hyponitrique, de l’acide sulfurique, des sulfates de soude et de chaux, de l’acide sulfureux. Après avoir passé successivement en revue les diverses causes qui peuvent introduire ces différens produits dans l’acide hydrochlorique du commerce, M. Girardin s’occupe de la manière de reconnaître la présence de l’acide sulfureux, qui offre de graves inconvéniens dans plusieurs circonstances. M. Girardin rappelle d’abord les diverses méthodes proposées pour ce genre d’analyse, et il fait voir le peu de commodité qu’elles présentent. À ces méthodes, on peut ajouter celle indiquée par M. Persoz, qui consiste à verser dans l’acide liydrochlo- rique un léger excès de chlorure de barium, pour précipiter tout l’acide sulfurique qui pourrait se trouver dans l’acide essayé. On filtre ; on ajoute à la liqueur filtrée du chromate ou du chlorure de potasse, et l’on y verse de nouveau du chlorure de barium. Un nouveau précipité annonce la présence de l’acide sulfureux, que le chromate de potasse a d’abord fait passer à l’état d’acide sulfurique. Mais aucune de ces méthodes n’est comparable, pour la simplicité , à celle de M. Girardin, qui est d’ailleurs aussi d’une grande exactitude, comme nous nous en sommes assuré. Votre comité de chimie pense qu’il ne peut qu’être avantageux à l’industrie de la faire connaître , en publiant dans un de vos bulletins le mémoire de M. Girardin , avec le présent rapport. Pour copie conforme Le Président de la Société industrielle de Mulhauscn y Emile DOLLFUS. Le Sécrétoire, Albert SCHLUMBERGER MEMOIRE SUR LES FALSIFICATIONS QU’ON FAIT SUBIR AU ROCOU, LU A IA SOCSÉTÉ LIBRE D’ÉMULATION DE ROUEN, LE 5 DÉCEMBRE I&S5 Le Rocou , Pigmentum urucu des anciennes pharmacies, est, comme on sait, une matière colorante qui, sous la forme d’une pulpe gluante d’un rouge de vermillon, entoure les graines du Rocouyer, Bixa orellana, de Linnée, arbrisseau de la famille des Tiliacées, qui croît dans les contrées méridionales de l’Amérique. Cette matière arrive en Europe, du Mexique, du Brésil, des Antilles, et surtout de Cayenne, sous la forme d’une pâte ordinairement façonnée en pains ou gâteaux de 5 à 8 kilogrammes, enveloppés de feuilles de balisier, de bananier ou de roseau. Elle vient aussi en masses plus volumineuses dépouillées de feuilles, et dans des fûts d’origine ou dans des barriques à vin de Bor- 1 Inséré dans le Recueil des travaux de la Société libre d*Emulation de Rouen >. année 4SS6 ; et dans le Journal de pharmacie et des Sciences accessoires, t. 22 , cahier de mars 1836. 359 — ileaux ou de la Rochelle, les uns et les autres du poids de 200 à kilogrammes; les pains sont entassés et fortement comprimés dans ces fûts dont ils occupent tout le diamètre. La consommation de cette matière colorante est généralement assez restreinte, en raison de son peu de solidité. Elle sert pour la teinture des soies en aurore et en orangé, plus rarement pour celle du lin et du coton ; les chamois petit teint sur coton s’oblicn - neut avec elle. Comme les couleurs fournies par le rocou sont très-brillantes, on en fait souvent usage pour modifier et aviver certaines nuances de grand ou de petit teint; c’est ainsi qu’on l’emploie pour rehausser le ton des chamois, les jaunes par la gaude, pour donner un pied à la soie, au coton et au lin teints en ponceau , cerise, nacarat, etc., avec le carthame ou la cochenille. Dans les fabriques d’impression, on l’utilise quelquefois, spécialement pour les genres vapeur ; ainsi il sert pour obtenir des orangés sur coton , sur soie, sur laine et soie les chfdys . Le prix du rocou dans le commerce est, terme moyen , de Go a 75 cent, le 1 /2 kilogramme ; mais en défalquant de cette somme le droit d’entrée, le prix du fret et le bénéfice du marchand , il r este environ i 5 à 20 cent, pour le coût de cette substance à l’endroit de production. Ce prix , qui ne pouvait payer suffisamment les cultivateurs de Cayenne de tous les soins qu’ils sont obligés 1 apporter à la culture de l’arbre qui cesse d’être exploité après sa C'nquième année, et de tous les frais de fabrication de la matière colorante, s’est tout d’un coup relevé et est parvenu, depuis un an > à celui de 2 fr. 80 à 2 fr. 90 cent, le 1 J7. kilogramme. La Ca use de cette subite augmentation dépend de ce que les planteurs '’yant renoncé à la culture du rocouyer pour se livrer à celle plus productive du caleyer, les magasins se sont trouvés peu à peu dégarnis de cette substance tinctoriale ; les demandes ayant été essez nombreuses dans le cours de cette année, les détenteurs de p a rticle ont profité de ces deux circonstances pour monter les prix Un taux inusité jusqu’à ce jour. Il v a dix ans, pareille cherté — 360 dû rocou eut lieu par suite des mêmes causes. Il se vendit ue 3 fr. 5o à 4 fr. le i /a kilogramme. Un résultat infaillible de la rareté et de la cherté du rocou, c’est l’adultération qu’on a fait subir à ce produit. Nous l’avons dit ailleurs ', il est bien peu de substances qui ne soient dénaturées par l’addition de matières étrangères de moindre valeur, et c’est surtout de nos jours que les sophistications sont devenues plus nombreuses et plus variées. Lorsqu’on voit les matières alimentaires les plus communes, les matières premières de l’industrie les moins chères, devenir l’objet d’un honteux tripotage, on ne doit pas être surpris d'apprendre que celles qui, comme le rocou, viennent à manquer à la consommation , sont altérées de toutes les manières, dans la vue d’un sordide intérêt. L’occasion nous a été offerte, à différentes reprises, de constater que les rocous actuellement en vente sur nos places sont additionnés d’une très—grande quantité d’ocre rouge , de brique pilee, ou de colcothar. Il est important d’éveiller l’attention des consommateurs sur cette fraude. C’est ce qui m’engage à entrer dans les détails suivons. La forme sous laquelle la matière colorante du rocouyer est expédiée de Cayenne et autres lieux, prête singulièrement à l’introduction de substances étrangères. Celles-ci, réduites en poudre fine, s’incorporent très—bien dans cette pâte humide, et il est difficile de découvrir ces mélanges à l’œil nu. Les fraudeurs, du reste, n’ont pas attendu que le prix de cette matière fût aussi élevé qu’il l’est aujourd’hui, pour exercer sur elle leur coupabl e industrie ; car quelques ouvrages de technologie et de matière ffl c ' dicale ont indiqué, depuis long-tems, des procédés pour recon' naître la pureté du rocou ; mais ces procédés sont tous peu exacts- Avant de les soumettre à la critique, et de proposer l’einpl°* de Discours prononcé le 3 juin 1834, à l’ouverture du cours d’application ait » * 04 bimiede Rouen. Brochure in-8 0 , chez N. Fcriaux — 361 ceux qui nous paraissent préférables, établissons les caractères que doit offrir le bon rocou, tel qu’il sort de presque tous les magasins de Cayenne, car ce n’est généralement qu’à Paris et dans les autres places marchandes d’Europe qu’il est travaillé. Les caractères que nous allons donner ont été pris sur de nombreux échantillons que nous avons reçus directement de Cayenue , à diverses époques, par l’intermédiaire d’un négociant dont la loyauté est justement appréciée. Le rocou est une pâte homogène, d’une consistance butyreusc et d’un toucher gras, onctueux et non terreux. Sa couleur habituelle est un rouge terne, semblable à celui du colcothar ou de la brique cuite; cette teinte est toujours plus vive au dedans qu’à l’extérieur des pains'. Sa saveur est à peine sensible; son odeur est désagréable et rappelle celle de l’urine en putréfaction. Mais nous devons dire ici que cette odeur ne lui est point propre ; elle lui est communiquée , dans les magasins, par l’urine qu’on a l'habitude d’y incorporer de tems en teins, dans 1 intention de l’entretenir toujours humide, d’augmenter son poids, et de rehausser sa couleur à l’aide de l’ammoniaque que la putréfaction de l’urine développe bientôt dans la masse qui en est imprégnée. Le rocou auquel on n’a pas fait cette addition a une odeur peu agréable , sans doute, mais elle est très-peu développée. Celui qui est frais sent la carotte. Ecrasé sur le papier, il y laisse une trace d’un rouge sombre ; entre les doigts , il glisse en présentant quelques petits grains durs que la dent détruit aisément. Il ne doit pas offrir dans sa pâte despoints brillans et durs souvent, cependant, il présente, comme l’orseille, des points blancs et brillans qui sont probablement dus à l’efflorescence d’un sel ammoniacal provenant de l’urine avec laquelle on l’a malaxé. Il ne doit pas être moi§i dans son inte— * Dans un lot de cent barriques venues directement de Cayenne a Rouen , il y avait des l'ocous bruns et des rocous d'un brun rouge vif. J'ai eu occasion de savoir que des consommateurs préféraient les rocons d'un brun rouge terne , quand ils étaient purs et gras, et qu'ils m obtenaient plu* de matière colorante. — 362 — rieur, et nuancé inégalement. Lorsqu’il a éprouvé un commencement de moisissure, sa couleur est toujours plus pâle. Délayé dans l’eau, il reste long—tems en suspension sans laisser déposer de sable, et sans présenter, àu milieu de la masse, des points noirs, indice que pendant sa cuisson une portion aurait été brûlée au fond des chaudières. Il donne à l’eau froide, après une macération de quekpies heures, une couleur isabelle très- claire. Il colore fortement, au contraire, l’alcool rectifié en orangé foncé. Il participe donc de la nature des matières résineuses, et comme tel il cède fort peu de chose à l’eau, tandis qu’il se dissout en grande partie dans l’esprit de vin. Il se dissout facilement et en grande quantité dans les liqueurs alcalines. Ssus ces divers rapports, on voit qu’il se rapproche singulièrement de la matière colorante rouge du carthame. Séché à une chaleur de ioo°, et réduit eil poudre fine, il offre une teinte un peu plus foncée, sans tirer pourtant sur le noir. La proportion d’eau qu’il abandonne varie nécessairement, suivant les soins qu’on a apportés à sa conservation en magasin ; cette proportion varie dans les limites de 5 ï à 70 pour 0/0; terme moyen , il perd dans cette opération 67 pour o/o. Approche d’une bougie allumée, il prend feu, mais assez difficilement, et brûle avec une flamme claire, en répandant un peu de fumée. Il donne un charbon léger et assez brillant. Incinéré dans un creuset de platine, il laisse de8à i 3 p. 0/0 d’une cendre grisâtre ou jaunâtre, ou quelquefois tirant un peu sur le rose. Cette cendre, nullement effervescente avec les acides» est légèrement alcaline ; elle colore faiblement l’acide hydrochlo- rique en jaune. Elle se compose de silice , d’alumine , de chaux , de magnésie, de potasse, d’une trace d’oxide de fer, et renferme en outre des phosphates, sulfates et du sel marin, qui proviennent évidemment de l’urine qui a servi à humecter le rocou. Arrosé d’acide sulfurique concentré, le rocou colore subitement l’acide en beau bleu d’indigo. 11 n’est pas nécessaire , pour — 363 — que cet effet se produise, qu’il soit séché et réduit en poudre , comme l’indique M. Boussingault, auteur de cette observation. Dans ce dernier état, cependant, il développe une plus belle couleur bleue, et cette couleur est d’autant plus intense et brillante , que le rocou est de meilleure qualité. Si on ajoute de l’eau sur la matière devenue bleue, elle passe instantanément au vert, puis le liquide, légèrement jaune, tient en suspension le rocou, sous forme de flocons de couleur de tabac d’Espagne. Tels sont les principaux caractères de la matière colorante qui nous occupe. Voyons maintenant les procédés employés jusqu’ici pour s’assurer de sa pureté. Ces procédés étaient tout-à-fait empiriques et n’offraient aucune certitude. L’un d’eux consistait, d’après Leblond, quia publié, en l’an XI de la république, un mémoire très-intéressant sur la culture du rocouyer et la fabrication du rocou , à mettre dans un linge serré une quantité déterminée de cette substance , et à malaxer le nouet dans l’eau jusqu’à ce que celle-ci ne se colorât plus. On pressait et on faisait sécher le résidu, qui ne devait Pas former plus du douzième de la masse employée, autrement le r ocou était rejeté. Ce procédé ne donne que de fausses indications sur la nature d un rocou, et est tout-à-fait insuffisant pour y faire reconnaître ^ présence de poudres minérales. Celles-ci étant toujours , en effet , mêlées dans la pâte à l’état de fine poussière, il est évident d’elles passeront à travers les mailles du linge. Et d’ailleurs, la Matière colorante peut avoir éprouvé des altérations profondes, lacune fermentation pendant son transport des colonies, ou son Se l°ur dans les magasins, par une cuisson mal opérée ; elle peut “Voir été affaiblie par son contact avec l’eau de mer, sans que, pour te qualité. •Annales de chimie , t. 47, p. il 3. — 50 iluTinidor an XI. — 364 Un autre procédé qui ne doit pas inspirer plus de confiance, est celui qui consiste à frotter sur l’ongle un peu de rocou, à savonner et à laver ensuite la tache qui a été ainsi formée. On regardait ce produit comme inférieur et on le rejetait, si cette tache disparaissait par ces opérations. En employant ce moyen, et en basant son jugement sur ces indications, on ne trouverait aucun rocou de bonne qualité, car, avec le meilleur et le plus pur, la tache développée sur l’ongle est toujours enlevée par le savon et l’eau. Quelques personnes ont proposé de tirer parti de la propriété que possède la matière colorante du rocou de se dissoudre en très- grande proportion dans les lessives alcalines, pour apprécier la pureté de la pâte tinctoriale du commerce. On opère dans ce cas de la manière suivante On prend un poids déterminé de rocou, 5 grammes, par exemple ; on le divise et on le fait bouillir quelques momens dans l’eau avec un poids égal au sien de sel de tartre. Tout doit se dissoudre. On laisse reposer, et on decante la liqueur claire qui est d’un rouge orangé foncé. S’il y a un résidu insoluble, on regarde le rocou comme altéré par des mélanges frauduleux. Mais ce mode d’essai n’a pas , à nos yeux, plus de valeur que les précédens, par la raison que les meilleurs rocous , traités p ar les lessives alcalines bouillantes, laissent toujours un résidu assez considérable; ce qui provient, non de la présence de substances étrangères, insolubles dans les alcalis , mais de ce que cette m-' 1 ' tière ne se dissout pas par un premier traitement. Il faut soumettre le résidu à un très-grand nombre d’ébullitions successives avec I e sel de tartre pour enlever toute la matière colorante, et encore nt parvient-on pas à dissoudre toute la pâte ; il reste des débris atténués de feuilles et de parenchyme, qui ont une couleur noirâtre et qui peuvent tromper en faisant croire à la présence de sub stances étrangères qui n’existent pas. Ce procédé est donc inexai et d’ailleurs trop long, si l’on veut se donner la peine de repet — 3 G 5 — les ébullitions, jusqu’à ce que les liqueurs ne soient plus colorées. Vitalis dit, dans son Cours élémentaire de teinture page 423— édition de 1827, que le bon rocou se dissbut facilement dans l’eau bouillante , et que celui qui est frelaté ne se dissout pas entièrement. La première assertion est fausse l’eau ne dissout le rocou qu’cn très-petite quantité ; la décoction est trouble, rouge-jaunâtre , et quand elle est éclaircie par le repos, elle ne garde qu’une teinte d’un jaune pâle. On ne peut donc, à l’aide du moyen de Vitalis, constater la nature d’un rocou. Pour nous , qui avons fait un grand nombre d’essais de cette matière tinctoriale , nous ne connaissons que deux procédés exacts pour en reconnaître la pureté et la bonne qualité. L’un consiste dans la calcination , l’autre dans l’appréciation de la richesse tinctoriale au moyen d’une opération de teinture et de l’emploi du calorimètre de IIoutou-Labillardière. Nous allons indiquer la manière dont nous procédons à ces différens essais. 1 0 La calcination au rouge, c’est-à-dire l’incinération complète de la matière végétale , est le seul moyen de constater exactement l’absence ou la proportion juste de substances minérales ajoutées, comme ocre rouge, bol d’Arménie, colcothar, brique pilée. Mais cette calcination ne doit être faite que sur le rocou privé de son eau d’interposition, autrement on arriverait à des résultats erronés, la quantité de cette humidité variant, comme nous l’avons déjà dit. On dessèche donc à l’avance une certaine quantité du rocou à essayer, 5 o à 60 grammes. Cette dessiccation doit se faire à la température de ioo 0 ; on place la pâte divisée dans une petite capsule de porcelaine qu’on maintient au bain-marie, jusqu’à ce que le rocou ne perde plus de son poids. La petite etuve en cuivre des laboratoires est très-commode pour cette opération. On réduit alors le rocou en poudre et on en prend 5 grammes 'l'i’on introduit dans un crcus tde platine ou de porcelaine, taré — 366 — à l’avance avec beaucoup de soin. On ferme le creuset avec son couvercle, et on le place au milieu de charbons ardens. La matière ne tarde pas à se décomposer ; elle répand des vapeurs empyreu- matiques très-lortes et fuligineuses ; elle noircit, puis s’enflamme aussitôt qu’on enlève le couvercle. De tems en teins, on doit diviser la masse charbonnée au moyen d’une petite tige de fer très- propre et fort longue, afin d’accélérer l’incinération. A mesure que celle-ci avance, on augmente le feu, et on doit enfin entretenir le creuset rouge, jusqu’à ce qu’il ne reste plus qu’une cendre sans aucune trace de charbon. On reconnaît très-facilement, au reste, que toute la matière végétale est brûlée , lorsque le résidu ne présente plus de parties rouges de feu , et qu’il ne jaillit plus de petites étincelles lumineuses quand on l’agite avec la tige de fer. Après avoir bien secoué celle-ci pour faire tomber la cendre qui pourrait y être adhérente, on retire le creuset du fourneau, on le laisse refroidir, puis on en constate le poids. Sa tare étant défalquée du poids brut, la différence donne la proportion de cendres obtenues. Ces cendres se composent i° Des matières minérales fixes contenues dans le rocou , par suite de la végétation de l’arbre qui l’a fourni ; 2 ° Des substances minérales étrangères à la constitution chimique de cette matière, et qui s’y trouvent accidentellement ou par addition frauduleuse. Des expériences nombreuses m’ont appris que le rocou de Cayenne, bien préparé et pur, donne par la calcination de 8 à i i3 pour o/o de cendres. D’après cela, lorsqu’un rocou soumis a l’essai donnera un poids de cendres plus élevé que celui de i3 pour o/o , et nous prenons ici le plus liant poids à dessein', l’excédant devra être attribué à la présence de matières étrangères, provenant d’une addition frauduleuse, oud’une mauvaise préparation de la pâte. Lorsque l’excédant de cendres au-dessus de i3 pour ioo n est 367 — que le 2 à 3 centièmes, on doit penser qu’il provient d’un vice de préparation ; mais, lorsqu’il est au-dessus de ces limites, c’est qu’à coup sûr il est le résultat d’une fraude. Dans le cours de ma pratique, j’ai trouvé des rocous de Cayenne, venant par Paris ou Nantes , qui donnaient par la calcination 22 , 27, 3 i , 38 , 5 o, 39,75 pour 0/0, c’est-à-dire qu’ils renfermaient en substances étrangères ajoutées à dessein, 9, i/j , 18 , 25, 5 o , 26,75 pour 0/0. En ce moment j’examine un rocou envoyé à Rouen par une maison de Paris ; il renferme 28 pour 0/0 de matières terreuses. Nous avons déjà dit que les matières employées par les fraudeurs, pour augmenter le poids du rocou, étaient des substances de peu de valeur, dont la couleur se rapprochait beaucoup de la sienne. Ce sont l’ocre rouge, la terre bolaire , connue sous le nom de loi Arménie, la brique cuite, le colcolliar, ou rouge d’Angleterre peroxide de fer . Les cendres du rocou contenant l’une ou l’autre de ces poudres, °nt une couleur rouge de brique, tandis que celles du bon rocou °nt une couleur grisâtre ou jaunâtre, ou parfois légèrement rose. Les premières, traitées par l’acide muriatique acide chlorhydrique colorent fortement en jaune-rougeâtre, en raison de la grande proportion de fer qu’elles lui cèdent, tandis que les secondes le colorent fort peu. Quand les premières doivent leur couleur au colcothar , le résidu , épuisé par l’acide muriatique , n’offre à la l°Upe que très-peu de grains siliceux. lien présente beaucoup , ai * contraire, quand c’est la brique , l’ocre ou le bol d’Arménie 1m ont servi à falsifier le rocou. Ru reste, on constate facilement, dans ce dernier cas, la pré— Se 'ice, dans le résidu , d’une grande quantité de silice et d’alu— ’ u me ou d’argile, en le calcinant avec cinq à six lois'son poids de S -d de soude pur dans un creuset d’argent ; dissolvant dans l’eau Acidulée par l’acide muriatique; filtrant; rapprochant à siccité la ^1 l >cur ; reprenant le résidu par l’eau pure , qui laisse insoluble Une poudre blanche abondante c’est de la silice, et neutralisant — 368 If liquide nouveau par la potasse. Il se fait alors un précipité blanc iloconueux très-abondant , entièrement soluble dans un excès d’alcali ; c’est de l’alumine. Dans la pratique des ateliers, il n’est pas besoin de pousser si loin l’essai des cendres ; l’appréciation de leur poids suffit pour le teinturier, puisqu’il lui indique suffisamment ce qu’il lui importe de connaître, la pureté ffûla falsification du rocou qu’il doit acheter. Ce n’est que dans les cas d’expertise qu’il faut déterminer la nature des substances étrangères ajoutées. 2° Le second essai auquel il faut soumettre le rocou, et qui a pour but d’éclairer sur sa richesse tinctoriale, doit se faire en teignant comparativement avec un rocou pris comme type de pureté, des poids déterminés de coton ou de soie. En agissant dans les memes conditions pour les deux échantillons, on obtient des colorations sur les tissus qui indiquent si le rocou soumis à l’essai possède un pouvoir colorant aussi développé que celui pris comme terme de comparaison, et si, par conséquent, son prix est en rapport avec sa qualité tinctoriale. Voici comment on doit procéder On monte deux bains, avec le rocou de bonne qualité et le rocou dont on ignore encore le pouvoir colorant, dans les proportions suivantes Rocou desséche à 100° et réduit en poudre... 5 grammes. Sel de tartre. 10 Eau pure. 400 On fait chaufFer graduellement jusqu’à l’ébullition , après avon' plongé dans chaque bain un écheveau de coton bien blanchi, poids de 12 grammes. On entretient l’ébullition pendant quinze minutes; on retire du feu, et on laisse tremper l’écheveau pendant une heure, en le lissant le plus souvent possible. Au bout de ce teins, on le relève, on le tord, on le lave à grande eau a plu sieurs reprises, pour le débarrasser du superflu du rocou, q ,u nuirait à l’éclat de la couleur, et on le èe^e à l’ombre. — 369 — Si l’on préfère agir sur la soie, on opère sur les proportions suivantes , pour des écheveaux pesant 2 grammes Rocou desséché à 100° et pulvérisé Sel de tartre... Eau pure.. 0 grammes 5 0 0 On prend de la soie bien blanche, et l’on procède comme ci- dessus. Les cotons ou les soies étant sèches, on peut alors comparer la hauteur de leur nuance. Le rocou inconnu est d’autant meilleur que la teinte qu’il a donnée à ces tissus s’éloigne moins de celle fournie par le rocou employé comme terme de comparaison. Afin de pouvoir mieux établir les différences qui peuvent exister entre les deux rocous, il est bon de juger sur deux couleurs tranchées. Pour cela, après avoir teint en aurore, comme précédemment , de nouveaux échantillons de coton ou de soie, on les passe dans une eau légèrement acididéepar le vinaigre, le jus de citron ou l’alun , qui virent la nuance aurore à l’orangé. On les lave ensuite à grande eau, et l’on sèche. Souvent de légères différences, qu’on n’aurait pas aperçues par le premier essai, sont rendues sensibles par le second. Si l’on veut établir un rapport numérique exact entre les deux rocous, ou , en d’autres termes, déterminer leur valeur vénale , comme matière colorante, il faut recourir à un troisième essai, qui consiste dans l’emploi du colorimètre de M. Houtou-Labillardière. Rappelons, avant tout, pour les personnesqui ne connaît raient pas l’usage de cet instrument, les principes sur lesquels il repose, et la description qu’en a donnée son auteur. L’appréciation de la qualité relative des matières tinctoriales est fondée sur ce que deux dissolutions , faites comparativement avec des quantités égales de la même matière colorante, dans des Quantités égales d’eau ou de tout autre liquide, paraissent, dans des tubes eolorimétriques, de la meme nuance ; et que des dis- — 370 — solutions faites avec des proportions différentes présentent de» nuances dont l’intensité est proportionnelle aux quantités de matière colorante employée ; ce qu’il est possible d’apprécier si l’on introduit dans les tubes coloriinétriques ioo parties de chaque dissolution, et si l’on ajoute de l’eau à la plus intense, jusqu’à ce qu’elle se confonde, par la nuance , avec la plus faible. Le volume de la liqueur affaiblie, indiqué par la graduation des tubes, se trouve dans le même rapport avec le volume de l’autre que les quantités de matière colorante employée ; l’intensité de couleur d’une liqueur affaiblie par l’eau étant proportionnelle aux volumes des liqueurs avant et après l’addition de l’eau , et les matières tinctoriales variables en qualité, traitées convenablement et comparativement , fournissant des liqueurs dont les nuances ont des intensités proportionnelles à la qualité du principe colorant qu’elles contiennent. » Le colorimètre se compose de deux tubes de verre bien cylindriques, de l4à i5 millimètres de diamètre et de 33 centimètres de longueur environ, bouchés à une extrémité, égaux en diamètre et en épaisseur de verre , divisés dans les 5 /6 de leur longueur, à partir de l’extrémité bouchée, en deux parties égales en capacité , et la seconde portant une échelle ascendante divisée en i oo parties. Ces deux tubes se placent dans une petite boîte de bois , par deux ouvertures pratiquées l’une à côté de l’autre, à la partie supérieure et près d’une des extrémités, à laquelle se trouvent deux ouvertures carrées du diamètre des tubes, pratiquées en regard de leur partie inférieure, et à l’autre extrémité un trou p* r lequel on peut voir la partie inférieure des tubes , en plaçant 1» boîte entre son œil et la lumière, et juger très-facilement, p ar cette disposition, la différence ou l’identité de nuance de deux liqueurs colorées introduites dans ces tubes '. » 1 Voir, pour plus le détails , le Mémoire de M. II. Labillardière , dans les Jtlèmoirer VAcadémie royale des Sciences de Rouen , année 1827, p. 73. Ce mémoire a pour titre Description d'un Colorimètre , et du moyen de connaître la qualité relative des indig os — 371 — Ceci étant bien conçu, voici comment il faut procéder à l’essai des rocous. La matière colorante du rocou étant, comme nous l’avons dit, extrêmement peu soluble dans l’eau, il faut recourir à l’emploi de l’alcool pour obtenir les dissolutions qui doivent être essayées dans le calorimètre. On prend de chaque rocou desséché à too° et pulvérisé , 5 décigrammes, et on les met en digestion dans 5o grammes d’alcool à 32°, pendant douze heures. On décante la liqueur fortement colorée, et on la remplace par une quantité semblable d’alcool. On épuise ainsi les rocous de toute la matière colorante , en employant pour chaque échantillon les mêmes quantités d’alcool qu’on laisse en contact avec eux pendant le même tems. L’expérience m’a appris qu’il faut 35o grammes d’alcool fractionnés en sept parties, pour enlever aux 5 décigrammes d’un bon rocou toute sa matière colorante. La dernière digestion alcoolique est à peine colorée en jaune. Les liqueurs alcooliques de chaque échantillon étant mêlées, on a ainsi deux dissolutions qui représentent exactement leur richesse tinctoriale. Pour l’estimer, on introduit de ces dissolutions dans les tubes colorimétriques, jusqu’au zéro de l’échelle, ce qui équivaut à ioo parties de l’échelle supérieure ; on place ces tubes dans la boîte, et on compare la nuance des liquides qu’ils renferment, e n regardant les deux tubes par le trou servant d’oculaire, la boîte e tant placée de manière que la lumière arrive régulièrement sur 1 extrémité où se trouvent les tubes. Si l’on remarque une diffé- fence de ton entre les deux liqueurs, on ajoute de l’alcool pur à l a plus foncée qui est toujours celle provenant du rocou pris Ct >n\me type , jusqu’à ce que les tubes paraissent être de même Nuance r . On lit ensuite sur le tube dans lequel on a ajouté l’alcool, nombre de parties de liqueur qu’il contient ; ce nombre, comparé au volume de la liqueur contenue dans l’autre tube, volume ^ Oest Je l'alcool et non de l’eau qu'il faut ajouter à la liqueur plus foncée , car ce dernier luidc trouble la dissolution, ce qui ne permet pas dès-lors de continuer l'essai. — 372 — qui n’a pas changé et qui est égal à ioo, indique le rapport entre lu pouvoir colorant ou la qualité relative des deux rocous. Et si, par exemple, il faut ajouter à la liqueur du bon rocou 85 parties d’alcool pour l’amener à la même nuance que l’autre, le rapport en volume des liquides contenus dans les tubes sera, dans ce cas, comme 1 85 est à ioo, et la qualité relative des rocous sera représentée par le même rapport, puisque la qualité des deux échantillons essayés est proportionnelle à leur pouvoir colorant. Les chiffres que je viens d’indiquer, pour bien faire concevoir ja manière dont on estime la valeur vénale des matières tinctoriales au moyen du eolorimetre, ne sont point arbitraires ; ce sont ceux que j’ai obtenus dans un dernier essai que je viens de faire d’un rocou de Paris. L’usage du eolorimetre pour l’estimation des matières tinctoriales n’est pas assez répandu. On a prétendu qu’il n’était pas exempt d’erreurs, et qu’il nécessitait d’ailleurs une longue pratique avant que l’œil fût assez exercé pour bien saisir l’identité de nuance de deux liqueurs colorées, sur laquelle repose ce moyen métrique. On a exagéré, suivant nous, dans le jugement qu’on a porté du eolorimetre. Les chances d’erreurs qu’il présente ne sont pas aussi nombreuses que celles qui existent dans l’emploi de ValcalimctreetAvichloromèlre, dont l’usage est devenu si général et il ne faut pas plus de tems pour acquérir l’habitude de bien manier l’instrument de Labillardière, que pour se servir couramment des instruments de Lcscroizilles et de Gay-Lussac. Quelques essais suffisent pour donner à l’œil l’habileté nécessaire pour appr e " cier les plus petites différences de ton entre des liqueurs colorées- Depuis long-tems nous faisons un fréquent usage du eolorimetre pour l’essai d’un grand nombre de substances tinctoriales ; nous avons été à même de reconnaître l’exactitude des renseignemens qu’il fournit sur la valeur réelle de ces substances, aussi engageons- nous vivement les industriels à se familiariser avec son cmpl 01. — 37a Les essais que nous regardons comme essentiels pour acquérir, des notions exactes sur la nature d’un rocou, paraîtront, peut- être , un peu longs aux praticiens ; mais, qu’on y prenne garde, il vaut mieux consacrer trois jours à examiner une substance, que de l’acheter telle quelle, et de l’employer dans ses ateliers, au risque de compromettre la réussite d’opérations importantes ; car alors il en coûte toujours beaucoup plus de tems et d’argent que la substance ne vaut. C’est ce qui n’arrive malheureusement que trop dans nos fabriques ; et je pourrais citer une foulé d’exemples de pertes considérables ou de procès ruineux occasionnés par l’indifférence des industriels à bien choisir et à essayer avec soin les matières premières qu’ils mettent en œuvre. Remarquez bien, d’ailleurs, que les trois épreuves que je conseille sont absolument indispensables pour ne laisser aucun doute sur la valeur d’un rocou. L’incinération donne le poids des matières minérales ajoutées au produit; l’opération de teinture et l’épreuve par le eolorimetre, qui se servent mutuellement de con trôle, font connaître la manière dont la substance se comportera dans les bains, et apprennent exactement sur quelles proportions de matière colorante pure on peut compter par chaque kilogramme de pâte. Il ne faut jamais oublier ce principe, qu’on ne peut porter un bon jugement sur la nature d’une matière tinctoriale organique , qu’autant qu’on a multiplié les essais, et qu’on l’a examinée sous tous les rapports. Autantl’essai des substances minérales est simple et précis dans ses résultats, autant celui des matières tirées du •'ègne végétal ou animal est compliqué, demande de sagacité dans le choix des moyens analytiques , et exige de prudence dans les conclusions qu’on en peut déduire. •Te terminerai mon mémoire par cette observation , que les foeous sont souvent fraudés par l’introduction , dans les barils qui les contiennent, d’une grande quantité de feuilles de roseau. Les — 374 — bons rocous de Cayenne ne contiennent jamais plus de 6 pour o/o de feuilles. Il faut donc exiger une réfraction du vendeur, toutes les fois que le poids des feuilles s’élève au-dessus de ce chiffre. L’usage établi pour la tare du rocou dans le commerce, est de 20 pour o/o, savoir 16 pour o/o pour le bois, et 4 pour o/o pour les feuilles. D’après les vérifications faites, il y a tantôt 6 pour o/o de perte, tantôt boni. Cela dépend des fûts et de la" quantité de feuilles. Les fûts d’origine ne donnent jamais de perte, leur bois étant plus léger que celui des barriques bordelaises. ©©©©©©©©©©©©© 9 © ANALYSE CHIMIQUE DBS EAUX MINÉRALES DE SAINT-ALLYRE, A CLERMONT-FERRAND PÜY-DE-DOME , ET IU TRAVERTIN QU’ELLES DÉPOSENT; PAR M. J. GIRARDIN; SC1V1B D’UNE ANALYSE DES EAUX MINÉRALES D’AUX ERGNE, PAR VAUQUELIN Parmi les curiosités naturelles que la ville de Clermont-Fer— r; ind, chef-lieu du département du Puy-de-Dôme, offre à l’attention du voyageur, il en est peu qui aient acquis autant de célébrité que la source minérale située dans le faubourg de Saint-Allyre, et qui a reçu depuis long—tems le nom de Fontaine P&rijiante. Tous ceux qui visitent celte contrée si pittoresque de 1 Auvergne ne manquent pas, après avoir fait l’ascension du Luc à l'Académie royale des sciences , belles-lettres et arts de Rouen , le 15 juillet 1836 , * l insérée dans le Précis des travaux de la même académie pour Pannce 1830. Ce Mémoire a inséré par extrait dans le Journal de pharmacie , t. 23 , p, 237, 1S3 > $ et dans le de chimie médicale , 1 . ï, ^vic , P- 271,1 S", Puy-de-Dôme, illustré par les expériences de Pascal, et avoir admiré les jolis sites et les belles sources de Royat et de Fon- lanat, d’aller examiner le fameux pont de pierre formé par le dépôt des sels terreux contenus dans l’eau de Saint-Allyre, et de faire empiète des incrustations artificielles que le propriétaire de la source prépare pour les étrangers. Certes, pour lespersormes qui ne sont pas initiées aux secrets de la chimie, c’est une chose merveilleuse qu’une eau qui jaillit claire et limpide de son réservoir naturel, et qui abandonne, sur les objets qu’on expose à son contact, une couche terreuse qui leur donne bientôt l’apparence de la pierre. Et, ce qui confond encore plus l’imagination de ceux qu’un pareil prodige attire, c’est la production de cette muraille de 240 pieds de long , de 18 i» 20 pieds de haut, et dont une des extrémités s’avance jusqu’au-delà du ruisseau de Tiretaine, de manière à former un pont d’un admirable effet, et qui semble avoir été construit par la main de l’homme. Ce phénomène est bien fait pour appuyer dans l’esprit des gens du monde cette opinion erronée des anciens, que l’eau se change en terre, et que l’écorce solide de notre planète doit son origine a cette prétendue transformation de l’eau. Depuis long-tems les naturalistes ont cité dans leurs ouvrages la fontaine de Saint—Allyre, et, lorsque l’analyse chimique eut acquis quelque précision ,les chimistes, à leur tour, s’occupèrent de ses eaux, dont les propriétés médicamenteuses avaient fixe l’attention des médecins. Nicolas Lémery, de Rouen, est le premier qui ait entrepris l’analyse de ces eaux. Voici ce qu’on trouve, à cet égard, dans Y Histoire de V Académie des Sciences, pour l’année 1700 , p. 58 . A Clermont en Auvergne, il y a une fontaine pétrifiante, dont M. Lémery examina quelques bouteilles qui lui avaient etc données par AI. Tournelorl. Cette eau est claire comme celle d’Arcueil, et égalementpesanle. Elle dépose au fond des bouteilles — 377 — un peu de sable gris el de pierre blanchâtre qui paraît s’y être formée. Par les essais et les opérations chimiques, il paraît qu’elle contient un acide qui apparemment a dissous quelque substance pierreuse des lieux où elle a coulé. La partie la plus pesante de cette substance se précipite au fond de l’eau, quand elle séjourne ou qu’elle a peu de mouvement, mais la partie la plus légère ne s’en détache pas avec tant de facilité, et c’est elle, apparemment, qui fait les pétrifications. Cette eau pétrifiante n’en est pas plus dangereuse à boire par rapport aux pierres qui peuvent se former dans les reins; on le sait, et par l’expérience journalière des gens du pays, et par des opérations chimiques qui ont fait voir à M. Lémcry que le sel de l’urine ne fait point déposer la substance pierreuse de celte eau. En effet, les pierres, et ce qu’on appelle pierres dans le corps humain, n’ont rien de commun. » En 1748, Ozy publia le résultat de ses essais sur le sédiment qu’elles abandonnent dans les bassins où elles sont reçues, et il en conclut que les eaux de Saint-Allyre contiennent, une substance ferrugineuse avec un sel fossile de la nature du sel marin , et, enfin, une espèce de marne semblable à de la chaux, qui en fait la partie terreuse. » Analyse clés eaux minérales de Saint- Allyre , par M. Ozy ; de l’imprimerie de Pierre Boutaudon , seul imprimeur du Roi, 1748. Enfin , en 1799, Vauquelin analysa plusieurs eaux minérales d’Auvergne, et, entre autres, celles de Saint-Allyre. Voici les résultats qu’il obtint. Un litre de cette eau renfermerait Acide carbonique libre. 1 g r * fiO Carbonate de chaux. 20 50 de magnésie .. 0 00 de soude. 13 38 Muriale de soude. 14 20 Oxide de fer. 0 50 Sulfate de soude et matière bitumineuse,. des iraces . 62 90 — 378 — Un litre de cette eau contiendrait donc 6a grains 90 de matières solides , ou 3 grammes 36 centigrammes. Le travail de Vauquelin n’a jamais été imprimé. Il existe manuscrit dans la bibliothèque publique de Clermont-Ferrand. J’en dois la connaissance à l’obligeance de M. Gonod, bibliothécaire, qui m’a permis d’en prendre une copie. A l’époque où Vauquelin fit cette analyse des eaux de Saint- Allyre, les procédés analytiques laissaient encore beaucoup à désirer ; aussi, depuis long-tems, les naturalistes de Clermont désiraient-ils qu’on soumît de nouveau ces célèbres eaux incrustantes à un examen consciencieux. Ce désir devint plus vif, depuis surtout que M. Berzélius, ayant analysé le dépôt calcaire qui constitue le pont naturel de Saint-Allyre, y trouva, outre du carbonate de chaux, de la silice et de l’oxide de fer, des phosphates d’alumine, de manganèse, de chaux et de magnésie. Analyse de quelques substances qui se précipitent des eaux minérales de l’Auvergne , faisant suite à l’examen chimique des eaux de Carlsbad, de Tœplitz et de Konigswart Annales de chimie et de physique, t. 28 , p. 4o3 ; année l8a5. Visitant l’Auvergne, en i834, avec mon ami M. Soubeiran , chef de la pharmacie centrale des hôpitaux civils de Paris , je fus sollicité par notre ami commun M. Lecoq, professeur d’histoire naturelle, de reprendre l’examen de l’eau de la fontaine incrustante. Je me rendis à cette invitation, et, pendant le mois que nous séjournâmes à Clermont, Soubeiran et moi, nous fîmes les essais qu’on ne peut faire qu’à la source de l’eau dont on veut connaître la constitution chimique. Ainsi nous déterminâmes la nature des gaz tenus en dissolution ; nous constatâmes l’action des réactifs sur l’eau, au moment où elle arrive au contact de l’air ; nous recueillîmes des observations thermométriques, et nous nous procurâmes , par évaporation , toutes les substances salines q ul sc trouvent en dissolution dans l’eau. Depuis mon retour à Rouen, j’ai continué nos premiers essais ; et, après avoir examiné avec soin le résidu salin de l’évaporation, j’ai procédé à l’analyse du dépôt rougeâtre que l’eau abandonne, peu de tems après son arrivée à la surface du sol, dans les canaux où elle s’écoule , ainsi que de l’ancien dépôt qui constitue la vieille muraille dont la production remonte à une époque si reculée. J’espère que les faits que je vais signaler intéresseront les naturalistes et les chimistes, et que j’aurai rempli les intentions de mon savant ami M. Lecoq. I. Gisement et propriétés physiques de l'eau de Saint-Allyre. Le sol sur lequel est bâtie la ville de Clermont est un tuf ou péperite grossier, forme de Iraginens de basalte plus ou moins altéré, de petits cailloux siliceux, et d’une manière terreuse qui admet du carbonate de chaux dans sa composition. Ce tuf, quoique d’origine volcanique, a évidemment été déposé par les eaux, puisqu’il alterne en stratification régulière avec des argiles et des couches de tuf dont le grain est beaucoup plus fin, et quelquefois même avec des couches sableuses que l’on peut comparer aux pouzzolanes des volcans modernes. » Le sol de Clermont donne issue à plusieurs sources d’eaux minérales, dont la température est généralement peu élevée. Ces eaux sortent de différons points du monticule ; mais il est probable qu’elles paraissent au jour aux points de jonction du tuf volcanique avec les couches calcaires c’est principalement à Saint-Allyre que cette jonction a lieu , par le prolongement de 'a formation calcaire des Cotes et de Chanturgue. Un fait digne de remarque est la présence de grosses masses de grès et de quelques autres blocs de roches, placés à la surface du sol, très-près de la source incrustante selon toutes les apparences, elles font Partie d’un tuf analogue à celui que l'on peut observer au Puy- dc-Montaudou. — 380 — » C’est dans cette localité, et à-peu-près en face du monticule calcaire que l’on connaît sous le nom de Montjuzct, que sortent les eaux minérales de Saint-Allyre. » Lecoq, Observations sur la source incrustante de Sainl-Ælyre, dans un desfaubourgs de Clermond-Ferrant ; broch. in-8°, i83o. Getle source est assez abondante, puisque , d’après le jaugeage que je répétai à plusieurs reprises dans le mois de septembre i834-i elle donne 24 litres par minute ; d’où il résulte que la quantité lournie par heure est de 1 ,44° litres, et par 24 heures de 34>56o litres. L’état de l’atmosphère ne paraît pas inlluer sensiblement sur cette source , puisque la quantité d’eau qu’elle fournit ne varie pas dans les tems secs ou pluvieux. On a cru remarquer seulement qu’à l’approche des vents un peu forts, son écoulement est un peu plus rapide , et qu’avant les orages, elle dégage beaucoup de gaz acide carbonique. Cette remarque a été également faite aux eaux thermales de Vichy et du Mont-Dore. Sa température est constante, ainsi qu’il résulte d’un assez grand nombre d’observations faites, tant par moi que par M. Bouillet, après mon départ de Clermont. Le tableau suivant contient les résultats de nos observations. A partir du 1 5 octobre, les données de ce tableau m’ont été fournies par M. Bouillet. 381 EAUX MINÉRALES DE SA1NT-ALLYRE. Tableau des observations faites du 28 août au 30 décembre 1834. DATES DBS OBSERVATIONS HEURES DU JOUR. TEMPES DBS EAUX. ATURE DE L’AIR AMBIANT. VENTS RÉCNANS. ÉTAT DD CIEL. 2Saoût 1834 midi 2 4 cent. 19” Il un peu couvert* 3 septembre 7 h. du s. 24° 21 beau. 5 idem midi 24 27 idem. 9 idem 7 m. 24° 19 idem. 12 idem 15 octobre 10 b. du m. 7 b. dti m. 24° 24 24 13 idem. en partie couvert de gros nuages. • midi SI» 19 O. idem. très-couvert, un 6 b. du a. 24 14” •/, peu de pluie, beaucoup de 30 octobre 7 h. du m. 24” 5” /. O. brouillards. • midi 24° 9 0. trcs-bcau. * 6 b. du a. 84 s” y, O. idem, brumeux, 15 novembre 7 b. du m. 24 — '/a N. un peu de neige dans la nuit. » midi 24" 2 » y, N. beau. » 6 b. du s. 24 i» y, N- couvert» 30 novembre 7 b. du m. 24 11 idem. » midi 24” 10“ idem. . 6 b. du s. 24 S O. très-fort très-beau» 13 décembre 7 b. du m. Si _4 y, N. idem. B midi 24 1° N. idem. » 6 b. du s. 24“ — *h N. idem. °0 décembre 7 b. du m. 24 6° y, s. un peu couvert. » midi 24 10 S. très-beau. » 6 b. du s. 24 idemA Les eaux, au sortir de terre, sont parfaitement limpides. Elles ° n t une très-faible odeur bitumineuse, non désagréable, et une saveur aigrelette , un peu atramentaire et bitumineitse. Elles lais- S ' n t dégager de tems en teins des bulles plus ou moins grosses, ’R'i consistent en acide carbonique. Ces bulles deviennent très- nombreuses par l’agitation. — 382 — Ces eaux tombent dans un petit réservoir en pierre qui est tout tapissé d’un dépôt ocreux. Peu de tems après leur exposition à l’air, elles sc recouvrent d’une pellicule très-fine, nacrée, d’un blanc rougeâtre, et bientôt après elles se troublent. Elles laissent déposer, dans les conduits en bois qui les conduisent du réservoir dans des chambres d’incrustations, une poudre fine de couleur d’ocre jaune, dont la quantité est assez considérable. Au milieu decedépôtsédimenteux , on voit presque toujours des fi- lamens rougeâtres , imitant, par leurs formes et leur disposition , ces conferves qui flottent au milieu des eaux de mares. Quand le tems est pluvieux, le sédiment a une couleur plus foncée et paraît plus chargé d’oxide de fer. Voici comment l’eau de cette source se comporte avec les réactifs Teinture de tournesol ... . Rougit très-sensiblement. Ammoniaque .Précipité blanc floconneux très-manifeste, immédiatement. Eau de chaüx .Précipité blanc très-abondant, se formant aussitôt. Carbonate tP ammoniaque . Précipité blanc très-abondant, se redissolvant dans un excès. Nitrate de baryte ».Précipité blanc assez fort, dont une partie résiste à l’action de l’acide nitrique. Teinture de galle ...... Prend de suite une couleur brune. Nitrate d!argent .Précipité blanc caillebotté, considérable, qui brunit un peu, et qui se redissout en grande partie dans l’ammoniaque. 11 reste des flo - " cons grisâtres. Phosphate de soude .Précipité blanc floconneux assez considérable- Oxalate d?ammoniaque. . . Précipité blanc très-considérable. Sous-acétate de plomb . . . Précipité blanc énorme, se redissolvant, pour la plus grande partie, dans l’acide nitrique* Cyanureferroso-potassique. Teinte d’un vert bleuâtre; trouble léger. Cyanure-ferrieo potassique . Rien. Suljhydrate d!ammoniaque» Précipité verdâtre considérable. Les flocons se réunissent bientôt, et ressemblent alors au précipité formé par les alcalis dans 1 S protoscls de fer. Ricfl. Chlorure d*or — 383 — Les lames et feuilles d’argent, maintenues long-tems en contact avec l’eau, ne prennent aucune couleur brune. Soumise à l’action de la chaleur, cette eau laisse dégager une grande quantité d’acide carbonique, puis se trouble, et abandonne une poudre de couleur rougeâtre. Elle se comporte donc absolument, dans ce cas, comme les eaux ferrugineuses acidulés. La densité de cette eau est de j,oo 4 . 25 . Comme nous l’avons dit plus haut, l’eau de Saint-Allyre laisse échapper des bulles de gaz au moment où elle arrive au jour. Afin de connaître la nature de ces gaz, nous avons cherché à en recueillir une certaine quantité ; mais, comme cette opération eût demandé un teins considérable , et présenté beaucoup de difficultés en essayant de recueillir les bulles qui s’échappent de la source principale, nous avons opéré sur une branche de cette source, qui se trouve à peu de distance de la première, et qui est au fond d’un puits de six à sept pieds de profondeur seulement. Il se fait dans ce puits un dégagement continuel de gaz ; aussi, cette cavité en est—elle constamment remplie. Les ouvriers ne peuvent y rester plus de quelques minutes ; un chien , qui y était tombé, a été promptement asphyxié. Là, il nous a été facile de recueillir une certaine quantité du gaz, au moyen d’un flacon à large ouverture, et entièrement rempli d’eau, que nous fîmes descendre et que nous retournâmes au sein du liquide. Le gaz recueilli avait une odeur piquante ; il rougissait la teinture de tournesol, troublait l’eau de chaux en blanc, et éteignait les corps en combustion. Analysé au moyen de la potasse caustique et du phosphore, il °tait formé, sur ioo parties en volume, de Gaz acide carbonique. 68, Gaz azote. 25,59 Gaz oxigène. 100,00 — 384 — II. Examen chimique de l’eau de Saint-Allyre. Nous avons procédé à l’examen chimique de l’eau de Saint- Allyre, en suivant les procédés les plus exacts que la science possède aujourd’hui. Nous ne croyons pas nécessaire de les décrire ici, attendu qu’ils sont assez connus des chimistes. Nous nous bornerons à faire connaître les résultats que nous avons obtenus. Un litre d’eau évaporée avec beaucoup de soin donne un résidu de substance saline , dont le poids s’élève à 4 grammes 64 centigrammes. Voici la composition d’un kilogramme de cette eau Acide carbonique libre. .. I r-» O ! v* I 1,4070 Carbonate de chaux.. 1,6342\ de magnésie. 0,3856 J de soude. 0,4886 1 de fer. 0,14101 Sulfate de soude. 0,28951 1,2519 [" 4,6400 Chlorure de sodium. Silice. 0,3900 Matière organique non azotée. Phosphate de manganèse .... \ 0,0130 1 Carbonate de potasse. Crénate et apocre'nate de fer. 0,0462 / Eau. 993,9530.... 993,9530 1000,0000 L’eau de Saint-Allyre est donc une eau ferrugineuse-acidule » analogue aux eaux de Spa, dePyrmont, de Provins, de Vichy, etc-? mais avec cette différence qu’elle renferme une très-grande quantité de carbonate de chaux. Ce sel, ainsi que les carbonates de magnésie et de fer, tenu sen dissolution dans l’eau à la faveur àe l’acide carbonique , ne tardent pas à se déposer, dès que l’e» u a le contact de l’air ; et c’est là ce qui produit ce sédiment d’un jaune rougeâtre qui se forme dans le réservoir et les conduit» dans lesquels l’eau s’écoule. — 385 — Lorsque cette source coulait librement sur le sol, à une époque déjà fort reculée, elle abandonna peu à peu, le long de son trajet, ces carbonates terreux et métalliques, et forma ainsi cette masse de travertin qui constitue le pont de pierre. Ce dépôt commence à fleur de terre vers l’extrémité qui était la plus rapprochée de la source, et il augmente rapidement en hauteur et en épaisseur, à mesux-e que l’on avance vers son autre extrémité. Sa surface supérieure, d’abord très-étroite, s’élargit graduellement, et l’on remarque encore une espèce de sillon qui servait, sans doute , à conduire les eaux qui élevèrent elles-mêmes cet aqueduc. Quelques personnes prétendent que les bénédictins de Saint- Allyre, dans l’enclos desquels s’épanchait cette fontaine, craignant que son dépôt ne vînt à envahir le sol fertile de leur abbaye, dirigèrent d’abord ses eaux de manière à les conduire dans le ruisseau de Tiretaine, qui traversait leur propriété. Quoi qu’il en soit, l’eau incrusta bientôt le canal qui lui avait été tracé ; elle finit par le combler, et, suivant cependant la même route que lui traçait d’ailleurs la pente du terrain , elle coula sur son dépôt ; elle l’augmenta tous les jours, et, comme la matière calcaire se déposait plus facilement sur les bords que dans le milieu, elle laissa dans cette partie le sillon peu profond qui lui servait de conduit. Les eaux , arrivées à l’extrémité de la muraille, se répandaient dans le ruisseau qui mettait un terme à leur dépôt ; bientôt cependant la muraille s’éleva sur le bord , et, dès qu’il y eut une chute , il y eut bientôt aussi un prolongement de matière calcaire qui avança au-dessus de l’eau. Des plantes aquatiques ne tardèrent pas à s’y développer , et leur Ve gétation, activée par les matières salines contenues dans les e »ux minérales , couvrit de touffes de verdure le rocher fln venait de se former. Mais ici la nature était encore dans t *ute son activité ; un dépôt de carbonate de chaux et de fer hy- droxidé couvrait en peu de tems les végétaux vigoureux qui avaient pris possession de ce sol encore vierge ; les mousses et les 25 386 - coquillages qui venaient y chercher la fraîcheur étaient saisis en même tems, et tous ces matériaux accumulés ne servaient qu’à exhausser le terrain, à multiplier les surfaces, à augmenter les points de contact, et favorisaient puissamment la formation d’une arcade dont la nature seule avait formé le plan. Qu’arriva- t—il enfin au bout d’un grand nombre d’années ? C’est qu’une arche toute entière parut'sut le ruisseau, dont le cours eut été arrêté, si ses eaux n’avaient pas enlevé, au fur et à mesure de sa précipitation, la matière calcaire apportée par les eaux qui venaient croiser les siennes. » Le ruisseau de Tiretaine ne fut plus dès-lors un obstacle au cours des eaux de Saint-Allyre ; elles l’avaient traversé et se disposaient déjà à franchir un autre bras de ce ruisseau, en formant une nouvelle arche. Celle-ci se voit encore à demi-formée , avançant au-dessus du ruisseau, et restant suspendue sans soutien. Une cause qui nous est inconnue changea le point de sortie des eaux minérales, et l’aqueduc fut à sec. Tout porte à croire que le dépôt était plus abondant autrefois qu’à présent ; cependant, la nouvelle source a encore déposé des masses de travertin assez considérables. » Le propriétaire a eu l’idée de diriger une partie de ses eauX sur un des points du ruisseau de Tiretaine, et, depuis un certain nombre d’années, elles ont commencé un nouveau pont dont on suit annuellement les progrès. Là , on peut voir avec détail* comment s’est formé le grand pont de pierre. Le même phénomène se reproduit en petit ; les mêmes eaux y concourent, 1 e5 mêmes plantes se développent sur la pierre qui se forme ; d eS mousses verdoyantes cachent les dépôts ferrugineux qui recou- - vrent toutes les surfaces ; mais bientôt l’hiver vient mettre un terme à la végétation , et l’eau achève ce qu’elle avait commence ; elle empâte tout ce qui se trouve autour d’elle, et forme de* stalactites calcaires qui ont un brin d’herbe pourpoint d’app' 11, ” Lecoq, loco cilato. — 387 — M. Clémentel-Doucet, propriétaire actuel le la source de Saint-Allyre, a profité de la propriété incrustante de ses eaux pour faire de jolies incrustations, ou, comme on dit très-improprement, des pétrifications, qu’il vend aux étrangers qui viennent en foule visiter cette fontaine singulière. Yoici comment ces incrustations s’obtiennent. Nous entrons dans ces détails, parce que la plupart des auteurs qui ont écrit sur les eaux minérales ont donné une très-fausse idée de la manière dont se forment les incrustations terreuses. L’eau, au sortir de la source, est dirigée, par une rigole en bois de quatre pouces de large environ, et qui, de distance en distance , présente une largeur et une profondeur plus grandes , dans une espèce de cuve assez profonde, d’où elle se répand, sous forme de filet, sur la plate-forme de deux petites chambres en bois, de huit à neuf pieds de hauteur et de dix à onze pieds de largeur. Ces plates-formes sont percées de cinq à six trous, qui permettent à l’eau de s’écouler dans l’intérieur des chambres. Des supports en bois, disposés contre les parois des chambres, reçoivent les objets qu’on veut pétrifier. L’eau , en tombant sur des pierres, jaillit de tous côtés, sous forme de pluie fine, sur tous les corps environnans. Par suite du choc, et de la grande surface qu’elle présente à l’air, elle se dépouille promptement de son excès d’acide carbonique, et, dès-lors, les carbonates, insolubles par eux-mêmes, se déposent sur les objets qui sont fouillés par l’eau. Ces objets sont des grappes de raisin, des if uits de châtaignier, des chardons, des feuilles de figuier, des nids ^ oiseaux, des artichauts, des corbeilles de fleurs, des petits i *uimaux, des singes et des chiens empaillés, etc. Il faut envi- r °u un mois de séjour dans les chambres, pour que les petits tbjets soient recouverts d’une croûte assez épaisse'pour qu’elle n e se brise pas par le transport. Plus les corps sont volumineux, plus il faut de tems pour les incruster convenablement. Un chien 'lo moyenne taille exige au moins trois mois. — 388 — On cherche , surtout, à ce que le dépôt soit le plus blanc possible. M. Clémentel ayant observé que l’ocre, c’est-à-dire l’oxide de fer hydraté, se dépose en premier lieu, a cherché à favoriser autant que possible , son dépôt ; et, pour cela, il a multiplié, sur le trajet de l’eau, les petits réservoirs creux et larges dont j’ai parle plus haut. En effet, c’est principalement dans ces creux que l’ocre se dépose ; toutefois, l’eau en retient toujours assez pour que les incrustations des chambres en contiennent encore de manière à colorer sensiblement les objets. C’est surtout sur ceux placés dans la partie supérieure des chambres que l’ocre se dépose en plus grande quantité aussi, quand on veut terminer l’incrustation d’une matière quelconque , et la blanchir, on la place sur les derniers supports , et sur le sol même des chambres 1 . M. Clémentel a observé que, pendant les pluies, les incrustations sont plus chargées de fer, et par conséquent plus colorées que pendant les beaux jours. Lorsqu’on veut nettoyer les chambres, ou y faire quelques chan- gemens, on cesse de faire arriver l’eau sur les plates-formes, et on la dirige dans de grands cuviers en bois. Nous avons vu des masses de dépôts qui s’étaient formées dans ces cuviers. Elles présentent, dans leur intérieur, des couches horizontales, alternativement ocreuses et blanches ; des zones bigarrées ; ce qui démontre bien que le dépôt de l’hydrate de fer et du carbonate de chaux ne se fait pas simultanément, et qu’il y a des momens où celui de l’oxide de 1er est plus considérable que celui du carbonate de chaux, et vice versa 2 . On voit aussi, dans ces dépôts , des p° r " 1 Au moment où l’on imprime ce, lignes, mon ami Lccoq m'apprend que depuis quels 11 * tems 1rs deux cliambre* pour les incrustations ont été remplacées par nne petite maison boil, où Ton incruste une beaucoup plus grande quantité d'objets. On a découvert, dep* 1 * anon voyage, une nouvelle source qui déposé un travertin cristallin , et on l’utilise avec *n cce Les objets incrustes par l’ancienne source sont actuellement exposés pendant 24 beurc* contact de la nouvelle , qui les recouvre de nombreux et jolis cristaux étincelans. L* fabr ,c lion de ces incrustations a été beaucoup améliorée par M. Clcmentel, qui fait aussi naut une prodigieuse quantité de médailles sur des empreintes en soufre. La vent* e objets est considérable. .j a M. Brrxélius, dont on dqit ton jours consulter les écrit lorsqu’on se livre * quelqo** trav* 1 389 — lions qui offrent un aspect de concrétions ou de lilamens, dè petites baguettes prismées, disposées de manière à simuler une végétation. Il était curieux autant qu’instructif de connaître la véritable composition de ce dépôt terreux si abondant, fourni par l’eau de Saint-Allyre. C’était compléter l’analyse de l’eau elle-même. III. Examen du travertin moderne de Saint-Allyre. Le depot que je soumis à l’analyse était d’un jaune brun clair, avec des zones d’une couleur ocreuse plus foncée ; il était très- friable . En suivant les procédés mis en usage par M. Berzélius pour l’analyse des travertins de Carlsbad, j’arrivai à la détermination exacte des principes constituons du travertin que j’examinais. Je ne répéterai point ici l’indication de ces procédés ; je dirai seulement comment j’ai reconnu la présence du carbonate de stron- tiane et des acides crénique et apocrénique. M. Berzélius ayant soupçonné l’existence du carbonate de strontiane , sans pouvoir la mettre en évidence, je pris cinq grammes du dépôt, réduit en poudre line, et je les traitai par l’acide chlorhydrique , qui dissolvit le tout avec une vive effervescence. Par l’ammoniaque, je me débarrassai de presque toutes les bases. Je filtrai et évaporai la liqueur jusqu’à siccité. L’acide nitrique , *1'*» a du rapport avec ceux dont ce lavant s’est occupé, a fait la même remarque a l’égaéd travertins dépotés par les eaux de Carlsbad. Ces travertins sont, ou bruns, on blancs, ° u rubanés de brun et de blanc. La variété brune contient une quantité beaucoup plus Grande d'oxide de fer que la blanche, qui en est quelquefois tout-à-fait exempte. Cette circonstance mène à supposer, ou qu’il y a des diilcrenccs accidentelles dans la quantité de fer lue l’eau contient à diverses époques , ou que l’atmosphère a parfois un accès plus grand et plu * libre vers le liquide, et qu'une plus grande quantité de protoxide de fer trouve alors ° Cca *ion de se saturer d’oxigène et de se séparer. » Examen chimique des eaux de Carlsbad , €lc ’ ; -Annales de Chimie et de Physique, t. SS , p. 37 2. Brthicr, qui a fait l’analyse des eaux de Saint-Nectaire, département du Puy-de-Dôme, 1 connu également que ces eaux déposent d'abord de l'oxide de fer, { de chimist. el de physique , t. p. 122. 390 — en agissant sur le résidu, convertit la chaux et la slrontianc en nitrates. Les deux sels furent alors traités par l’alcool pur. Le nitrate de chaux seul fut dissous. Il resta une poudre blanche dont la quantité était très-faible ce devait être le nitrate de strontiane. Dissous dans l’eau distillée, ce sel fut transformé en oxalale de strontiane, puis, enfin, en chlorure de strontium soluble; mais la quantité de ce dernier était si minime, que je ne pus l’obtenir en cristaux. J’en reconnus cependant très—bien la nature en le dissolvant dans l’alcool, et enflammant celui-ci; la flamme prit, surtout vers la fin de la combustion , une couleur rouge très- manifeste. L’essai, répété deux fois, donna les mêmes résultats, en sorte que la présence du carbonate de strontiane, daus le travertin de Saint-Allyre, n’est plus douteuse. Les eaux de Saint-Allyre, enfermées dans des bouteilles, laissent déposer, au bout d’un certain tems, une poudre d’une couleur ocreuse. C’est principalement sur cette poudre que j’agis pour rechercher les acides créniquc et apocrcniquc. On sait que M. Berzélius a donné ces noms à deux acides organiques azotés, qu’il rencontra dans L'eau minérale de Porla, en l834, et qu’il regarde comme constituant ce qu’on a appelé jusqu’ici le principe extractif des eaux minérales. Annales de Chimie et de Physique, t. liv. , p. 21 g. En examinant le dépôt ocreux trouvé dans les bouteilles, je fus bientôt convaincu que c’était du crcnatc et de l’ apocrénate de fer. Voici comment j’en fis l’analyse Je fis bouillir la poudre avec de la potasse caustique, jusqu’à ce que le fer fût sépare à l’état d’hydrate de peroxide, sous forme de flocons bruns. Je filtrai et sursaturai la liqueur par de l’acide acétique. L’acétate de cuivre y fit naître un précipité brun d ’ap 0 " crcnate de cuivre. La liqueur lut filtrée, saturée par le carbonate d’ammoniaque, additionnée une seconde fois d’acétate de cuivre» et maintenue pendant quelque tems à une température de 6° a — 391 — 8o degrés. Il se lit un précipité d’un brun verdâtre c’était du crénate de cuivre. En faisant passer un courant d’hydrogène sulfuré dans de l’eau tenant en suspension les deux sels de cuivre, je parvins à obtenir les acides créniqite et apocrinique, dans un assez grand état de pureté je constatai alors facilement les principaux caractères assignés à ces acides parM. Berzélius. J’ai déterminé les proportions de crénate et d’apocrénate de fer existant dans le travertin de Saint-Allyre. En traitant ce travertin par de l’alcool chaud, celui-ci se colora en brun, et laissa , par son évaporation dans le vide de la machine pneumatique, une matière organique brune, non acide et nullement azotée, bien différente, par conséquent, des acides crénique et apocrénique dont je viens de parler. Tous mes essais pour constater, dans ce travertin, l’existence de l’acide fluorique, ou plutôt des fluorures, furent infructueux. M. Berzélius n’avait pas été plus heureux. En résumé, voici la composition du travertin ocreux de Saint- Allyre Eau. 1,40 Carbonate de chaux .. 84,40 de magnésie. 28,80 de stronliane. 0,20 Peroxide de fer . 18,40 Sulfate de chaux... 8,20 Sous-phosphate d’alumine. 6,12 Phosphate manganeux. 0>80 Crénate et apocrénate de fer. 5,00 Matière organique non azotée. 0,40 Silice...... s,20 Perte. 1,08 . 100,00 En comparant la composition de l’eau de Saint-Allyre avec celle travertin qu’elle dépose, on s’aperçoit aisément que les propor- — 392 — ti-ons respectives des substances qui leur sont communes offrent une assez grande différence. Le même fait s’est déjà présenté à propos des eaux de Carlsbad et de Saint-Nectaire, qui, comme celles de Saint-Allyre, déposent des concrétions calcaires sur le sol qu’elles parcourent. Voir, à cet égard, les Mémoires de M. Berzélius et de M. Berthier Annales de Chimie cl de Physique, t. 28 , p. 225 et 366, et t. ig, p. 122 . Aussi, nous dirons, comme M. Guibourt, que si l’analyse des tufs produits par les » eaux minérales peut indiquer les principes peu solubles qui s’y >> trouvent en quantité minime, elle peut difficilement servir à » en indiquer les proportions. » Histoire abrégée des Drogues simples, 3 e édit., t. 1 , p. 3go. IV. Examen de l’ancien travertin de Saint-Allyrc. Il était intéressant de rechercher si l’ancien dépôt formé par la fontaine de Saint-Allyre, à l’époque où elle possédait une puissance créatrice si considérable, avait la même composition chimique que le travertin actuellement abandonné par elle. Le résultat de cette recherche pouvait seul nous apprendre si cette eau n’avait point varie dans sa constitution , comme tant d’autres eaux minérales en ont offert d’exemples. Les caractères physiques du travertin de l’ancien pont de Saint- Allyre semblent indiquer déjà, avant toute expérience, que sa nature chimique est différente. En effet, il est d’un blanc jaunâtre, ou très-légèrement rougeâtre, c’est-à-dire d’une couleur bien moins foncée que le dépôt moderne. On n’y distingue pas sensiblement de zones ferrugineuses. Sa densité est plus considérable > il est beaucoup plus dur, très-compacte , et offre généralement la texture de certaines pierres meulières. Un fragment, pris à l’origine du pont, et par conséquent lies- ancicn, nous a présenté la composition suivante — 393 — 0,800 40,224 26,860 0,043 6,200 5,382 4,096 0,400 5,000 1,200 9,780 0,015 100,000 Un fragment, pris à l’extrémité la plus nouvelle du pont, nous a offert des différences notables dans les proportions respectives de ses composans, puisque nous n’y avons trouvé que des traces de carbonate de strontiane, 32 pour o/o de carbonate de chaux, tuais g p. o/o de sulfate de chaux. Comme on le voit, l’ancien dépôt des eaux de Saint-Allyre diffère notablement, par les quantités de quelques uns de ses principes constituons, du travertin moderne, puisque, dans le premier, il y a une bien plus grande proportion de silice et de carbonate calcaire, et beaucoup moins de peroxide de fer. Nous devons en conclure que la composition des eaux de cette fontaine n’a pas toujours été la même ; qu’à l’époque où elles avaient une propriété incrustante si prononcée, elles étaient beaucoup plus riches en sels calcaires et en silice, et qu’à mesure que cette propriété s’est affaiblie, elles ont perdu peu à peu de ces principes, en même tems qu’elles s’enrichissaient en peroxide de fer. Beaucoup de sources thermales, surtout en Auvergne, ont, comme celle de Saint—Allyre, éprouvé des changemens notables dans la constitution chimique de leurs eaux, et subi une diminu— Bon dans la proportion de leurs principes minéraux. Ainsi, les eaux de Saint-Nectaire, de Vichy, du Mont-Dore, n’ont plus la £au. Carbonate de cbaux. de magnésie. de strontiane. Peroxide de fer. Sulfate de chaux. Sous-phosphate d’alumine .. • Phosphate manganeux.. • Crcnate et apocrénatc de fer .. Matière organique non azote'e Silice. Perte. même richesse en substances minérales qu’autrefois, et leur composition n’est plus la même qu’à l’époque où elles formaient ces immenses dépôts siliceux et arragonitifères qu’on trouve aux environs des lieux ou elles sourdent. Le filet d’eau qui constitue actuellement la source des Célestins a évidemment produit le grand rocher dur et compacte, sur lequel est construit le couvent, ainsi qu’une partie des anciens remparts de Vichy. Les eaux du Mont- Dore déposèrent jadis des masses assez considérables de silice ; c’est à peine si elles en abandonnent aujourd’hui. Les eaux de Saint- Nectaire ont déposé de l’arragonite, puis de la silice, puis des amas d’ocre très-friable, puis des travertins; aujourd’hui, c’est uniquement du carbonate de chaux un peu ferrugineux qu’elles laissent échapper. Ce n’est pas un des phénomènes les moins curieux que cet appauvrissement successif en principes salins, et surtout en silice, de la plupart des eaux minérales. Sa constance indique assez qu’il est lié à quelque grande cause dont l’action a été progressivement modifiée et affaiblie. Or, cette cause est très-probablement la chaleur, car il est bien constant, au moins pour la majeure partie des sources de l’Auvergne, que leur température a sensiblement diminue. On conçoit parlaitement que le volume et la température de ces fontaines s’affaiblissant graduellement, leur richesse en substances minérales, surtout en substances peu solubles, a dû suivre la même progression descendante. Les notables diflérences qui existent entre les résultats de mon analyse et ceux de l’analyse faite par Yauquelin , en 1799 , proviennent , non de ce que la nature chimique de l’eau a change depuis cette époque si rapprochée, nous 11e pouvons adopter cette idée, mais de ce que le célèbre chimiste normand n’avait point alors à sa disposition les moyens analytiques si variés et si précis que la science possède aujourd’hui. Toutefois , il y a un fait qne nous 11e savons comment expliquer, c’est la différence assez coït- — 395 — sidérable qui existe dans les quantités de résidu terreux obtenu par l’évaporation d’un litre d’eau, par Vauquelin et par moi. Vau- quelin n’a pu se tromper sous ce rapport ; mais la moindre proportion de substances solides qu’il a obtenue ne viendrait-elle pas de ce qu’il aurait agi sur de l’eau puisée depuis quelque teins, et qui aurait abandonné une partie des sels terreux qu’elle tient en dissolution ? Le dépôt que cette eau forme dans les vases où on la conserve, ou lorsqu’elle est exposée à l’air pendant quelques momens, est si prompt à s’opérer, qu’il se pourrait bien que ce fût là la véritable cause de la différence que nous signalons. Au reste, ceci n’est qu’une présomption, mais elle nous paraît plus probable que celle qui consisterait à admettre , ou que Vauquelin a commis une erreur, ou que l’eau actuelle de Saint-Allyre est moins riche en substances salines qu’il y a trente-cinq ans. Ce n’est pas dans un espace de tems aussi court qu’il survient des changemens aussi marqués dans la constitution chimique des eaux minérales. Comme le travail de Vauquelin, sur les eaux minérales de l’Auvergne, n’a jamais été imprimé, et que tout ce qui a été fait par ce savant chimiste mérite d’étre connu, nous publierons son mémoire àla suite du nôtre, comme un hommage rendu à sa cendre. Les eaux minérales du département du Puy-de-Dôme, soit celles qui sortent immédiatement du terrain primitif, soit celles qui sourdent du calcaire lacustre, offrent, à peu de chose près, la même constitution chimique. Elles contiennent à-la-fois beaucoup d’acide carbonique et beaucoup de carbonate de chaux, avec une proportion notable d’oxide de fer aussi, presque toutes donnent- e lles lieu à des incrustations plus ou moins abondantes. La plupart de ces eaux offrent encore, en petit, comme l’observe M. Lecoq, le phénomène qui a eu lieu, en gra^d, à l’époque de la formation des calcaires tubulaires et à phryganes , qui couvrent plusieurs points du même département. *• On serait tenté de croire, dit ce savant géologue, en examinant ces dépôts , que les eaux qui leur — 396 — donnent naissance les dissolvent dans les terrains tertiaires ; mais il n’en est pas ainsi il paraît que les sources sortent du terrain primitif avec ces propriétés. On ne peut même pas admettre que, imprégnées d’acide carbonique, elles dissolvent ensuite le calcaire , en traversant les terrains qui en sont formés ; car on a plusieurs exemples de sources minérales Saint-Nectaire, Chalusset, près Pontgibaud, qui sortent immédiatement du terrain primitif, et déposent de suite un travertin semblable à celui de Saint-Allyre. L’eau de cette dernière source offre presque toujours degrés de chaleur, ce qui indique qu’elle vient de l’intérieur de la terre, et qu’elle est probablement beaucoup plus chaude en sortant du granit sur lequel repose le calcaire. Ces différens faits font présumer que l’acide carbonique, si abondant dans toute la Limagne, ne fait que traverser les couches calcaires qui la composent, mais qu’il ne s’y forme pas. Tout porte à croire qu’il s’échappe des fissures du bassin primitif sur lequel elles reposent, comme il sort visiblement avec des eaux minérales sur plusieurs points du département. » Observations sur le gisement de l’acide carbonique et des bitumes, dans le département du Puy-de-Dôme, par M. Lecoq Annales scientijiques de VAuvergne, t. i, p. 217. Quoi qu’il en soit, les eaux de Saint- Allyre sont, de toutes celles du même département, les plus riches en carbonates de chaux et de fer. Les eaux de Sainte—Claire, qui coulent à peu de distance des premières, dans Clermont même, et à l’entrée du faubourg de Saint-Allyre, ne renieraient pas autant de matières en dissolution, et sont sensiblement différentes. Celles de Saint-Allyre sont plus riches en fer et en carbonate de magnésie; mais, dans les deux sources, il y a, à peu de chose près, les mêmes proportions de sel marin et de carbonate de chaux '. * L'eau des puits du faubourg de Saint-Allyre a une composition assex remarquable et 9° 3° Carbonate de magnésie. . 3,5o 4° Carbonate de soude .. . 12 ,Go 5 Muriate de soude. . 10,73 6 ° Oxide de fer. . o,33 7 0 Sulfate de soude , quantité in - commensurable, sur la quantité d’eau employée. Total pour chaque livre , 38 ,06 Yo/rt. La température de cette eau est de degrés. — 408 — JAUDE. i° Acide carbonique , en volume, 6 pouces cubiques environ; en poids....... 3,90 grains. 2 0 Carbonate de chaux... 6,00 3° Carbonate de magnésie. 2,83 4° Carbonate de soude.... 6,66 5° Muriate de soude. 5,67 6° Oxide de fer... 0,16 Sulfate de soude, quantité incommensurable. Total pour chaque livre d’eau, 25,22 ©fi©©©©©©©©©©©©©©©©©©©©©©©©©©© DESCRIPTION PROCÉDÉ DE M. CAPPLET, D’ELBEUF, POUR LA RÉGÉNÉRATION DBS VIEUX BAINS DE CUVE LUE A LA SOCIÉTÉ LIBRE D’ÉMULATION DE ROUEN £1 15 DÉCEMBRE 1356 Pour pouvoir fixer la matière colorante de l’indigo, ou VincU— gotine, sur les tissus, il faut, d’insoluble qu’elle est dans l’état où le commerce nous la présente, la rendre soluble. Or, pour obtenir ce résultat, on met l’indigo en contact avec des proportions convenables de substances désoxigénantes et d’alcalis. C’est c e qu’on appelle monter une cuve, en termes d’atelier. Pour la teinture des laines, on se sert de préférence de cuves a la potasse, très-improprement nommées cuves à l’anglaise, Puisque ce ne sont point les Anglais qui les ont inventées, et qu’on 116 les connaît presque pas en Angleterre. A Elbeuf, on n en Extrait du Bulletin de la Société libre d > Eniultttion de Rouen , i» r trimestre 1857. Ce Mémoire a été inséré par extrait dans le t. l° r du Répertoire de chimie , de physique e* ^ a Pphcation aux arts, septembre 1837, et dans le Journal de chimie médicale, 4 . ' * * 9 f 2e série, janvier 1S38 , p. 9. 410 — emploie plus d'autres à présent. On les monte avec des proportions particulières d’indigo, de potasse du commerce, de garance et de son. La garance et le son sont les ingrédiens qui désoxigènent l’indigo ; la potasse est là pour retenir en dissolution, dans le bain, l’indigo désoxigéné. Généralement, après vingt-cinq jours d’activité, et après qu’on a introduit dans la cuve de nouvelles quantités d’alcali et d’indigo, pour faire ce qu’on nomme des regreffes , on est obligé de remonter complètement et à neuf cette sorte de cuve, par l’impossibilité de continuer un travail avantageux. Cela provient de ce que la potasse est, pour ainsi dire, saturée parla matière grasse qui existait dans les tubes de la laine, et par celle qui provient de sa décomposition. Il en résulte une espèce de savon qui rend la potasse inhabile à dissoudre de nouvel indigo désoxigéné. Force est donc de rejeter le bain, et de le remplacer par un autre. Ce rejet d’un bain , dans lequel existe encore presque toute la quantité de potasse employée, c’est-à-dire kilogrammes pour ioo kilogrammes d’indigo, après le court, espace de trois semaines, cause une déperdition énorme de potasse. Et si l’on songe au nombre de cuves en activité dans toutes les villes où l’on s’occupe de la teinture des laines, on sera effrayé, avec raison, de la perte journalière que l’industrie éprouve par l’écoulement à la rue des vieux bains de cuve. C’est pour éviter cette perte de potasse, que M. Capplet, ancien fabricant à Elbeuf, et notre confrère, s’est livré à de nombreuses recherches qui l’ont conduit à ce résultat qu’il est possible d’enlever à la potasse des vieux bains la majeure partie des matières qui neutralisent son action et de la faire servir de nouveau à la dissolution de l’indigo. Il y a bientôt treize ans que M. Capplet a imaginé son procède, et, dès 1825, un atelier qu’il avait monté à Elbeuf, de concei t avec M. Sèbe, avait, dans l’espace de quinze mois, économise r 5 ,g 5 o kilogrammes de potasse. C’est ce qui fut constaté, à cette époque , par les membres de la commission des médailles de la Société libre d’Eniulatfon de Rouen, qui, dans sa séance publique du 6 juin 1825, décerna une médaille d’argent à MM. Capplet et Sèbe. Depuis, M. Capplet continua à pratiquer la régénération des vieux bains de cuve, et plusieurs teinturiers d’Elbeuf, qui firent usage de ses bains régénérés, attestèrent obtenir, par leur emploi, une économie de moitié sur la consommation ordinaire de la potasse. Nous avons sous les yeux des certificats de plusieurs industriels d’Elbeuf, un rapport fait par M. Lefort-Henry actuellement maire d’Elbeuf à la Chambre de Commerce, un certificat de JJM. les membres de la Chambre consultative des manufactures de cette ville, qui tous s’accordent à dire que le procédé de M. Capplet procure une économie importante de potasse, et qu’il est employé avec succès dans plusieurs teintureries de cette ville 1826-1827 . En 1 83 x , M. Capplet soumit son procédé à l’examen de la Société d’Encouragement, qui, par l’organe de M. Robiquet, lui accorda son approbation. P^oir le rapport inséré dans le bulletin de la Société, pour le mois de juin i83i . Jusqu’ici, cet honorable industriel a tenu secret le procédé qu’il a découvert, désirant jouir du bénéfice que lui accorde un brevet d’invention. Mais plus préoccupé de la pensée de laire dopter son moyen dans les fabriques , que de gagner quelque argent, M. Capplet, après m’avoir fait voir en détail l’appareil dont il se sert, et avoir exécuté ses opérations devant moi, m’a autorisé à publier ce que j’ai vu. C’est ce que j’ai accepté avec empressement. M. Capplet, considérant le vieux bain de cuve eomme une solution de potasse rendue impure par des matières grasses et des matières extractives et colorantes, a pensé qu’en le mettant suc- ''''ssivfincnl en contact avec de la chaux caustique , des cendres — 412 de bols, du charbon et du sable, il parviendrait à éliminer presque complètement toutes les substances étrangères , autres que l’alcali, et que le bain retient soit en dissolution, soit en suspension. Ses prévisions ont été justifiées, puisque chaque seau de son bain regénéré agit dans une nouvelle cuve, comme une dissolution de 2 kilogrammes de potasse du commerce. La théorie et l’expérience ont appris, depuis long-tems i° Que la chaux enlève aux vieilles lessives presque toutes les matières colorantes qu’elles tiennent en dissolution , en formant avec elles un composé insoluble ; 2 ° Qu’elle décompose de même les combinaisons d’alcalis et de matières grasses, en formant, avec ces dernières, qui sont acides, des savons insolubles ; 3° Que le charbon enlève facilement aux liquides les substances qui les colorent. Si donc on combine rationnellement l’action de ces deux agens, en employant en même tems les cendres qui agissent et par la chaux et par les sels alcalins qu’elles renferment, et qu’on l’applique convenablement à la purification des vieux bains de cuve, il est évident qu’on devra obtenir l’élimination des matières qui les salissent ou les empâtent, et d’autant mieux qu’on réitérera sur eux l’action de ces trois substances. Eh bien ! c’est ce que faitM. Capplet dans le procédé suivant. La figure que nous joignons ici donne une idée parfaite de son appareil, et aidera à l’intelligence du procédé. On dépose le vieux bain dans plusieurs cuves en bois B B, et on y ajoute un léger excès de chaux vive, en agitant. On laisse reposer, pour que le composé calcaire insoluble qui se forme sc précipite au fond des cuves; puis on tire à clair le liquide éclairci, au moyen de robinets placés à une certaine distance du fond. Ec liquide tombe dans une grande cuve en maçonnerie A , ou il i^s/^/ /rfss^ ^s^S rré rs'S''' ande n° 3, où il achève de se dépouiller des matières étrangères. Ua se terminent les filtrations. A l’aide d un conduit placé au — 414 — niveau du sol, le liquide régénéré passe du troisième caisson dans la recette générale G, placée au centre de l’atelier. Le bain, ainsi traité, n’a plus l’odeur putride qu’il exhalait d’abord. Son odeur rappelle celle d’une bonne lessive. Il est clair et ne conserve plus qu’une légère teinte rougeâtre, due à ce qu’il retient encore un peu de matière colorante de la garance. Mais la présence de cette matière colorante est insignifiante, car elle ne peut agir défavorablement dans les nouvelles cuves où l’on fait entrer le bain régénéré. Chaque filtre fonctionne pendant trois semaines ou un mois. Lorsque l’atelier est en plaine activité, tandis qu’on renouvelle les filtres de la bande n° i , on commence à passer le liquide sur la bande n° 2 , puis sur la bande n° 3 , et l’on revient sur la bande n° 1, qui fournit de la même manière à la recette gé" nérale. On voit que ce procédé de filtrage est calqué sur le procède suivi dans les salpêlreries pour le lessivage des matériaux sal-" pêtrés. Le sable qu’on retire des filtres et des auges n’est pas perdu- On le rend propre à de nouvelles opérations, en le lavant à plu' sieurs reprises dans une caisse en bois. Quant au charbon, on pourrait aussi le faire servir de nouveau, après l’avoir calciné au rouge daus une chaudière ou un cylindre de fonte. C’est ainsi qu’011 agit dans les raffineries de sucre, pouf revivifier le charbon. 11 résulte, tant des expériences de M. Capplet que de la pra' tique des teinturiers qui ont fait usage de ses bains régénérés» que chaque seau de ce bain représente 2 kilogrammes de p°" tasse, et que, dans la composition de la cuve ordinaire , on p eüt supprimer la moitié de la dose de la potasse, et la remplacer p ;,r une quantité proportionnelle de bain régénéré , en regarda ' 11 toujours chaque seau comme l’équivalent de 2 kilogrammes ^ c — 415 potasse. Ce qu’il y a de certain, c’est que, dans la pratique, les cuves regreffées avec le bain de M. Capplet donnent d’aussi bons résultats que celles pour lesquelles on fait usage de potasse du commerce. J’ai sous les yeux une carte de bourgeons teints comparativement, en 1826, chez M. Quesné, d’Elbcuf, dans deux cuves, l’une toute potasse, l’autre moitié potasse et moitié bain ; et s’il y a quelque différence dans la nuance de ces bourgeons, ce serait plutôt peut-être en faveur de ceux teints dans la cuve où la moitié de la potasse est remplacée par le bain , , , , » recenere. Or, puisque dans uneenve où l’on emploierait 100 kilogrammes d’indigo, il faudrait 286 kilogrammes dépotasse du commerce, dont la moitié, c’est-à-dire 142 kilogrammes 5 o peut être remplacée par trente-cinq seaux et demi de bain régénéré , il est évident qu’il y aura une économie, si les frais de revivification ne s’élèvent pas trop haut. C’est là ce qu’il faut démontrer actuellement. En voyant le peu de substances employées à cette revivification , en considérant le peu de valeur de ces substances , on entrevoit déjà que l’opération ne peut être coûteuse. Pour faire 100 seaux de bain, à 2 kilogrammes par seau, voici ce qu’il en coûterait Une bariique de 18 boisseaux de cendres. Braise de boulanger. 1 fr. 20 c Toile , drap et chaux. 1 10 Sable. » 10 Paille. » 10 Six journées d’homme , à 2 fr. 50 cent, chaque. Total des débours. D’après cette note de Irais, on voit que le traitement de 100 seaux de vieux bain de cuve 11e s’élève qu’a 4 -2 fr. 5 o cent. Ces seaux 100 renfermant ou plutôt représentant, d’après M. Capplet, 200 kilogrammes de potasse, qu’on peut estimer 25 fr. » c. 2 50 15 42 fr. 50 c. — 416 — à ioo fr. le cent, leur valeur est donc de 200 fr. Or, en retranchant de cette somme 4 2 fr- 5o cent, pour le prix de la purification, il reste une somme de i5^ fr. 5o cent, pour bénéfice , puisque , d’après l’usage généralement suivi, ce vieux bain , au'sortir de la cuve, eût été jeté au ruisseau. Il en résulte , par conséquent, que, par 100 kilogrammes d’indigo employés pour le montage d’une cuve, on réalisera sur la potasse 61 fr. 1 o cent, de bénéfice, en usant du bain régénéré de M. Capplet. Certes , une pareille économie mérite qu’on la prenne en considération. On doit concevoir, disait M. Lefort-Henry, dans son rapport à la Chambre de Commerce d’Elbeuf, combien peut devenir précieux le résultat de l’heureuse recherche de MM. Capplet et Sèbe, lorsque l’on considère que le travail habituel des cuves à la potasse consomme une immense quantité de cette production étrangère, et que, par sa réhabilitation, inventée par ces Messieurs, l’alcali des vieux bains doit se reproduire en quantité presque égale à son introduction et avec une action non moins vive, si l’épuration est parfaite. Dût-il, au reste, exister quelqu’amélioration possible au procédé de MM. Capplet et Sèbe, il en ressort toujours cette vérité digne de l’attention la plus sérieuse, c’est que l’immense quantité de potasse rejetée jusqu’à présent en pure perte par les vieux bains peut se régénérer tout entière, et que le moyen de réhabilitation employé par MM. Capplet et Sèbe est dirigé avec une telle économie de main-d’œuvre et d’ingrédiens , qu’il est impossible qu’il n’en résulte pas un avantage très-prononcé. » Nous avons transcrit ce passage, parce que c’est là l’opinion d’un homme bien compétent sur une pareille matière. Voici une autre pièce non moins importante que la précédente , puisqu’elle émane de manufacturiers réunis en Chambre consultative. Les membres de la Chambre consultative, apres avoir entendu le rapport de ses commissaires, touchant le proce’dé découvert par MM. Cappl ct et Sèbe, pour diminuer l’emploi de la potasse dans la teinture des laines c — 417 — étoffes, et après avoir pris tous les renscignemens dont ils ont jugé convenable de s'éclairer, certifient que le procédé dont il s’agit procure une économie importante de potasse, et qu’il est employé avec succès dans plusieurs teintureries de cette ville. » Elbeuf, le 17 juin 1826. » Signe Constant LEROY, P. TüRGlS, Hyp. JoiN-Lamrert, » Louis-Eugène SEVAïSTRE, Louis-Robert Fl-AYIG NY. » J’ai répété les fnoyens que M. Capplet a proposés pour revivifier le vieux bain de cuve , et j’ai obtenu les résultats qu’il avait annonces depuis si long-tems. Les expériences que j’ai faites, comparativement sur le vieux bain et sur le bain régénéré, m’ont appris que ce dernier renferme une proportion un peu plus grande de potasse, et que cette potasse est plus caustique que celle qui existe dans le vieux bain. Il est facile de se rendre compte de ces deux circonstances, en se rappelant que, dans la composition de ses filtres , M. Capplet fait entrer une certaine quantité de cendres qui abandonnent, d’une part, l’alcali qu’elles contiennent au liquide qui filtre sur elles, et qui, d’un autre côté, par la cliaux qu’elles renferment, caustifient une partie du carbonate de potasse contenu dans le bain. En raison de cette double action, on conçoit que le bain régénéré doit être plus riche en alcali caustique que celui qui sort des cuves. Convaincu des avantages que présente le procédé de M. Capplet, et désireux de contribuer, pour ma part, à le faire mieux apprécier des industriels, j’ai profité du bon vouloir de notre estimable confrère pour vous le faire connaître dans tous ses détails. J’espère que la Société qui, en i8a5, a donné publiquement à ce zélé fabricant un témoignage de sa satisfaction , voudra lui continuer sa bienveillance et l’aider dans ses efforts généreux, en donnant de la publicité à ce rapport. Rouen, i5 décembre i83G. ©©©©ô9 SÔ©©©Ô-9S'0©’© ©Q£©0fiOô©O©©9©©9©ÔfiO NOTE SUR UN SAV0N DE SILEX PRÉPARÉ EN ANGLETERRE Au commencement de l’année dernière , un de mes anciens élèves, M. Claudius Arnaudtizon, qui dirigeait, à cette époque, une des plus importantes fabriques d’indienne des environs de Glasgow, m’envoya, comme objet de curiosité, et avec invitation de l’examiner, un échantillon de savon qu’on commençait à vendre en Angleterre et en Ecosse, et dans la composition duquel il avait entendu dire qu’on faisait entrer de la silice ou du mica. Des occupations multipliées m’avaient fait oublier la recommandation de mon jeune ami, lorsque je lus l’article suivant, dans le n° 66 du Journal des travaux de l’académie de l’Industrie fan - çaise\ ol. 6, juin i836 D’après AI. Sheridan , qui a pris, en Angleterre , une patente, il serait possible de faire entrer, d’une manière utile, le silex dans la composition du savon. Pour opérer, l’auteur prend des sile* pyromaques noirs ordinaires pierres à briquet, il les calcine et les réduit en poudre, en les humectant pendant le broyage ; p nlS il mêle cette poudre avec de la soude ou de la potasse caustique > i Luc à la Société libve d'Émulation de Rouen , et insérée dans son Bulletin» tri mestre année 1837 ; insérée aussi dans le Journal de pharmacie , janvier 183S , p. * » " * t dans le Journal de chimie médicale , janvier 1S34 , p. U , t. 4 , 2e série. I — 419 — et il fait bouillir le mélange jusqu’à ce qu’il soit arrivé à une véritable saponification. Le mélange, ainsi obtenu, est ajouté à la pâte ordinaire du savon, lorsque celle-ci, après avoir bouilli, est à l’état de savon, et prête à mettre en formes. Ce mélange, qui possède la grande qualité de nettoyer les matières saponifiantes, demande à être fortement remué dans la pâte. Lorsque ce mélange a eu lieu, il en résulte un savon d’une excellente qualité et fort économique ; car cette addition, dans la pâte du savon, peut être portée jusqu’à 4o ou 5o parties pour 5o de pâte de savon, et cela au moyen du silex commun que l’on obtient à un très-bas prix, tandis que la matière grasse, dont il prend une partie de la place, coûte fort cher. Cette invention, qui promet d’être généralement employée, aura l’avantage de diminuer la consommation de l’huile ou de la graisse, et de rendre la fabrication du savon plus stable et tout-à-fait indépendante du grand autocrate de l’empire de Russie, dit toujoursM. Sheridan. Cependant, il nous parait fort douteux que ce procédé puisse posséder d’autres avantages que celui de donner au savon une augmentation de poids nécessairement préjudiciable aux intérêts des consommateurs. » Cet article me remit en mémoire l’envoi de M. Claudius Arnaudtizon, et je m’empressai d’analyser le morceau de savon que j’avais reçu de lui. Ce savon ressemble beaucoup, pour l’aspect, au savon de résine qui est si commun en Angleterre, et qu’on prépare, depuis plusieurs années, en France, notamment à Rouen et à Elbeuf. R a une odeur aromatique très-prononcée et une couleur d’un brun-fauve. Il se dissout bien dans l’eau, et sa solution mousse fortement par l’agitation. Il laisse au fond des vases une poudre l'ianche, fine, qui s’attache fortement à leurs parois. Cette poudre, insipide, insoluble dans tous les véhicules, est de la silice. Pour connaître la proportion de cette substance dans le savon an giais, j’ai calciné au rouge, dans un creuset de platine , cinq — 420 — grammes de ce savon. Le résidu salin et d’un blanc verdâtre qüe •j’ai obtenu, a été traité par l’acide hydrochlorique. Une partie s’est dissoute avec effervescence. J’ai évaporé le tout à siccité, et j’ai lavé le nouveau résidu avec de l’eau, à plusieurs reprises. Par ce moyen, j’ai obtenu la silice à l’état de pureté; son poids était de o gr. 95. Par conséquent, il y a, dans cet échantillon de savon, 19 pour 100 de silice. C’est, du reste, un savon à base de soude, avec une petite quantité de résine. Visitant l’Angleterre, quelques mois après ces essais, je vis à Londres, dans Piccadilly, un depot de ce savon de silice, qu on vend par petits paquets renfermant trois ou un plus grand nombre de morceaux, sur lesquels se trouvent imprimés ces mots She- ridan’s patent silica soap soid at 38 Regent circus, Piccaddly. Ce savon est d’un blanc jaunâtre. Trois petites tablettes, pesant chacune cinquante-deux grammes, me lurent vendues un schel- ling 1 fr. 25 c. . En 1827, un autre Anglais prit une patente pour un savon de toilette perfectionné et sans causticité' Il le préparait en ajoutant à du savon ordinaire 7 pour 100 de marne fine et très-pure, et 2 pour 100 de potasse. Si c’est dans l’intention de faire dissoudre le silex, que M. She- ridan le fait bouillir avec une liqueur alcaline, il se trompe étrangement, puisque ce n’est qu’à la chaleur rouge que la silice peut se combiner, en certaines proportions, aux alcalis et former des composés solubles dans l’eau. Il dit que son mélange de sdex et d’alcali arrive à une véritable saponification. Il y a là encore une lourde erreur, puisqu’il n’y a de saponification qu’entre des matières grasses et des alcalis. Son mélange devient pâteux par l’évaporation de l’eau, et c’est là ce qu’il appelle une véritable saponification ! Il ferait tout aussi bien , alors, d’introduire sa poudre de silex dans la pâte du savon cuit, en se dispensant de la faire bouillir — 421 préalablement avec l’alcali, qui n’a presque aucun effet sur elle. Mieux vaudrait encore prendre la silice à l’état de gelée ; il serait ’ plus facile de l’incorporer au savon, et elle y serait dans un plus grand état de division. La prétention du sieur Sheridan, d’augmenter les qualités du savon , par l’addition du silex, et la manière dont il opère, démontrent qu’il est dépourvu des plus simples connaissances chimiques. Mon savon , dit-il, est plus économique, parce qu’une partie de la matière grasse, qui coule fort cher, est remplacée par une substance de nulle valeur. C’est absolument comme celui qui introduirait 20 pour ioo de sable, en place de farine, dans la pâte du pain , et qui vous dirait Mangez—en, il coûte moins cher.» Belle économie, vraiment, qui obligerait à manger sept à huit livres de pain, au lieu de quatre ! Cette idée d’introduire dans le savon une matière aussi inerte , dans le blanchiment, que la silice, et qui doit avoir, d’ailleurs, des effets pernicieux , en agissant mécaniquement pour user les fibres des tissus entre lesquelles elle s’interpose, n’est qu’une invention malheureuse, conçue dans un esprit de vile spéculation. D’un hou produit, M. Sheridan en fait un mauvais. Les charlatans sont comme les harpies, ils gâtent tout ce qu’ils, touchent. ©e©©©©©©©©©;©.©©©©©©^!©©©© NOTE SUR-UNE NOUVELLE SORTE SAVON BLANC DE MARSEILLE Il y a à peine deux mois que je vous parlais, Messieurs, d’un savon de silex préparé en Angleterre. Je vais, aujourd’hui, vous faire connaître une nouvelle espèce de savon blanc qui a été envoyée tout récemment de Marseille à un négociant de Rouen. Ce savon est destiné à remplacer le savon en table , si employé dans nos ateliers de rouge des Indes. Il est en briques, semblables à celles du savon marbré. Il offre une grande blancheur, a la coupe douce, fine et homogène, mais il est un peu moins dur que le savon blanc ordinaire. Chaque brique porte sur deux de ses faces, le cachet suivant Huile d’OIives. Savon chloruré. Marseille. 1 Luc à la Société libre d'Entnlalion de. Rouen, et insérée dans son Bulletin, 2* trimestre , année 1837 ; insérée aussi dans \e Journal de pharmacie, janvier 1 83S, p. 3 , t. 24 > et d*. os le Journal de chimie médicale , janvier 1R3R , p. i f , t, 4 , 2 par Robert, alors pharmacien en chef de Motel-Dieu de Rouen Annales de Chimie, t. g2 , p. 172, vous verrez, Monsieur le préfet, quelles sont les différences qui existent entre elles ; nous joignons ici les résultats obtenus par Robert, des trois sources de Forges. Nous avons ramené, par le calcul, ces résultats au litre. t Tableau, comparatif de la composition des anciennes sources année 4835. — 445 — plâtre qui sert dans ce cas est obtenu dans un très-grand état de division, par la précipitation dumuriate de chaux par un sulfate soluble. L’introduction de ces filigranes dans la pâte du papier a pour objet, comme on le pense bien , d’ajouter une nouvelle garantie à l’emploi du papier de sûreté, car celui-ci étant déjà très-sensible à l’action des agents capables d’enlever l’écriture, il prend une couleur distincte au contact de ceux-ci, et lorsqu’on veut faire disparaître cette couleur étrangère, le filigrane se décolore et disparaît , ou bien change de nuance , ce qui rend la fraude bien plus facilement appréciable. Nous avons soumis, sur votre invitation , ces nouveaux papiers de M. Mozard à une foule d’essais, afin de constater leur degré de sensibilité. Voici ce que nous avons reconnu Les réactifs employés dans un certain état de concentration colorent fortement le papier et font disparaître le filigrane. Plus dilués , ils agissent encore sur le papier , mais n’attaquent plus le filigrane, qui se montre intact au-dessous de la tache développée par les réactifs. Il nous a paru que les dessins filigranés, en raison de leur persistance , due sans aucun doute à leur position dans le corps même du papier, n’offraient pas à un assez haut degré cette sensibilité qui est propre au papier même, pour que leur emploi fût indispensable. Pour nous, le papier de sûreté ordinaire à teinte azurée nous semble suffisant, dans la plupart des cas ; car, nous l’avons déjà dit, les falsifications quelle que soit l’adresse de celui qui les exécute , sont toujours reconnaissables. En résumé, nous croyons que , dans l’état actuel des choses, le papier de sûreté filigrané n’offre pas une sensibilité de beaucoup supérieure à celle du papier de sûreté ordinaire ; cependant son emploi pourrait être avantageux dans les administrations ou l’on fait ordinairement usage du papier à filigrane. C’est donc un motif suffisant pour en recommander l’adoption. — 446 — ' Les efforts constants de JVI. Mozard, pour améliorer son papier de sûreté et l’appliquer à tous les usages, les essais qu’il poursuit encore avec une persévérance digne des plus grands éloges, pour rendre ses produits aussi parfaits qu’économiques , sont des titres à la protection du gouvernement et à l’estime de tous les commerçants et industriels. Nous vous proposons, en conséquence , pour lui donner une marque de votre satisfaction et du vif intérêt que vous prenez à la réussite de ses travaux, de faire imprimer dans vos actes les deux rapports qui vous ont été présentés sur ses papiers de sûreté. J. GIRARDIN, rapporteur. Ch. DE STABENRATH. Prosper PIMONT. TROISIÈME RAPPORT \ Messieurs, La commission que vous avez chargée, l’année dernière, d’examiner le papier de sûreté de AI. Mozard, et qui vous fit connaître son opinion par deux rapports consécutifs , dont vous avez adopté les conclusions et ordonné l’impression dsps votre recueil annuel, vient encore une troisième lois vous entretenir de cette question si importante. Ce qui a nécessité les nouvelles recherches de votre commission, c’est la lettre qui vous a été adressée, en date du 6 novembre i835, par M. Sellier, garde-magasin au Timbre, à Paris. Permettez- moi de remettre cette lettre sous vos yeux. * Ce rapport est extrait du Recueil des travaux de la Société libre soudes, tels qu’êperons, etc. 20 57 20 3 D’après M. D’Arcet, dans l’alliage le plus simple fabriqué en France sous le nom de maillechorl, il y a Cuivre. 50,00 Zinc. 31,25 Nickel. 18,75 100,00 M. D’Arcet, en France, et M. Liebig, en Allemagne, se sont occupés de ces alliages de nickel, sous le rapport de la salubrité et relativement à leur emploi comme ustensiles de table ou de cuisine. Voici les résultats qu’on peut déduire de leurs expériences. Quoique le maillechorl soit plus attaquable par les sauces acides et salées que l’argent au premier titre o’est-à-dire contenant 5o de cuivre et g5o d’argent, pourtant la différence devient moins sensible lorsqu’on fait les expériences comparativement sur le maillechorl et l’argent au second titre c’est-à-dire contenant 200 de cuivre et 800 d’argent . Toutes circonstances égales d’ailleurs, certains réactifs semblent même attaquer beaucoup moins le maillechorl que l’argent au second titre. — 455 — Nous sommes certainement loin, ditM. D’Arcet, de regarder l’emploi culinaire du melchior comme étant sans inconvénient sous le rapport de la salubrité. Mais , en comparant cet alliage à l’argenterie à 800 millièmes, dont l’usage est permis par la loi et très-souvent adopté, il ne nous semblerait pas juste d’en défendre l’emploi. » Journal de pharmacie , cahier de ma! 1837, p. 223 . Voici les résultats auxquels, de son côté, M. Liebig est arrive L'insalubrité de l'argent étant.. *.... 1/2 Celle de l’argentan maillechort sera. 1 Celle du cuivre. 7 Celle du laiton. H Ni le zinc contenu dans le maillechort, ni la présence de l’arsenic dans le nickel employé à sa fabrication , ne doivent être redoutés. Ce dernier l’arsenic ne constitue , quand toutefois il y existe, que le millième du poids du nickel. Journal de pharmacie, cahier de mai 1837, page 227. Le maillechort est fabriqué très en grand à Paris, par MM. Charlier et C c , rue du Marché-Neuf, n° 20, qui sont les seuls brevetés pour cette fabrication. L’alliage brut se vend en lingots ou plaques, ou laminé de toute épaisseur, 8 à 10 fr. le kilogramme. Voici le prix de quelques uns des ustensiles en maillechort \ 1 couvert ordinaire uni., .y. 6 fr. 50 c. 1 couvert ordinaire b filet. 8 12 cuillers à café unies. 18 13 cuillers à café à filet 1 couvert de dessert doré.,. 15 13 cuillers à café dorées. 36 13 couteaux dorés à manche de nacre. . 100 1 assiette de 7 pouces 1/2. 15 1 plat rond de 10 pouces 1/2. 30 1 soupière pour douze personnes f avec son plateau. 160 théière de 6 tasses. 40 1 cafetière de 12 tasses. 70 l bol et sa soucoupe. 30 12 lunettes S 0 , rJ!naires . “ uorecs. o — 456 — Le maillechort prend très-bien la dorure. Le vermeil an maillechort est beaucoup moins coûteux et plus solide que le vermeil sur argent. Comme le maillechort peut être facilement confondu avec l’argent au 2 e titre", il est nécessaire d’indiquer la manière d’en faire la distinction. On mettra sur la pièce suspecte une goutte d’acide nitrique. Si c’est du maillechort, l’action se manifestera vivement par un bouillonnement coloré en vert ; si, au contraire, c’est de l’argent, la dissolution aura lieu plus lentement, et l’endroit présentera une tache noire. Pour lever tous les doutes, on ajoutera une goutte d’eau salée quand l’action de l’acide aura cessé ; si la pièce est d’argent, il se fera un trouble blanc très- manifeste; si c’est du maillechort , la couleur verte persistera avec une légère altération , et il n’apparaîtra aucun trouble blanc. ©©©©©S©©©©©©©©©©©©©©©©©©©©© MÉMOIRE SUR LES POMMES DE TERRE GELÉES, LU A LA SOCIÉTÉ CENTRALE d’aGRICULTURE DE ROUEN '. Le froid rigoureux de cet hiver a occasionné la perte d’une grande quantité de pommes de terre, et le dommage a surtout porté sur les petits cultivateurs, sur les journaliers, qui, n’ayant pas h leur disposition, pour conserver ces tubercules, les fosses ou silos, les celliers ou les granges des riches feimiers, n’ont pu garantir de la gelée leur provision d’hiver. Malgré les avertissements de la science, on rejette, comme désormais sans valeur, les pommes de terre gelées ; aussi chaque année rigoureuse amène-t-elle la perte d’une énorme quantité de substance alimentaire. Il est vraiment douloureux de voir avec quelle lenteur se propagent chez nous les vérités utiles. En elfet, il y a bien long-temps][déjà que les hommes de science ont dit aux cultivateurs 5fe rejettez pas vos pommes de terre gelées , car elles renferment autant de fécule qu’avant leur altération par le froid ; * Inséré dans le 6S e cahier, trimestre de janvier 1S5S , des Travaux de la Société centrale d'^Agriculture , p. 9 ; dans le Journal de pharmacie , cahier de juin 1S3S , p. 501 j et daus le Recueil industriel de M. De Mauîcon , cahier de septembre 1S38 , p. 223. — 458 extrayez-en la fécule , réiluisez-les en larine, ou faites les cuire pour en nourrir ensuite les bestiaux. >• Soins superflus! Conseils stériles! Partout on a continué à mettre au fumier les tubercules gelés, par suite de cette déplorable routine, qui avait dit Les pommes de terre gelées ne valent plus rien! . Les Sociétés d’Agriculture n’ont pourtant pas failli à leur mission dans cette circonstance. Elles ont mis une louable constance à enseigner aux habitants des campagnes le parti qu’ils pourraient tirer des pommes de terre gelées. Les recommandations , les avis n’ont pas été épargnés sous ce rapport, comme sous tant d’autres. Mais, que voulez-vous ? On ne veut pas lire dans nos campagnes ; on dédaigne les conseils des agronomes , parce qu’ils habitent les villes; l’entêté paysan , s’enveloppant de son ignorance comme d’un manteau impénétrable, oppose une force d’inertie contre laquelle viennent se briser tous les efforts de ceux qui v oudraient améliorer son état. Que faire donc? Faut-il 1 abandonner aux funestes effets de son aveuglement? Non ? certes. Il faut, avec persévérance, lutter contre cette déplorable disposition d’esprit des cultivateurs ; il faut continuer les enseignements utiles , et espérer que, sur la masse des ignares et des récalcitrans , il y en aura peut-être quelques uns à qui ces enseignemens profiteront. Ce sera toujours autant de gagné... Par suite de la proposition de M. Néel, et du désir manifesté par la compagnie , je me suis livré à des expériences variées sur les pommes de terre gelées, dans la double intention de connaître le genre d’altération que le froid fait éprouver à ces tubercules, et de savoir quel serait le meilleur parti à en tirer une fois qu’ils sont ainsi altérés. MM. De la Prévotière et Mésaize ont eu l’obligeance de mettre à ma disposition une suffisante quantité de pommes de terre gelées et non gelées ; c’était de la patraque jaune commune. Les pommes de terre saisies par la gelée sont dures comme le — 459 — Lois. Mais, lorsque la température s’élève au-dessus de zéro, elles se ramollissent peu à peu, deviennent flasques et molles, abandonnent, par la pression , une grande quantité d’eau ; puis, au bout de quelques jours , elles moisissent à leur surface , exhalent une odeur particulière et désagréable , et enfin se putréfient complètement. C’est lorsqu’elles étaient déjà ramollies par un commencement de dégel que j’ai opéré sur les pommes de terre, comparativement avec d’autres, saines, entières et non gelees. i° Après les avoir lavées et essuyées , pour les débarrasser de la terre qui les salissait, je les ai coupées par tranches minces , puis je les ai placées dans une étuve chauffée entre 25 et 3 o°, jusqu’à ce qu’elles fussent devenues sèches et cassantes. On en a fait ensuite de la farine. Elles ont ainsi perdu , par la dessication , 72,13 pour cent, en sorte qu’elles se composaient, gelées et non gelées, de Matière sèche. 27,8/ Eau. 72,13 La farine provenant des tubercules gelés a toutes les propriétés de celle fournie par les tubercules non gelés. 2° J’ai extrait la fécule des unes et des autres, en réduisant les tubercules en pulpe fine , dans un mortier de marbre, lavant cette pulpe sur un tamis , jusqu’à épuisement complet du parenchyme. La fécule, recueillie et purifiée , a été séchée à une douce température. Les pommes de terre gelées et non gelées m ont donné absolument la mémo quantité de fécule. En effet , j ai obtenu, des unes et des autres , de 1 oo parties en poids Fécule. 1 6» 66 Parenchyme sec. 7,52 La proportion la plus grande, obtenue généralement en fabrique, de ioo parties de pommes de terre bien saines , ne dépassé pas 18 pour cent de fécule sèche. Comme vous pouvez le voir, Messieurs, parles échantillons 460 — que je mets sous vos yeux, la fécule extraite des pommes de terre gelées a toutes les qualités de la fécule qui provient des pommes de terre non gelées. Je mets sous les yeux de la compagnie des biscuits et autres pâtisseries, confectionnés , les uns avec de la fécule de pommes de terre gelées, et les autres avec de la fécule de pommes de terre non gelées ; il est difficile, pour ne pas dire impossible , d’établir une différence entre les uns et les autres ; leur saveur est la même. Notre respectable confrère, M. l’abbé Gossier, a bien voulu employer, pour sa cuisiné, la fécule des pommes de terre gelées. Les aliments qu’on lui a servis lui ont paru tout aussi bons , tout aussi agréables que lorsqu’ils étaient préparés avec la fécule des pommes de terre saines et non gelées. 3° Par des procédés analytiques plus précis , qu’il est inutile de détailler ici, j’ai obtenu, des tubercules gelés et non gelés , les mêmes proportions d’eau, de fécule, de fibre ligneuse , d’albumine, de sucre et desubstanccs salines. Répétées plusieurs fois, mes expériences m’ont fourni toujours les mêmes résultats. D’après cela , puisque la constitution chimique de la pomme de terre n’éprouve aucun changement par l’effet de la gelée, quelle est donc la modification que subit ce tubercule par le froid ? C’est un effet purement mécanique, selon moi ; l’eau , en se congelant dans 1 intérieur du parenchyme, déchire et rompt les cellules qui l’emprisonnaient, s’isole des autres matériaux du tissu ; et voilà pourquoi, lorsqu'on presse entre les mains des tubercules qui ont degelé , ils s’affaissent comme une éponge, en abandonnant leur eau de végétation , qui coule en abondance. Ainsi, dans les pommes de terre gelées , il n’y a que l’organisation végétale qui soit altérée ; les principes constitutifs ne subissent aucun changement dans leur nature ; seulement ils changent de position à l’égard les uns des autres, et cela suffit bien pour rendre compte des différences de goût, de saveur , qu’on trouve dans les tubercules avant et après leur congélation. — 461 § II Puisque, dans les pommes de terre qui ont été gelées, il y a autant de substance alimentaire qu’avant l’action du froid , il serait déraisonnable de continuer à perdre ces tubercules et de ne pas en tirer parti. Même lorsqu’après avoir dégelé, leur altération est déjà très-prononcée , qu’ils sont presque réduits en bouillie et qu’ils répandent une forte odeur, on peut encore les utiliser. 1. Lorsque les pommes de terre sont dures comme le bois, il faut les mettre tremper dans l’eau froide pendant quelques heures, pour faire naître un commencement de dégel qui facilite leur division ultérieure ; puis il faut les soumettre à l’action d’une râpe ou les écraser dans l’auge du tour à piler les pommes. Lorsqu’elles sont réduites en bouillie fine et homogène , on lave cette pulpe par petites portions, sur un tamis placé au-dessus d’un baquet. L’eau entraîne avec elle la fécule ; le marc bien lavé est exprimé , étendu sur des claies , à l’air, puis dans un four, après que le pain en a été retiré. Une fois sec , on peut le conserver indéfiniment dans des tonneaux , et il peut servir avec avantage à la nourriture des porcs et des bêtes à cornes, qui en sont très 1 - friands lorsqu’il est cuit. Quant à la fécule , déposée au fond du baquet, on la lave bien, on la met égoutter sur des toiles , puis on la dessèche à une douce chaleur. Cette fécule peut alors servir à l’alimentation, et remplacer, dans tous ses emplois culinaires ou industriels, la fécule ordinaire de pommes de terre. 2. Lorsque les pommes de terre sont plus ou moins dégelees, on peut les soumettre au même traitement. Mais, si l’on veut simplement les réduire en farine, alors on les soumet, dans des sacs, au pressoir, afin d’en extraire la plus grande partie de l’eau de végétation ; puis on dessèche le marc dans le four, et, quand il est sec et friable , on le réduit en farine dans un moulin ordinaire. — 462 — Cette sorte de farine peut être très-bien mélangée, dans la proportion d’un cinquième ou d’un quart, avec la farine de froment, pour la confection du pain. — L’eau que le pressoir a fait sortir des pommes de terre a entraîné un peu de fécule qu’on doit recueillir. 3. M. De Lasteyrie a conseillé , depuis fort long-temps {voir la Décade de l’an iv, 3 e trimestre, et le n° du Moniteur, année ï8i 3, de faire macérer les pommes de terre gelées dans l’eau, pendant six à dix jours , en renouvelant l’eau de tems en tems, jusqu’à ce que l’épiderme commence à se réduire en bouillie , de les soumettre à la presse dans des sacs de grosse toile, puis de faire sécher le marc, qui donne alors une très-belle farine. 4 . Lorsqu’on veut appliquer les pommes de terre gelées à la nourriture des bestiaux , il faut agir comme ci-dessus, c’est-à- dire hacher ou piler les pommes de terre, et, au lieu de sécher le marc, le faire cuire tandis qu’il est encore humide. Cette substance , additionnée d’un peu de sel, est mangée avec avidité par les bestiaux. On peut éviter la cuisson du marc et l’introduire dans un grand tonneau , par couches alternatives , avec du son et un peu de sel ; au bout de vingt-quatre heures, le mélange éprouve un commencement de fermentation vineuse , qui plaît beaucoup aux animaux. Voilà , comme vous le voyez, Messieurs, des moyens très- simples , peu coûteux, pour utiliser les pommes de terre gelées. Partout, dans nos campagnes, il y a des tours à piler les pommes, des fours à cuire le pain ; ce sont là les seuls instrumens, pour le travail des tubercules, qui pourront fournir à volonté ou de la fécule ou de la farine. Dans le premier cas, on obtiendra au moins de 12 à i5 pour cent de fécule ; dans le second, on réalisera au moins de 22 à 25 pour cent de substance sèche. Je ne terminerai pas, Messieurs, ce mémoire, sans vous apprendre qu’un chimiste de Paris, M. Payen, qui a tant contribue à nous faire bien connaître l’amidon et toutes ses variétés , s’est — 463 — occupé, en même tems que moi, des pommes de terre gelées, et qu’il est arrivé précisément aux mêmes résultats , relativement à la nature chimique de ces tubercules. Ce savant chimiste a constaté que les tubercules geles contiennent autant de substance sèche qu’à l’état normal ; que la proportion de matière soluble n’y est pas moins abondante ; que la fécule elle-même y est dans la même proportion ; qu’enfin, rien n’est changé, sous ces rapports , dans la pomme de terre après le dégel. Il a reconnu , en outre , que les modifications physiologiques produites par la gelée, tiennent à la dislocation générale du tissu cellulaire. Cette opinion est donc tout-à-fait analogue à celle que j’ai émise en commençant. Il n’y a qu’un point sur lequel mes observations ne sont pas d’accord avec celles de M. Payen. Il avance que les pommes de terre » après le dégel , donnent à peine un quart de la fécule que l’on en obtient avant, et que cette lecule est d’une saveur très-désagréable. M. Payen explique cette de- perdition en disant que les utricules isolées les unes des autres par le fait de la congélation , et dégagées alors de la pression qu’elles supportaient, prennent des formes arrondies ; lorsque les dents de la râpe les frappent, elles se détachent une à une ou par petits groupes , mais sans offrir assez de résistance pour être déchirées. Il en résulte que le plus grand nombre de ces cellules, encore remplies de fécule , ne passent pas au travers des tamis fins , et que , restant dans la pulpe , elles diminuent d’autant la proportion du produit. Contrairement à l’opinion de M. Payen , je ne puis admettre un moindre produit dans la quantité de fécule que fournissent les pommes de terre dégelées , car j’ai obtenu les mêmes proportions de cette substance, avant et après la congélation. J ai pile les tubercules dans un mortier , et ne les ai point soumis a la râpe , car une fois qu’ils sont ramollis et devenus flasques , il est pour ainsi dire impossible de les déchirer convenablement par la râpe. — 464 — C’est à ce moyen imparfait de diviser le tissu cellulaire qu’il faut attribuer la perte en fécule signalée par M. Payen ; il sera donc préférable de passer les pommes de terre dans le tour à piler , plutôt qu’à la râpe , lorsqu’on voudra en extraire la fécule. La fécule que'j’ai retirée des pommes de terre dégelées n’a point de saveur désagréable, une fois qu’elle a été convenablement lavée. De tout ce qui précède, on est en droit de conclure i° Que le froid ne produit aucun changement chimique dans les pommes de terre ; qu’il détruit seulement l’organisation végétale ; 2 ° Que les pommes de terre gelées renfermant la même proportion de substance alimentaire qu’avant leur gel, il est convenable et possible de les utiliser, soit en extrayant la fécule, soit en les réduisant en farine ; 3° Que ces opérations très-simples peuvent être pratiquées partout, pour ainsi dire, sans aucune dépense, et qu’il est à désirer que désormais on ne rejette plus une substance qui peut rendre encore de si grands services, soit pour la nourriture des hommes, soit pour celle des bestiaux. J’avais terminé mes expériences sur les pommes de terre gelées, et j’en avais communiqué les résultats à la Société d’Agriculture , lorsque mon confrère, M. Pouchet, professeur d’histoire naturelle à l’école municipale, me fit part de ses observations sur le même sujet. Ces observations sont trop intéressantes pour que je néglige de les faire connaître. Elles confirment entièrement ce que j’ai avancé précédemment. En suivant deux routes différentes, nous sommes arrivés au même résultat. Voici l’ensemble des observations que M. Pouchet a bien voulu me communiquer et me permettre de publier. — 465 — M. Pouchet s’est assuré , par îles expériences microscopiques, que les pommes de terre qui ont été gelées contiennent encore toute leur fécule dans la plus parfaite intégrité , et que, quelqu’ait été le degré de leur altération, aucun des grains de fécule n’a disparu ; les plus fins, malgré leur plus grande délicatesse d’organisation, s’y découvrent parfaitement encore ; et même, quand le tubercule n’a pas subi une décomposition trop avancée, ils deviennent flottants et se détachent des débris des cellules bien plus facilement qu’ils ne le font dans une pomme de terre saine. Ses expériences lui ont prouvé que l’altération qui se produit dans la pomme de terre, par l’effet de la gelée, ne consiste point, ainsi que l’a cru M. Payen, en une altération du tissu cellulaire qui le dilate , isole les cellules et leur contenu , et les transforme en autant de globules sphériques volumineux qui ne peuvent passer par les mailles des tamis des fabricants de fécule. M. Poucbet a reconnu évidemment que la congélation offre divers états, et qu’elle a pour effet de dilacérer immédiatement le tissu cellulaire, sans doute en dilatant l’eau de végétation lors de sa solidification. Da ns le premier état, ou celui de la plus faible congélation , les cellules sont simplement déchirées, et l’on distingue encore facilement les lambeaux de leurs parois membraneuses. La fécule est très- libre. Au second état, le tissu cellulaire, plus profondément désorganisé, ne s’offre plus que sous l’aspect de filaments , reste des angles qu’il présente. Il semble que ses débris soient transformés en substance glutineuse , dont la présence enchaîne la fécule qui paraît moins libre que dans le cas précédent. Enfin , au troisième degré, le tubercule est tout-à-fait mou et coriace , ou réduit en une sorte de bouillie noirâtre ; on ne voit plus alors de traces de cellules , et le résidu de la désorganisation de celles-ci, devenu plus glutineux, est, dans certains endroits , d’une teinte noirâtre ; ce résidu enchaîne encore davantage les 3o — 466 grains de fécule , et alors la pression ne les isole que fort difficilement, mais aucun d’eux n’est altéré. Dans cet état, on voit, dans . a substance de la pomme de terre, de nombreux globules d’acide carbonique ? , et ce sont eux qui, suivant M. Poucbet, en ont imposé à M. Pajen. Jamais ils ne contiennent de fécule ; celle-ci est autour, et ces globules de fluide aériforme sont de diamètres divers qu’il est impossible de confondre avec des cellules végétales dilatées. OBSERVATIONS SUR L’ESPRIT DE BOIS, PRÉSENTÉES * LA SOCIÉTÉ LIBRE 'ÉMULATION DE ROUEN *. Lorsqu’à la fin du dernier siècle, l’ingénieur Lebon songea à soumettre le bois à la distillation sèche , pour utiliser à l’éclairage de nos maisons les gaz combustibles qui en proviennent, il était loin de prévoir, sans doute, à quels immenses résultats pratiques ses expériences curieuses conduiraient un jour. Ce sont elles, en effet, qui ont fait naître l’art de l’éclairage au gaz , la fabrication de l’acide pyroligneux, celle des pyrolignites, du goudron, etc. Les chimistes modernes, en étudiant avec soin toutes les circonstances de la distillation sèche des substances organiques, qui, dans les mains de leurs prédécesseurs , avaient été stériles, ont appris à créer une foule de composés qu’ils ont su habilement isoler les uns des autres , et dont plusieurs sont devenus ou deviendront bientôt très-utiles à l’industrie. C’est surtout dans ces derniers tems que les recherches sur les produits nombreux de la distillation sèche ont acquis une nouvelle importance , grâce à l’allemand Reichenbach. Parmi tous les composés nouveaux dont 1 Insérées dans le Bulletin de la Société libre d'Emulation de Rouen } ir trimesli>e année 1S33, page 29. — 468 — 'ce chimiste a doté la science, il en est un dont le nom est déjà devenu populaire c’est la créosote , principe éminemment antiputride, qu’on a tant préconisé comme un spécifique pour les maladies des dents» Mais le produit qui, sans contredit, mérite le plus de fixer l’attention, c’est celui que Philips Taylor a découvert, dès 1812 , dans les produits volatils de la distillation du hois, et qui a été nommé successivement étlier pyroligneux, esprit de bois , esprit pyroxylique, alcool de bois, alcool ligneux. Jusqu’en i833 , on s'était peu occupé de ce liquide remarquable ; mais, à cette époque , deux chimistes célèbres de la capitale ont entrepris, sur cet esprit de bois, des recherches très-étendues qui composent un des plus beaux travaux qui aient jamais été faits dans la chimie végétale. MM. Dumas et Péligot ont reconnu à cet esprit de bois tous les caractères d’un véritable alcool , isomorphe avec l’alcool ordinaire de vin. L’esprit de bois existe en dissolution dans la partie aqueuse des produits de la distillation du bois. Celle-ci étant décantée, pour la séparer du goudron non dissous, on la soumet à la distillation , dans les fabriques , afin d’en extraire , au moins en partie , le goudron qu’elle tient en dissolution. On recueille les dix premiers litres provenant de chaque hectolitre de liqueur placé dans l’alambic, et on soumet ce produit brut à des rectifications répétées, comme s’d s’agissait de concentrer de l’eau-de-vie. Pour abréger, on rectifie au bain-marie, sur de la chaux vive , jusqu’à ce que le liquide ne se colore plus à l’air, se mêle à l’eau sans la troubler, ne forme pas de précipite noir dans le protonitrate de mercure, et soit sans action sur les papiers réactifs. Lorsqu’il offre ces caractères, il 11 e renferme plus qu’un peu d’eau , dont la chaux le débarrasse. Il n’y a guère qu’un centième d’esprit de bois dans les produits aqueux de la distillation du bois ; aussi n’est-ce qu’en opérant sur une grande quantité de ces produits qu’on peut obtenir — 469 — ne quantité notable d’esprit. On pratique actuellement en grand l’extraction de cet esprit dans les fabriques d’acide pyroligneux , etc, notamment dans celles de Choisy-lc-Roi, près Paris, de Pouilly-sur-Saône, de MM. Pascli et Cantzler , en Suède , de M. Herman , à Schonebeck , en Prusse , etc. \oici les principaux caractères de l’esprit de bois pur, tel que celui que je vous présente. C’est un liquide très-fluide, incolore, d’une odeur à la fois alcoolique et empyreumatique , d’une saveur piquante et comme poivrée. Il est plus léger que l’eau , et plus volatil que l’esprit de vin, puisqu’il bout à 66° 1 / 2 . Il prend feu à l’approche d’une bougie , et brûle avec un flamme d’un blanc bleuâtre. Il se mêle à l’eau et à l’alcool en toutes proportions. Il dissout les résines, et en général tous les corps que l’alcool dissout lui-même. D’après ces propriétés , l’esprit de bois peut remplacer l’alcool de vin dans la plupart de ses emplois Industriels ; et, comme il est plus volatil que lui, son emploi, dans la fabrication des vernis, esttout-à-fait convenable. En Angleterre, 011 en consomme déjà beaucoup pour cette application. Dans les laboratoiies des chimistes, on l’utilise avec profit dans l’analyse des substanees végétales , et pour alimenter les lampes à l’esprit de vin. Celui qu ’011 trouve actuellement chez les marchands de produits chimiques , de Paris , marque g5° à l’alcoomètre centésimal ; il coûte 4 fr• 5o cent, le litre. J’avais pensé que , si la consommation de l’esprit de bois prenait une certaine importance , il serait possible de l’obtenir à un prix très-modéré , les fabricants d’acide pyroligneux donnant alors tous leurs soins à le recueillir , et j’espérais qu’il pourrait, dans ce cas , remplacer avec avantage l’alcool ordinaire pour le flambage des étoffes de coton , comme il le remplace déjà pour la fabrication des vernis. Pour m’éclairer à ce sujet, j’ai écrit à M. Mollcrat, fabricant d’acide pyroligneux, a Pouilly-sur- Saône , et voici ce qu’il m’a répondu — 470 Dijon , 6 juiNet 1837. » M. J. Gnardin, à Rouen. » J’aurais un grand plaisir, Monsieur, à faire adopter, sous vos auspices, l’esprit de bois pour flamber les étoffes. Mais le prix de l’alcool est trop bas, même avec la charge du droit, pour que l’esprit de bois puisse le remplacer. » La quantité de cette matière est un produit si faible, qu’il ne peut être vendu qu’à un prix un peu élevé pour qu’il y ait de l’utilité à le recueillir. Jusqu’à présent, il n’y a que l’Angleterre qui puisse le payer ; encore il n’y a qu’un très-petit avantage à ramasser peu de matière , avec beaucoup de soins et beaucoup d’appareils précieux. » Je tiens, au dépôt des produits de ma manufacture de Pouilly, chez M. Jouand, rue des Vieilles-Haudriettes, n° 6, à Paris, de l’esprit de bois, à 95° de richesse , dans l’intérêt de la science seulement. » Il faudrait que l’esprit de bois, moins riche que celui que j’ai chez M. Jouand, mais à 86°, fût payé 1 fr. 50 cent, le litre, pour que je puisse le vendre en France, au lieu de l’envoyer en Angleterre. » J’ai l’bonneur d’être, etc. » MoLLERAT. » Il faut donc abandonner, jusqu’à nouvel ordre , 1 idee de faire employer l’esprit de bois dans nos fabriques d’indiennes , pour le flambage des tissus. Plus tard , peut-être f grâce aux découvertes de la science , nos espérances pourront être réalisées. Il m T a semblé utile de vous faire connaître , Messieurs , un produit très-curieux par son mode de formation , et dont les propriétés remarquables ne manqueront pas de servir utilement / l’industrie. Rouen , i2 juillet 1837. C ©©©©*©£ ©©©©©©©©©©©©© Vous ne bornez pas vos soins , Messieurs, à propager dans le département les bonnes méthodes de culture, la connaissance des plantes qui peuvent être profitables à l’industrie ou à l’éco- mie domestique, l’emploi des meilleurs instrumens aratoires ou d’horticulture , l’engrais des terres attire aussi votre attention, et vous ne négligez aucune occasion d’augmenter la masse de nos richesses à cet égard. Vous pensez, avec raison, que la prospérité et le développement de notre agriculture sont intimement liés à l’usage abondant et à la bonne préparation des différentes substances organiques qui doivent, par leur décomposition spontanée, ajouter à la fécondité du sol. L’indispensable nécessite des engrais commence à être enfin bien appréciée chez nous ; mais nous ne savons pas encore profiter, comme les cultivateurs flamands et anglais , de toutes les circonstances qui peuvent multiplier la somme de ceux qui nous sont utiles. Rien ne doit être perdu 1 Extrait du f>9 cahier des Travaux de la Société centrale d'agriculture du départe* nient de la Seine-Inférieure , trimestre d’avril 1858; inséré dans la 2 livraison octobre 183S de la Revue agricole, page 47. — 472 — dans la nature ; c’est une maxime qu’on ne saurait trop répéter aux habitans des campagnes. Ces paroles que je prononçais dans la séance publique de 1831, lorsque j’avais l’honneur d’être votre secrétaire de correspondance, j’ai cru devoir les reproduire au début d’une communication que j’ai à vous faire, relativement à un engrais liquide qui pourrait rendre de grands services aux cultivateurs de nos environs, et qui, jusqu’à présent, est entièrement perdu. Je veux parler des eaux sales qui proviennent des abattoirs de Rouen. Chaque jour les canaux souterrains de ce bel établissement reçoivent jusqu’à 36 mille litres d’eau chargée de sang et de matières animales en dissolution. Ces eaux, qui sont un embarras pour l’établissement, à cause de la difficulté de les faire écouler promptement à la Seine, le terrain des abattoirs étant de niveau avec les eaux moyennes de la rivière , ces eaux , dis-je, sont sanguinolentes , un peu troubles , elles exhalent une odeur de matière animale. Quand on les chauffe, elles se décolorent , parce que l’albumine qui vient se coaguler à leur surface , entraîne avec elle toute la matière colorante du sang qui était en dissolution. Un litre de ces eaux, évaporé jusqu’à siccité , m’a donné un résidu pesant 3 grammes ; et, par l’analyse , j’ai reconnu que ces 3 grammes de matière solide se composent de Matières organiques, telles que graisse , albumine , matière colorante du sang, etc. 2 gram. Matières salines , telles que sulfates et chlorures alcalins, chaux, oxide de fer, etc. 1 3 gram. Par conséquent, dans les 36, litres d’eaux sales qu’on perd chaque jour aux abattoirs, il y a 108 kilogrammes de matières utiles savoir 72 kilog. de matières organiques , pouvant agir comme engrais r et 36 de substances salines, pouvant agir comme stimulant. — 473 — Ainsi, chaque semaine, on perd, sans aucun profil pour l’agriculture, 750 kilog. de matières solides , consistant en 500 kilog. de matières organiques , et 250 de substances salines. Depuis un an que les abattoirs sont ouverts, jugez quelle masse d’engrais et de stimulons a été se perdre dans la rivière ! Vous penserez, sans doute, comme moi, Messieurs, qu’il est temps d’attirer l’attention des cultivateurs de nos environs sur le parti avantageux qu’ils pourraient tirer de ces eaux anima- lisées , dont l’acquisition ne leur conterait que la peine de les aller chercher ; car l’établissement des abattoirs, loin d’exiger un droit pour leur enlèvement, se prêtera avec empressement à tous les moyens qui auront pour résultat de le debarrasser, promptement et sans frais, d’une masse de liquide qui le gêne. Chez nous , jusqu’ici, on n’a fait usage que d’engrais solides. Tous les pays, dit le célèbre professeur Decandolle, dans lesquels on recueille avec soin les engrais liquides, ont reconnu leur utilité, et les voyageurs qui les parcourent sont frappés de la beauté générale de leurs prairies et de leurs autres cultures. La Flandre a, sous ce rapport, une ancienne célébrité; les parties de l’Angleterre où ces procédés ont été introduits en ont reçu un accroissement notable de produits et l’état florissant des prairies de la Suisse allemande, et en particulier des cantons de Zurich, d’Argovie et de Berne , atteste ces vérités de la manière la plus évidente. On ne sera pas surpris des résultats que l’expérience donne à cet égard, si l’on observe, i° que les fumiers ne commencent à servir à la nourriture des plantes que lorsque , par des operations successives , ils sont en grande partie dissous dans l’eau ; 2° que les liquides animaux , tels que les urines , les goûts des écuries et des lavoirs renferment une grande quantité de matières nutritives et de principes excitans. 1 > > 1 Instruction mr l’emploi tics entrai* liquides , rédigée par le professeur Decandolle , an nom de la Société des Arts de Genève. — 474 — Les engrais liquides qu’on emploie en Flandre et en Angleterre sont i° les éeoulemens des écuries ; 2 ° les urines des habitations ; 3° les eaux grasses des lavoirs et des fabriques qui emploient des matières animales ou végétales. Ces liquides sont répandus, par arrosement, sur 'des terrains couverts de végétaux vivans, dans le but d’en augmenter immédiatement l’accroissement ; ou bien on les emploie sur des terres vacantes, dans le but d’y emmagasiner une certaine quantité de matières nutritives que les végétaux sont destinés à absorber dans la suite. Dans ce dernier cas, peu importent la richesse de l’engrais et l’époque à laquelle on le répand sur la terre. Dans le premier, lorsqu’on arrose les végétaux vivans, il est important que l’engrais liquide ne soit pas trop âcre ; autrement il brûlerait les plantes, et il faut, en outre, qu’il soit versé en tems convenable , soit relativement à l’âge des plantes, soit quant à la saison et aux circonstances atmosphériques. L’eau des abattoirs , en raison de sa nature chimique , rentre dans la classe des engrais qu’on peut répandre immédiatement sur les végétaux vivans ; elle ne peut les brûler. Un grand tonneau fixé sur une petite charrette ou sur un banneau , et qu’on remplit à l’aide d’une pompe à bras, suffira pour cet usage. On adapte au robinet du tonneau une caisse peu large, longue d’un mètre et percée de trous dans son fond , pour répandre le liquide d’une manière égalé sur le champ. Il est peu de personnes qui n’aient vu comment se fait l’arrosage des rues et promenades de nos villes ; le procédé d’arrosage pour l’engrais dont nous parlons sera le meme. Si l’arrosage ne devait avoir lieu que sur une petite étendue de terrain , comme dans les jardins maraîchers, sur des légumes, on pourrait encore l’effectuer au moyen d’un tonneau placé sur une brouette et d’un plateau ajusté au bout d’un manche de deux mètres de longueur. Les cultivateurs du nord ont une dextérité étonnante pour faire manœuvrer le plateau ajusté avec le manche en forme de louehet, de manière à opérer la plus égale dispersion — 475 — ilu liquide , qu'ils foui retomber à la volée comme une pluie. Les petits cultivateurs préfèrent ce second procédé à celui de traîner sur le banneau. L’eau des abattoirs serait encore très-efficace pour humecter toutes les substances qu’on fait entrer dans la formation des com- pôts ; elle augmenterait la vertu fertilisante de chacune d’elles, et faciliterait la fermentation de celles qui ont besoin d’être décomposées pour servir à la nutrition des plantes. Cet engrais liquide pourra être répandu dans la proportion de 700 à 800 hectolitres à l’hectare ; mais si la terre avait déjà reçu quelque autre engrais, il en faudrait beaucoup moins. En général , le mélange des engrais est toujours préférable ; et celui dont nous parlons sera un puissant auxilliaire de tous les autres. Mes paroles, appuyées de votre autorité , Messieurs, seront- elles assez puissantes pour convaincre les cultivateurs delà plaine de Sotteville , et les engager à tirer parti d’un liquide annualise qui devra nécessairement produire d’excellens résultats pour eux ? Je n’ose l’espérer, en me rappelant le peu de succès que vos recommandations précédentes ont eu à propos d’autres engrais ou stimulans non moins actifs, non moins commodes dans leur emploi , non moins faciles à se procurer. Quel cultivateur du département a imité les fermiers bretons qui, comme nous vous l’avons appris , utilisent si heureusement le noir animal des raffineries ? Dans quelle localité du pays a-t-on , à l’imitation des paysans écossais , essayé l’emploi des os broyés ? Qui a suivi les conseils de M. Payen , pour utiliser les animaux morts dans nos campagnes ? Quel est celui de nos fermiers qui a adopte les procédés des cultivateurs flamands pour recueillir les urines , les matières excrémentilielles des animaux et les vidanges des villes 1 .... Il faut bien l’avouer, vos recommandations , vos instructions, vos encouragemens même ont échoue devant l’indifférence et — 476 — l’apathie de ceux à qui vous vous êtes adressés_Ne serait-ce pas le cas d’essayer d’un moyen qui, dans presque toutes les occasions , a merveilleusement réussi? Je veux parler des primes en argent dont le gouvernement a su faire un si heureux emploi , pour naturaliser chez nous certaines industries qui, sans cet appât, seraient encore la propriété exclusive des peuples rivaux. Si la Société promettait une prime de 5o fr. à chacun des cinq premiers cultivateurs de nos environs qui auraient employé, pendant une année , l’engrais liquide des abattoirs, il est à croire que son appel serait entendu. Une fois l’usage adopté par quelques uns , il est très-probable que les autres ne tarderaient pas à les imiter , lorsque surtout les bons effets de l’engrais seraient connus de tous. Je désire que la Société prenne ma proposition en considération, et qu’elle veuille bien consacrer une somme de 25o fr. à populariser, dans nos environs, l’emploi d’un engrais liquide qui continuera à être perdu , au grand préjudice de notre agriculture , si le moyen que j’indique n’est pas adopté. Rouen, le i5mai i838. Nota. La Société d’Agriculture a adopté la proposition de JVI. Girardin , et a voté les primes demandées. £> 5 ©©©©©©©©©©©©©©©©©$©©©$©©©©©©©©© NOIE SUR DE L’OSEILLE CUITE DANS UN VASE DE CUIVRE, LUE A LA SOCIÉTÉ LIBRE D’ÉMULÀTION DK ROUEN, LE Jer ElivBlEE 18ÏS *. Une dame de Rouen , Madame ***, voulant faire préparer chez elle sa provision d’oseille cuite, pour l’hiver, employa pour cette opération une bassine de cuivre rouge. L’oseille était d’un très- beau vert; mais, chaque fois qu’on en fit usage , elle occasionna des coliques et des purgations. L’année suivante , la provision d’oseille fut renouvelée , mais on se servit, avec intention, pour la cuire , d’un vase de terre ; l’oseille était d’une couleur verte moins prononcée, mais aussi elle n’était point purgative. Cette année , la même personne fit cuire l’oseille dans la bassine de cuivre, en remuant constamment, pour activer l’évaporation de l’eau; l’aliment offrait une très-belle teinte verte, mais son usage détermina, chez ceux qui en mangèrent, des accidents assez graves. M. l’abbé Gossier m’envoya, ces jours derniers, un 1 Inférée dans le Bulletin de la Société libre d’Emulation de Rouen , 5* trimestre , année 1858 , page 196 , et dans le Journal de pharmacie , tome 24 , page 420 , année 1$3S. — 478 — échantillon de cette oseille , en me priant de l’examiner ; il pré- voyait qu’elle devait renfermer du cuivre, en raison de sa belle couleur et de sa saveur un peu métallique. Ses prévisions étaient justes, comme le.* .. 28. Rapport sur l'emploi de la gélatine des os dans le régime alimentaire des pauvres et des ouvriers. 143. Rapport sur l'appareil établi à l’Hospicc-Général de Rouen pour l'extraction de la gélatine des os. 191. Rapport sur un café avarié par l'eau de mer et livré à la consommation . 250. Rapport sur une poudre destinée à remplacer le café. 259. Note sur de l'oseille cuite dans un vase de cuivre. 477. g YI. Correspondance . A Monsieur Chevallier, un des rédacteurs du Journal de chimie médicale . 267. A Monsieur Chevallier, un des rédacteurs du Journal de chimie médicale . 269. A Messieurs les rédacteurs du Journal de pharmacie et des sciences accessoires ...* • 271. DE LA TABLE- DU MÊME AUTEUR. Éléincns le Minéralogie appliquée aux Science!» chimiques ; ouvrage basé sur la méthode de M. Berzelius, contenant l’histoire naturelle et métallurgique des substances minérales, leur application à la pharmacie, à la médecine et à l'économie domestique ; suivi d’un Précis élémentaire de géognosie ; par MM. J. Girardin et Lecoq. —1826 -1837. — 2 vol. in-8° brochés. Prix 14 fr. — Paris. Thomine, libraire-éditeur, rue Saint-Jacques, 38. Nouveau Manuel le Botanique, ou Précis ÉLÉMENTAIRE DE PHYSIQUE VÉGÉTALE, à l’usage deS personnes qui suivent les cours de botanique du Jardin- du-Roi, des Facultés des Sciences et de Médecine ; ouvrage contenant l’organographie, la physiologie, la taxonomie, et la description des 193 familles naturelles connues ; orné de douze planches ; par MM. J. Girardin et Jules Juillet. — 1827. — 1 vol. in-18 de plus de 600 pages. Prix 6 fr. — Paris. Compère-Crochard, rue de I’Ecole-de-Médecine, 13. Considérations générales sur les Volcans, et examen critique des diverses théories qui ont — 488 ÉTÉ SUCCESSIVEMENT PROPOSÉES POUR EXPLIQUER LES phénomènes volcaniqües ; par J. Girardin. — Ouvrage présenté à l’Académie royale des Sciences , Belles- Lettres et Arts de Rouen, le 20 novembre 1829. — 1 vol. in-8° de 250 pages. Prix 5 fr. — Paris. Crochard, libraire, rue de l’Ecole-de-Médecine , 13. Leçons *le Chimie élémentaire, faites le niMANCHE , a l’école municipale de Rouen , par J. Girardin. — Deuxième édition. 1 vol. in-8° de 800 pages, orné de tableaux, de figures et d’échantillons d’indienne. — 1839.—Prix 10 fr.—Rouen. F. Baudry, éditeur, rue des Carmes , 20. lotice biographique sur Edouard Adam, de Rouen. — Brochure in-8° de 32 pages , avec planches. — Rouen. Le Grand , libraire-éditeur. Notice historique sur la vie et les travaux de Dambourney, de Rouen. — Brochure in-8 u de 30 pages. — 1837. — Rouen. Le Grand, libraire- éditeur . Premier Mémoire sur les puits artésiens forés dans le département de la Seine- Inférieure. — Brochure in-8° de 32 pages, avec planches. 1838. — Rouen. Nicétas Periaux, éditeur. ^aEBBgçagaiifegWf mMSUV, Z $*'+ Vfc* , 11 1 1 I Jtf* , jl ZX s* - •' V*' v* sSJK •Æ'-'wS b*"5ï* >'& §Ü*ï»sü $v £â- x v $»**££ '<$V»j v \S. * 'U&+K •iV^ïr^v-..^ ! V V. * hf SsSÇi -kÿe?.-. O-W-

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Prévention de l’accumulation d’iode radioactif au niveau de la thyroïde en cas de possibilité de contamination par des radioéléments émis accidentellement par une installation médicament ne devra être pris que sur instruction formelle des autorités du prix depuis 2010, nombre d'utilisateurs, nombre de boîtes vendues, pour les conditionnements en cours de commercialisation plaquettes polyamide aluminium PVC-Aluminium de 30 comprimés Tout savoir plaquettes polyamide aluminium PVC-Aluminium de 10 comprimés Tout savoir
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Deux millions de Français sont concernés par cette extension du périmètre de distribution de l’oligo-élément, destiné à protéger la thyroïde en cas de fuite radioactive. Deux millions de personnes vivant dans un rayon de 20 kilomètres autour des 19 centrales nucléaires françaises vont recevoir sous peu une lettre les invitant à retirer des comprimés d’iode, qu’ils seraient amenés à prendre en cas d’accident nucléaire. La distribution gigantesque qui s’annonce 600 000 foyers, 1 800 écoles, un millier de mairies est une conséquence de l’extension du périmètre des plans particuliers d’intervention, les PPI», qui organisent la réponse d’extrême urgence après une fuite radioactive. Cette extension de 10 à 20 km du périmètre des PPI avait été décidée en 2016, à la suite d’une réflexion engagée après l’accident de Fukushima, au Japon, en 2011. Au-delà des 20 km, les plans Orsec s’appliqueront. De l’iode stable, stocké dans chaque département, pourra être distribué aux populations plus éloignées. Telle une éponge gorgée d’eau, la thyroïde va se saturer en iode stable fermant les portes d’entrée de l’organe à l’iode radioactif» Alain Rannou, directeur adjoint de la santé à l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire IRSN Fabriqué par la pharmacie centrale des armées, l’iode stable sera délivré aux riverains munis d’un bon de retrait dans les officines participant à la campagne. Le rôle de cet oligo-élément est de protéger la thyroïde contre l’assimilation d’iode 131, un isotope radioactif qui peut être à l’origine de cancers. Telle une éponge gorgée d’eau, la thyroïde va se saturer en iode stable fermant les portes d’entrée de l’organe à l’iode radioactif», indique Alain Rannou, directeur adjoint de la santé à l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire IRSN. Pour être efficace, le comprimé doit être ingéré dans les deux heures précédant le passage des particules et gaz radioactifs. On estime que l’iode stable, ou iodure de potassium, perd de son efficacité au-delà de dix heures environ après l’exposition à l’iode 131», ajoute l’expert. En cas de risque d’inhalation ou d’ingestion, les enfants et les femmes enceintes, plus vulnérables, seront à protéger en priorité. Les comprimés de 65 g d’iodure de potassium doivent être conservés au sec dans un endroit accessible et facilement mémorisable. » LIRE AUSSI - Culture minimale de la sûreté nucléaire en France En cas d’accident, l’iode doit être pris lorsque le préfet en donne la consigne et uniquement à ce moment-là», précise un porte-parole de l’Autorité de sûreté nucléaire ASN. La remarque est destinée à prévenir des ingestions précipitées ou inappropriées, dans un moment de panique. Selon Alain Rannou, la décision des pouvoirs publics s’appuiera le jour J sur les modélisations de l’IRSN, tenant compte des conditions météorologiques et de la direction du vent». Très volatil, l’iode 131 est l’un des premiers éléments radioactifs émis en cas d’accident nucléaire. C’est aussi l’un des plus abondants. L’utilité d’une distribution massive d’iodure de potassium a été montrée en Pologne, où 10,5 millions d’enfants et 7 millions d’adultes ont reçu l’antidote après l’accident de Tchernobyl en 1986, selon l’ASN. Aucune augmentation de l’incidence des cancers de la thyroïde n’a été mise en évidence dans ce pays, malgré une exposition à de fortes doses de radioactivité. Cela dit, l’iode stable n’est efficace que sur un organe pour contrer les effets d’un radioélément, souligne le porte-parole de l’ASN. Ce n’est qu’une composante de la protection en cas de rejets radioactifs.» Lors d’un accident nucléaire, d’autres éléments radioactifs sont relâchés dans l’atmosphère, comme le césium 137 qui se dépose sur le sol et peut contaminer durablement les végétaux et la chaîne alimentaire. C’est la raison pour laquelle la lettre envoyée aux riverains des centrales françaises rappelle les autres gestes de prévention, le plus important étant de se mettre à l’abri et de se confiner. Les PPI prévoient aussi l’exclusion de consommation de certains aliments, voire une évacuation de la population. Si l’iode 131 peut rester présent dans l’environnement pendant deux mois environ, la persistance du césium dépasse 200 ans. En 2016, lors de la précédente campagne de distribution d’iode, seuls 51 % des riverains dans les 10 km invités à retirer des comprimés d’iodure de potassium l’avaient fait. Un résultat que Roland Desbordes, porte-parole de la Commission de recherche et d’information indépendante sur la radioactivité CRIIRAD, juge décevant». Le fait de reconnaître qu’un accident nucléaire est possible en France est finalement assez récent, analyse le militant associatif. On a l’impression que les pouvoirs publics sont encore mal à l’aise avec la communication sur ce sujet, et la culture du risque reste faible. Tout le monde devrait pourtant conserver chez soi des comprimés d’iode.» L’information des professionnels en contact avec le public ne semble pas non plus optimale. En Gironde, le Dr Céline Berthié, médecin généraliste dans le périmètre de la centrale du Blayais, regrette ainsi de ne pas avoir été mieux associée en amont au dispositif. Prise au dépourvu, elle a été mise en difficulté pour répondre à un patient, inquiet, et informé avant elle de cette extension du périmètre de distribution d’iode. Servicede santé des armées. Actualités; Ministry. Missions; Organisation; Le SSA. Missions; Organisation; Le directeur central; Mécénat ; Trois cents ans d’Histoire; Chiffres-clés; Grades ; Opérations extérieures. Chaîne de soutien médical; Soigner le blessé de guerre; Évacuations médicales; Ravitaillement médical; Prise en charge psychologique; Épidémiologie et hygiène Ajouté le 16/05/13 sur Dernière mise à jour le 16/05/13 0 Lire les avis Donnez votre avis Photo POTASSIUM IODURE PCA 65MG CPRnon disponibledu type COMPRIME Code CIP 3922065 1 plaquettes thermoformees soit 10 comprimes par plaquettes thermoformees Laboratoire PHARMACIE CENTRALE DES ARMEES Allaitement avec POTASSIUM IODURE PCA 65MG CPR L'iodure est concentré dans le lait. Le traitement des mères allaitantes doit être le plus court possible, ce qui ne soulève pas de problème dans le cas d'une administration unique. Grossesse avec POTASSIUM IODURE PCA 65MG CPR Les femmes enceintes sont prioritaires quel que soit l'âge de la grossesse, dans le but de préserver la thyroïde de la mère et, à partir du deuxième trimestre, celle du f÷tus qui commence à concentrer l'iode à partir de la 10ème-12ème semaine. Au cours du troisième trimestre, une dose massive d'iode peut induire un blocage de la fonction thyroïdienne du f÷tus avec apparition d'un goitre. Dans le cas d'une administration chez la femme enceinte, une surveillance échographique du f÷tus jusqu'à la fin de la grossesse puis un suivi thyroïdien doivent être effectués. Conduite à tenir chez la femme enceinte FAIRE ORGANES CIBLES Notice de POTASSIUM IODURE PCA 65MG CPR Télécharger la notice en pdf Forme, Présentation , Composition Indications Contre indications Effets indésirables Mode d'administration et posologie Conservation et reconstitution Résumé Notice Mis à jour le 05/16/13 à 1730 Laboratoire titulaire de POTASSIUM IODURE PCA 65MG CPR PHARMACIE CENTRALE DES ARMEES Questions des internautes sur POTASSIUM IODURE PCA 65MG CPR Soyez le premier à poser une question Poser ma question gratuit Donnez votre avis sur cette fiche POTASSIUM IODURE PCA 65MG CPR Vos avis sur cette fiche POTASSIUM IODURE PCA 65MG CPR Nouveaux avis Tous les avis 0 Fiche médicament notée -/5 0 Top 100 des fiches médicament
Pourle suivi des populations ayant bénéficié du traitement par iodure de potassium Pharmacie Centrale des Armées 65 mg, comprimé sécable une surveillance clinique par le médecin traitant est recommandée. Après administration chez le nouveau-né un dosage sanguin des hormones thyroïdiennes (TSH) devra être pratiqué deux semaines après administration. L'émission
Remarques préliminaires Pour entraîner une réduction de plus de 90 % de la fixation de l'iode radioactif, les doses nécessaires sont Dans la région où l'apport alimentaire en iode est normal » 1 dose supérieure ou égale à 30 mg d'iode, Dans les régions où il existe une carence relative en iode alimentaire cas de la France 50 à 100 mg d' être pleinement efficace, l'administration d'iode doit avoir lieu dès réception des instructions des autorités compétentes, au mieux avant la propagation du nuage radioactif. Le degré de protection est de 80% après 2 heures et de 40% après 8 heures suivant le début de la contamination dans les régions riches en iode et respectivement de 65% et de 15% dans les régions carencées en durée du traitement peut varier d'une prise unique à une prise quotidienne réitérée pendant 7 jours maximum selon la cinétique et les caractéristiques de l'accident. Il est cependant souhaitable d'exclure la prise réitérée d'iodure de potassium chez la femme enceinte et allaitante, et l'enfant de moins de 12 ans qui devront par conséquence faire l'objet d'une évacuation prioritaire de la zone prise du traitement ne devra se faire que sur instructions des autorités le suivi des populations ayant bénéficié du traitement par iodure de potassium Pharmacie Centrale des Armées 65 mg, comprimé sécable une surveillance clinique par le médecin traitant est administration chez le nouveau-né un dosage sanguin des hormones thyroïdiennes TSH devra être pratiqué deux semaines après radioactive peut-être prolongée et non ponctuelle. Des mesures de confinement et d'évacuation de la population sont alors prises par les pouvoirs publics. Ce traitement s'inscrit donc dans un dispositif global défini au niveau contamination retardée est possible par les aliments, selon le schéma pâturage → lait → viandePosologieDes remarques précitées découlent le protocole d'administration, dont les modalités seront définies par les autorités de > 12 ans et adulte Une prise de 130 mg d'iodure de potassium par jour réitérée pendant 7 jours, soit 2 comprimés à 65 mg par jour pendant 7 jours, sauf instructions contraires des autorités comprimés peuvent être dissous dans une boisson eau, lait ou jus de fruit.Population pédiatriqueENFANT de 36 mois à 12 ansUne prise unique de 65 mg d'iodure de potassium, soit 1 comprimé pouvant être dissous dans une boisson lait ou jus de fruit. NOURRISSON de 1 à 36 moisUne prise unique de 32,5 mg d'iodure de potassium, soit ½ comprimé pouvant être dissous dans une boisson biberon de lait ou jus de fruit par exemple.NOUVEAU-NES < 1 moisUne prise unique de 16 mg d'iodure de potassium, soit ¼ de comprimé, pouvant être dissous dans une boisson biberon de lait.Il est souhaitable d'exclure la prise réitérée d'iodure de potassium chez la femme enceinte et allaitante, et l'enfant de moins de 12 ans qui devront par conséquence faire l'objet d'une évacuation prioritaire de la zone d'administrationEn cas de dissolution dans une boisson, la solution obtenue ne peut être conservée et doit être prise dissolution du médicament dans du lait ou dans du jus de fruit permet de diminuer le goût métallique passager qui peut être ressenti aux posologies préconisées.
IODUREDE POTASSIUM PHARMACIE CENTRALE DES ARMEES 65 mg, comprimé sécable. Iodure de potassium. Encadré. Veuillez lire attentivement cette notice avant de prendre ce médicament car elle contient des informations importantes pour vous.
l'essentiel Les personnes concernées par le périmètre de sécurité autour d’une centrale nucléaire et n’étant pas allé retirer leurs pastilles d’iode en pharmacie, les reçoivent en ce moment par La Poste. Dans les boîtes à lettres des habitants se situant à moins de 20 km d’une centrale nucléaire, pour nous ce sera celle de Golfech, une curieuse enveloppe estampillée gouvernement » arrive dans les boîtes à lettres. Pas toutes les boîtes, seulement celles des riverains n’étant pas allé récupérer à la pharmacie l’iode à ingérer en cas d’incident à la pharmacie. Au terme de la période de retrait, il semble que vous n’ayez pas encore réalisé cette démarche » indique une lettre datée de janvier 2021, co signée par le préfet, directeur général de la sécurité civile et de la gestion des crises Alain Thirion, le professeur Jérôme Salomon, directeur général de la santé et Carine Wolf-Thal, président du Conseil national de l’Ordre des pharmaciens. Avec cette lettre, une boîte de dix comprimés se trouve dans l’enveloppe. Les campagnes de distribution des comprimés d’iode ont lieu régulièrement depuis 1997 et concernent les personnes qui résident ou travaillent à proximité d’une centrale nucléaire. Organisées par les pouvoirs publics services de l’État et EDF, propriétaire des centrales nucléaires ces campagnes ont pour objectif la mise à disposition des populations riveraines des centrales nucléaires des comprimés d’iode stable permettant de protéger leur thyroïde en cas de rejet accidentel d’iode radioactif dans l’atmosphère. En cas d’accident nucléaire, la prise de comprimés d’iode stable protège la thyroïde de l’iode radioactif qui pourrait être rejeté dans l’environnement. La thyroïde va absorber l’iode stable jusqu’à saturation, et ne pourra donc plus assimiler l’iode radioactif qui serait éventuellement respiré ou ingéré. Les comprimés d’iode doivent être administrés en situation accidentelle et uniquement sur instruction des autorités. Qui organise la distribution ? Le ministère de l’Intérieur coordonne la deuxième phase de la campagne préventive de distribution de comprimés d’iode aux riverains situés dans un rayon de 10 à 20 kilomètres autour des 19 centrales nucléaires françaises. La première phase de cette campagne consistait depuis septembre 2019 à mettre à disposition les comprimés d’iode dans les pharmacies partenaires pour les 2,2 millions de personnes et plus de 200 000 établissements, entreprises, écoles, administrations, etc. sur tout le territoire. Depuis le mois de février, les comprimés sont adressés par voie postale à 600 000 foyers identifiés ne les ayant pas retirés en pharmacie. Le gouvernement indique par ailleurs que les ERP établissements recevant du public n’ayant pas effectué la démarche ainsi que les nouveaux arrivants des communes concernées sont invités à les retirer dans les pharmacies partenaires. Ils pourront effectuer leur retrait sur simple présentation d’un justificatif de domiciliation, de capacité d’accueil du public et/ou du nombre de salariés. » Les comprimés d’iode sont distribués par la Pharmacie centrale des Armées. Ils ne doivent être pris que sur invitation du préfet via la radio, la télévision, les sites Internet des journaux, les réseaux sociaux du gouvernement Leur distribution est gratuite.
ComitéMédicaments de diagnostic et de médecine nucléaire 29 janv. 2020 Contenu de la séance Pour avis : IODURE DE POTASSIUM PHARMACIE CENTRALE DES ARMEES 6 MG, comprimé sécable - NANOCIS, trousse pour la préparation de la solution injectable de sulfure de rhénium colloïdal et de technétium (99mTc) (nanocolloïde) - SONOVUE 8 microlitres / mL,
+41Marco51bricoloKyralyopexumJeff01Olivertepersephone62albertspetzguigz73luxferrrareWanamingoPhilghpAshNatombiserilynpayneopalineAtheaCatalinaBarnabéargothlogantarsonisLoripendragondeltatrooperDaSkeldmagtheblacktiggrosminetsupercureuilstefeckgrizzlyZapataXanceriseRammsteinPilgrimCollineCapausoleilCanis Lupus45 participants [Stock + Fabrication] Iodure de potassium risque nucléaire comprimés d'iodeScindé depuis le fil sur mon BOB...Ensuite, des cachets d'iodure de potassium, que j'ai pu me procurer en Suiiiisse. Pas chers du tout, CHF pour une boîte de douze cachets. Il y a marqué sur la boîte "Iodure de Potassium 65mg Pharmacie de l'armée, A ne prendre que sur ordre des autorités Protège la thyroïde de l'iode radioactif 2x6 comprimés" valable jusqu'en août 2014. La posologie indique qu'il faut prendre 2 comprimés par jour pour les adultes, ach so ! je vais devoir racheter une boîte sacrebleu...Fabriqué en édition par le Sam 5 Jan - 215605, édité 2 fois________________________________________________________ Re [Stock + Fabrication] Iodure de potassium risque nucléaire comprimés d'iode par Colline Lun 20 Aoû - 145046Capausoleil a écritCanis Lupus a écrit La posologie indique qu'il faut prendre 2 comprimés par jour pour les adultesEn principe, il faut continuer le "traitement" aussi longtemps que dure la contamination exterieure !Voici, brut de copier coller, la posologie de l'iodure de potassium de la pharmacie centrale des armées source VidalRemarques préliminaires Pour entraîner une réduction de plus de 90 % de la fixation de l'iode radioactif, les doses nécessaires sont dans les régions où l'apport alimentaire en iode est normal » 1 dose supérieure ou égale à 30 mg d'iode ;dans les régions où il existe une carence relative en iode alimentaire cas de la France 50 à 100 mg d' être pleinement efficace, l'administration d'iode doit avoir lieu dès l'alerte donnée, au mieux avant la propagation du nuage radioactif et au pire 1 heure après la radiocontamination. Après 4 heures de retard, elle n'a presque plus d' durée du traitement est limitée à 1 prise unique à prendre dès l'alerte donnée, sur instruction des autorités compétentes. Le traitement est renouvelé, si nécessaire, pour les personnes restant sur le lieu de contamination et sur instructions des autorités de la posologie au-dessus de celle recommandée par les autorités compétentes est inutile. Il en va de même de la poursuite du radioactive peut être prolongée et non ponctuelle. Des mesures de confinement et d'évacuation de la population sont alors prises par les pouvoirs publics. Ce traitement s'inscrit donc dans un dispositif global défini au niveau contamination retardée est possible par les aliments, selon le schéma pâturage => lait => usuelle Des remarques précitées découle le protocole d'administration, en conformité avec les recommandations faites par l'OMS en 1989 Adulte au-dessus de 12 ans Dosage unique quelle que soit la région, 130 mg d'iodure de potassium en 1 prise unique, soit 1 comprimé, à dissoudre dans une boisson eau, lait ou jus de fruits.Enfant de 36 mois à 12 ans 1 prise unique de 65 mg d'iodure de potassium, soit ½ comprimé, à dissoudre dans une boisson lait ou jus de fruits.Nourrisson jusqu'à 36 mois 1 prise unique de 32,5 mg d'iodure de potassium, soit ¼ de comprimé, à dissoudre dans une boisson biberon de lait ou de jus de fruits par exemple.Après dissolution dans une boisson, la solution obtenue ne peut être conservée et doit être prise immédiatement. La dissolution du médicament dans du lait ou dans du jus de fruits permet de diminuer le goût métallique passager qui peut être ressenti aux posologies préconisées. Re [Stock + Fabrication] Iodure de potassium risque nucléaire comprimés d'iode par Capausoleil Lun 20 Aoû - 181101Colline a écritLa durée du traitement est limitée à 1 prise unique à prendre dès l'alerte donnée, sur instruction des autorités compétentes. Le traitement est renouvelé, si nécessaire, pour les personnes restant sur le lieu de contamination et sur instructions des autorités de la posologie au-dessus de celle recommandée par les autorités compétentes est inutile. Il en va de même de la poursuite du pense qu'il y a 2 versions....La Française et l'Americaine.....En France, les "autorités compétentes" distribuent les comprimés avec parcimonie et seulement pour ceux qui resident prés d'une centrale...En fait, tout depends du genre de "probleme" que tu supposes possible d'arriver !Si il s'agit d'une "petite fuite ponctuelle" chose impossible en France, bien evidemment On peux se contenter d'un "petit traitement"Si tu envisage la possibilité d'un conflit nucléaire...les Americains sont beaucoup plus ouvert à ceux genre de previsions alors il faudra saturer ton organisme pendant toute la durée de la contamination afin de minimiser au maximum l'absortion d'iode radioactif l'iode est rapidement evacuée.Voici une tradution d'explication AnglaiseIodate de potassium pillules antirayonnement Ceci devrait être en cas d'urgence chacun kitNe pas attendre une urgence pour commander ces derniers, les obtiennent tandis que les choses sont CORRECTES. Ces bouteilles ont une date d'échéance du juin 2012. Empêcher le mal irréparable à vos enfants, vos a aimé ceux et toi. La pillule antirayonnement », rayonnement de blocs de la thyroïde. Directions Prendre seulement si dirigé par des autorités ou les retombées radioactives radioactives sont dose quotidienne de minimum est comme suit Adultes 2 comprimés par 3-12 1 comprimé par 1 mois - 3 ans de comprimé de 1/2 par à 1 mois - 1/4 table par de la prise de chats et de chiens 1/2 à 2 par jour. Doit prendre le minimum de 10 jours !L'utilisation maximum est de 85 jours ou durée de l' pris seulement dans l'événement des retombées radioactives nucléaires. Non prévu comme supplément alimentaire. Personnellement, je n'apprecie pas la "langue de bois" pratiquée en France concernant ces c'est une affaire personnelle !CapausoleilMembre Premium Nombre de messages 866Date d'inscription 17/12/2006 Re [Stock + Fabrication] Iodure de potassium risque nucléaire comprimés d'iode par Pilgrim Sam 25 Aoû - 103853NB pas oublier que c'est strictement inutile en cas d'exposition au rayonnement direct. D'ou la question de Pilgrim une centrale qui part en vrille grave Voir a ce sujet ce qu'a failli être Tchernobyl sans le sacrifice de braves gars LIEN cela répand un rayonnement direct à combien de KM aux alentours. Histoire que Pilgrim n'aille pas foutre sa retraite dorée dans la zone. Hem...si c'est plus de 100 Km Pilgrim est bon pour l'exil ..avec le nombre de réacteurs au M2 dans le coin .. Re [Stock + Fabrication] Iodure de potassium risque nucléaire comprimés d'iode par Rammstein Sam 25 Aoû - 204039Autant les murs des centrales nucléaires sont semble-t-il dimmensionnés pour résister à un crash d'avion cf. la célèbre vidéo déjà diffusée sur le forum et dont j'ai paumé le lien, autant le facteur humain a déjà été à l'origine de nombreux incidents, dont la fusion d'un réacteur nucléaire et l'explosion d'une il est donc possible - malgré tous les pare-fous - de réitérer l'exploit russe de 1986, qui avait provoqué la contamination d'une grande partie du territoire européen. La France a notamment eu droit à sa dose. Un jeune conscrit vosgien avait été réformé et hospitalisé dans les années 1990 suite à une irradiation régulière provoquée par sa consommation de champignons !Rammstein Re [Stock + Fabrication] Iodure de potassium risque nucléaire comprimés d'iode par Capausoleil Dim 26 Aoû - 73431Rammstein a écritAutant les murs des centrales nucléaires sont semble-t-il dimmensionnés pour résister à un crash d'avion cf. la célèbre vidéo déjà diffusée sur le forum et dont j'ai paumé le lienBen, je sais pas s'il s'agisait de source serieuses mais dans une emission télévisée sur Tchernobyl, je crois, un des "specialistes" recommandait la mise en place de missiles d'interception aupres des centrales en cas de menaces terroristes....Car ils sont pas sûr qu'avec les nouveaus avions de plus en plus gros que les "carapaces bétonnées" pourraient qu'un accident type Tchernobyl a tres peu de chance d'arriver en France et donc une catatrophe serait liée a des evenements "peu problables".On devrait pouvoir dormir sur nos deux oreilles encore un peu !CapausoleilMembre Premium Nombre de messages 866Date d'inscription 17/12/2006 Re [Stock + Fabrication] Iodure de potassium risque nucléaire comprimés d'iode par Capausoleil Dim 26 Aoû - 74346Pilgrim a écrit pas oublier que c'est strictement inutile en cas d'exposition au rayonnement radioactive ou pas a une tendance naturelle a s'accumuler dans la tyroïde....Chaque µgr d'iode stabilisé stocké dans ta tyroïde empeche un µgr d'iode radioactif de penetrer soit direct ou indirect, l'exposition n'y change facteur le plus important est la rapidité avec laquelle tu va prendre le cachet...L'ideal etant bien sur d'être prevenu avant d'être soumis à la cachets d'ïode ne te sauvrons bien sûr pas la vie en cas d'exposition élevée...Il ne sont qu'un moyen parmis d'autres de te proteger....C'est le respect des l'ensemble des mesures deprotections qui pourrait te sauver la vie !CapausoleilMembre Premium Nombre de messages 866Date d'inscription 17/12/2006 Re [Stock + Fabrication] Iodure de potassium risque nucléaire comprimés d'iode par Pilgrim Dim 26 Aoû - 83544Rammstein a écritAutant les murs des centrales nucléaires sont semble-t-il dimmensionnés pour résister à un crash d'avion cf. la célèbre vidéo déjà diffusée sur le forum et dont j'ai paumé le lienFaut relire le lien sur Tcherno posté plus haut -> la chape a cédé sur le dessus et on a envoyer des gars au casse pipe pour soutenir celle du dessous car on arrivait à une masse critique a cause de stock situé au dessous .Et dans ce cas " boum "Capausoleil a écritDisons qu'un accident type Tchernobyl a tres peu de chance d'arriver en France et donc une catatrophe serait liée a des evenements "peu problables".On devrait pouvoir dormir sur nos deux oreilles encore un peu !Bel optimisme Re [Stock + Fabrication] Iodure de potassium risque nucléaire comprimés d'iode par Capausoleil Dim 26 Aoû - 90542Pilgrim a écritCapausoleil a écritDisons qu'un accident type Tchernobyl a tres peu de chance d'arriver en France et donc une catatrophe serait liée a des evenements "peu problables".On devrait pouvoir dormir sur nos deux oreilles encore un peu !Bel optimisme Ben, non.... Je ne pense pas.....Si tu veux on peux faire une liste de tout ce qui pourrait arriver de catatosphique à l'humanité... Voir meme globalement et localement proximité d'une centrale....ça irait depuis la chute d'une meteorite jusqu'à l'invasion par les extra-terrestres en passant par une contanination virale qui nous transformerait tous en zombies....Tu seras d'accord pour dire qu'il est quasiment impossible de se preparer à tout !Il faut donc "selectionner" les scenarios les plus probables....Je pense qu'on peut dire qu'aujourd'hui, il existe un "consensus" parmis les suvivalistes pas les "survivorsdelamortquitueetquinelarendspas" pour pencher en faveur du et du au choix ou combinés.J'etais encore recemment adepte de la preparation en vu d'un Harmagedon nucleaire, pensant que celui qui serait "prêt" pour ça, serait prêt "a tout" !Aujourd'hui je suis en train de "recentrer" ma preparation...De toute façon les acquis passés sont toujours disponible au cas où !Enfin..voila, l'important est de bien cibler les problemes futurs....Mais on est là pour en parler....Donc, on s'y interesse...c'est ça l'important, pas vrai ?CapausoleilMembre Premium Nombre de messages 866Date d'inscription 17/12/2006 Re [Stock + Fabrication] Iodure de potassium risque nucléaire comprimés d'iode par Pilgrim Dim 26 Aoû - 161617Pilgrim est d'accord avec toi dans l'ensemble mais le réchauffement et la dépletion du pétrole risquent bien de toucher de plein fouet les va entrainer une recherche entraine déjà une réduction des coûts annexes de façon a garder la rentabilité à flot. Dans ces budgets resserés quelle est ma part de la maintenance ?Le a déjà montré en 2003 que les épisodes extrèmes mettent à mal les standart de sécurité, on a dû improviser en arrosant les nucléaire étant l'industrie la plus fragile en rapport de l'énergie contenue, c'est probablement celle qui devra être surveillée de très pres. Re [Stock + Fabrication] Iodure de potassium risque nucléaire comprimés d'iode par Rammstein Jeu 5 Juin - 120426Quelques laboratoires européens proposent également des comprimés de iodure de potassium - Lannacher Autriche => Kaliumjodid 65mg- Merck Allemagne => Kaliumjodat 100mg sous-dosé- Henning Allemagne => Thyprotect 130mg retiré du marché depuis 2006 en Allemagne mais encore en fabrication Ces produits se trouvent sur les sites des pharmacies en ligne. Rammstein Re [Stock + Fabrication] Iodure de potassium risque nucléaire comprimés d'iode par cerise Jeu 5 Juin - 133505merci pour les liens Xan j'ai édité le tien - voir règle 8 de la charte et tutoriel ici je voulais surtout faire l'expérience de celle-qui-fait-confiance-par contre, faute de pouvoir se procurer comme on le prétend dans sa pharmacie ce fameux iodure de potassium, est-ce qu'il n'y aurait pas la possibilité d'utiliser de la teinture d'iode ça ça se trouve facilement ?? Re [Stock + Fabrication] Iodure de potassium risque nucléaire comprimés d'iode par Zapata Dim 29 Juin - 150151Bonsoir,C'est possible, et le dosage était indiqué dans une petite plaquette, au format A6, vendue en librairie, il y a déjà quelques années. Le titre "Survivre à la bombe", si ma mémoire est bonne, couverture bleu foncé, et impression en blanc...Les comprimés spécifiques restent préférables... Premium Nombre de messages 507Date d'inscription 06/01/2008 Re [Stock + Fabrication] Iodure de potassium risque nucléaire comprimés d'iode par Rammstein Mer 30 Juil - 72024Merci à nos collègues de DM !Informations issues du lien suivant KI4USi on n'a pas de pastilles d'iode, utiliser de la Bétadine ou de la teinture d'iode. PAS EN L'AVALANT, mais en l'appliquant sur la peau de l'abdomen ou des avants 8ml de teinture d'iode a 2% pour un adulte /par jour en comptant sur 2 heures pour faire ml pour les enfants entre 3 et 18 ans2 ml pour les enfants en dessous de 3 ans1 ml pour les nouveaux nés. Réduire la dose si la concentration en iode est plus forte, s'assurer de ne pas être allergique à l'iode. Une cuillére à café est égale à 5 Re [Stock + Fabrication] Iodure de potassium risque nucléaire comprimés d'iode par grizzly Jeu 31 Juil - 133332bonjour,merci pour l'info rammstein Etant revenu depuis qq jours de chez mes beaux parents à qq kms de romans sur isere et connaissant les derniers incidentsj'aurais voulu connaitre la possibilité d'extention de la date de peremption sur les cachets d'iode qq semaines , qq mois ?? j'aurais l'opportunité de pouvoir récuperer les boites périmées d'un collegue qui habite pres de golfech au cas ou . + Re [Stock + Fabrication] Iodure de potassium risque nucléaire comprimés d'iode par Rammstein Jeu 31 Juil - 134427L'iodure de potassium étant un composé minéral, il se conserve indéfiniment si stocké convenablement à l'abri de l'air, de l'humidité, de la lumière. Donc tant que l'emballage d'origine reste intact, il n'y a aucun souci, même avec des comprimés périmés depuis plusieurs années. Rammstein Re [Stock + Fabrication] Iodure de potassium risque nucléaire comprimés d'iode par Zapata Sam 16 Aoû - 204400Bonsoir Cerise,Je t'ai retrouvé les informations sur le livret dont je te parlais dans un de mes messages précédents, sur ce même thème que tu as lancé le titre "Passeport survie".L'auteur Ghislain LoustalotL'éditeur Jean Claude information, et cité ici uniquement à titre d'exemple, l'usage d'iode médicinal, en remplacement des comprimés spécifiques, est également évoqué dans cet mentionne donc ce passage, en dégageant toutes responsabilités sur les prescriptions qui y sont données, et les conséquences possibles " Pour un adulte, vingt gouttes dans un demi litre d'eau ; pour un nourisson, deux gouttes dans un demi-litre d' renouveler tous les trois jours, jusqu'à la fin du risque...".Pour mémoire, il existe des gens qui sont très sensibles à l'iode, et pour qui ce produit est donc Premium Nombre de messages 507Date d'inscription 06/01/2008 Re [Stock + Fabrication] Iodure de potassium risque nucléaire comprimés d'iode par stefeck Ven 22 Mai - 154111édit cerise messages déplacés depuis ce sujetA voir probablement avec un ami résident l'une des communes concernées toujours possible de récupérer ses anciens cachetons ? avec les risques encourrus si cela se périme bien sureA voir donc pour cela !bon courage________________________________________________________économie et écologie l'avenir de l'homme en un mot l'éconologie ! Sujets similairesSauter vers Permission de ce forumVous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
laboratoirede la pharmacie centrale des armées, qui est le seul fabricant. Depuis plus d’une semaine la pénurie perdure et aucun délai de fourniture n’a pu être donné. Voici quelques exemples de réponses, assez consternantes, apportées par certains pharmaciens aux citoyens qui tentaient de se procurer des comprimés (témoignages transmis directement à la CRIIRAD,
Vous pouvez changer l'orientation de votre appareil pour lire plus facilement les données. Arborescence de classification ATCListe des classes ATCV DiversV03 Tous les autres produits thérapeutiquesV03A Tous autres médicamentsV03AB AntidotesV03AB21 Iodure de potassiumMédicaments de la classe ATCNomFormeLaboratoireCommercialiséGénériqueCoût en 2021IODURE DE POTASSIUM PHARMACIE CENTRALE …comprimé sécablePHARMACIE CENTRALE DES ARMEESNonIODURE DE POTASSIUM PHARMACIE CENTRALE …comprimé sécablePHARMACIE CENTRALE DES ARMEES…Oui IODUREDE POTASSIUM Pharmacie Centrale des Armées 130 mg, comprimé sécable peut avoir des effets indésirables sur le fonctionnement de la glande thyroïde, liés à une surcharge d'iode; il s'agit alors de thyroïdite subaiguë à l'iode, d'hyperthyroïdie et de goitre par blocage de l'hormonosynthèse. Déclaration des effets secondaires Économie portfolio Le PCA fabrique, près d’Orléans, des boîtes de comprimés et des unités injectables, pour le compte de la défense et du ministère de la santé. A la Pharmacie centrale des armées PCA, près d’Orléans, une opératrice manipule la poudre qui servira à fabriquer des comprimés d’iodure de potassium . Ce médicament est utilisé pour prévenir les intoxications en cas d’accident ou d’attaque nucléaire. Simone Perolari/Pour Le Monde La Pharmacie centrale des armées fabrique de l’iodure de potassium destiné aux stocks de sécurité de la France et aux campagnes de distribution à proximité des centrales nucléaires. Simone Perolari/Pour Le Monde En 2018, la Pharmacie centrale des armées produira 33 millions de comprimés d’iodure de potassium. Simone Perolari/Pour Le Monde Un opérateur contrôle la qualité des comprimés d’iodure de potassium. Simone Perolari/Pour Le Monde Les cartons destinés aux stocks de sécurité de la France sont entreposés sur des palettes. Sur 12 m de hauteur, la Pharmacie centrale des armées garde les principes actifs qui entrent dans la composition de ses médicaments. Ils sont achetés dans le monde entier. Simone Perolari/Pour Le Monde Une opératrice de la Pharmacie centrale des armées contrôle une ampoule de morphine. Cette opération de mirage » permet de détecter d’éventuelles impuretés. Simone Perolari/Pour Le Monde Un dispositif d’auto-injection et un capuchon anti-choc sont ajustés sur des ampoules de morphine. Cette invention permet aux combattants de soulager leur douleur en attendant les secours. Simone Perolari/Pour Le Monde Ces dispositifs d’auto-injection de morphine ont changé la donne pour les combattants blessés. La maîtrise de la douleur réduit le risque d’aggravation de leur état de santé en attendant les équipes médicales. Simone Perolari/Pour Le Monde Ce stérilisateur permet à la Pharmacie centrale des armées de préparer le matériel destiné aux équipes médicales sur le terrain. Simone Perolari/Pour Le Monde Le laboratoire de la Pharmacie centrale des armées effectue de nombreux tests pour garantir la qualité de la fabrication et la stabilité des formulations, y compris dans des conditions extrêmes. Simone Perolari/Pour Le Monde La Pharmacie centrale des armées PCA, située à Chanteau Loiret, est un établissement unique en Europe qui développe et fabrique des médicaments destinés à protéger militaires et civils contre les risques nucléaires, radiologiques, biologiques, et chimiques. Chaque année, en moyenne 3 millions de boîtes de comprimés et 500 000 unités injectables y sont fabriquées sur dix lignes de production pour le compte de l’armée et du ministère de la santé. Chloé Hecketsweiler Vous pouvez lire Le Monde sur un seul appareil à la fois Ce message s’affichera sur l’autre appareil. Découvrir les offres multicomptes Parce qu’une autre personne ou vous est en train de lire Le Monde avec ce compte sur un autre appareil. Vous ne pouvez lire Le Monde que sur un seul appareil à la fois ordinateur, téléphone ou tablette. Comment ne plus voir ce message ? En cliquant sur » et en vous assurant que vous êtes la seule personne à consulter Le Monde avec ce compte. Que se passera-t-il si vous continuez à lire ici ? Ce message s’affichera sur l’autre appareil. Ce dernier restera connecté avec ce compte. Y a-t-il d’autres limites ? Non. Vous pouvez vous connecter avec votre compte sur autant d’appareils que vous le souhaitez, mais en les utilisant à des moments différents. Vous ignorez qui est l’autre personne ? Nous vous conseillons de modifier votre mot de passe. Lestensions autour de la centrale de Zaporijjia en Ukraine ont accru les craintes de ces deux pays voisins, qui ont lancé une campagne de distribution d’iodure de potassium auprès des Ajouté le 16/05/13 sur Dernière mise à jour le 16/05/13 0 Lire les avis Donnez votre avis Photo POTASSIUM IODURE PCA 130MG CPRnon disponibledu type COMPRIME Code CIP 3430095 1 plaquettes thermoformees soit 10 comprimes par plaquettes thermoformees Laboratoire PHARMACIE CENTRALE DES ARMEES Allaitement avec POTASSIUM IODURE PCA 130MG CPR L'iodure est concentré dans le lait. Le traitement des mères allaitantes doit être le plus court possible, ce qui ne soulève pas de problème dans le cas d'une administration unique. Grossesse avec POTASSIUM IODURE PCA 130MG CPR Les femmes enceintes sont prioritaires quel que soit l'âge de la grossesse, dans le but de préserver la thyroïde de la mère et, à partir du deuxième trimestre, celle du f÷tus qui commence à concentrer l'iode à partir de la 10ème-12ème semaine. Au cours du troisième trimestre, une dose massive d'iode peut induire un blocage de la fonction thyroïdienne du f÷tus avec apparition d'un goitre. Dans le cas d'une administration chez la femme enceinte, une surveillance échographique du f÷tus jusqu'à la fin de la grossesse puis un suivi thyroïdien doivent être effectués. Conduite à tenir chez la femme enceinte FAIRE ORGANES CIBLES Notice de POTASSIUM IODURE PCA 130MG CPR Télécharger la notice en pdf Forme, Présentation , Composition Indications Contre indications Effets indésirables Mode d'administration et posologie Conservation et reconstitution Résumé Notice Mis à jour le 05/16/13 à 1730 Laboratoire titulaire de POTASSIUM IODURE PCA 130MG CPR PHARMACIE CENTRALE DES ARMEES Questions des internautes sur POTASSIUM IODURE PCA 130MG CPR Soyez le premier à poser une question Poser ma question gratuit Donnez votre avis sur cette fiche POTASSIUM IODURE PCA 130MG CPR Vos avis sur cette fiche POTASSIUM IODURE PCA 130MG CPR Nouveaux avis Tous les avis 0 Fiche médicament notée -/5 0 Top 100 des fiches médicament Retrouvezsur cette page tous les médicaments à base de Iodure de potassium. Iodure De Potassium Pharmacie Centrale Des Armees. En vente libre Non remboursé Tracutil. Sur ordonnance 12,73 € Remboursé à 65 % Nutryelt. Sur ordonnance 28,19

Trois jours après l'attaque russe d'une centrale nucléaire en Ukraine, la France a confirmé l'envoi de comprimés d'iode sur place. En France, par crainte, certaines personnes réclament en officine des comprimés d’iodure de potassium. Pourtant, sans accident nucléaire avéré, c'est inutile, voire dangereux. L'Europe a retenu son souffle lors de l'attaque par la Russie de la plus grande centrale nucléaire d'Europe à Zaporijia, en Ukraine, dans la nuit du jeudi 3 au vendredi 4 mars. L'incendie a été maîtrisé et aucune augmentation de la radioactivité alentour n'a été observée, selon Barbara Pompili, la ministre de la Transition écologique. Mais la peur d'un accident nucléaire causé par des combats persiste. Une attaque nucléaire est-elle possible ? Des propos du président russe, Vladimir Poutine, ont pu attiser les craintes. J’ordonne au ministre de la Défense et au chef d’état-major de mettre les forces de dissuasion de l’armée russe en régime spécial d’alerte au combat », a indiqué dimanche, au cours d’un entretien avec ses chefs militaires retransmis à la télévision, le maître du Kremlin, cité par l’Agence France-Presse AFP. Jeudi, Jean-Yves Le Drian avait rappelé que plusieurs puissances de l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord OTAN, dont la France, disposent de l’arme nucléaire. Je pense que Vladimir Poutine doit aussi comprendre que l’Alliance atlantique est une alliance nucléaire. Je n’en dirai pas plus », avait souligné sur TF1 le ministre de l’Europe et des affaires étrangères, cité par l’agence de presse Reuters. Qui peut obtenir gratuitement des comprimés d’iode en pharmacie ? Les personnes résidant à moins de vingt kilomètres d’une installation nucléaire civile ont la possibilité d’obtenir une pastille d’iode gratuitement. Des campagnes de distributions d’iode sont mises en œuvre depuis 1997, destinées aux personnes résidant autour des installations présentant un risque d’émission d’iodes radioactifs centrales nucléaires, réacteurs de recherche et certaines installations de la défense, dans un rayon » compris entre 500 mètres et 20 kilomètres, explique l’Autorité de sûreté nucléaire ASN sur son site. Une sixième campagne a commencé en septembre 2019 ». La première phase de cette campagne consistait […] à mettre à disposition les comprimés d’iode dans les pharmacies partenaires pour les 2,2 millions de personnes et plus de 200 000 établissements, entreprises, écoles, administrations, etc., sur tout le territoire », faisait savoir en mars 2021 le ministère de l’Intérieur sur son site. Depuis février de l’année dernière, les comprimés ont été adressés par voie postale à 600 000 foyers identifiés ne les ayant pas retirés en pharmacie », précisait le ministère. Cependant, les établissements recevant du public ERP qui n’a pas fait de retrait en officine, ainsi que les nouveaux arrivants des communes concernées sont invités à les retirer dans les pharmacies partenaires ». Le retrait peut être fait sur simple présentation d’un justificatif de domiciliation, de capacité d’accueil du public et/ou du nombre de salariés », explique le ministère de l’Intérieur. Pourquoi la prise d’iode est-elle recommandée en cas d’accident nucléaire ? En cas d’accident lié à une installation nucléaire civile, la prise d’iode est recommandée à titre préventif, tout comme la mise à l’abri ». Ce geste constitue un moyen de protéger efficacement la thyroïde contre les effets d’iode radioactif qui pourraient intervenir en cas d’accident nucléaire », indique l'Autorité de sûreté nucléaire sur son site. La thyroïde va absorber l’iode stable jusqu’à saturation, et ne pourra donc plus assimiler l’iode radioactif qui serait éventuellement respiré ou ingéré. Les comprimés d’iode doivent être administrés en situation accidentelle et uniquement sur instruction des autorités », précise le ministère de l’Intérieur. Les pharmacies disposent-elles d’iode en quantité suffisante ? D’après le président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France FSPF, Philippe Besset, l’ensemble des pharmacies du pays peuvent être mobilisées par les préfets pour délivrer des pastilles d’iode en cas de risque, mais rien de tel n’est activé à l’heure actuelle ». Contrairement aux masques, on aurait les stocks nécessaires, si nécessaire », a souligné Philippe Besset auprès du Parisien/Aujourd’hui en France. Selon l’Autorité de sûreté nucléaire, l’ Etat a constitué des stocks et des circuits de distribution pour être en mesure de protéger la population se trouvant en dehors des périmètres définis autour des installations nucléaires ». L’objectif est de couvrir les besoins de la population française en cas de risque d’exposition à l’iode radioactif », rappelle l’ASN. Pourquoi est-il inutile d'en chercher en France ? Certaines pharmacies en Allemagne, en Belgique et en France ont observé une demande accrue de pastilles d'iode ces derniers jours. Dans le Nord, en Occitanie ou encore en Alsace, les appels et questions de personnes inquiètes se sont multipliés. Mais ces clients ont été éconduits. En effet, les pharmacies françaises n'ont pas l'autorisation de vendre ces comprimés. Le phénomène n'est pas nouveau. En 1986 déjà, juste après l'accident de Tchernobyl, des pharmaciens avaient été sollicités et avaient mis en garde contre les risques de l'automédication, relate l'Institut national de l'audiovisuel. L'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire rappelle que les comprimés d'iode "doivent être administrés en situation accidentelle et uniquement sur instruction des autorités". Leur prise ne doit donc pas être préventive, insiste un article mis à jour en mars 2022, relayé par l'Union des syndicats de pharmaciens d'officine. En plus d'être inutile, un apport excessif et régulier en iode peut entraîner des "dysfonctionnements de la thyroïde" et "certains effets indésirables, notamment au niveau cardiaque ou rénal", explique l'Agence nationale de sécurité sanitaire Anses. Parmi les effets secondaires plus communs, "des nausées, des vomissements, des diarrhées, des maux d'estomac ou des palpitations cardiaques", énumère Sciences et Avenir. De plus, l'Ordre national des pharmaciens rappelle qu'en cas de danger nucléaire, les stocks d'iode de l'Etat, fabriqués par la Pharmacie centrale des armées et le laboratoire Serb, "permettraient une distribution de comprimés à l'ensemble de la population".

DTPA40mg Pharmacie centrale des Armées Poudre pour inhalation Diéthyléne triamine pentaacétate de calcium trisodique Ca-DTPA 250mg/ml solution injectable, Ampoule de 4 ml (AMM) Iodure de potassium Pharmacie Centrale des Armées 65 mg Comprimé Prévention de l’accumulation d’iode radio actif au niveau de la thyroïde Actualité Santé Médicaments Divers Tous autres médicaments Iodure de potassium pharmacie centrale des armees 65 mg, comprimé sécable, boîte de 10 Iodure de potassium pca est un médicament sous forme de comprimé sécable 10 à base de Iodure de potassium 65 mg.Autorisation de mise sur le marché le 24/02/2009 par PHARMACIE CENTRALE DES HOPITAUX UPHARMA . Ce médicament n’est pas remboursé par la sécurité sociale. À propos Principes actifs Iodure de potassium Excipients Silice Coton Cellulose microcristalline Classification ATC divers tous autres médicaments tous autres médicaments antidotes potassium iodure Statut Ce médicament est autorisé sur le marché depuis le 24/02/2009. Indications pourquoi le prendre? Prévention de l'accumulation d'iode radioactif au niveau de la thyroïde en cas de possibilité de contamination par des radioéléments émis accidentellement par une installation nucléaire. Ce médicament ne devra être pris que sur instruction formelle des autorités compétentes. Contre indications pourquoi ne pas le prendre ? Hypersensibilité à l'iodure de potassium ou à l'un des excipients mentionnés à la rubrique Liste des excipients. En l'état actuel des connaissances, en dehors de quelques pathologies immunologiques préexistantes rarissimes dermatites herpétiformes ou des vascularites hypocomplémentaires il n'y a pas de contre-indication à l'administration d'iodure de potassium, notamment aux enfants et adolescents jusqu'à 20 ans et aux femmes enceintes. Posologie et mode d'administration Remarques préliminaires Pour entraîner une réduction de plus de 90 % de la fixation de l'iode radioactif, les doses nécessaires sont Dans la région où l'apport alimentaire en iode est normal » 1 dose supérieure ou égale à 30 mg d'iode, Dans les régions où il existe une carence relative en iode alimentaire cas de la France 50 à 100 mg d'iode. Pour être pleinement efficace, l'administration d'iode doit avoir lieu dès réception des instructions des autorités compétentes, au mieux avant la propagation du nuage radioactif. Le degré de protection est de 80% après 2 heures et de 40% après 8 heures suivant le début de la contamination dans les régions riches en iode et respectivement de 65% et de 15% dans les régions carencées en iode. La durée du traitement peut varier d'une prise unique à une prise quotidienne réitérée pendant 7 jours maximum selon la cinétique et les caractéristiques de l'accident. Il est cependant souhaitable d'exclure la prise réitérée d'iodure de potassium chez la femme enceinte et allaitante, et l'enfant de moins de 12 ans qui devront par conséquence faire l'objet d'une évacuation prioritaire de la zone contaminée. La prise du traitement ne devra se faire que sur instructions des autorités compétentes. Pour le suivi des populations ayant bénéficié du traitement par iodure de potassium Pharmacie Centrale des Armées 65 mg, comprimé sécable une surveillance clinique par le médecin traitant est recommandée. Après administration chez le nouveau-né un dosage sanguin des hormones thyroïdiennes TSH devra être pratiqué deux semaines après administration. L'émission radioactive peut-être prolongée et non ponctuelle. Des mesures de confinement et d'évacuation de la population sont alors prises par les pouvoirs publics. Ce traitement s'inscrit donc dans un dispositif global défini au niveau ministériel. Une contamination retardée est possible par les aliments, selon le schéma pâturage → lait → viande Posologie Des remarques précitées découlent le protocole d'administration, dont les modalités seront définies par les autorités compétentes. Enfant de > 12 ans et adulte Une prise de 130 mg d'iodure de potassium par jour réitérée pendant 7 jours, soit 2 comprimés à 65 mg par jour pendant 7 jours, sauf instructions contraires des autorités compétentes. Les comprimés peuvent être dissous dans une boisson eau, lait ou jus de fruit. Population pédiatrique ENFANT de 36 mois à 12 ans Une prise unique de 65 mg d'iodure de potassium, soit 1 comprimé pouvant être dissous dans une boisson lait ou jus de fruit. NOURRISSON de 1 à 36 mois Une prise unique de 32,5 mg d'iodure de potassium, soit ½ comprimé pouvant être dissous dans une boisson biberon de lait ou jus de fruit par exemple. NOUVEAU-NES < 1 mois Une prise unique de 16 mg d'iodure de potassium, soit ¼ de comprimé, pouvant être dissous dans une boisson biberon de lait. Il est souhaitable d'exclure la prise réitérée d'iodure de potassium chez la femme enceinte et allaitante, et l'enfant de moins de 12 ans qui devront par conséquence faire l'objet d'une évacuation prioritaire de la zone contaminée. Mode d'administration En cas de dissolution dans une boisson, la solution obtenue ne peut être conservée et doit être prise immédiatement. La dissolution du médicament dans du lait ou dans du jus de fruit permet de diminuer le goût métallique passager qui peut être ressenti aux posologies sécable Comprimé blanc, rond, quadrisécable Mises en garde et précautions d'emploi Mises en garde Le traitement doit être pris dès réception des instructions des autorités compétentes, l'efficacité étant très diminuée si l'administration est débutée après la radiocontamination. Précautions d'emploi Le risque carcinogénétique de la contamination de la thyroïde par l'iode radioactif est tel que la protection par l'iodure de potassium est d'autant plus indispensable que les sujets sont plus jeunes. C'est pourquoi la population cible de la distribution d'iode est constituée, en priorité, de tous les sujets de moins de 40 ans. Chez les sujets porteurs de goitres anciens, surtout s'il s'agit de goitres volumineux ou autonomes prétoxiques », à TSH freinée, l'administration d'une quantité forte d'iodure, même en dose unique, peut induire une hyperthyroïdie. L'administration d'iode à raison de 100 mg/24 h pendant 15 jours ne provoque pas de désordre hormonal sérieux chez les sujets normaux. Il est recommandé de consulter un médecin aussitôt que possible après la prise d'iodure de potassium dans les situations suivantes Femmes enceintes et enfants à naître exposés au-delà de la 12ème semaine de gestation production thyroïdienne foetale propre surveillance échographique du foetus jusqu'à la fin de la grossesse puis suivi du nouveau-né avec recherche de goitre, contrôle de la fonction thyroïdienne dosage TSH, T4 libre Nourrissons exposés de moins de 1 an, femmes allaitant contrôle de la fonction thyroïdienne dosage TSH, T4 libre devra être pratiqué 2 semaines après administration et si, hypothyroïdie, traitement par hormone thyroïdienne Sujets porteurs de goitre ancien, d'un antécédent ou d'une pathologie thyroïdienne évolutive surveillance clinique par leur médecin traitant. Il n'existe pas de véritable allergie à l'iode sous forme d'iodure de potassium. En cas de phénomènes allergiques antérieurs lors de l'injection de produits de contraste radiologique, d'application de désinfectant iodé sur la peau ou de la consommation de poissons, de crustacés ou de mollusques, un avis médical est souhaitable sans attendre qu'une instruction de prise ne soit donnée par les autorités. En l'état actuel des connaissances, seules deux contre-indications à la prise d'iodure de potassium existent ; il s'agit de maladies auto-immunes excessivement rares voir rubrique Contre-indications. Dans la population cible de jeunes nourrissons, enfants et jeunes de moins de 20 ans, il convient d'évaluer le rapport bénéfice/risque de la prise de ce médicament du fait des risques graves de l'absence de protection de la glande thyroïde en cas de contamination radioactive. Grossesse et allaitement Grossesse Les femmes enceintes sont prioritaires quel que soit l'âge de la grossesse, dans le but de préserver la thyroïde de la mère et, à partir du deuxième trimestre, celle du foetus qui commence à concentrer l'iode à partir de la 10ème-12ème semaine. Au cours du troisième trimestre, une dose massive d'iode peut induire un blocage de la fonction thyroïdienne du foetus avec apparition d'un goitre. Dans le cas d'une administration chez la femme enceinte, une surveillance échographique du foetus jusqu'à la fin de la grossesse puis un suivi thyroïdien doivent être effectués. Allaitement L'iodure de potassium est concentré dans le lait. Le traitement des mères allaitant doit être le plus court possible, ce qui ne soulève pas de problème dans le cas d'une administration unique. Interactions avec d'autres médicaments et autres formes d'interactions Associations faisant l'objet de précautions d'emploi + Antiacides Diminution de l'absorption digestive de l'iodure de potassium. Différer la prise des antiacides d'au moins deux heures. Effets indésirables Les effets indésirables extra-thyroïdiens de l'iodure sont rares pour les plus bénins et exceptionnels pour les plus sévères. L'étude, réalisée en Pologne, de l'administration de 100 mg d'iodure à plus de 12 000 enfants et 5 000 adultes a fait apparaître la survenue de troubles digestifs vomissements, diarrhée, douleurs gastriques dans 0,12 à 2,38 % des cas et d'éruptions cutanées bénignes dans environ 1 % des cas Nauman J., Wolff J., Amer J Med 94 524-532, 1993. Les incidents et accidents possibles d'hypersensibilité à l'iode sont parotidite ; lésions cutanées hémorragiques ; réaction de type fièvre, arthralgies ; oedème de Quincke, dyspnée. En dehors de deux cas d'insuffisance respiratoire aiguë survenue chez deux adultes atteints de bronchopneumopathie chronique obstructive et allergiques connus à l'iode, ces manifestations exceptionnelles risque inférieur à 1/1 million n'ont pas été observées dans l'étude mentionnée ci-dessus. Selon cette étude, le risque d'incidents médicalement significatifs mais non sérieux est, en cas d'administration d'une dose unique d'iodure, de 0,2 %. Après une seule prise, de la fièvre, des douleurs articulaires, des éruptions cutanées transitoires et spontanément régressives ont été observées. Il n'est pas démontré que ces manifestations soient liées à la prise d'iodure de potassium. Effets thyroïdiens Après administration prolongée d'iode, les taux de triiodothyronine T3 et de thyroxine T4 diminuent significativement mais restent dans les limites de la normale. Le taux de TSH augmente significativement mais reste dans les limites de la normale. Les effets indésirables thyroïdiens possibles après surcharge iodée incluent l'hyperthyroïdie et le goitre à l'iode par blocage de l'hormonosynthèse. Dans l'étude polonaise Nauman J, Wolff J., Ibid., aucun effet indésirable thyroïdien, en dehors d'une gêne douloureuse thyroïdienne dans 0,08 % des cas, n'a été observé chez 774 adultes ayant reçu une dose ou plus de 100 mg d'iodure, y compris chez les adultes porteurs de goitre nodulaire. En revanche, 0,37 % des 3 214 nouveau-nés ayant reçu de l'iodure au 2ème jour de vie ont présenté une élévation transitoire de TSH circulante, normalisée à 16 à 20 jours. Déclaration des effets indésirables suspectés La déclaration des effets indésirables suspectés après autorisation du médicament est importante. Elle permet une surveillance continue du rapport bénéfice/risque du médicament. Les professionnels de santé déclarent tout effet indésirable suspecté via le système national de déclaration Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé ANSM et réseau des Centres Régionaux de Pharmacovigilance - Site internet Surdosage Aucune donnée n'est disponible à ce jour. Propriétés pharmacologiques Classe pharmacothérapeutique ANTIDOTES, code ATC V autres La saturation de la thyroïde en iode non radioactif évite la fixation d'iode radioactif sur la thyroïde qui pourrait provoquer l'apparition de troubles tardifs Hypothyroïdie secondaire Nodules ou cancers de la thyroïdeAbsorption L'iodure libéré par le comprimé est résorbé dans le tube digestif. Distribution En dehors de la période postprandiale et pour un apport alimentaire de 70 à 100 µg, l'iodurémie est inférieure à 0,20 µg/100 ml. L'iodure circulant est concentré par la thyroïde et les reins. Biotransformation La clairance rénale est de 35 ml/minute, elle est indépendante de l'apport iodé. La clairance thyroïdienne de l'iode est corrélée directement à l'état fonctionnel de la glande et inversement à son contenu en iode ; habituellement comprise entre 10 et 35 ml/minute, elle peut dépasser 2000 ml/min en cas d'hyperstimulation. La muqueuse gastrique et les glandes salivaires captent également l'iodure mais le secrètent aussitôt. L'iodure est capté au pôle basal des cellules thyroïdiennes étape limitante du métabolisme intra thyroïdien de l'iode sous la dépendance d'un transporteur spécifique pompe à iodure » avec transport compétitif avec les ions thiocyanate, perchlorate et pertechnétate ; inhibition par les inhibiteurs de la Na/k ATPase. L'iodure est incorporé à la thyroglobuline pour conduire à la tétra et triiodothyronine après son oxydation en iode. Elimination L'iodure est éliminé rapidement, avec une clairance rénale à 35 ml/min indépendamment de l'apport iodé et une demi-vie de 6 heures environ. Au bout de 48 à 72 heures, la majeure partie de l'iode non organifiée sera éliminée. Par ailleurs, une faible partie des 100 mg d'iode sera fixée par la thyroïde et organifiée, pour suivre par la suite le lent métabolisme des hormones thyroïdiennes qui subissent des désiodations séquentielles redonnant des ions iodures. Durée et précautions particulières de conservation Durée de conservation 10 ansPrécautions particulières de conservation A conserver dans l'emballage extérieur d'origine, à l'abri de l'humidité, à une température ne dépassant pas 25° comprimés sécables sous plaquettes Polyamide/Aluminium-PVC/Aluminium. Toutes les présentations peuvent ne pas être commercialisées. libellé) : IODURE DE POTASSIUM PHARMACIE CENTRALE DES ARMEES 130 mg, comprimé sécable (POTASSIUM IODURE ATC-V03AB21-9200769) (code du concept) : ESO.FcMed.NS=ATC-V03AB21-9200769 (libellé court) : IODURE DE POTASSIUM PHARMACIE CENTRALE DES ARMEES 130 mg, comprimé sécable (ATC-V03AB21-9200769) (date de La prise du traitement ne devra se faire que sur instructions des autorités compétentes. La durée du traitement peut varier d’une prise unique à une prise quotidienne réitérée pendant 7 jours maximum. Il est cependant souhaitable d’exclure la prise réitérée d’iodure de potassium chez la femme enceinte et allaitante, et l’enfant de moins de 12 ans qui devront être évacués en priorité hors de la zone à toujours prendre ce médicament en suivant exactement les instructions de cette notice ou les indications de votre médecin ou pharmacien. Vérifiez auprès de votre médecin ou pharmacien en cas de doute. Adultes et enfants de plus de 12 ans 2 comprimés pouvant être dissous dans une boisson eau, lait ou jus de fruit, en une prise quotidienne réitérée pendant maximum 7 jours, sauf instructions contraires des autorités compétentes. Enfants de 36 mois à 12 ans 1 comprimé pouvant être dissous dans une boisson par exemple lait ou jus de fruit, en une prise unique. Nourrissons jusqu’à 36 mois ½ comprimé pouvant être dissous dans une boisson par exemple biberon de lait ou jus de fruit, en une prise unique. Nouveau-nés moins de 1 mois ¼ de comprimé pouvant être dissous dans une boisson biberon de lait, en une prise unique. Voie oraleImmédiatement dès que l’instruction des autorités compétentes a été pouvez dissoudre IODURE DE POTASSIUM Pharmacie Centrale des Armées 65 mg, comprimé sécable, dans une boisson, telle que du lait ou du jus de fruit, pour permettre l’administration aux enfants. Dans ces conditions, la solution obtenue ne doit pas être conservée et doit être administrée dissolution du médicament dans du lait ou du jus de fruit permet de faciliter la prise par un enfant et diminue le goût métallique qui peut être perçu aux doses vous avez pris plus de IODURE DE POTASSIUM PHARMACIE CENTRALE DES ARMEES 65 mg, comprimé sécable que vous n’auriez dûSi vous avez pris une dose d’IODURE DE POTASSIUM Pharmacie Centrale des Armées 65 mg, comprimé sécable, supérieure à celle qui vous a été indiquée par les autorités compétentes, consultez un médecin ou un vous oubliez de prendre IODURE DE POTASSIUM PHARMACIE CENTRALE DES ARMEES 65 mg, comprimé sécableSans vous arrêtez de prendre IODURE DE POTASSIUM PHARMACIE CENTRALE DES ARMEES 65 mg, comprimé sécableSans vous avez d’autres questions sur l’utilisation de ce médicament, demandez plus d’informations à votre médecin ou à votre pharmacien. Iodurede potassium 65mg 10cpr En réapprovisionnement 5,99 € Voir Trier par La Pharmacie Centrale des Armées ou PCA a pour principal objectif de soutenir d'un point de vue médical les forces armées.

Crédits Harve Boutet C’est une usine unique en France, et pourtant inconnue du grand public. Au cœur de la campagne orléanaise, la Pharmacie centrale des armées vient d’obtenir le feu vert des autorités pour produire à haute dose du sulfate d’atropine. Une décision prévue de longue date dans la perspective de la COP 21, qui accueillera à Paris les chefs d’Etat du monde entier fin novembre, mais qui vient de trouver une justification inattendue avec les attentats. VOS INDICES source Si la France n’a jamais connu d’attaque par armes chimiques, le Premier Ministre, Manuel Valls, a évoqué "le risque d’armes chimiques et bactériologiques" devant l'Assemblée nationale jeudi 19 novembre, avant de préciser sur France 2, que "ce risque est extrêmement limité" et qu’il n’y a "pas d’indices" particuliers. Les laboratoires pharmaceutiques sur d’autres indications Le "sulfate d’atropine" est, à l’heure actuelle, le seul médicament adapté à la prise en charge d’urgence en cas d’attentat chimique aux neurotoxiques organophosphorés. Des substances gazeuses, comme le gaz sarin, capables de bloquer la transmission des influx nerveux à faibles doses et de tuer, en intoxicant l’organisme par voies percutanée, oculaire, pulmonaire ou orale. L’atropine est produite comme antidote injectable en très petites quantités par quelques industriels Aguettant et Cooper. Ou dans le traitement d’autres maladies Lavoisier et Renaudin dans l’infarctus ou la pré-anesthésie, Alcon, Martinet et Faure en ophtalmologie. Les gaz neurotoxiques qui inquiètent L’autorisation délivrée par la Direction générale de la santé concerne les intoxications aiguës par les anticholinestérasiques insecticides organo-phosphorés, neurotoxiques de guerre et carbamates ou par les médicaments parasympathomimétiques ou cholinomimétiques, dans un contexte d'urgence ou de catastrophe. L’autorisation délivrée par la direction générale de la Santé est toute autre. Il s’agit d’approvisionner dès maintenant les hôpitaux en antidotes en grand conditionnement, afin qu’ils puissent intervenir en urgence. En cas d’attaque, les victimes doivent se voir injecter des doses de 2mg de sulfate d’atropine toutes les cinq minutes, jusqu’à ce que les symptômes disparaissent. Crédits Hervé Boutet Recourir provisoirement aux stocks de l’armée En vue de la COP21, la production en solutions de 40mg/20ml a été autorisée pour la Pharmacie centrale des armées PCA - et elle seule - début novembre. Un peu tardivement "Les contraintes de fabrication et d'étiquetage ne permettent pas sa mise à disposition dans des délais compatibles avec l'organisation de la COP 21", estime la Direction générale de la santé. Il est donc demandé au Service de santé des armées d’approvisionner les hôpitaux en recourant provisoirement aux stocks destinés aux militaires sur des zones de combat. A la PCA, où 70 % des médicaments fabriqués sont à visée opérationnelle, la production s’intensifie. "Notre priorité est de concevoir des antidotes contre les risques nucléaires, radiologiques, biologiques ou chimiques ", confiait à L’Usine Nouvelle Annick Pech, commandant de la PCA, lors d’un reportage réalisé en 2011 au cœur de ce site industriel exceptionnel. L’établissement, seul habilité à fabriquer en France des comprimés d'iodure de potassium en cas de risque nucléaire, avait alors distribué une partie de son stock aux expatriés français après la catastrophe de Fukushima. Gaëlle Fleitour

Pourle suivi des populations ayant bénéficié du traitement par iodure de potassium Pharmacie centrale des armées 130 mg, comprimé sécable une surveillance clinique par le médecin traitant est recommandée.

La Pharmacia De Garde »Résumés des caractéristiques »IODURE DE POTASSIUM PHARMACIE CENTRALE DES ARMEES 65 mg, comprimé sécable - résumé des caractéristiques Dostupné balení Résumé des caractéristiques - IODURE DE POTASSIUM PHARMACIE CENTRALE DES ARMEES 65 mg, comprimé sécable 1. DENOMINATION DU MEDICAMENT IODURE DE POTASSIUM PHARMACIE CENTRALE DES ARMEES 65 mg, comprimésécable 2. COMPOSITION QUALITATIVE ET QUANTITATIVE Iodure de potassium……………­.............­.............­.............­.............­.............­........………………­.65 mg Pour un comprimé sécable Pour la liste complète des excipients, voir rubrique 3. FORME PHARMACEUTIQUE Comprimé sécable Comprimé blanc, rond, quadrisécable 4. DONNEES Indications thérapeutiques Prévention de l’accumulation d’iode radioactif au niveau de la thyroïdeen cas de possibilité de contamination par des radioéléments émisaccidente­llement par une installation nucléaire. Ce médicament ne devra être pris que sur instruction formelle desautorités compétentes. Posologie et mode d'administration Remarques préliminaires Pour entraîner une réduction de plus de 90 % de la fixation de l’ioderadioactif, les doses nécessaires sont Dans la région où l’apport alimentaire en iode est normal » 1 dose supérieure ou égale à 30 mg d’iode, Dans les régions où il existe une carence relative en iode alimentairecas de la France 50 à 100 mg d’iode. Pour être pleinement efficace, l’administration d’iode doit avoir lieudès réception des instructions des autorités compétentes, au mieux avant lapropagation du nuage radioactif. Le degré de protection est de 80% après2 heures et de 40% après 8 heures suivant le début de la contamination dansles régions riches en iode et respectivement de 65% et de 15% dans les régionscarencées en iode. La durée du traitement peut varier d’une prise unique à une prisequotidienne réitérée pendant 7 jours maximum selon la cinétique et lescaractéristiques de l’accident. Il est cependant souhaitable d’exclure laprise réitérée d’iodure de potassium chez la femme enceinte et allaitante,et l’enfant de moins de 12 ans qui devront par conséquence faire l’objetd’une évacuation prioritaire de la zone contaminée. La prise du traitement ne devra se faire que sur instructions des autoritéscompé­tentes. Pour le suivi des populations ayant bénéficié du traitement par iodure depotassium Pharmacie Centrale des Armées 65 mg, comprimé sécable unesurveillance clinique par le médecin traitant est recommandée. Après administration chez le nouveau-né un dosage sanguin des hormonesthyroïdi­ennes TSH devra être pratiqué deux semaines aprèsadministra­tion. L’émission radioactive peut-être prolongée et non ponctuelle. Desmesures de confinement et d’évacuation de la population sont alors prises parles pouvoirs publics. Ce traitement s’inscrit donc dans un dispositif globaldéfini au niveau ministériel. Une contamination retardée est possible par les aliments, selon leschéma pâturage → lait → viande Posologie Des remarques précitées découlent le protocole d’administration, dontles modalités seront définies par les autorités compétentes. Enfant de > 12 ans et adulte Une prise de 130 mg d’iodure de potassium par jour réitérée pendant7 jours, soit 2 comprimés à 65 mg par jour pendant 7 jours, saufinstructions contraires des autorités compétentes. Les comprimés peuvent être dissous dans une boisson eau, lait ou jus defruit. Population pédiatrique ENFANT de 36 mois à 12 ans Une prise unique de 65 mg d’iodure de potassium, soit 1 comprimé pouvantêtre dissous dans une boisson lait ou jus de fruit. NOURRISSON de 1 à 36 mois Une prise unique de 32,5 mg d’iodure de potassium, soit ½ comprimépouvant être dissous dans une boisson biberon de lait ou jus de fruit parexemple. NOUVEAU-NES www­. Surdosage Aucune donnée n’est disponible à ce jour. 5. PROPRIETES Propriétés pharmacodynami­ques Classe pharmacothéra­peutique ANTIDOTES, code ATC V autres La saturation de la thyroïde en iode non radioactif évite la fixationd’iode radioactif sur la thyroïde qui pourrait provoquer l’apparition detroubles tardifs Hypothyroïdie secondaire Nodules ou cancers de la thyroïde Propriétés pharmacocinéti­ques Absorption L’iodure libéré par le comprimé est résorbé dans le tube digestif. Distribution En dehors de la période postprandiale et pour un apport alimentaire de70 à 100 µg, l’iodurémie est inférieure à 0,20 µg/100 ml. L’iodurecirculant est concentré par la thyroïde et les reins. Biotransformation La clairance rénale est de 35 ml/minute, elle est indépendante del’apport iodé. La clairance thyroïdienne de l’iode est corrélée directement àl’état fonctionnel de la glande et inversement à son contenu en iode ;habituellement comprise entre 10 et 35 ml/minute, elle peut dépasser2000 ml/min en cas d’hyperstimulation. La muqueuse gastrique et les glandes salivaires captent également l’ioduremais le secrètent aussitôt. L’iodure est capté au pôle basal des cellules thyroïdiennes étapelimitante du métabolisme intra thyroïdien de l’iode sous la dépendanced’un transporteur spécifique pompe à iodure » avec transport compétitif avec les ions thiocyanate, perchlorate etpertechnétate ; inhibition par les inhibiteurs de la Na/k ATPase. L’iodure est incorporé à la thyroglobuline pour conduire à la tétra ettriiodothyronine après son oxydation en iode. Elimination L’iodure est éliminé rapidement, avec une clairance rénale à 35 ml/minindé­pendamment de l’apport iodé et une demi-vie de 6 heures environ. Aubout de 48 à 72 heures, la majeure partie de l’iode non organifiée seraéliminée. Par ailleurs, une faible partie des 100 mg d’iode sera fixée par lathyroïde et organifiée, pour suivre par la suite le lent métabolisme deshormones thyroïdiennes qui subissent des désiodations séquentielles redonnantdes ions iodures. Données de sécurité préclinique Les données non cliniques issues des études conventionnelles de toxicologieen administration répétée et génotoxicité n’ont pas révélé de risqueparticulier pour l’homme. Les études de toxicologie en administration répétée pendant 28 joursmenées chez le rat et le chien ont permis de définir une dose sans effettoxique NOAEL de 100 mg/kg/jour chez le rat et de 20 mg/kg/jour chez lechien. Les études de génotoxicité in vitro et in vivo n’ont révélé aucunpotentiel mutagène ou clastogène de l’iodure de potassium. Les données relatives à la cancérogenèse et aux effets sur les fonctionsde reproduction et de développement ne sont pas disponibles à ce jour. 6. DONNEES Liste des excipients Silice colloïdale anhydre, huile de coton hydrogénée, cellulosemicro­cristalline. Incompati­bilités Sans objet. Durée de conservation 10 ans Précautions particulières de conservation A conserver dans l’emballage extérieur d’origine, à l’abri del’humidité, à une température ne dépassant pas 25°C. Nature et contenu de l'emballage extérieur 10 comprimés sécables sous plaquettesPo­lyamide/Alumi­nium-PVC/Aluminium. Toutes les présentations peuvent ne pas être commercialisées. Précautions particulières d’élimination et demanipulation Pas d’exigences particulières. Tout médicament non utilisé ou déchet doit être éliminé conformémentà la réglementation en vigueur. 7. TITULAIRE DE L’AUTORISATION DE MISE SUR LE MARCHE PHARMACIE CENTRALE DES ARMEES TSA 30004 45404 FLEURY LES AUBRAIS CEDEX 8. NUMEROS D’AUTORISATION DE MISE SUR LE MARCHE 34009 392 206 5 9 10 comprimés sous plaquettesPo­lyamide-Aluminium-PVC/Aluminium 34009 301 664 7 5 30 comprimés sous plaquettesPo­lyamide-Aluminium-PVC/Aluminium 34009 574 594 0 6 1000 comprimés sous plaquettesPo­lyamide-Aluminium-PVC/Aluminium 9. DATE DE PREMIERE AUTORISATION/DE RENOUVELLEMENT DEL’AUTORISATION [à compléter ultérieurement par le titulaire] 10. DATE DE MISE A JOUR DU TEXTE [à compléter ultérieurement par le titulaire] 11. DOSIMETRIE Sans objet. 12. INSTRUCTIONS POUR LA PREPARATION DES RADIOPHARMACE­UTIQUES Sans objet. CONDITIONS DE PRESCRIPTION ET DE DELIVRANCE Médicament non soumis à prescription médicale. A NE PRENDRE QUE SUR INSTRUCTIONS DES AUTORITES COMPETENTES Retour en haut de la page

CHLORUREDE SODIUM PHARMACIE CENTRALE D solution pour perfusion: Non: DEXTUSSIL 30 mg/15 ml: sirop: Non: GLUCOSE PHARMACIE CENTRALE DES ARMEES 5 solution pour perfusion: Non: IODURE DE POTASSIUM PHARMACIE CENTRALE comprimé sécable: Non: NOPALU: gélule: Non: OSELTAMIVIR PG 30 mg: comprimé sécable: Non:
Vous faites partie des personnes anxieuses qui se demandent comment toute la population française aura accès à des pilules de iodure de potassium en cas d'accident nucléaire grave en France ? Je ne suis d'habitude pas paranoïaque, mais j'ai comme un doute sur le faite que l'on pourra fournir toute la population en pilule de iodure de potassium dans un temps record. Donc la grande question est Où peut-on trouver des pilules de iodure de potassium sérieuses sur Internet ? La seule URL sérieuse trouvée après plusieurs recherches sur Internet pointe vers illicopharma, une pharmacie de Lyon qui semble commercialiser des tablettes provenant de la pharmacie centrale des armées. A priori les mêmes que celles qui devraient être distribuées en cas d'urgence par le gouvernement. Les tablettes doivent normalement pouvoir se garder de 5 à 7 ans et ne doivent être utilisées seulement en cas d'urgence sur ordre des autorités. Ce médicament réduit juste le risque de radiation en cas d'absorption de iode radioactive mais ses effets néfastes sont nombreux. La notice du produit est d'ailleurs accessible depuis le site Internet. Les 10 pilules sont commercialisées au prix de 5,67€, il faut prévoir à cela 4,90€ de frais de port ... ouch ! Ludovic Passionné par le Web, le développement, la photo, les drones, la domotique et les nouvelles technologies, Geeek est un blog 100% personnel. Venez découvrir les origines de ce blog. 8WvRi.